La Guerre Sociale Discours Prononcé au Congrès de la Paix
By André Léo
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La Guerre Sociale Discours Prononcé au Congrès de la Paix - André Léo
The Project Gutenberg EBook of La Guerre Sociale, by ANDRÉ LÉO
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Title: La Guerre Sociale DISCOURS PRONONCÉ AU CONGRÈS DE LA PAIX
Author: ANDRÉ LÉO
Release Date: January 25, 2005 [EBook #14804]
Language: French
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LA GUERRE SOCIALE
DISCOURS PRONONCÉ AU CONGRÈS DE LA PAIX, A LAUSANNE (1871)
par
Mme ANDRÉ LÉO
NEUCHATEL, IMPRIMERIE G. GUILLAUME FILS. 1871
LA GUERRE SOCIALE
Mesdames, Messieurs,
En 1867, quand la Ligue de la paix et de la liberté s'est formée, elle était l'expression en Europe, et surtout en France, d'une pensée très morale, très juste, qui s'étonnait de trouver encore dans le code des nations civilisées, ou se disant telles, des lois de la guerre; qui s'indignait que, de temps à autre, des menaces, des bruits de guerre, prissent place dans la politique des cours et vinssent troubler les affaires publiques. Il y eut alors, de la part des littérateurs et des publicistes, une sorte de croisade, à laquelle votre ligue donna plus de consistance, et dont elle prolongea le retentissement. Elle se trouva être, en même temps, une protestation contre ces pouvoirs impériaux et royaux qui disposent de la vie des hommes, et qui n'écoutent qu'eux-mêmes et leurs monstrueux calculs. Ils ont en effet, malgré vous, malgré l'opinion, fait la guerre de 1870. Les monarques sont inconvertissables. Heureusement, il n'en n'est pas de même du sens public. Celui-ci avait compris. Le sentiment des maux de la guerre et de leur folie s'était propagé rapidement jusque dans le peuple, et ce sentiment fut pour beaucoup dans la stupéfaction, dans l'indignation, que causa en France la déclaration de guerre du 15 juillet. On peut le dire avec certitude, et vous le reconnaissez: les guerres, faussement appelées nationales, ne sont que des guerres monarchiques. La guerre et la monarchie se tiennent; elles vivent et mourront ensemble. Votre ligue est républicaine. Sur ce point vous n'hésitez pas, et votre œuvre est définie, aussi bien que votre action.
Mais il est une autre guerre, à laquelle vous n'aviez pas songé, et qui dépasse l'autre de beaucoup en ravages et en frénésie. Je parle de la guerre civile.
Elle existe en France depuis 1848; mais beaucoup s'obstinaient à ne pas la voir. Aujourd'hui, quel sourd n'a entendu les canons de Paris et de Versailles? Et ces fusillades dans les parcs, dans les cimetières, dans les terrains vagues, et dans les villages autour de Paris?—Quel aveugle n'a vu ces charretées de cadavres qu'on transportait, le jour d'abord, puis la nuit; ces prisonniers, hommes, femmes, enfants, que l'on conduisait à la mort par centaines, sous les feux de peloton ou les mitrailleuses? Et ces longues files de malheureux, défaits, déchirés, que l'on insultait, que l'on crossait, que l'on courbait à genoux, à la honte de l'humanité, sur le chemin de Versailles? Qui n'entend dans son cœur (à moins de n'en pas avoir) le cri de ces 40,000, transportés sans jugement, entassés depuis quatre mois, six mois, dans les pontons de nos ports.
On a répandu sur ces horreurs, comme des voiles, tous les mots que la langue prête aux rhéteurs pour combattre la vérité. Etant si coupable, on a beaucoup accusé. On a beaucoup crié, pour empêcher d'entendre. Depuis quatre mois, pendant les deux premiers mois surtout, la calomnie a coulé à pleins bords, de toutes ces feuilles venimeuses,