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La vie comme je l'aime 3
La vie comme je l'aime 3
La vie comme je l'aime 3
Ebook314 pages4 hours

La vie comme je l'aime 3

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About this ebook

Après ses Chroniques d'hiver et ses Chroniques d'été, Marcia Pilote vous convie à un nouveau tête-à-tête dans le cadre de ses Chroniques d'automne. Vous pourrez renouer avec cette amie qui est entrée dans votre vie – et dans celle de dizaines de milliers de lectrices – grâce à des mots d'une grande simplicité, à travers lesquels elle a voulu transmettre sa passion pour la vie avec un grand V.
LanguageFrançais
PublisherDe Mortagne
Release dateAug 28, 2013
ISBN9782896622870
La vie comme je l'aime 3

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    La vie comme je l'aime 3 - Pilote Marcia

    La vie comme je l’aime

    Marcia Pilote

    Édition

    Les Éditions de Mortagne

    C.P. 116

    Boucherville (Québec) J4B 5E6

    Distribution

    Tél. : (450) 641-2387

    Téléc. : (450) 655-6092

    info@editionsdemortagne.com

    Tous droits réservés

    Les Éditions de Mortagne

    Ottawa 2010

    Dépôt légal

    Bibliothèque et Archives Canada

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque Nationale de France

    3e trimestre 2010

    ISBN (papier) : 978-2-89074-940-5

    ISBN (ePub:) : 978-2-89662-287-0

    ISBN (ePDF) : 978-2-89662-291-7

    Photo en couverture : Martine Doucet

    Conversion au format ePub : Studio C1C4

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) et celle du gouvernement du Québec par l’entremise de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Petite bio

    Vous remarquerez que cette petite bio est la même que dans les CHRONIQUES D’HIVER et les CHRONIQUES D’ÉTÉ. Puisque toutes les histoires que je vous raconte sont tirées de ma vie réelle et puisque j’ai choisi de ne pas vous les présenter dans un ordre chronologique, j’ai cru bon de l’intégrer à nouveau aux CHRONIQUES D’AUTOMNE. Vous aurez ainsi certains repères dans le temps, comme le nom des personnes de mon entourage, les dates et les lieux qui constituent mon histoire.

    J’ai cru important, en début de livre, de vous parler un peu de moi en termes « historiques » pour que vous puissiez mettre des dates, des noms et un peu de chronologie dans mes histoires. Pour ce qui est des visages, je préfère laisser votre imagination travailler.

    Née le 27 mars 1967, je suis la troisième d’une famille de quatre enfants : mes sœurs aînées, Jeanne et Brigitte, nées respectivement en 1963 et en 1966, et la benjamine, Estelle, née le même jour que moi, en 1974. Je n’ai donc joui que de sept ans d’anniversaires solo… mais je suis fière de partager cette journée spéciale avec ma petite sœur. Mes parents, Louis-Marie et Lucie, se sont connus dans la jeune vingtaine et ils forment un couple depuis. Nous devrons d’ailleurs nous rencontrer très bientôt, mes sœurs et moi, pour organiser leur cinquantième anniversaire de mariage. Quant à nos mariages à nous, les filles Pilote, eh bien ! ils n’ont jamais eu lieu. Aucune d’entre nous ne s’est mariée, mais chacune a connu (et connaît encore) la vie de couple et la vie de famille.

    Mon père est ingénieur et ma mère a consacré sa vie à l’éducation de ses filles. Lors du recensement, dans la section « occupation », elle tenait à inscrire « éducatrice ». Vous aurez l’occasion, au fil de ces pages, de faire la connaissance de cette femme formidablement avant-gardiste, féministe, marginale et unique qu’est ma maman à moi. Mon papa à moi maintenant : un homme chaleureux que toutes les filles aimeraient avoir comme père, très dévoué, attentionné, travaillant, énergique, la tête toujours remplie de projets. La phrase qu’il a le plus entendue dans sa vie : « Pauvre homme, tout seul avec cinq femmes. » Puis, quand les premières petites-filles sont arrivées, la phrase était dite plus férocement, à la différence près que le chiffre augmentait : « Pauvre Louis, tout seul avec neuf femmes », parce que la lignée de filles s’est rendue jusqu’à neuf avant que les petits gars arrivent (Henri et Francis, les garçons de ma sœur Jeanne). La marche s’est fermée avec la petite dernière, Elsa, fille de ma sœur Estelle. Chez nous, même les animaux étaient féminins : Mamine et Coquine, les deux chattes de la famille.

