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Muhammad le Prophète
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Ebook428 pages8 hours

Muhammad le Prophète

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Biographie minutieusement compulsée du Saint Prophète Muhammad. Elle détaille la grande réforme accomplie par le Saint Prophète en Arabie préislamique par son caractère sûr et le message du Saint Coran, malgré toutes les chances contre lui. Le livre réfute les objections levées contre ses mariages et les guerres défensives qu'il eût à mener.
LanguageFrançais
PublishereBookIt.com
Release dateApr 26, 2016
ISBN9781934271483
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    Muhammad le Prophète - Maulana Muhammad Ali

    Editeurs

    PREFACE

    L’idée d’écrire une histoire exhaustive de la vie du Saint Fondateur de l’Islam a toujours été présente en mon esprit depuis que j’entrepris l’œuvre de traduction du Saint Coran en anglais, il y a près de quinze années de cela, mais, dû à divers autres engagements, je ne puis y donner une forme pratique. Le court aperçu qui est maintenant présenté n’est en aucun cas un accomplissement de cette idée. Ce n’est qu’un bref et impératif acompte d’une vie qui est pleine des leçons les plus nobles pour l’humanité, une pure vue d’oiseau de la plus grande transformation qui eut œuvré dans l’histoire de l’homme. Je ne sais pas si je vivrais suffisamment longtemps pour m’atteler au plus laborieux travail de la présentation de cette noble histoire dans tous ses détails ; pour l’instant j’offre cet humble tribut à la mémoire de celui qui dédia sa vie tout entière au service de l’humanité.

    Je crois, comme chaque Musulman, que chaque nation eut son surhomme, le luminaire qui donna la lumière, le réformateur qui lui inspira de nobles idéaux, le Prophète qui l’éleva moralement. Mais Muhammad, que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui, est par excellence, LE PROPHETE, car il est le Prophète non d’une nation, mais de toutes les nations du monde, parce que ce fut lui qui déclara la croyance en tous les prophètes du monde comme un fondamental de la foi qu’il prêchait, et de fait, établit la base d’une paix durable entre les différentes nations, parce qu’« il est le plus grand de tous les réformateurs », ayant apporté une transformation sans parallèle que ce soit avant ou après lui, et dernièrement, parce qu’« il est le plus couronné de succès de tous les prophètes et de toutes les personnalités religieuses² ».

    Chaque homme doit être jugé selon ce qu’il fait, et le Saint Prophète Muhammad accomplit en l’espace de vingt ans ce que des siècles de labeur des réformateurs juifs et chrétiens ne put accomplir, et ceci malgré la puissance temporelle à leurs côtés. Il balaya l’idolâtrie séculaire, la superstition, la crédulité, l’ignorance, la prostitution, les paris, l’alcoolisme, l’oppression du faible, les guerres intestines et une centaine d’autres maux d’un pays tout entier. L’Histoire ne peut présenter quelque autre réformateur qui œuvra si merveilleusement et paracheva une transformation sur une si large échelle en si peu de temps. « Jamais réforme ne fut si désespérée qu’à l’avènement du Prophète », l’a remarqué Muir, « et jamais ne fut-elle plus complète que lorsqu’il disparut ». Dans les mots de Carlyle, « ce fut une naissance des ténèbres à la lumière ». Une vie si grande ne peut être dénuée de potentialités aussi grandes pour l’avenir ; elle ne peut qu’inspirer à chaque cœur les plus nobles idéaux au service de l’humanité. S’il n’y avait qu’un seul trait de son caractère qui fut plus marqué que les autres, ce serait son souci de l’orphelin et de la veuve, son soutien au faible et au sans-défense, son amour pour le travail et son œuvre pour le désespéré. C’est la vie d’un homme qui vécut pour Dieu et qui mourut pour Dieu. « Si jamais un homme trouva Dieu sur cette terre, si jamais un homme dédia sa vie au service de Dieu avec de bons et grands motifs, il est certain que le Prophète d’Arabie fut cet homme » (Leonard).

    L’œuvre originale fut écrite par moi-même en ourdou, et la version anglaise maintenant présentée au public est le résultat du travail d’amour du Maulvi Muhammad Ya‘qub Khan, imam de la mosquée de Woking qui fit ce travail en plus de ses charges de prêcheur musulman à Woking. Mes plus sincères remerciements lui sont dus, ainsi qu’à Khwajah Kamal al-Din, président de la Woking Muslim Mission, qui fournit tous les moyens pour mener à bien sa tâche à M. Muhammad Ya‘qub Khan. Et je place le manuscrit dans les mains de Maulana Sadr-ud-Din, qui propage dorénavant l’Islam en Allemagne, comme je le fis dans le cas de la traduction anglaise du Saint Coran, pour la supervision du travail par la presse et pour sa révision et la correction des épreuves.

