La guerre de Vendée en citations
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« Le Sacré-Cœur a ses raisons que la raison se devait de connaître et nous aimerions à connaître pourquoi le soleil, en 1793, se levait à l’ouest »
Jean-François Chiappe, historien (1931-2001)
Des milliers de livres ont été écrits sur la Guerre de Vendée. Malgré cela, ce triste épisode de l’histoire de France, qui selon les historiens a causé la mort de 200 000 à 600 000 personnes, et qualifié d’inexplicable par certains, est très peu connu et n’est que très peu relaté dans les livres d’histoire qui restent très discrets ... sur cette question.
Pourquoi ce silence ?
Ce recueil de citations a pour but de retracer ces évènements à travers des citations des partisans des deux camps ayant vécu cet épisode, des témoignages et des points de vue d’historiens, d’écrivains, de philosophes et d’homme politiques qui ont décrit cette fratricide guerre civile.
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La guerre de Vendée en citations - Philippe Prisson
Introduction
« Le Sacré-Cœur a ses raisons que la raison se devait de connaître et nous aimerions à connaître pourquoi le soleil, en 1793, se levait à l’ouest »
Jean-François Chiappe, historien (1931-2001)
Des milliers de livres ont été écrits sur la Guerre de Vendée. Malgré cela, ce triste épisode de l’histoire de France, qui selon les historiens a causé la mort de 200 000 à 600 000 personnes, et qualifié d’inexplicable par certains, est très peu connu et n’est que très peu relaté dans les livres d’histoire qui restent très discrets … sur cette question.
Pourquoi ce silence ?
Ce recueil de citations a pour but de retracer ces évènements à travers des citations des partisans des deux camps ayant vécu cet épisode, des témoignages et des points de vue d’historiens, d’écrivains, de philosophes et d’homme politiques qui ont décrit cette fratricide guerre civile.
Après avoir retracé la genèse de cette guerre civile permettant de comprendre les motivations du soulèvement, vous découvrirez le caractère particulier des vendéens, leur courage ainsi que leur version toute particulière de la Marseillaise. Le portait des principaux généraux vendéens, dont le destin sera commun, vous sera dressé par des témoignages de royalistes et de républicains.
Les combats sont décrits à travers des extraits de biographies, de rapports de généraux vendéens et républicains au cours desquels sont évoqués les grandes batailles et la Virée de Galerne, véritable odyssée qui conduira les vendéens outre Loire jusqu’à Granville. Les erreurs stratégiques et les querelles internes des deux belligérants, leurs improbables victoires et leurs défaites sont évoqués grâce aux témoignages de l’époque.
L’organisation vendéenne est également évoquée à travers son armée de paysans qui se réunissaient sporadiquement, ses hôpitaux et ses moyens de financement.
Avec le plan d’extermination, votre vision de la Révolution sera peut-être modifiée... Comment se fait-il qu’après la bataille de Savenay, le 23 décembre 1793, une fois l’armée vendéenne annihilée ce territoire fût soumis à une véritable volonté d’extermination, votée par la Convention ? S’agissait-il de crimes de guerre ou bien d’un génocide ?
Après le double jeu des anglais évoqué dans les dessous politiques, la conclusion vous offrira une panoplie de témoignage d’époque et des commentaires de contemporains exposant leurs visions sur cette guerre de Vendée.
Des hommages aux vendéens et à la Vendée militaire clôtureront ce recueil.
Table des matières
Introduction
Chapitre I - Genèse
Chapitre II - Les vendéens
Chapitre III - Les Généraux Vendéens
Chapitre IV - Les combats
Chapitre V - L’organisation vendéenne
Chapitre VI - La volonté d’exterminer les vendéens
Chapitre VII - Les dessous politiques
Chapitre VIII - Conclusion
Chapitre IX - Hommage
Merci à vous !