    Vous remarquerez que je ne parle pas beaucoup de mon papa dans mes récits. Je tiens à vous dire que ce n’est absolument pas par manque d’intérêt envers lui, mais bien parce que j’ai voulu baigner dans un univers féminin pour écrire ce livre. Les souvenirs de mon enfance ont été teintés des femmes autour desquelles j’ai gravité : ma mère, mes tantes, mes sœurs, mes cousines, mes amies, mes filles. J’ai grandi dans une maison unifamiliale, en banlieue, dans un immense rond-point (le seul de la ville) constitué de dix-huit maisons. C’était comme une ville microscopique avec tout ce qu’elle comportait d’étrangeté, de solidarité et de diversité. J’ai fait tout mon primaire à l’école du quartier, sauf une partie de ma troisième année. Nous avions suivi mon père qui devait alors se rendre fréquemment chez Bombardier à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Au secondaire, j’ai fréquenté la polyvalente De Mortagne, à Boucherville. Je pratiquais des activités parascolaires telles que le théâtre et l’improvisation, mais j’excellais aussi dans l’art de manquer plusieurs semaines d’école par année pour travailler sur des plateaux de tournage. À l’âge de quatorze ans, je fus choisie par Micheline Lanctôt pour tenir le premier rôle dans un film québécois, Sonatine, film qui a remporté le Lion d’argent à Venise en 1984 et qui mettait en vedette Pascale Bussières et moi-même, dans le rôle de deux adolescentes aux prises avec le mal de vivre. J’ai étudié en lettres au cégep Édouard-Montpetit et, à ma dernière session, j’étais obligée de m’asseoir sur une chaise à part, car avec ma grosse bedaine je ne « rentrais » pas dans les chaises soudées aux tables de travail. Eh oui, à l’âge de dix-neuf ans, j’étais enceinte de ma première fille, Adèle, qui est née en 1987. La même année, quelques mois plus tard, j’entrais à l’UQAM en communication. Pour passer le plus de temps possible avec mon bébé, je fréquentais l’université à raison de un ou deux cours par session. J’ai vécu cinq ans avec son père, Jacques. Après notre séparation, notre relation a toujours été harmonieuse. Adèle a vécu en mode garde partagée pendant treize ans. À cette époque, les gardes partagées n’existant pas, je devais me battre à son école primaire pour écrire les deux adresses sur le formulaire d’inscription. Quand Adèle a eu dix ans, elle a reçu une petite sœur en cadeau, disons une petite demi-sœur. J’ai accouché de Madeleine alors que j’avais vingt-neuf ans. Nous avons quitté ma ville natale pour aller vivre dans la ville voisine. Le père de Madeleine est un homme formidable du nom de Mario, avec qui j’ai vécu onze ans. Lorsque Madeleine a eu neuf ans, nous avons choisi de continuer à former une merveilleuse famille, mais sans habiter sous le même toit. Je suis revenue vivre dans ma ville natale et j’ai acheté un condo à côté de celui de ma sœur. Nous songeons chaque jour à faire un trou dans le mur pour ne pas avoir à sortir l’hiver quand on veut se parler. Ma sœur a deux filles, Alice et Clara. Cette dernière a le même âge que Madeleine. Les deux filles sont dans la même classe et elles s’entendent à merveille ; des inséparables, comme leur mère respective.

