éfiez-vous des de Christiane Taubira! Comment peuton imaginer que l’ancienne garde des Sceaux, ministre de la Justice, figure de la loi du mariage pour tous, ordonatrice de celle du 21 mai 2001, qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité, se prête à la futilité? Ce livre étonnant (peut-être un jour une pièce de théâtre?), aussi littéraire, érudit qu’infiniment politique, dissèque tous les débats, sujets et maux de notre temps, du féminisme au racisme, de l’écologie aux violences policières, de la précarité à la pédophilie (la pédocriminalité, insiste-t-elle, car chaque mot a un sens), les lumières et hontes de l’histoire… Ces “frivolités”s’échangent entre treize femmes qui devisent dans un inlassable dialogue. Treize voix comme un chœur qui tantôt scande, s’énerve, se calme dans de belles mélopées pour reprendre aussitôt dans des chants de colère, des paroles cinglantes et décisives comme celle de l’une des femmes, Keshia: “Le monde est imbuvable, mais c’est le nôtre… La poésie, un peu, débarbarise… un peu.” Treize voix qui est le livre d’une éternelle indocile, une femme de combat, comme on dit souvent d’elle, et qui, tout au long de sa carrière, porte la révolte en bandoulière. Dans ce dernier ouvrage, l’idéaliste Christiane Taubira nous enjoint encore une fois à ne jamais consentir à la médiocrité. Parmi ces treize femmes, il y a peut-être un peu de vous ou de moi… avec le sens de la littérature en plus! Quoique, n’essayons-nous pas tous de faire de notre vie un roman?
