Vaudou 101
Par Fils-Aimé Jean
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Aperçu du livre
Vaudou 101 - Fils-Aimé Jean
Éditeur
Clermont Éditeur
230 Elizabeth, Rosemère (Québec) Canada J7A 2L4
Téléphone : 514 802-7710
Courriel : info@clermontediteur.ca
www.clermontediteur.ca
Dépôt légal : 2e trimestre 2013
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Distribué au Canada par Distribution Prologue
www.prologue.ca
ISBN : 978-2-923899-11-4
Photo couverture : Veer
Conception et mise en page : Temiscom
Conversion au format ePub : Studio C1C4
© Clermont Éditeur 2013
Toute reproduction de quelque nature que ce soit est interdite sans le consentement écrit de l’auteur et de l’éditeur.
Dr Jean Fils-Aimé, Ph.D.
VAUDOU 101
Une spiritualité moderne sans sorcellerie
« (…) Admettez qu’il y a une certaine similitude entre la montre et l’être humain : tous deux sont conçus pour s’arrêter un jour… »
Alain Stanké
INTRODUCTION
Mais qu’est-ce que le vaudou ?¹ Voilà la question à laquelle je veux répondre tout simplement. Tour à tour, je démontrerai que le vaudou est à la fois : un trait culturel fondamental du peuple haïtien et d’autres peuples noirs au Brésil, à Cuba, de la Nouvelle-Orléans, une façon d’habiter le monde, un mode de vie, une spiritualité qui satisfait aux exigences de la modernité.
Ce disant, je suis conscient que je vais devoir naviguer à contre-courant de ce que le lecteur moyen a entendu, — ou croit savoir — du vaudou, c’est-à-dire, qu’il est un ramassis de superstitions, de la magie noire ou de la sorcellerie. Les histoires de poupées piquées d’aiguilles et des légendes de mauvais sorts hantent notre imaginaire et notre inconscient collectifs. Or, si cette conception négative du vaudou est coriace, c’est parce qu’elle s’enracine dans des tactiques colonialistes, vieilles d’au moins cinq siècles et savamment entretenues aujourd’hui encore, mais aussi parce qu’elle correspond à une intention idéologique systématiquement enseignée et transmise de génération en génération depuis. Pour ce faire, on ne lésine pas sur les moyens et les ressources. Même Hollywood est mis à contribution.
Conscient de ce mur de préjugés défavorables, j’expliciterai froidement dans les pages subséquentes en quoi consistent cette intention idéologique, ses motivations et ses objectifs.
Je dois reconnaître que j’ai été élevé dans cette ambiance de méfiance face au vaudou, jusqu’à ce que je l’aie analysé et soumis au froid et réflectif bistouri de la science. Je réfère ici à la science historique, théologique, sociologique et anthropologique. En effet, la réflexion que je conduirai à travers ces pages se fonde sur des données historiques, théologiques, sociologiques et anthropologiques, en particulier de l’anthropologie culturelle. Grâce à elles, je crois être en mesure de démontrer que non seulement le vaudou est une spiritualité digne de ce nom, mais qu’il est susceptible de satisfaire le besoin de l’homme et de la femme modernes, en quête d’une spiritualité dénuée de tout dogmatisme et de tout formalisme, mais au contraire, basée sur la fraternité universelle, la synergie avec la nature et le dialogue avec les diverses cultures et les différents peuples.
Je ne vous demande qu’une chose : lisez le livre jusqu’au bout et vos préjugés défavorables tomberont d’eux-mêmes…
« Sur le terrain de la religion, un effort doit être fait pour dépasser ces caractères externes qu’on peut seulement décrire. »
Claude Lévi-Strauss
1
MON PREMIER CONTACT AVEC LE VAUDOU
Mon plus lointain souvenir du vaudou remonte à mes sept ans. J’assistai pour la première fois à une cérémonie vaudouesque. C’était à l’instigation de ma grand-mère maternelle, Tante Alice. Toute la famille devait alors rendre des Actions de grâces au Gran Mèt² (c’est ainsi que le vaudouïsant haïtien nomme la divinité) pour la guérison de ma mère, Carole. Elle tomba gravement malade un Vendredi saint.
