u début de la Première Guerre mondiale, Proust se disait consterné par le chauvinisme de la presse, qui incitait à répudier Wagner: Suivons Proust dans son patriotisme sans haine! Et prouvons que l'on peut à la fois siècle, la littérature russe a connu une aube tardive, mais dont l'éclat a atteint rapidement nos rivages – si Proust s'inquiétait pour Tolstoï et Dostoïevski, c'est qu'il les avait déjà lus avec passion! Puis cette littérature a connu une brisure – quand l'élan de l'âge d'argent, porté par des auteurs tournés vers l'avenir, comme Maïakovski ou Akhmatova, s'est fracassé sur le mur de la censure soviétique. Avant de renaître dans la clandestinité, sous la prose édifiante agréée par le régime… Nos regards étrangers ont fait de cette littérature le réceptacle de l'« âme russe » ou de la « mystique russe » – ces drôles de bêtes que nous invoquons chaque fois qu'un événement, en Russie, échappe à notre compréhension… Que l'on croie ou pas en leur existence, les mille singularités de cette littérature sautent aux yeux – la narration joyeuse de Pouchkine, la démesure de Tolstoï, les tourments hyperboliques des personnages dostoïevskiens, la fantaisie d'un Gogol envoyant son déambuler dans Saint-Pétersbourg ou d'un Boulgakov invoquant Satan à Moscou dans Ces auteurs n'ont pas d'équivalent chez nous. Se priver de les lire pour des raisons extra-littéraires reviendrait à nous sanctionner nous-mêmes.
La littérature RUSSE
Nov 28, 2022
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