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La dette odieuse de l'Afrique: Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent
La dette odieuse de l'Afrique: Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent
La dette odieuse de l'Afrique: Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent
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La dette odieuse de l'Afrique: Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent

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About this ebook

« Un ouvrage d’avant-garde qui devrait être lu par tous soucieux de l’Afrique. D’une manière magistrale, mais facilement compréhensible et approfondie, les auteurs démolissent le mythe selon lequel les pays africains ont reçu d’importants flux nets de capitaux étrangers. Ce livre devrait modifier radicalement la pensée et la politique. » – John Weeks
Dans La dette odieuse de l’Afrique, Léonce Ndikumana et James K. Boyce révèlent le fait choquant que, contrairement à la perception populaire comme quoi l’Afrique ponctionne les ressources financières de l’Occident, le continent est en fait un créancier net du reste du monde. Au cours des quatre dernières décennies, plus de 700 milliards de dollars ont fui les pays d’Afrique sub-saharienne. Toutefois, les actifs de l’Afrique détenus à l’étranger sont privés et cachés, tandis que ses dettes extérieures sont publiques, dus par les peuples africains à travers leurs gouvernements.
Ndikumana et Boyce montrent les liens intimes entre les prêts étrangers et la fuite des capitaux. Plus de la moitié de l’argent emprunté par les gouvernements africains dans les dernières décennies a fui dans la même année, une partie importante étant déposée dans des comptes privés dans les mêmes banques qui ont fourni les prêts. Entre temps, le service de la dette continue à drainer les ressources rares de l’Afrique, réduisant ainsi les fonds disponibles pour la santé publique et d’autres besoins de base. De façon provocatrice, les auteurs proposent que les gouvernements africains devraient répudier ces «dettes odieuses» dont leur peuple n’a tiré aucun avantage, et que la communauté internationale devrait aider dans cet effort.
Un livre indispensable pour quiconque s’intéresse à l’Afrique, son avenir et ses relations avec l’Occident.
LanguageFrançais
PublisherAmalion
Release dateMay 1, 2013
ISBN9782359260236
La dette odieuse de l'Afrique: Comment l'endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent
Author

Léonce Ndikumana

Léonce Ndikumana est professeur d’économie à l’Université du Massachusetts, Amherst, où il est Directeur du programme sur la politique de développement en Afrique. Il a assumé les postes de Directeur des politiques opérationnelles, de Directeur de recherche à la Banque africaine de développement et de Chef de l’analyse macroéconomique à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Il a contribué à divers domaines de la recherche, notamment les questions de la dette extérieure et la fuite des capitaux ; les marchés financiers et la croissance ; les politiques macroéconomiques pour la croissance et l’emploi ; et l’économie des conflits et des guerres civiles en Afrique. Il est diplômé de l’Université du Burundi et a obtenu son doctorat à Washington University à St Louis, Missouri, États-Unis. James K. Boyce est professeur d’économie à l’Université du Massachusetts, Amherst, où il dirige le programme sur le développement, la paix et l’environnement au Political Economy Research Institute. Ses écrits comprennent notamment : La Paix et les fonds publics: Politiques économiques pour le renforcement de l’État d’après-guerre (co-édité avec Madalene O’Donnell); Investir dans la paix: l’aide et la conditionnalité après les guerres civiles ; et Une violence tranquille: Vue d’un village du Bangladesh (co-écrit avec Betsy Hartmann). Il est diplômé de l’Université de Yale et a reçu son doctorat à l’Université d’Oxford, Royaume Uni.

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La dette odieuse de l'Afrique - Léonce Ndikumana

La dette odieuse de l'Afrique

A nos familles

La dette odieuse de l'Afrique

Comment l'endettement et la fuite

des capitaux ont saigné un continent

Léonce Ndikumana

& James K. Boyce

Publié par Éditions Amalion 2014

Première Édition brochée 2013

Éditions Amalion

BP 5637 Dakar-Fann

Dakar CP 00004

Senegal

http://www.amalion.net

© Léonce Ndikumana et James K. Boyce, 2013

Traduit de l'anglais Africa's Odious Debts: How foreign loans and capital flight bled a continent publié en 2011 par Zed Books Ltd., 7 Cynthia Street, London N1 9JF, UK et Room 400, 175 Fifth Avenue, New York, NY 10010, USA.