    Etablissements Ahmadiyya,

    Lahore

    25 août 1923 – Muhammad ‘Ali

    PREFACE A L’EDITION REVISEE

    Chaque homme doit être jugé selon ce qu’il fait, et Muhammad (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) accomplit en l’espace de vingt ans ce que des siècles de labeur des réformateurs juifs et chrétiens ne put accomplir, et ceci malgré la puissance temporelle à leurs côtés. Il balaya l’idolâtrie séculaire, la superstition, la crédulité, l’ignorance, la prostitution, les paris, l’alcoolisme, l’oppression du faible, les guerres intestines et une centaine d’autres maux d’un pays tout entier. L’Histoire ne peut présenter quelque autre réformateur qui œuvra si merveilleusement et paracheva une transformation sur une si large échelle en si peu de temps. Jamais réforme ne fut si désespérée qu’à l’avènement de Muhammad (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et jamais ne fut-elle plus complète que lorsqu’il disparut.

    « Si la grandeur du propos, la petitesse des moyens, et la stupéfaction des résultats sont les trois critères du génie humain – écrit le distingué écrivain français Alphonse de Lamartine dans son Histoire de la Turquie (1854) – qui oserait comparer n’importe quel grand homme de l’histoire moderne à Muhammad ? ». Les hommes les plus célèbres créèrent seulement des armes, des lois et des empires. Ils fondèrent, si ce n’est rien, rien de plus que des puissances matérielles qui très souvent s’effritèrent sous leurs yeux. Cet homme ne fit point se mouvoir qu’armées, législations, empires, peuplades et dynasties, mais également des millions d’homme dans le tiers du monde alors habité, et plus que cela, il déplaça des autels, des dieux, des religions, des idées, des croyances et des âmes. Sur la base d’un Livre, chaque lettre duquel était devenue une loi, il créa une nationalité spirituelle qui fit se fusionner des peuples de chaque langue et de chaque race. Il nous a laissé, comme caractéristique indélébile de cette nationalité Musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu Un et Immatériel. Ce patriotisme vengeur contre la profanation des Cieux forma la vertu des disciples de Muhammad ; la conquête du tiers de la terre à son dogme fut son miracle ; ou plutôt ce ne fut point le miracle d’un homme mais celui de la raison. L’idée de l’unité du Dieu, proclamée au milieu de fabuleuses théogonies, fut en elle-même un tel miracle que par sa prononciation de ses lèvres elle détruisit tous les anciens temples d’idoles et incendia un tiers du monde. Sa vie, ses méditations, ses héroïques outrages aux superstitions de son pays, et son audace dans le défi aux furies de l’idolâtrie, sa fermeté à les endurer pendant quinze ans à La Mecque, son acceptation du rôle de risée publique et de quasi-victime de ses compatriotes ; tout cela, et au final, sa lumière, sa prêche incessante, ses guerres contre les chances, sa foi en ses succès et sa sérénité surhumaine dans l’infortune, sa patience en la victoire, son ambition, qui était entièrement dévouée à une seule idée et en aucune manière à la conquête d’un empire ; ses prières sans fin, ses conversations mystiques avec Dieu, sa mort et son triomphe après la mort ; tout cela atteste non d’une imposture, mais d’une ferme conviction qui lui donna le pouvoir de restaurer un dogme. Ce dogme était double, l’unité de Dieu et l’immatérialité de Dieu ; le premier disant ce que Dieu est, le dernier disant ce que Dieu n’est pas ; l’un renversant les faux dieux par le sabre, l’autre démarrant une idée avec les mots.

    « Philosophe, orateur, apôtre, législateur ; guerrier, conquérant d’idéaux, restaurateur de dogmes rationnels, d’un culte sans image ; le fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, ceci est Muhammad. Au regard de tous les standards par lesquels la grandeur humaine peut être mesurée, nous pouvons bien demander : y a-t-il de plus grand homme que lui ? ».

    Une si grande vie ne peut être dépourvue de potentialités aussi grandes pour l’avenir. C’est la vie d’un homme qui vécut pour Dieu et mourut pour Dieu. Ce ne peut qu’inspirer en chaque cœur les idéaux les plus nobles du service à l’humanité.

