

l était deux heures du matin, Eva s’étira sur le canapé en bâillant. Elle s’était endormie devant ce vieux film de zombies qui jadis lui faisait si peur. Les bouches béantes, les mains tendues des morts-vivants qui essaient d’attraper les vivants pour les dévorer, ça ne l’impressionnait plus. Elle était un peu déçue. Quand elle avait 16 ou 17 ans, avec ses copines du lycée, elles se faisaient des soirées films d’horreur et aucune, ensuite, n’osait rentrer chez elle – surtout qu’il fallait passer devant le cimetière. Alors elles dormaient toutes dans la chambre de celle qui les avait reçues. C’était le bon temps ! Les petits copains défilaient, ça durait plus ou moins longtemps, c’était parfois sérieux, souvent beaucoup moins, et le suivant essuyait les larmes que le précédent avait fait couler. C’était si simple. Elle ne se posait pas toutes ces questions qui lui faisaient perdre l’appétit aujourd’hui.
A peine eut-elle les yeux ouverts qu’elle pensa à Hugo.
Si seulement elle n’était pas tombée amoureuse de lui aussi vite… Elle s’assit en tailleur et attrapa un coussin qu’elle serra dans ses bras. Puis elle le pressa contre sa bouche et hurla dedans tandis que de grosses larmes coulaient le long de ses joues.
Il était trop tard pour téléphoner à Hugo, il allait falloir qu’elle attende le matin, quand il serait à son travail. Mais aurait-elle encore la force de lui dire que tout était fini, demain ?
C’était la seule solution, il n’y en avait pas d’autres et cette fois, il allait devoir le comprendre. Elle allait devoir l’admettre. Elle avait 25 ans, lui 34 et une vie déjà toute construite. Une femme et deux enfants. Une fille de 10 ans et un garçon qui allait en avoir 12. Elle n’avait pas le droit de détruire leurs rêves et surtout ça ne lui ressemblait pas.
Elle s’était juré de ne jamais tomber amoureuse d’un homme marié et pourtant, c’était arrivé. Ça lui était tombé dessus. Depuis un an, Hugo et Eva entretenaient une liaison secrète. Hugo n’avait pas caché qu’il était marié, elle le savait bien avant que leur histoire commence.
C’était lui qui livrait l’herboristerie qu’elle tenait à Charlieu,