Chapitre I - Genèse
« Ce sont des paysans qui ont donné le signal de l’insurrection, et de la guerre qui en fut la suite. Ce sont des paysans qui l’ont commencée. »
Jacques Crétineau-Joly, historien (1803-1875)
« Le 10 mars 1793, jour fixé pour le tirage au sort de la levée des trois cent mille hommes, il y eut à Saint-Florent comme partout en Vendée, une insurrection d'abord, immédiatement après une victoire. Les jeunes gens furent insultés, menacés, mitraillés. L'indignation leur fournit des armes ; ils triomphent des gendarmes, mettent en fuite les autorités constituées, brûlent les archives. Puis, sans plus songer à la terrible vengeance qu'ils amassent sur leurs têtes, heureux de ne pas être enrôlés pour le service de la république, ils retournent paisiblement dans leurs foyers. »
Jacques Crétineau-Joly, historien (1803-1875)
« Les dissemblances qui peuvent provenir du pays, pays plat ou montueux, pays de culture ou de marécage, vont se fondre dans l’unité de vue, dans la communauté des sentiments. Qu’il s’agisse du vigneron du Comté nantais, du tisserand des mauges, du pêcheur du Marais breton, du laboureur du Bocage, le même idéal règne dans les cœurs, le même souci d’indépendance vis-à-vis de l’État aiguillonne les caractères. Et comme ces causes identiques provoqueront les mêmes effets.
« Ces populations en bordure de provinces ont pratiqué de temps immémorial de contrebande et, descendantes de faux sauniers, elles n’aimaient point le gabelou. Dressés héréditairement contre la milice, leurs fils seront réfractaires au service des armées. La question religieuse et la raison militaire créeront de toutes pièces la Vendée Militaire. »
Émile Gabory, historien (1872-1954)
« Aux premiers jours de la Révolution, quelques secousses jettent l’alarme. On a touché au château, et les vendéens ont vu avec indignation les brimades contre les maîtres. On a touché à l’église – constitution civile du clergé - proscription des prêtes légitimes et ça été de la colère. Enfin, on a touché au pignon de la ferme, -décret de conscription : goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Alors les hommes exaspérés laissent un jour leur champ à moitié labouré, retroussent leur manches, et en gens bien décidés à mettre de l’ordre dans la maison, disent simplement : il faut en finir.
Et, c’est l’élan. »
Jean Yole, écrivain (1878-1956)
« Ce ne fut point pour l’amour de la royauté et encore moins pour soutenir la cause des ex-nobles que les habitants de l’Ouest prirent les armes : ce fut pour défendre et garder les bon prêtres. »
Georges Clemenceau, homme d’État (1841-1929)
« Ce fut aux cris de La paix ! La paix ! Pas de tirement ! Que les paysans se soulevèrent le 10 mars 1793 et les jours suivants, depuis la côte jusqu'à Bressuire et Cholet : le caractère simultané du soulèvement autorise à penser qu'il fut concerté. Les paysans, bien qu'excités par les prêtres réfractaires, n'étaient pourtant ni royalistes, ni partisans de l'Ancien Régime ; mais ils se refusaient à aller combattre loin de leurs villages, Les nobles, d'abord surpris, ne tardèrent pas cependant à exploiter le soulèvement à leurs fins. »
Albert Soboul, historien (1914-1982)
« Tous sont surpris par la brutalité de la rébellion, la plupart hésitent à rallier les insurgés, certains même comme Charette doivent y être contraints par la force. »
Jean-Clément Martin, historien (1948- ?), à propose des nobles.
