Par un dimanche après-midi d’été, L’OFFICIEL s’est entretenu avec les curateurs légendaires Hans Ulrich Obrist et Daniel Birnbaum au sujet de l’avenir de l’art au prisme de la réalité augmentée ou virtuelle (RA/RV). Amis depuis les nineties, Obrist et Birnbaum ont été en première ligne de la théorie de la critique et de la curation à travers une myriade d’événements, de l’appartementgalerie à la Biennale de Venise. En 2022, respectivement en tant que codirecteur de la Serpentine Gallery et directeur de la société de production d’art RA/RV Acute Art, Obrist et Birnbaum sont à l’avant-garde de la technologie et d’une nouvelle vague d’expression, de participation et de critique artistique. Leur enthousiasme est palpable et, avec une ferveur contagieuse, cette conversation marque ce qui n’est que le début du changement de paradigme dans l’art contemporain que l’on doit à la RA/RV.
Au sujet des nouvelles technologies, la tendance dominante dans les arts, la théorie et la philosophie a toujours été à la critique. Pensez au profond scepticisme de l’école de Francfort face aux progrès technologiques, ou à la lecture apocalyptique de Martin Heidegger, qui y voit la fin de la métaphysique. Il y a des exceptions – mais elles ont leurs propres aspects problématiques, comme le techno-optimisme du futurisme italien et du constructivismeces et russe. Cependant, au xx siècle, on peut relever ces moments d’affirmation de la technologie. Une fois ou deux par siècle survient une nouveauté qui change la donne. On ne sait pas comment la RA et la RV vont s’appliquer aux structures traditionnelles de l’art et de son marché et, pour moi, c’est très stimulant. Je suppose que la RA/RV