Derrière l’épaisse fumée de sa cigarette, l’actrice est en colère. La dernière interview qu’elle a donnée a été « saucissonnée » (selon ses termes) par des sites avides de clics. « Je suis scandalisée », l’entend-on répéter depuis la porte d’entrée. Forcément, au cœur de cette matinée anti-médias, Romane Bohringer n’était pas ravie de nous recevoir. Par chance, son infinie douceur s’est décidée à regagner du terrain. La femme blessée a fini par baisser les armes, elle a commencé à se confier. D’abord sur son dernier film – miroir de son obsession du lien parental –, qu’elle porte haut et fort malgré un « petit » rôle d’éducatrice au milieu de jeunes filles paumées. Puis elle a dévié sur l’importance de connaître ses racines, ce besoin d’autofiction qui s’est imposé à elle en dépit d’une extrême pudeur, et ce regard qu’elle admet parfois crédule sur une société animée par le scandale. Romane est en marge de l’époque, son propos se fait brouillon quand elle se laisse envahir par ses bruyantes pensées, mais la réalisatrice sait surtout se montrer d’une rare sincérité. En particulier lorsqu’il s’agit d’elle-même.
Paris Match. Pourquoi avoir accepté de jouer dans “Petites” ?
J’aurais accepté même sans lire le scénario. J’ai eu un coup de foudre pour la réalisatrice Julie Lerat-Gersant.