Nous sommes à Los Angeles, dans les studios de la Paramount, mais Margot Robbie veut me montrer New York.
Ou plutôt : le New York reconstruit pour le tournage de Babylon, son prochain film, une étourdissante évocation du Hollywood de la fin des années 1920. Tandis que nous nous apprêtons à pénétrer sur le plateau en question, une grosse voix nous interpelle : « Excusez-moi ! Vous allez où comme ça ? »
Nous tentons un approximatif « Par là... », avant de poursuivre notre chemin l’air de rien. L’agent de sécurité n’est pas convaincu. Il nous demande à quelle production nous appartenons. Et forcément, je m’attends à ce que la star qui me sert de guide prononce les mots magiques : « Je suis Margot Robbie. » Mais pas du tout. Elle bégaie quelques mots, expliquant qu’elle et moi travaillons sur Babylon « pour de la post-prod ». Puis sa voix déraille. Le vigile n’a de toute évidence pas reconnu l’Australienne nommée aux Oscars pour son interprétation de la patineuse Tonya Harding dans Moi, Tonya (2017). Il nous intime de quitter les lieux, dans la mesure où un tournage est en cours. La star acquiesce poliment. À peine avons-nous tourné au coin du bâtiment qu’elle s’en amuse déjà : « Je devrais me trouver un meilleur mytho. Vous devez vous dire que c’est bizarre que je me débrouille aussi mal, pas vrai ? »
Oui et non. J’ai surtout un peu de mal à croire que Margot Robbie soit souvent confrontée à ce genre de situation. Non pas à cause de son physique – elle est sublime, c’est entendu –, mais plutôt parce qu’on la dit du genre coriace lorsqu’elle veut obtenir quelque chose. Ses débuts dans le soap opera australien une institution de la télé anglo-saxonne, étaient censés être une apparition mineure : elle y a fait si forte impression qu’elle est restée trois ans. Son rôle dans(2013), qui l’a rendue célèbre dans le monde entier ? Elle l’a décroché en partie car elle a eu l’audace, lors de l’audition, de gifler celui qui donnait la réplique – un certain Leonardo (2019), c’est elle qui a spontanément écrit à Quentin Tarantino pour lui dire qu’elle adorerait travailler un jour à son côté.