ISBN 978-2-35926-022-9 (paperback)

ISBN 978-2-35926-023-6 (ebook)

Traduction: Architexte

Conception couverture: Anke Rosenlöcher

Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation, de représentation réservés pour tous pays.

Table des matières

Tableaux

Figures

Photos

Acronymes

Les auteurs

Remerciements

Introduction

1 | Récits de l'ombre de la finance internationale

2 | Mesurer la fuite des capitaux d'Afrique

3 | La porte tournante

4 | Le coût humain

5 | Quelle stratégie pour demain?

Annexe 1. Tableaux

Annexe 2. Séminaire de haut niveau sur la fuite des capitaux en Afrique subsaharienne

Notes

Bibliographie

Tableaux

Tableau 1.1. Exemples de prêts consortiaux

Tableau 1.2. Dette extérieure : les dix pays les plus endettés

Tableau 2.1. Mesurer la fuite des capitaux (exemple : l'Angola en 2008)

Tableau 2.2. Fuite de capitaux : les dix pays d'Afrique les plus touchés

Tableau 2.3. Corrections liées à la fausse facturation et aux écarts dans les envois de fonds

Tableau 3.1. Liens entre l'emprunt étranger et la fuite des capitaux

Tableau 4.1. Mortalité infantile

Tableau 4.2. Dépenses publiques de santé

Tableau A.1. Dette extérieure, 2008

Tableau A.2. Fuite des capitaux, par pays

Tableau A.3. Mortalité infantile, dépenses publiques de santé et service de la dette, par pays

Figures

Carte: Montant total de la fuite de capitaux, 1970-2008

Figure 1.1. Exemples de pierres tombales : deux prêts consortiaux accordés au Gabon

Figure 1.2. Stock total de la dette, 33 pays d'Afrique subsaharienne

Figure 1.3. Dette par créancier en Afrique

Figure 1.4. Paiements au titre du service de la dette extérieure

Figure 1.5. Transferts nets

Figure 2.1. Fuite annuelle des capitaux pour 33 pays d'Afrique subsaharienne, 1970-2008

Figure 2.2. Patrimoine des grandes fortunes africaines.

Figure 2.3. Fuite des capitaux et recettes fiscales

Figure 3.1. Montant cumulé de la fuite des capitaux et de la dette extérieure

Figure 4.1. Mortalité infantile et dépenses publiques de santé, 2005-2007

Figure 4.2. Dépenses publiques de santé et service de la dette (en pourcentage du PIB, 2005-2007)

Figure 5.1. Les types de dette souveraine

Photos

Photo 1. Le président du Zaïre Joseph Mobutu a été le premier chef d'État africain à être reçu par le Président George H. W. Bush à la Maison-Blanche

Photo 2. Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo, reçoit le président français Nicolas Sarkozy à Brazzaville en 2009

Photo 3. Le président français Valéry Giscard d'Estaing a reçu le président du Gabon Omar Bongo à Paris en novembre 1977

Photo 4. Walter Wriston, président de Citibank, a assuré que « les pays ne font pas faillite »

Photo 5. Les porteurs des malades

Photo 6. En raison du phénomène de porte tournante entre les emprunts à l'étranger et la fuite des capitaux, les Africains doivent payer le service de la dette sur des prêts dont ils n'ont pas bénéficié

Acronymes

Les auteurs

Léonce Ndikumana est professeur d'économie à l'Université du Massachusetts à Amherst, États-Unis. De 2008 à 2011, il a été directeur des politiques opérationnelles et directeur de la recherche à la Banque africaine de développement, puis de 2006 à 2008, responsable de l'analyse macroéconomique à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. Il est diplômé de l'Université du Burundi et a obtenu un doctorat de l'Université Washington à Saint-Louis (Missouri), États-Unis.

James K. Boyce est professeur d'économie à l'Université du Massachusetts à Amherst, États-Unis, où il encadre le programme sur le développement, la paix et l'environnement du Political Economy Research Institute. Il a déjà publié plusieurs ouvrages, dont Investing in Peace: Aid and Conditionality after Civil Wars, The Philippines: The Political Economy of Growth and Impoverishment in the Marcos Era et A Quiet Violence: View from a Bangladesh village (ouvrage coécrit avec Betsy Hartmann). Il est diplômé de l'Université de Yale, États-Unis et a obtenu un doctorat de l'Université d'Oxford, Royaume-Uni.

