Pour atteindre Dinard quand on vient de la gare de Saint-Malo, il faut franchir le barrage de l'usine marémotrice de la Rance. On passe alors d'une rive à l'autre. Au risque d'user d'une métaphore éculée, le parcours d'Aurélie Valognes tient lui aussi de la traversée. Son histoire est celle d'une ascension sociale. Après avoir grandi dans une barre HLM de Massy, dans l'Essonne, elle s'est installée en 2018 dans une belle maison de Dinard, bourgade connue comme étant le fief de la famille Pinault – pas franchement les gens les plus nécessiteux de la France d'aujourd'hui.
Avec plus de 5 millions de livres vendus depuis la parution de en 2015, Aurélie Valognes n'est pas non plus à plaindre. N’étant pas née, comme Françoise Sagan, dans la haute bourgeoisie parisienne, elle n’était pas prédisposée à flamber dans les boîtes et les casinos. Elle a le succès prudent et modeste. La maison où elle nous accueille n'a rien de tapageur.côté zen. Sur les murs, pas mal de souvenirs que son mari a rapportés de voyage – une affiche de publicité antédiluvienne pour des cigarettes chinoises, un beau collier de Papouasie. Aurélie le porte-t-elle autour de son cou quand elle va signer dans des librairies? En riant, elle nous assure que non. On remarque aussi des coquillages et des coraux, un massacre de buffle, un coco-fesses, une dent de mégalodon vieille de 3 millions d'années, des papillons naturalisés. Les chasserait-elle comme Nabokov?