    Dans la présente édition révisée, en sus de quelques altérations mineures, quelques chapitres ont été combinés sous un seul titre.

    Mumtaz Ahmad Faruqui

    CHAPITRE I

    L’AGE SOMBRE

    « Certainement la première maison désignée pour les Hommes est celle qui se trouve à La Mecque, elle est bénie et est une guidance pour les nations » – 3:96

    La Péninsule Arabique

    La terre connue sous le nom de Jazirat al-‘Arab, ou Péninsule Arabique, occupe une position centrale dans l’hémisphère comprenant les continents de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Elle forme le cœur, pour ainsi dire, du Vieux Monde. C’est la contrée qui donna naissance à Muhammad (puissent la paix et les bénédictions de Dieu être sur lui), le dernier des grands réformateurs religieux à fonder une religion. L’Océan Indien lèche sa côte sud, la Méditerranée et la Mer Rouge, son flanc ouest. A l’est se trouvent le Golfe Persique, le Tigre et l’Euphrate, les deux derniers fleuves traversant sa partie septentrionale également. Selon d’anciens historiens et géographes, elle comprend dans ses limites la bande de terre connue comme ‘Iraq (Mésopotamie) ainsi que la Syrie Arabe. La carte du monde moderne, néanmoins, ne montre pas celles-ci comme formant une part intégrale de l’Arabie. Les laissant de côté, la contrée couvre tout de même une aire de deux millions de kilomètres carrés. Près d’un tiers de celle-ci est couvert de déserts de sable, le plus vaste étant celui connu sous le nom d’al-Dahna’, se trouvant au centre de la partie méridionale. Il n’y a pratiquement aucune rivière digne d’être mentionnée dans le pays. De petits ruisseaux, cependant, peuvent être rencontrés çà et là. Certains d’entre eux se perdent dans les sables du désert, alors que d’autres se frayent un chemin jusqu’à la mer. Du sud au nord court une chaîne de montagnes nommée Jabal al-Sarat, dont le plus haut pic est haut de deux mille quatre cents mètres. Les dattes en sont le principal produit. Dans les jours anciens, l’Arabie était célèbre pour son or, son argent, les pierres précieuses et les épices. Des animaux que l’on peut trouver ici, le chameau est le plus utile et le plus estimable, alors que le cheval Arabe n’a nul pareil dans le monde pour sa beauté, son endurance et son courage.

    L’‘Iraq et la Syrie

    En fait, l’‘Iraq et la Syrie Arabe forment une part intégrale de l’Arabie, bien que la distribution politique moderne les montrent comme distincts du continent. Des deux, l’‘Iraq s’étire de manière adjacente à l’Iran. Les cités de Bassora et Koufa, qui restèrent pendant longtemps des centres d’études Islamiques, furent fondées ici durant le califat de ‘Umar le Grand. La Syrie Arabe se trouve au nord, s’étendant tout droit jusqu’à Alep. Les géographes Arabes ont dès lors présenté l’Euphrate comme la frontière septentrionale de l’Arabie. Dans cette partie se trouve le Mont Sinaï, où Moïse reçut la révélation Divine. Les Amalécites eurent jadis un puissant royaume ici.

    Le Hijaz

    L’Arabie proprement dit est subdivisée en un certain nombre de parties. De celles-ci, le Hijaz est la province où la terre sacrée du Haram est située. Le Haram (territoire sacré ou interdit) est appelé ainsi car depuis des temps immémoriaux l’endroit a été tenu en haute vénération, et tout type de guerre y est prohibé dans son enceinte. C’est à l’intérieur du quartier du Haram que la maison sacrée de la Kaaba se trouve. La Torah, le livre sacré des Juifs, parle du Hijaz sous le nom de Paran. Ses principales villes sont La Mecque, Médine et Ta’if. Cette province s’étend le long de la Mer Rouge sur une bande rectangulaire. Jeddah et Yenbo sont ses deux ports maritimes majeurs, où accostent respectivement les pèlerins pour La Mecque ou Médine. A l’est, le Hijaz est limitrophe avec la province du Najd, et au sud, avec l’Asir, une partie du Yémen.