Remerciements

Nous avons une dette envers un certain nombre de personnes, sans lesquelles cet ouvrage n'aurait pas pu voir le jour. Mais nous la reconnaissons bien volontiers, contrairement à la « dette odieuse » qui est ici notre sujet d'étude.

Nous remercions tout d'abord le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada pour son aide financière généreuse qui a permis de faire traduire cet ouvrage. Nous remercions en outre Stephanie Kitchen, de l'International African Institute, Ken Barlow (chez Zed Books), Alex de Waal et Richard Dowden, les éditeurs de la série African Arguments, pour leurs conseils précieux et leurs encouragements, Robert Molteno et Lawrence Lifschultz, qui ont été les premiers à proposer que nous écrivions ce livre, Elizabeth Asiedu, Mwangi wa Githinji, Frank Holmquist, Isaac Kanyama, Roger King et Floribert Ngaruko pour leurs commentaires sur des versions préliminaires de cet ouvrage. Les réserves d'usage s'appliquent.

Nous remercions aussi Kaouther Abderrahim, Leila Davis et Grace Chang qui nous ont apporté une aide extrêmement précieuse pour nos recherches, Judy Fogg, du Political Economy Research Institute de l'Université du Massachusetts à Amherst, qui nous a notamment permis d'obtenir les droits de reproduction photographique, ainsi que Martha Tesfaye Woldemichael et Didier Wayoro pour leur assistance lors de la révision de la traduction française du manuscrit.

Nous exprimons également toute notre reconnaissance à Hippolyte Fofack, l'organisateur du séminaire de haut niveau sur la fuite des capitaux en Afrique subsaharienne qui s'est tenu à Pretoria en novembre 2007, ainsi qu'aux participants à ce séminaire pour leurs éclairages et leurs encouragements.

Enfin, nous tenons à remercier les nombreuses personnes qui, en Afrique et ailleurs, s'attachent à bâtir un monde libéré de l'injustice, de l'impunité et des manœuvres financières douteuses.

Les méfaits ne sont sanctifiés ni par leur durée ni par leur ampleur. On doit pouvoir les contester et les dénoncer, même longtemps après.

(Chinua Achebe, Home and exile, 2000, traduction libre.)

Carte: Montant total de la fuite de capitaux, 1970-2008 (en dollar constants de 2008)

Source: calculs des auteurs présentés dans le tableau A.2.

Introduction

Lorsque le Concorde a décollé de la piste de Gbadolite en juin 1989, Joseph Mobutu avait de quoi être satisfait. Grâce à l'appui de ses nombreux amis dans le monde entier, et surtout des États-Unis, il a été l'un des chefs d'État à être resté le plus longtemps au pouvoir. Sous son règne, Gbadolite, son village natal tout au nord du Zaïre, a connu des changements spectaculaires : un opulent palais, un aéroport assez grand pour accueillir l'avion supersonique et une centrale électrique pour les alimenter tous les deux. Joseph Mobutu lui-même a accumulé un patrimoine considérable durant ses années au pouvoir. Dans une note confidentielle, le Département d'État américain estimait sa fortune à 5 milliards de dollars¹. Joseph Mobutu avançait un chiffre plus modeste de 50 millions de dollars. Quel que soit le chiffre réel - vraisemblablement quelque part entre les deux -, c'est un butin impressionnant dans un pays où le citoyen ordinaire vivait avec 60 cents par jour.

À Washington, où l'emmenait le Concorde, le président zaïrois allait rencontrer son vieil ami George H.W. Bush, qui venait d'être élu à la présidence des États-Unis. Il serait le premier chef d'État africain à être reçu par George Bush à la Maison-Blanche. Des sources diplomatiques affirment que George W. Bush, le fils indiscipliné du président, commençait à s'intéresser à la politique. Peut-être l'un des fils de Joseph Mobutu en prendrait-il de la graine et suivrait-il son exemple.

Toutefois, Joseph Mobutu avait aussi quelques raisons de se sentir légèrement anxieux. La guerre froide touchait à sa fin, et sans elle l'Amérique pourrait trouver moins d'utilité à l'une de ses « amitiés les plus anciennes et les plus solides en Afrique », comme l'a si élégamment formulé le Président Reagan au cours de la visite de Joseph Mobutu à la Maison-Blanche en 1986². Ceux, au sein du Congrès américain, dont l'« amitié » ne se laissait pas acheter par de somptueuses invitations dans le palais de Gbadolite, où coulaient à flot du vin en provenance directe de Paris à 400 dollars la bouteille³, commençaient à formuler des critiques gênantes. Pour les atténuer, le président zaïrois a été prié d'assouplir la répression politique dans son pays. Cela n'allait pas sans risques pour Joseph Mobutu lui-même, mais les risques étaient plus grands encore pour ses opposants s'ils s'avisaient de prendre cette tolérance pour de la liberté.

