

"Tankim mizerakhah ! » (Des tanks à l’est!) Le chef de la section de Sherman qui garde la position de Ruafa est surpris : les Égyptiens n’ont pas de chars à Abou Ageila. Mais il voit mal avec le soleil dans les yeux et, dans le doute, ordonne d’ouvrir le feu. Bientôt, des colonnes de fumée à l’horizon montrent que les canonniers israéliens visent juste. Puis la radio grésille brusquement : « Tafsik eth ha esh! Yorim al shelanou! » (Cessez le feu, ce sont les nôtres!) Trop tard. Huit carcasses flambent sur le désert – bouquet final d’un misérable fiasco.
Retards à l’allumage, appuis inexistants, initiatives malencontreuses, effet de surprise compromis, télécommunications défaillantes – tout a raté à Abou Ageila en ces journées du 30 octobre au 2 novembre 1956, même l’assaut de nuit, dans lequel deux bataillons se sont perdus. Moshe Dayan, le commandant en chef, a cru bon d’intervenir et il s’est empaillé avec ses officiers qui refusaient d’obtempérer. Il a dû limoger un de ses chefs de brigade, tandis qu’un autre s’est fait tuer dans un énième assaut décousu. L’infanterie de la 6e brigade du colonel égyptien Mutawalli, loin de s’enfuir comme s’y attendait le général borgne, s’est défendue ardemment, appuyée par une artillerie efficace. Elle a manœuvré pour livrer des embuscades et même contre-attaqué malgré ses pauvres moyens : 22 modestes chasseurs de char britanniques Archer opposés à 200 Sherman et AMX-13. Encerclés, à 1 contre 3, les défenseurs ont tenu bon 48 heures de plus que prévu et n’ont évacué que sur ordre du Caire. Si discrètement que les tankistes israéliens pénétrant dans la position vide sans se coordonner ont fini par se tirer dessus…
Pour en finir avec l’Égypte, Tsahal doit s’emparer du Sinaï en un temps record.
Les musiciens ont coutume de dire qu’une répétition générale ratée précède un concert parfait. Dans ce cas, l’assaut manqué en 1956 par Moshe Dayan, chef d’étatmajor, à