« Les Vendéens n’avaient plus besoin du prétexte de la religion et de la royauté pour prendre les armes ; ils étaient forcés de défendre leurs chaumières, leurs femmes qu’on violait, les enfants qu’on passait au fil de l’épée […] Je voulus discipliner l’armée, et mettre à l’ordre du jour la justice et l’humanité. Des scélérats, dont la puissance a fini avec l’anarchie, me dénoncèrent : on calomnia le dessein que j’eus d’arrêter le sang qui coulait, on m’accusa de manquer d’énergie. »
Thomas Alexandre Dumas, général de la Révolution (1762-1806)
Chapitre II - Les vendéens
« Tout est singulier dans cette immense aventure, jusqu’aux termes employés pour désigner les royaux ; Angevins dans leur majorité, ils seront nommés Vendéens alors que l’action de ces derniers, pour apparaître honorable, demeura plus effacée. »
Jean-François Chiappe, historien (1931-2001)
« Souvent, on a confondu Vendéens et Chouans. La frontière est indécise car les Chouans sont des Vendéens alors que les Vendéens ne sont pas des Chouans. La chouannerie, c’est vrai commence avant la pris d’armes de mars 1793 mais elle y participe très souvent sous l’impulsion de Bonchamps. Dans l’Armée catholique et royale d’Anjou les futurs virtuoses accordent leurs violons : Cadoudal, Mercier, Julien Berthelot, avant que le père du système, Jean Cottereau, n’entre dans le système avec sa Petite Vendée, mainiotte et bretonne, dirigée par Talmont. »
Jean-François Chiappe, historien (1931-2001)
« Lorsque, après le désastre de Savenay, les survivants angevins et poitevins passent de la guerre et la guérilla, sur la rive gauche de la Loire, ils adoptent les méthodes de la rive de droite et partant s’enchouannisent tout en conservant leur comportement, leurs propres habitudes notamment en matière d’emploi du temps. Angevins et Poitevins font une campagne d’une semaine, d’un mois, puis retournent aux travaux des champs alors que les Bretons et les Mainiaux auraient tendance à travailler le jour et à se battre la nuit. »
Jean-François Chiappe, historien (1931-2001)
« Ce peuple vendéen, il a quelque chose de sauvage et de buté qui me plaît… Chaque fois que j’ai eu à résoudre un problème majeur ou affronter une grande crise je suis retourné au pays natal…Oui, je suis resté vendéen, profondément…J’ai toujours été frappé par la faculté qu’à ce pays d’engendre des gens fabuleux, des mélanges de monstres et de surhommes, comme il n’en sort pas un tous les deux siècles en Europe. »
Georges Clémenceau, homme d’État (1841-1929)
« J’attribue à cette ascendance vendéenne mon caractère casanier, ma méfiance vis-à-vis des figures inconnues, le conservatisme figé de mes habitudes, le confinement dans un cercle de relations étroit, surtout familier, le goût de dire non ; bref ce laissez-moi tranquille dans coin et passez au large
qui a été toutes motivations sociales et religieuses mises à part- le vrai ressort caractériel du soulèvement de 1793 »
Julien Gracq, écrivain (1910-2007)
« Qui dit Vendée pense insurrection d’un petit peuple de paysans et de nobles contre la Révolution, en 1793. Ce morceau d’histoire, cette épopée sanglante, héroïque, insensée, qui fit beaucoup rêver et (beaucoup écrire) Jules Michelet comme Victor Hugo, cette démesure, cette utopie populaire, a suscité depuis deux cent ans une bibliographie énorme. Plus de quinze mille titres sont consacrés aux guerres de Vendée. Je dis bien aux guerres
, car emportés par leur élan, les vendéens ne se contentèrent pas de lutter contre la convention, ils prirent aussi les armes contre le Directoire, contre l’Empire sous les cent jours, contre Louis-Philippe en 1832. Les guerres de Vendée ont duré, avec des entractes, une quarantaine d’années. »
Michel Ragon, écrivain (1924-)
« Ce pays, qu’on a appelé généralement la Vendée, se nommait alors vulgairement le pays du bocage : la moitié étant de la province du Poitou, un quart de celle de l’Anjou, et un quart du comté nantais…C’est lors de la grande guerre de 1793, que les républicains donnèrent à tout ce pays insurgé le nom de Vendée, qu’il n’avait pas auparavant. »
Victoire de Donnissan, marquise de Lescure puis de La Rochejaquelein (1772-1857)
« …masses ignorantes qui vivaient entre deux haies sans jamais parler qu’à leur bœufs. […] Le vendéen était enraciné dans le sol, il ne faisait qu’un avec la terre et les arbres de la terre. »
Jules Michelet, historien (1798-1874) à propos des vendéens.
« Il se rencontre un peuple si étrangement égaré qu’il arme contre la révolution, sa mère, contre le salut du peuple, contre lui-même […]. Ce peuple étrange est la Vendée. »
Jules Michelet, historien (1798-1874)
« Parlons maintenant des Vendéens, parlons de ces hommes vraiment extraordinaires dont l’existence politique, les rapides et prodigieux progrès et surtout la férocité inouïe, feront époque dans les fastes de la Révolution ; de ces Vendéens à qui il ne manque que de l’humanité et une autre cause à défendre pour réunir tous les caractères de l’héroïsme.
