Derrière leur faste tapageur, les châteaux de la Loire éclipseraient presque l’artère liquide qui les relie, colosse discret à la beauté placide: la Loire et ses 1006 km de cours non canalisé, mais presque inchangé depuis 2,5 millions d’années. Magnifié par son cadre historique et architectural, ce monument naturel n’a pourtant pas été peint à sa juste valeur. « Il y a finalement assez peu de peintures de la Loire. Ce n’est pas une grande star de la peinture comme la Seine, liée aux impressionnistes, ou le Rhin, représenté par de nombreux peintres romantiques », explique Rémi Deleplancque, chargé de mission pour la Mission Val de Loire patrimoine mondial.
La Loire est représentée en peinture pour la première fois vers 1470, alors que sa vallée devient le centre de Flavius Josèphe. Le fleuve et sa rive gauche, à l’est de Tours, y servent d’arrière-plan à la scène biblique. En 1500, la Loire sort des miniatures des livres pour s’inviter dans le rare tableau de Jean Bourdichon, enlumineur tourangeau formé par un fils de Jean Fouquet. La Loire et Tours y servent – encore – de simple fond à une scène anachronique, ici la crucifixion du Christ.