En effet, je me souviens comme si c’était d’hier de ce vendredi. Ma mère et moi, nous nous rendions à un haut lieu de l’Église catholique romaine au Cap-Haïtien, ma ville natale, au mont des Carmélites. Il nous fallait, en tant que bons catholiques, monter dans ce sanctuaire pour prier, nous remémorer le sacrifice rédempteur du Christ et Lui rendre des Actions de grâces pour sa mort sur la Croix. La cérémonie religieuse durait environ trois heures : de 12 heures à 15 heures.
Revenus à la maison, vers 15 heures 30 ou 16 heures, nous allions être confrontés à la première grave épreuve au sein de la famille. Pour une raison inconnue de nous, ma mère a commencé à vomir tout le sang de son corps chétif.
Que lui arriva-t-il ? Était-ce une intoxication alimentaire ? A-t-elle mangé quelque chose auquel elle était allergique ? Franchement, on ne saurait répondre. On a consulté plusieurs médecins de la ville, dont de très célèbres comme le docteur Doucet et le docteur Lubin. Ils n’y comprenaient ni n’y pouvaient rien. Cela a duré plusieurs jours.
Devant la mort imminente de ma mère, ma grand-mère alla consulter une prêtresse vaudoue (une mambo), qui concocta quelque thé ou remède de sa pharmacopée et qu’elle fit boire à ma mère. Quelques jours plus tard, ma mère cessa de vomir son sang. Elle fut guérie.
Depuis ce jour, rien, ni personne, n’a pu enlever à ma grand-mère la conviction que c’est la prêtresse vaudoue qui a guéri sa fille. Il va sans dire qu’un tel bienfait exigeait des Actions de grâces au Gran Mèt.
Ce fut un vendredi. La cérémonie allait se dérouler dans un temple vaudou que les vaudouïsants haïtiens appellent un houmfor³. Les préparatifs précipitaient toute la famille dans des activités diverses et intenses. La nourriture était abondante et exquise. Du riz collé au pois. Du riz en abondance. De la viande. De la viande à gogo. Des liqueurs. Des liqueurs fortes. En surabondance. Des cigarettes. Des cigarettes à profusion. Et l’animal sacré qui allait être offert en holocauste. Un Kabrit Tomazo⁴, c’est-à-dire, une chèvre. Une chèvre à peau noire. Un noir soyeux. Presque aveuglant. Or, malgré la bonne odeur qu’exhalaient les chaudrons, on ne pouvait pas ; on ne devait pas toucher au repas. Du moins, pas avant la cérémonie.
Le temps qui précéda la cérémonie me paraissait une éternité. L’odeur du riz et de la viande titillait mes narines. Dans la cour, la chèvre bêlait. J’éprouvais de la compassion pour elle. Elle me paraissait un animal digne et altier. Elle me fixa de ses yeux songeurs et vitreux. Sa barbichette était soignée. J’avais envie de la caresser. J’avais peur. Savait-elle le sort qui lui était réservé ?
Pourtant, elle n’était ni un bouc émissaire au sens judéo-chrétien du terme, ni un sacrifice d’expiation. Au contraire, c’était un animal dont le sang allait servir à remercier Gran Mèt⁵ pour son intervention miraculeuse en faveur de ma mère. Un sacrifice de bonne odeur ! De très agréable odeur !
Or, même si l’un sert à apaiser la divinité, tandis que l’autre sert à la flatter, mourir en sacrifice d’expiation ou mourir en sacrifice d’Actions de grâces, c’était tout de même mourir… La mort ! Voilà ce qui attendait ma sympathique chèvre.
Puis le soir tomba. Au houmfor⁶, était présente toute une foule. Étant donné l’exiguïté des lieux, 50 ou 60 personnes me paraissaient un rassemblement compact. C’était, sans mauvais jeu de mots, noir de monde. Tous les membres de ma famille élargie étaient présents. Tous devaient y assister — ma grand-mère y tenait —, sous peine d’être punis de Gran Mèt. Ma mère était là aussi. Surtout elle. Ma marraine Suzelle aussi. J’étais assis entre les deux, sur un banc qui supportait mal le poids de 10 spectateurs. Il a fini par succomber sous la charge de ses usagers.
