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Déposition La N.E.
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Ebook81 pages53 minutes

Déposition La N.E.

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About this ebook

La vie est un suspense. Le plus grand thriller qui soit. Hitchcock peut aller se rhabiller. Cent fois par jour, nous sommes tenus en haleine par la vie, par le hasard. Vivre sans réponses la plupart du temps. Vivre quand même. Chercher. Trouver des réponses temporaires qui deviennent des oasis, pour la soif. Mais où est la vérité? Les émotions, souvent, ne parlent pas la même langue que nous, on a besoin d’interprètes. Elles deviennent parfois du théâtre. C’est ainsi que la sauvage Léna Fulvi rencontre sur une scène un petit Inspecteur qui n’a même pas l’air d’un vrai policier. Elle devrait n’en faire qu’une bouchée, elle qui est aussi dure et rugueuse que les fjords du Saguenay. Mais voilà, il ne faut jamais se fier aux apparences. Même le Saguenay n’est pas une rivière comme les autres puisqu’elle a des marées. Et l’Inspecteur offre à Léna Fulvi un billet gratuit pour une houleuse traversée des apparences. Mais qu’y a-t-il sur l’autre rive? Si vous oubliez que vous êtes au théâtre, tant mieux! Ça voudra dire, une fois de plus, que le théâtre nous aura fait penser à la vie. Dans l’histoire de Léna Fulvi, vous retrouverez des bribes de la vôtre, peut-être. C’est pour ça qu’on écrit. Alors, en réalité, à qui appartient cette histoire?
LanguageFrançais
Release dateMar 27, 2015
ISBN9782894855201
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    Déposition La N.E. - Pedneault Hélène

    femmes.

    NOTICE BIOGRAPHIQUE

    Femme de parole, elle écrit et elle parle. Sa pièce, La déposition, créée à Montréal en 1988 et traduite en cinq langues, a été jouée plus de cinq cents fois dans huit pays. Depuis 1997, elle est porteuse d’eau à Eau Secours !, une coalition citoyenne qu’elle a co-fondée pour protéger les eaux du Québec. Elle siège au Conseil de la souveraineté du Québec depuis sa fondation, en février 2003. Elle est née à Jonquière exactement 500 ans après la naissance de Léonard de Vinci, 4 ans après la parution du Refus Global, 7 ans avant la mort de Duplessis, 24 ans avant la première victoire du PQ et 37 ans avant la chute du mur de Berlin. Féministe, indignée, indépendante et indépendantiste de souche, son principal modèle a été la rivière Saguenay, à ce jour indomptable.

    PERSONNAGES

    LENA FULVI, 35 ans

    L’INSPECTEUR, environ 40 ans

    LAURA FULVI, 40 ans (sur vidéo)

    LISA FULVI, 34 ans (sur vidéo)

    Avant-propos

    La texture de cette pièce est très cinématographique. Ambiance des films en noir et blanc des années 1940, dans la tradition des face-à-face du cinéma français, des huis clos policiers du genre Garde à vue de Claude Miller.

    Les trois parties sont distinctes, l’écriture même est différente, ainsi que l’ambiance et le rapport entre l’inspecteur et l’accusée. Le contact est intermittent entre les deux personnages. Il n’arrive pas vraiment à s’établir avant la troisième partie. Le mouvement passe donc du statique, de l’isolement de l’accusée, au contact. Il y a une montée dans le mouvement, en même temps qu’une montée vers la lumière, l’ouverture, l’émotion.

    L’inspecteur est intense, très présent et concentré. Il a un côté débonnaire qui alterne avec des mouvements d’impatience qu’il ne peut maîtriser tout à fait. Mais il n’est pas violent. Parfois sec et tranchant, jamais violent. Plus la pièce avance, plus il éclaire la part obscure de Léna Fulvi, plus son ton oscille entre la compassion et la tendresse, cette zone de délicatesse où il s’installe de peur de casser la fragilité du contact. Il faudrait sentir sa fascination pour le personnage et ensuite sa solidarité, surtout en troisième partie.

    Dans la première partie, nous n’entendons pas les répliques de l’inspecteur, mais il peut être là. On peut l’entendre bouger, s’allumer une cigarette pendant le récit de Léna Fulvi. Si on ne perçoit pas ce qu’il dit, c’est peut-être en raison de la schizophrénie de Léna Fulvi, je ne sais pas. Peut-être que toute cette scène se passe dans sa tête. Peut-être est-elle en train de faire une répétition générale de sa future rencontre avec l’inspecteur. Il faut sentir cette ambiguïté entre le réel et l’imaginaire. Au début de la pièce, Léna est encore un peu folle. Pas hystérique, mais folle, décrochée. Elle est persuadée que si elle raconte à l’inspecteur ses plus beaux souvenirs d’enfance, il ne pourra pas faire autrement que de croire à sa version de l’accident. Léna est fissurée. Le choc qu’elle a vécu peu de temps auparavant a mis un voile opaque sur sa logique et sur sa notion du temps. Mais elle aime se rappeler les souvenirs qu’elle retrouve. Pour elle, ils sont l’équivalent des trésors qu’un enfant transporte dans sa poche ou cache dans une vieille boîte à souliers entourée d’un élastique : cailloux brillants, photos, lancepierre, morceaux de bois, bouts de ficelle, etc.

    Même si on n’entend pas les répliques de l’inspecteur, on devine parfaitement ses questions à travers les réponses de Léna. Mais plus la scène avance, plus elle se rend compte que l’inspecteur n’est pas dupe de sa stratégie dérisoire, et plus elle est déstabilisée, paniquée. Dans l’éclatement de la fin de la première partie, elle crie son indignation, comme si l’inspecteur avait triché et saboté son scénario si parfait.

    Selon l’année de la production, les dates qui apparaissent dans le texte doivent être changées pour que Léna Fulvi ait toujours 35 ans.

    PREMIÈRE PARTIE

    Je m’appelle Léna Fulvi. Je suis née en 1952, à Jonquière.

    Non. Pas au Lac-Saint-Jean, au Saguenay. Je vous dis ça à cause du chauvinisme, mais aussi par souci de précision géographique. Le Saguenay est anguleux, enfoncé dans ses falaises dont on dit qu’elles sont des fjords. Le lac Saint-Jean est plat, large, plutôt rond si je me fie à la carte. On ne voit pas de l’autre côté, comme une mer. Le Saguenay est une rivière qui a ses marées. C’est une malformation congénitale. Les vagues sont hautes et les fonds sont sans fond à certains

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