Depuis les années 1970, Erwitt regroupe méticuleusement ses images dans des livres organisés par thèmes, lieux ou affinités. Il y a aussi les “best-of ”, comme le consistant de 445 pages (teNeues, 2006, réédité en 2018), qui devrait rassasier les amateurs du maître. Pour (Centre national de la photographie, 2007) ne manque pas non plus de mordant. Les deux sont en français. Pour les amateurs de canidés, le choix est large avec au moins cinq livres sur ce thème. Nous leur conseillerons le plus récent, (teNeues, 2017), un petit format à couverture souple et à prix d’ami (de l’homme). Vous pourrez aussi vous offrir, dans la même collection, l’hommage d’Erwitt à l’ex-capitale des moto-crottes – (teNeues, 2017) – ou bien aller dénicher les versions originales en grand format et couverture rigide de ces deux opus sortis chez le même éditeur quelques années plus tôt. Passons à un Erwitt plus doux-amer avec (teNeues, 2011), dans lequel il présente de courtes séquences d’images montrant parfois une photo iconique entourée d’autres vues réalisées juste avant ou après. Une façon de remettre les clichés dans leur contexte tout en lorgnant le langage de la BD ou du cinéma, dans de petites histoires tour à tour – ou à la fois – tragiques ou comiques. Pour une plongée en profondeur dans l’œuvre d’Erwitt, on recommande le plantureux catalogue d’exposition (Aperture, 2016), qui examine des aspects moins connus de son travail, notamment son engagement sur les questions sociales et politiques à travers le photojournalisme ou le cinéma. Comprenant des reproductions de magazines, des publicités et des planches-contacts, il remet l’ensemble de ses travaux dans une perspective historique. Pour aller plus loin, (Gost, 2017) est une redécouverte essentielle, celle d’un reportage de jeunesse d’Erwitt, qui documenta avec brio la vie de cette cité industrielle à la demande de Roy Stryker. La composante couleur de l’œuvre d’Erwitt est étudiée en profondeur dans (teNeues, 2013), qui révélait alors la valeur artistique d’images jusqu’ici associées à sa production commerciale. Toujours en couleurs, le parodique (teNeues, 2009) se moque de la photographie contemporaine avec un sens de l’absurde irrésistible. Secondaire mais salutaire. Enfin, le récent (Gost, 2021) regroupe des images inédites glanées par le nonagénaire dans ses soixante ans d’archives. Une sélection subjective qui dévoile une facette moins fanfaronne du photographe. N’ayant plus rien à prouver, il révèle ses images les plus poignantes. C’est son plus beau livre.