    Le Yémen

    La seconde province principale est le Yémen, qui se trouve au sud de la Péninsule. Le Hadramaut et l’Ahqaf forment des parties de cette province. C’est l’étendue la plus fertile de la contrée, et elle a été, par conséquent, la plus civilisée. Même aujourd’hui l’on peut y rencontrer des reliques de certains des édifices les plus magnifiques. De gigantesques digues furent autrefois construites ici pour contrôler les flots des eaux des montagnes et les utiliser dans des buts d’irrigation. La plus fameuse d’entre elles était Ma’arib, dont la destruction est mentionnée dans le Saint Coran³. Qui plus est, le Yémen fut le centre du commerce des minerais, pierres précieuses et épices par lesquelles l’Arabie fut naguère si célèbre. Le puissant empire des ‘Ad, dont parle le Coran, était établi ici⁴. Cette région particulière est connue sous le nom d’Ahqaf. Le Hadramaut est cette partie du Yémen qui se trouve à l’extrême sud, le long des rives de l’Océan Indien. San‘a est la capitale de la province, et Aden son port principal. Au nord de San‘a se trouve Najran, où le Christianisme s’était développé avant l’avènement de l’Islam. La fameuse délégation chrétienne, qui veillait le retour du Saint Prophète et qui fut autorisée à rester dans la Mosquée du Prophète, venait de cet endroit. Au nord de Najran se trouve l’‘Asir.

    Le Najd

    La troisième grande partie de l’Arabie est le Najd, qui s’étend du Jabal al-Sarat sur sa partie orientale à travers l’intérieur du pays. C’est un riche plateau fertile, à près de neuf-cents à mille deux-cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Là vivait le clan des Ghatafan, pour le châtiment duquel le Saint Prophète eût une fois à mener une expédition. Le désert l’enserre sur trois côtés, alors qu’au sud se trouve le Yamama. Les Banu Hanifa, de la tribu desquels venait Musailima l’imposteur, vivaient ici.

    ‘Uman

    Au sud-est de l’Arabie et le long de la côte du Golfe d’‘Uman s’étire une bande de terre connue comme ‘Uman. Sa capitale est Mascate, où un Sultan nominalement indépendant a maintenant été investi. Au nord d’‘Uman se trouve le port connu sous le nom de Bahreïn, aussi appelé al-Ahsa, fameux pour ses perles. Tout près se trouve Hira, autrefois un royaume.

    Hijr

    Hijr, le pays des Thamud, parmi lequel Salih fut élevé au statut de prophète, est un autre endroit digne de notice. Il se trouve au nord de Médine. Sur sa marche vers Tabuk, le Saint Prophète eût à passer par cet endroit. A l’ouest de Hijr se trouve Madyan, le pays du prophète Shu‘aib. Au nord de Médine il y a Khaibar, autrefois place-forte des Juifs.

    La Mecque et la Kaaba

    Les trois cités majeures du Hijaz, comme mentionnées précédemment, sont La Mecque, Médine et Ta’if. Ta’if doit sa célébrité au fait que, telle que située aux pieds des montagnes, elle soit fraîche et riche en verdure, avec d’innombrables cours d’eau et abondance de fruits. Elle se trouve à l’est de La Mecque et est la résidence générale d’été de la noblesse du Hijaz. Mais les plus célèbres villes du Hijaz sont La Mecque et Médine. La Mecque est également connue comme Umm al-Qura (Mère des Cités). Des quatre côtés est-elle entourée de montagnes. Sa population actuelle s’élève à cinquante mille habitants. Depuis les temps les plus antiques elle a été la capitale spirituelle et religieuse de l’Arabie, car ici se trouve la Maison de Dieu, connue sous le nom de Kaaba, qui a été le séjour de pèlerins venus de chaque coin de l’Arabie depuis les jours préhistoriques. Sir William Muir commente ainsi l’antiquité de la Maison dans sa Vie de Muhammad : « Une très haute antiquité doit être assignée aux principales caractéristiques de la religion de La Mecque (…). Diodore de Sicile, écrivant près d’un demi-siècle avant nôtre ère, dit de cette partie de l’Arabie baignée par la Mer Rouge qu’il ‘y a dans cette contrée un temple grandement révéré par tous les Arabes’. Ces mots doivent référer à la sainte maison de La Mecque, puisque nous n’en connaissons aucune autre qui ait jamais commandé l’universel hommage de l’Arabie (…). La tradition représente la Kaaba de temps immémoriaux comme la scène d’un pèlerinage de tous les coins de l’Arabie : du Yémen, du Hadramaut, et des rivages du Golfe Persique, du désert de Syrie, et des environs distants de Hira et de la Mésopotamie, des hommes affluaient annuellement à La Mecque. Un hommage si étendu doit avoir eu sa genèse en un âge extrêmement lointain ».

