CAMBODGE, UNE FRACTURE INTIME
n récit autobiographique qui prend aux tripes. L’artiste peintre franco-cambodgien Séra, dont l’œuvre analyse depuis plus de trente ans l’histoire tourmentée du pays de son enfance, prend pour la première fois le parti de conter d’un point de vue personnel les événements tragiques qui ont marqué le Cambodge au siècle. Dès le titre, l’ambiance est posée: en khmer, avoir « l’âme au bord des cheveux » signifie « être mort de peur »… Soit l’état d’esprit du jeune Séra lors de la chute de Phnom Penh, où il résidait avec sa famille, en 1975 – il est alors âgé de treize ans. écrit-il en introduction de son roman graphique. Reproductions de couvertures de magazines internationaux, extraits de chansons qui passaient alors sur toutes les radios, scènes familiales où affleure déjà la nostalgie, instantanés de guerre, entraperçus à la télévision ou dans la presse: les sublimes images de Séra, aux couleurs comme estompées par les ans, font s’entremêler souvenirs d’une enfance heureuse et bribes d’histoire avec un grand H. Et retranscrivent subtilement le déchirement d’une famille binationale, à l’heure où la France laisse son ancien protectorat basculer dans l’horreur. Difficile de les oublier une fois le livre refermé… On en redemande, et ça tombe bien: une réédition des trois précédents ouvrages historiques de Séra, , et , accompagne la sortie de ce nouvel album.