
près avoir dépeint des familles juives atypiques et tourmentées dans ses romans, Karine Tuil s'essaye aujourd'hui au genre, auquel fait référence l'autrice dans l'un de ces poèmes libres. Mais si les influences littéraires foisonnent, les clins d'œil aux textes sacrés ne sont pas moins remarquables. Ces poèmes chantent un deuil de l'amour, font rimer érotique et mystique, voire kabbalistique. Comme le veut l'exercice, ils transgressent la langue et le sacré, même s'il s'agit bien là d'une profession de foi poétique, mais aussi religieuse: l'ancienne juriste joue avec les lois juives. La dualité est de mise, comme celle de l'amour-haine, et les doubles sens sont un pont entre sacré et profane: par exemple, quand « » ne fait qu'un avec « ». Enfin, donne à voir en filigrane une histoire du peuple d'Israël. Et exprime merveilleusement l'un des piliers du judaïsme: l'universalité.