    Pour établir l’antiquité de la Kaaba, Muir s’est appuyé sur des faits historiques et des traditions orales. Le Coran en arrive au même point. Il parle de la Kaaba comme de « la première maison désignée pour les hommes⁵ », en d’autres mots, la première maison sur la surface de la terre assignée à l’adoration de Dieu. Les rayons de la révélation Divine émanaient premièrement de cet endroit. Et c’est une remarquable coïncidence que ce même endroit jouisse de la distinction d’avoir donné naissance au dernier des prophètes. La Mecque doit son importance à cette maison. Aussi tôt que 2500 ans av.J.-C., elle était une halte pour les caravanes faisant la navette entre le Yémen et la Syrie. Le Coran confirme aussi que la maison sacrée existait avant Abraham⁶. Lorsqu’il y laissa son fils Ismaël, le grand patriarche pria : « Nôtre Seigneur ! J’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée qui ne donne pas de fruits près de Ta Maison Sacrée⁷… ». Ces mots montrent que la Kaaba était là, même à cette date lointaine.

    Médine

    Madina était à l’origine appelée Yathrib. Plus tard, quand elle fut adoptée par le Saint Prophète comme sa résidence, elle devint connue comme Madinat al-Nabi (La Ville du Prophète), qui fut graduellement contractée en al-Madina. Celle-ci aussi, est une ancienne cité. Des preuves historiques suggèrent sa fondation aussi tôt qu’en 1600 av.J.-C. Elle était originellement habitée par les Amalécites, après lesquels vinrent les Juifs, les Aus et les Khazraj. Quand le Saint Prophète vint s’y installer, ces trois peuples formaient la population de la ville. Ce furent les deux derniers, cependant, qui vinrent à être connus sous le nom de Ansar (Auxiliaires). A la quatorzième année de sa mission, le Saint Prophète émigra de La Mecque à Médine où il passa les derniers jours de sa vie. Là-bas expira-t-il, et là-bas se trouve sa tombe jusqu’à ce jour. Médine se trouve à 430 kilomètres au nord de La Mecque, et, au contraire de la dernière, n’est pas aride. En sus de riches cultures, elle possède une abondance d’arbres fruitiers. En hiver son climat est comparativement plus doux qu’à La Mecque.

    Les races arabes

    Les ‘Ad, les Thamud, les Tasm et les Jadis sont les plus anciennes races d’Arabie, aussi loin qu’il puisse être tracé, les deux premières ayant été mentionnées dans le Coran. Ces races aborigènes sont connues comme les Baida (anciens Arabes). La destruction de la tribu de Noé fut suivie de l’essor des ‘Ad, dont les établissements s’étendirent au loin par-delà les frontières de l’Arabie. Des preuves historiques prouvent leur domination sur l’Arabie, l’Egypte, et nombre d’autres endroits. A la décadence de cette race, les Thamud se hissèrent au pouvoir.

    Ensuite vint l’essor des Banu Qahtan, dont le berceau était le Yémen. En leurs jours de gloire, eux aussi atteignirent une grande puissance et de l’ascendance. Les Aus et les Khazraj étaient les descendants de cette tribu. Toutes ces races sont connues comme les ‘Ariba (les purs Arabes).

    Ismaël et sa descendance

    Enfin vint Ismaël, dont le lignage répond au nom de Musta‘riba (les Arabes naturalisés). En obéissance à une injonction Divine, il fut abandonné par son père, Abraham, avec sa mère Hajira, à cet endroit, où se trouve la Kaaba⁸. Il y a peu de vérité dans la croyance selon laquelle il fut banni par Abraham sur l’instance de sa seconde épouse, Sarah. L’idée est emphatiquement rejetée dans un dit du Saint Prophète qui raconte qu’en réponse à une question de Hajira si Abraham les laissait là en obéissance à un ordre Divin, le Patriarche répliqua par l’affirmative. L’acompte donné au Coran mène également à la même conclusion. Plus tard, père et fils reconstruisirent sous injonction Divine, la Maison Sacrée de la Kaaba qui, semble-t-il, était dans des conditions de délabrement⁹. Ceci fait, ils s’adressèrent ensemble au Seigneur dans une prière que le Coran rapporte en ces mots : « Nôtre Seigneur, fais se lever en eux un Messager de parmi eux… »¹⁰. Cette prière trouva son accomplissement en la personne du Saint Prophète Muhammad. Pour cette raison il est rapporté que le Prophète ait dit : « Je suis la prière de mon père Abraham ». La descendance d’Ismaël se multiplia et se ramifia en de nombreuses tribus. L’une de ces tribus est connue comme Quraish, qui descend de Nadr. Cette tribu fut subdivisée plus tard en nombre de clans, le Saint Prophète étant un scion de l’une d’entre elles, connue comme celle des Banu Hashim.