« Une manière de combattre qu’on ne connaissait pas encore et peut-être inimitable en tant qu’elle ne peut s’approprier qu’à ce pays et tienne au génie de ses habitants ; un attachement inviolable à leur parti ; une confiance sans bornes dans leurs chefs ; une telle fidélité dans leurs promesses qu’elle peut suppléer à la discipline ; un courage indomptable et à l’épreuve de toutes sortes de dangers, de fatigues et de privations : voilà ce qui fait des Vendéens des ennemis redoutables et qui doit les placer dans l’histoire au premier rang des peuples guerriers. »
Louis-Marie Turreau, général de la Révolution (1756-1816)
« […] Il y eut deux Vendées, la Grande qui faisait la guerre des forêts, la Petite qui faisait la guerre des buissons ; là est la nuance qui sépare Charette de Jean Chouan. La Petite Vendée était naïve, la Grande était corrompue ; la Petite valait mieux. Charette fut fait marquis, lieutenant général des armées du Roi et Grand-croix de Saint-Louis ; Jean Chouan resta Jean Chouan. Charette confine au bandit, Jean Chouan au paladin …La Rochejaquelein n'est qu'Achille, Jean Chouan est Protée. […] »
Victor Hugo, écrivain (1802-1885)
« Je les ai bien vus, bien examinés, j’ai reconnu ces mêmes figures de Cholet et de Laval. A leur contenance et à leur mine, je te jure qu’il ne leur manquait du soldat que l’habit. Des troupes qui ont battu de tels Français, peuvent se flatter aussi de vaincre des peuples assez lâches pour se réunir contre un seul, et encore pour la cause des rois ! Enfin, je ne sais si je me trompe, mais cette guerre de brigands, de paysans, sur laquelle on a jeté tant de ridicule, que l'on dédaignait, que l’on affectait de regarder comme méprisable, m’a toujours paru, pour la république, la grande partie, et il me semble à présent qu’avec les autres ennemis nous ne ferons que peloter. »
Michel de Beaupuy, général révolutionnaire (1755-1793) à Merlin de Thionville le 25 décembre 1793.
La marseillaise des vendéens
I
Allons armées catholiques
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la république
L'étendard sanglant est levé (bis)
Entendez-vous dans nos campagnes
Les cris impurs des scélérats ?
Qui viennent jusque dans nos bras
Prendre nos filles, nos femmes !
Refrain :
Aux armes Poitevins !
Formez vos bataillons !
Marchez, marchez,
Le sang des Bleus
Rougira nos sillons !
II
Quoi des infâmes hérétiques
Feraient la loi dans nos foyers ?
Quoi des muscardins de boutiques
Nous écraseraient sous leurs pieds ? (bis)
Et le rodrigue abominable
Infâme suppôt du démon
S'installerait en la maison
De notre Jésus adorable(Refrain)
III
Tremblez pervers et vous timides,
La bourrée des deux partis.
Tremblez, vos intrigues perfides
Vont enfin recevoir leur prix. (bis)
Tout est levé pour vous combattre
De Saint Jean d'Monts à Beaupréau,
D'Angers à la ville d'Airvault,
Nos gars ne veulent que se battre. (Refrain)
IV
Chrétiens, vrais fils de l'Église,
Séparez de vos ennemis
La faiblesse à la peur soumise
Que verrez en pays conquis. (bis)
Mais ces citoyens sanguinaires
Mais les adhérents de Camus
Ces prêtres jureurs et intrus
Cause de toutes nos misères.
(Refrain)
V
Ô sainte Vierge Marie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Contre une séquelle ennemie
Combats avec tes zélateurs ! (bis)
À vos étendards la victoire
Est promise assurément.
Que le régicide expirant
Voie ton triomphe et notre gloire !
(Refrain)
Ce chant fut découvert dans le portefeuille de Jacob Madé dit Sans Poil, chef de paroisse qui fut tué le 16 mai 1793.
Chapitre III - Les Généraux Vendéens
Jacques Cathelineau
« Cathelineau est, selon nous, la plus expressive personnification de la Vendée. Sa grande figure historique, et qui pourtant n'apparaît que pendant quelques mois, résume bien le caractère enthousiaste de ces géants échappés de leurs landes ou de leurs bocages pour devenir soldats. »
Jacques Crétineau-Joly, historien (1803-1875)
« Cathelineau commandait les gens du Pin-en-Mauge et des environs. C'était, comme je l'ai dit, un simple paysan qui avait fait quelque temps le métier de colporteur pour le commerce des laines. Jamais on n’a vu un homme plus doux, plus modeste et meilleur. On avait pour