    Depuis vingt ans, je travaille dans le milieu des communications soit à titre de chroniqueuse, de recherchiste, « d’idéatrice », de conceptrice, de scénariste, d’auteure, de comédienne ou d’animatrice, et j’ai collaboré à des dizaines d’émissions de télévision. J’ai publié deux romans pour la jeunesse : Estelle et moi et Émilie le jour et la nuit. J’ai fait de la radio pendant plusieurs années et j’ai enseigné le théâtre dans des écoles primaires. Je roule ma bosse en tant que travailleuse autonome, ce qui m’a toujours permis de garder ma liberté, de travailler à la maison, de recevoir mes enfants à dîner et, surtout, de n’appartenir à personne. Si je veux aller faire mon épicerie un mardi après-midi, je n’ai pas peur qu’on me surprenne. Je ne sais pas d’un mois à l’autre de quoi sera faite ma réalité professionnelle et j’aime ça. Si on m’offrait un job de 9 à 5 (même si c’est dans le milieu des communications), avec un salaire faramineux, je vous jure que je refuserais. Ma liberté n’a pas de prix. Ce que j’aime par-dessus tout et qui rend ma vie si belle ? La lecture et le cinéma. Je vois au moins un film par semaine, ma survie en dépend. Je lis au moins deux livres par semaine, ma survie en dépend aussi. Où est-ce que je prends tout ce temps ? Je dois couper ailleurs. Je n’ai pas beaucoup d’amies. J’aime plusieurs personnes, mais de vraies amies, je n’en ai que deux. Il y a aussi le fait qu’avec mes trois magnifiques sœurs, mes nièces, mes neveux et mes parents, à qui je parle quotidiennement et que je visite au moins deux fois par semaine, on peut dire que ma vie sociale est remplie. Ces cinq dernières années, je me suis lancée en affaires avec ma sœur Brigitte. Nous avons fondé notre maison de production : Productions Les sœurs Pilote inc. Nous avons lancé notre site Internet lesgermaines.tv, où nous produisons des capsules humoristiques. Pour réaliser ce site, nous avons emprunté de l’argent à nos parents et c’est ainsi qu’un an plus tard, nous en arrivons à la conclusion qu’un site Internet, c’est un mode de communication absolument génial pour la liberté de création et pour la souplesse du médium. Nous allons continuer de le développer, c’est à suivre. Depuis plus de deux ans, je vis le grand amour avec Cœur Pur, un homme merveilleusement bon, tendre, magique et bienfaiteur. Cœur Pur et moi n’habitons pas sous le même toit, mais nous sommes souvent ensemble. Nous vivons de façon marginale un grand bonheur simple. Il a quatre enfants, trois d’une première union et un petit dernier d’une deuxième union. Nous avons donc à nous deux six beaux enfants, engendrés par six parents différents. (Êtes-vous assez mélangés ?) Cœur Pur et moi ne nous sommes jamais chicanés et on se pince encore chaque jour tellement on se trouve chanceux de s’être rencontrés. Tous les matins, je consacre au moins quatre-vingt-dix minutes à ma vie spirituelle : méditation, écriture, lectures inspirantes. J’ai besoin de ce temps d’arrêt pour ma création, pour mon équilibre, pour comprendre ma vie, la vie, et j’aime par la suite transmettre aux autres le fruit de mes découvertes. Il y a eu les membres de ma famille, ensuite mes amies et maintenant, il y a vous à qui je veux parler de la vie, ma vie, cette belle grande vie comme je l’aime.

    Prologue

    Vous qui vous apprêtez à lire les lignes qui suivent, j’aurais une demande à vous faire : imaginez que je suis assise à côté de vous sur le divan de votre salon et que les mots de tout ce livre ne sont pas lus mais entendus, comme si nous discutions entre amies. Avant que nous entamions notre tête-à-tête, je tiens à vous dire ceci :

    « Je vous dis merci d’être ma lectrice, merci de tenir ces CHRONIQUES D’AUTOMNE entre vos mains, je vous dis à quel point ma vie est complète, intense et parfaite depuis que vous êtes là. Si vous saviez tout le bonheur que j’ai de vous connaître, d’avoir le privilège d’entrer dans votre intimité et d’échanger des mots, des émotions, des moments précieux avec vous à travers ces chroniques. Vous m’avez dit (de vive voix ou par courriel) que je vous touche, que je vous rejoins, que je vous fais rire, réfléchir et parfois même pleurer… Grâce à vous, j’ai écrit ces CHRONIQUES D’AUTOMNE d’une façon différente, avec plus d’aisance, d’assurance, de confiance et d’élan que les autres tomes, puisque je ne vous connaissais pas à ce moment-là et que je ne savais pas que vous en redemanderiez. Je n’entendais plus cette petite voix qui me disait que personne ne s’intéresserait à ce que je raconte. Je n’avais plus à me convaincre qu’il fallait que j’investisse mon temps et mes économies dans ce beau projet, parce que j’entendais votre voix, unique, qui me disait Continue, Marcia, on en veut encore. Et moi je vous réponds : Tant que vous en voudrez, vous en aurez, parce que c’est ce que j’aime le plus faire au monde : vivre et partager avec vous le fruit de mes réflexions. »

    Je sais surtout qu’on a chacune notre vie bien remplie, nos horaires chargés, nos enfants, nos parents, nos amies, nos amours, notre travail, mais ce qui nous lie d’abord et avant tout, ce qui nous relie, c’est la seule et même vie, celle avec un grand V, celle que nous aimons toutes autant, celle qui nous malmène parfois, celle qui nous transporte, celle qui nous ennuie, celle qui nous émeut, celle qui nous stresse, celle qui nous fait dire qu’elle en vaut tellement le détour. Faire mille et un détour pour enfin se trouver, soi, et ensuite les autres, et s’unir dans une même énergie, celle de la vie pure, vraie et émouvante. Moi, en tout cas, c’est comme ça que je l’aime ma vie, parce que c’est ma vie à moi, ma vie comme je l’aime.