    L’Epoque de l’Ignorance

    La période précédant l’avènement du Saint Prophète a été désignée comme l’Âge Sombre. Le Coran lui donne le nom « al-Jahiliyya » (Ignorance, ou le temps de l’Ignorance)¹¹. L’image dépeinte dans le verset « la corruption est apparue dans le pays et dans la mer… »¹² dresse le portrait de l’Etat failli des idolâtres Arabes, des Juifs et des Chrétiens, et des disciples d’autres religions pareillement. Il s’avère que la corruption était rampante à travers le monde. Cela n’implique point, pourtant, que le monde n’ait jamais témoigné d’un meilleur état des choses ; cependant, toute civilisation ou tout éveil moral qui ait jailli quelque part grâce aux divers prophètes envoyés au cours du temps parmi les différentes peuplades, avait à cette époque définitivement disparu en conséquence de l’écart des longues époques. Chaque nation du monde de l’époque était tombée dans un état de décrépitude. Ces mots trouvèrent leur énonciation par la bouche de celui qui était, sans nul doute, illettré. Il n’avait eu aucune opportunité de parcourir le monde pour étudier la condition des différentes contrées ; non plus qu’il n’eût le bénéfice des systèmes publicitaires de nos jours qui auraient pu lui faire connaître l’état du monde à l’époque. Cependant, une référence aux pages de l’histoire corrobore la vérité de l’assertion d’une manière frappante. Excluant le fait que l’Europe avait un puissant Empire vers son sud-est – l’Empire Chrétien de Rome – elle était engluée dans le barbarisme. L’Asie, de tous les continents du monde, avait été jadis le creuset de la civilisation. Mais une étude des divers pays de ce berceau des philosophies et religions montre qu’ici, comme ailleurs, l’immoralité flagrante était à l’ordre du jour. L’Inde, autrefois le centre de l’ancienne culture Orientale, présentait la même affreuse image. Des choses absurdes, sans fondement et haineuses étaient même attribuées à ceux que le peuple regardait comme ses dieux. Le mal avait pris une si grande emprise sur eux que même le vertueux était peint de sombres couleurs. La Perse et la Chine, aussi, subissaient la même plaie. Il ne fait aucun doute que cela était dû au fait que des siècles s’étaient déroulés depuis l’avènement des anciens précepteurs ; et quelle qu’ait été la réforme apportée précédemment, elle était graduellement devenue faible et finalement, éteinte. Le Coran dit que « le temps a été prolongé pour eux, de sorte que leur cœur s’est endurci »¹³.

    Un écrivain moderne, J.H. Denison, qui a étudié les différents systèmes de religion et les civilisations qui éclosent d’elles en est exactement venu à la même conclusion dans son Emotion as the Basis of Civilisation : « Aux cinquième et sixième siècles, le monde civilisé se trouvait au bord du chaos. Les vieilles cultures émotionnelles qui avaient rendu la civilisation possible (…) s’étaient brisées et rien n’avait été trouvé adéquat pour prendre leur place (…). Il semblait alors que la grande civilisation qu’il avait pris quatre mille années à construire était au bord de la désintégration, et que l’humanité risquait de retourner à cette condition du barbarisme, où chaque tribu et secte se dressait l’une contre l’autre, et où la loi et l’ordre étaient inconnus (…). Les nouvelles sanctions créées par le Christianisme faisaient travailler la division et la destruction au lieu de l’unité et de l’ordre (…). La civilisation tel un arbre gigantesque dont le feuillage avait dépassé le monde (…) chancelait (…) pourrie jusqu’au trognon (…). Ce fut parmi ces populations que naquit l’homme¹⁴ qui allait unir l’entièreté du monde connu de l’est et du sud ».

    Le Christianisme en état de décrépitude

    Jésus fut le prophète le plus proche du Saint Prophète Muhammad du point de vue du temps. L’on aurait naturellement attendu parmi les Chrétiens quelque reliquat de vertu et de moralité. Mais quel était l’état de la Chrétienté

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