L’ambiance était empreinte de fêtes, de solennité et de révérence. C’était une fête grandiose. On y battait des tambours, des pieds et des mains. On y dansait et riait. On y fumait et buvait. Du rhum Barbancourt. Du clairin. Du tafia. On ne mangeait pas encore.
La mambo et d’autres serviteurs et servantes que les vaudouïsants appellent les hounsis⁷, vêtus d’un blanc immaculé, dansaient, tournoyaient au rythme des tambours, des hochets, des tchacha⁸ et d’autres instruments de musique du terroir.
Puis advint le moment tant attendu par l’assistance : l’épiphanie, la révélation des loas⁹ par la transe. Au fait, tout est programmé en fonction de ce moment singulier en son genre. Il est immédiatement précédé de l’instant du sacrifice de la chèvre.
Elle n’a pas voulu se laisser égorger sans réagir. Elle a tenté de s’enfuir. Elle est venue se réfugier sous mon banc, se blottir entre mes jambes. Me demandait-elle de la protéger ? Elle bêlait. Elle criait, les yeux exorbités de panique. J’avais peur. Je voulais m’en aller, partir loin de là. On l’a attrapée à mes pieds. On l’a égorgée. La mambo¹⁰ but de son sang et en distribua à l’assistance. C’est alors que les esprits que les vaudouïsants appellent les loas¹¹ se sont manifestés.
Une, deux, trois, quatre personnes se sont mises à pousser des cris stridents. D’autres avaient des convulsions. D’autres entraient en transe, et « parlaient en langage », c’est-à-dire, qu’ils s’exprimaient en des langues mortes : le fon, le latin, etc. Les unes roulaient par terre. D’autres tournaient sur elles-mêmes. D’autres exhibaient la langue, tel un serpent. Les vaudouïsants appellent cela le tombé-loa¹².
Les tambours résonnaient de plus en plus fort et de plus en plus vite. L’assistance chantait, dansait et battait des mains. Mon cœur d’enfant battait la chamade. Je cachais mon visage contre les seins de ma mère.
Que se passe-t-il maman ? Les loas¹³ (esprits) sont descendus, mon fils. Ils chevauchent les serviteurs et servantes. Ils agréent le sacrifice d’Actions de grâces. Ouf ! L’assistance semble revenue d’une expérience spirituelle extraordinaire. Une espèce d’orgasme collectif. Après quelques instants, tout revint à la normale. Pas un son. Aucun ronron. Aucun sifflement. Aucun murmure. Une ambiance de libération, de défoulement et d’affranchissement collectifs semblait régner.
Enfin, la mambo goûta à la nourriture. Elle en servait à l’assistance. Tous mangeaient et buvaient. Tous, sauf moi. Je pensais à ma chèvre. Ce fut un repas communautaire. On ne s’embarrassait pas des couverts. On mangeait avec les mains nues. Ce fut une agape. Une ambiance fraternelle où tous les statuts sociaux et religieux furent confondus. On se gavait. On fumait. On blaguait.
J’étais traumatisé. J’avais peur. J’avais sommeil. Je voulais m’en aller. On est partis à l’aube. Sur la route, je pensais à la chèvre qui a été sacrifiée, en guise de remerciements au Gran Mèt¹⁴ bienfaiteur…
Une question m’a cependant hanté jusqu’à l’âge de 25 ans, à savoir pourquoi le vaudou est considéré comme une religion maléfique, alors que c’est une prêtresse vaudoue qui a guéri ma mère ? Cette question fut l’objet de ma thèse de doctorat à la faculté de théologie de l’Université de Montréal. Or, pour comprendre pourquoi le vaudou subit une si mauvaise presse, il nous faut remonter le temps, remonter au XVIe siècle, à l’époque où l’Européen esclavagiste devait se convaincre et convaincre l’esclave