G&H : Vous avez choisi de revisiter un champ de bataille bien arpenté par les historiens, la Normandie et son Débarquement. Qu’y avait-il encore à découvrir ?
Je n’ai pas choisi la Normandie pour elle-même mais pour y analyser le fonctionnement d’une institution militaire sous le joug d’une dictature. Une telle recherche n’était pas envisageable à l’échelle de tout le conflit. La bataille de Normandie offrait un champ d’étude cohérent et qui pouvait être maîtrisé. Il est vrai que choisir un sujet traité par plus d’un millier d’ouvrages en français peut apparaître comme un inconvénient. Comment apporter du neuf ? Cela m’a conduit à explorer de nouveaux angles et à proposer de nouvelles perspectives méthodologiques. La popularité du sujet a aussi un avantage. L’histoire est familière, ce qui m’a évité de m’attarder sur la trame événementielle. Je pouvais déconstruire le récit pour mieux. Lorsque l’on se penche sur les choix allemands après le Débarquement, on ignore généralement que cette stratégie était conditionnée par bien d’autres facteurs que les seuls signaux émis par les Alliés. Rappelons aussi que l’histoire de a été écrite au prisme du succès allié et, bien souvent, à l’aide des seules archives britanniques. Le résultat est une vision partielle, voire partiale, des événements.