    L’an dernier, une employée du Salon du livre de Montréal m’a demandé à quoi ça ressemble une vie comme on l’aime ? On pourrait penser qu’il s’agit de la vie des gens riches et célèbres, avec des serviteurs et des repas somptueux tous les soirs, confortablement installée dans notre château. Je savais que ça n’avait rien à voir avec cette image préconçue et, pourtant, je n’ai pas été capable de répondre à sa question. Le soir venu, j’y ai réfléchi et le lendemain, alors que je retournais au Salon du livre, je suis allée la voir et je lui ai dit :

    — Madame, j’ai votre réponse : une vie comme on l’aime, c’est une vie où l’on est de plus en plus soi-même chaque jour. C’est une vie qui comporte son lot d’épreuves, de dépassements de soi, d’expériences, de situations diverses mais qui, lorsqu’on les vit, nous rapprochent de qui nous sommes véritablement.

    Avant que vous plongiez dans la lecture de ce livre (ou devrais-je plutôt dire « l’écoute » de ce livre), il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de vivre une vie comme vous l’aimez vraiment. Et n’oubliez pas, je reste à vos côtés, assise sur votre divan, pendant la lecture de ces chroniques.

    Avec toute mon affection,

    Marcia

    LÉGENDE

    Les chroniques ont été regroupées en trois catégories, illustrées de la manière suivante :

    Je ne veux pas aller aux pommes

    Je n’ai pas souvent été célibataire dans ma vie. Mais lorsque je l’étais, vers la fin de la trentaine, une amie m’a convaincue de composer un texte que j’allais diffuser sur un site de rencontres sur Internet afin de trouver l’âme sœur.

    — Tu n’as pas besoin de mettre ta photo, juste un texte. C’est gratuit ! Tu vas voir quel genre d’homme répond à ta fiche. Tu n’as rien à perdre.

    Je n’étais pas chaude à l’idée, mais j’ai écrit mon texte et j’avoue que l’exercice a été très intéressant. Au lieu de dire ce que je voulais d’une relation amoureuse comme la plupart des femmes sur ce site le faisaient (car je suis allée voir quelques textes de femmes, question de me donner des idées, et je l’avoue, j’ai passé des heures à étudier des fiches d’hommes dans ma catégorie d’âge, avec photo bien entendu et à les commenter à voix haute avec ma sœur), bref après une analyse poussée de ce site de rencontres, je peux dire qu’il y a certaines choses que je ne comprends pas encore :

    Je ne comprends pas certaines pratiques telles que se faire photographier à côté de son auto, de sa moto ou, pire encore, aux côtés d’une femme. Plusieurs hommes se montrent aux côtés d’une femme. Est-ce leur cousine, leur sœur, leur nièce, leur ex ? Je ne sais pas, mais le fait est que ça ne se fait pas, on ne présente pas une photo de soi accompagné d’une femme quand on en recherche une !

    Plusieurs font tellement de fautes de français que tu as envie de leur écrire pour leur proposer tes services de rédactrice. Mon pauvre garçon, si tu n’es pas capable d’écrire : « un souper à la chandelle et une bonne bouteille » sans faire trois fautes, je crains que la femme ait peur de se retrouver au lit avec un homme qui ne sera pas capable de lui dire des mots d’amour sans faire de fautes. Rien de plus « turn off » qu’un homme qui dit « tu sens bonne » à sa nouvelle blonde, ou pire encore : « Si j’t’aurais pas rencontrée, je serais malheureux ! »

    Les textes de ces messieurs : AUCUNE originalité. Vraiment, forcez-vous un peu ! Tous les hommes disent avoir un « passé réglé » et vouloir rencontrer leur douce moitié. Ils parlent aussi de boire une bonne bouteille de vin et d’écouter un film collé. Déprimant comme proposition.