Les plus grandes inquiétudes de Joseph Mobutu étaient financières : la dette extérieure du Zaïre s'élevait alors à 9 milliards de dollars. Les créanciers du pays, alarmés par l'état désastreux de l'économie zaïroise et par le désordre des finances publiques, étaient réticents à prêter davantage. Les prêts antérieurs n'étaient pas remboursés. En persuadant le Fonds monétaire international (FMI) de venir à la rescousse avec un nouveau prêt, le Zaïre pourrait apurer ses arriérés auprès de cette institution, et cette marque de confiance permettrait éventuellement de convaincre d'autres créanciers de rééchelonner la dette, eux aussi.

Cependant, l'obtention d'un nouveau prêt du FMI ne serait pas chose facile. Une décennie auparavant, le Fonds avait placé au sein de la Banque du Zaïre des membres de son propre personnel. La revue Foreign Affairs avait qualifié cette mesure inhabituelle d'effort pour « limiter l'hémorragie de capitaux qui passe à la fois par la classe politico-commerciale zaïroise et par les groupes commerciaux étrangers », prédisant à juste titre qu'un tel choix « amènerait inévitablement le Fonds à entrer en conflit avec les puissantes personnalités politiques impliquées dans la fuite des capitaux »⁴. Le résultat n'a pas été brillant. Erwin Blumenthal, ancien membre éminent de la Bundesbank qui dirigeait l'équipe du FMI a conclu que, du fait de « l'impossibilité de limiter les fraudes », « les créanciers du Zaïre n'ont aucune chance, je répète aucune chance, de recouvrer dans un avenir proche l'argent qu'ils y ont investi. »⁵

Néanmoins, en 1987, le FMI a accordé un nouveau prêt au Zaïre, sous la pression du gouvernement américain, et malgré les vigoureuses objections de membres haut placés du Fonds et, fait rare, trois voix contre, sur les 24 que compte le Conseil d'administration du Fonds. C'est l'une des décisions qui ont poussé David Finch, directeur du Département des échanges et des relations commerciales au sein du FMI, à la démission; il avait publiquement dénoncé l'« intrusion de facteurs politiques » dans l'octroi de prêts par le Fonds et averti que, « dans ces conditions, il est impossible de différencier le financement de la balance des paiements du soutien politique.⁶ »

En 1988, Michel Camdessus lui-même, alors directeur général du FMI, a affirmé dans une interview que la majeure partie du problème d'endettement des pays en développement était due à la corruption. Ainsi, il explique : « Il y a des gens qu'un égoïsme sans borne pousse à placer leur argent à l'étranger, générant une effroyable fuite des capitaux. » Joseph Mobutu a dénoncé ces critiques, les qualifiant de « scandaleuses ». Selon lui, il est faux de dire que les dirigeants africains envoient l'argent sur des comptes à l'étranger; il soutient qu'ils le laissent dans leur pays, avançant pour preuve les investissements qu'il a lui-même effectués à Gbadolite⁷.

Malgré ces tracasseries, Joseph Mobutu conservait des amis haut placés. Outre le Président Bush, il pouvait compter sur son confident de longue date, Jacques de Groote, alors administrateur du FMI et de la Banque mondiale⁸. Plus tôt dans l'année, Joseph Mobutu s'était assuré les services d'Edward van Kloberg III, lobbyiste à Washington, en lui proposant quelque 300 000 dollars par an pour qu'il veille à ce que la presse dresse de lui un portrait flatteur d'allié fiable des États- Unis, et qu'elle minimise les propos, de plus en plus audibles, de ses détracteurs américains, en les présentant comme une « cabale de l'extrême gauche et des homosexuels⁹ ».

In fine, la visite du Président Mobutu à Washington a été un franc succès. À la Maison-Blanche, le Président Bush l'a salué comme étant « l'un de nos amis les plus précieux » sur tout le continent africain et a souligné que le Zaïre avait pris des « mesures constructives, à savoir la signature d'un accord de réforme de la

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