
On a longtemps pensé que l’Égypte ancienne était le berceau de la domestication du chat. En effet, nulle part ailleurs celui-ci n’a atteint une telle popularité. Les collections d’égyptologie des musées attestent de l’attrait irrésistible qu’il semble avoir exercé sur le pays des pharaons. Au premier millénaire, à l’apogée du culte de la mystérieuse déesse féline Bastet, les objets votifs et les momies de chats se multiplièrent même comme des petits pains. Une passion égyptienne qui plongea dans la perplexité Grecs et Romains…
En réalité, les Égyptiens ne furent pas les premiers à adopter l’élégant félin, qui s’était rapproché des humains quelques millénaires plus tôt au Proche-Orient (voir p. 26-31). Mais des découvertes récentes de chats en contexte funéraire ont renouvelé le regard des spécialistes sur les débuts de cette passion égyptienne. Environ 4 000 ans avant notre ère, bien avant que ne se développe le lien fort avec la société suggéré par l’iconographie, le chat y aurait commencé à fréquenter l’environnement humain en tant que commensal. «Il existe une correspondance chronologique lâche entre ces premiers rapprochements et les débuts de l’agriculture dans la vallée du Nil, qui suggère un processus du même type que dans la région levantine», note l’archéozoologue Jean-Denis Vigne.