    La plupart des hommes mentent. Ils disent tous qu’ils aiment le cinéma. Je suis certaine qu’à part les Boys 4, il n’y a pas grand film que ces célibataires ont vu. Dites au moins : j’aime aller au cinéma pour tenir un baril de pop-corn avec beurre d’une main et mettre mon cerveau dans le formol pendant que je regarde un film polonais sous-titré en anglais en tenant de mon autre main celle de ma future blonde.

    Mais revenons à ma fiche. J’avais trouvé le concept : dire ce que je ne voulais pas d’un homme au lieu de ce que je voulais et savez-vous ce qui venait en tête de liste ? La phrase suivante :

    « Je ne recherche pas un homme pour aller aux pommes » !

    Quelle est l’activité automnale par excellence ? Aller aux pommes. Existe-t-il une activité plus familiale que cela ? Voilà pourquoi j’écrivais que je ne cherchais pas un homme pour aller aux pommes, parce que je ne recherchais pas un homme pour vivre une vie de famille, mais pour vivre une vie de couple. Côté vie de famille, j’avais tout ce qu’il faut à la maison ! Revenons à mes pommes : premièrement, je déteste aller aux pommes, je ne comprends pas pourquoi cette sortie familiale est l’une des plus prisées des Québécois. Pourtant, j’ai essayé toutes sortes de formes : pommes en train, pommes à la campagne, pommes écolo-bio dans des vergers tenus par des granos, pommes plus commerciales. Toujours le même haut-le-cœur. Pourtant, j’adore les pommes, je ne peux pas m’en passer ; il y en a toujours partout dans ma maison : dans mon frigo, dans mon bureau, dans ma chambre à côté de mon lit, dans mon sac à main, mais mon Dieu que je suis incapable de vivre avec entrain une activité familiale comme celle-là. Je ne vois pas ce qu’il y a de bucolique dans le fait d’attendre son tour pour monter dans une échelle, remplir un sac de plastique, aller le faire peser, l’apporter à la voiture, endurer les crises des enfants qui veulent une pomme de tire, regarder les enfants qui ont obtenu la permission de manger une pomme de tire brailler parce qu’ils en ont plein les cheveux. Et les paniers de pique-nique familiaux et les petits produits du terroir et les fromages et les salades spéciales qui sortent des paniers en osier achetés pour l’occasion et bien garnis par la maman qui a vu le menu « pique-nique automnal, votre sortie aux pommes » dans une revue et qui voulait faire exactement la même chose que ce qui était proposé dans l’article. Elle a même ouvert une bouteille de moût de pommes que les enfants ont bu dans des verres colorés assis sur la nappe à carreaux rouge et blanche. On a pris des photos des enfants qui croquent dans les pommes. Les dents qui branlent et qui tomberont bientôt tout comme certaines pommes des arbres déjà au sol. Il y a les rangées d’arbres portant les McIntosh, les Spartan, les Cortland, les Lobo. J’ai même vu un enfant hyperactif du prénom de Tommy (je sais son prénom parce que tout au long de ma dernière visite dans un verger, ce petit garçon aux cheveux rasés et au pantalon d’armée trop grand pour lui se faisait sermonner par sa mère). Il grimpait, courait, lançait des pommes aux autres enfants. Sa mère lui disait :

    — Tommy, viens ici. Tommy, t’es mieux de suivre sinon tu vas aller nous attendre dans l’auto.

    Puis Tommy s’est trompé d’allée et il a grimpé dans un arbre de Lobo. Sa mère a crié :

    — Pas les Lobo, Tommy !

    J’en ris encore. Je suis peut-être la seule à avoir saisi ce moment unique. Lobotomie. Vraiment tordant. Cela aura été mon seul moment à vie aux pommes où l’on aura pu voir un sourire sur mon visage. Je ne sais pas ce que Tommy est devenu, il doit être adolescent aujourd’hui, il a peut-être hâte d’avoir une blonde pour l’amener aux pommes avec son premier char, je n’en sais rien, mais il ne saura jamais qu’il m’a rachevée. Je ne suis plus jamais retournée dans un verger cueillir mes propres pommes. J’aime mieux les croquer dans mon salon avec Cœur Pur qui n’a pas eu besoin de lire ma fiche (mais à qui j’ai annoncé dans les premiers jours de notre rencontre) :

    — Je ne veux JAMAIS aller aux pommes avec toi.

    — Pourquoi ?

    — Parce que pour moi aller aux

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