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Le prix de la liberté
Le prix de la liberté
Le prix de la liberté
Ebook105 pages1 hour

Le prix de la liberté

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About this ebook

Pointeville, 1780.

Perturbée par un terrible événement, la vie de Cornelia, une jeune esclave, prend une tout autre allure au sein de l'Habitation Saint-Pierre. L'arrivée de Joseph, un nouvel esclave, l'oblige à prendre des décisions difficiles.
La situation politique instable de l'île est une aubaine pour Cornelia qui est toujours en quête d'un trésor inestimable : la liberté.
La jeune esclave entame un long chemin vers une contrée inconnue semée d'embûches où sentiments et émotions sont mis à rude épreuve.
LanguageFrançais
Release dateMar 7, 2017
ISBN9782322159956
Le prix de la liberté
Author

Ludvik Jean-Denis

Dans ce roman, Ludvik Jean-Denis dévoile les maux d'une société influencée par les appartenances religieuses, les origines et les relations avec autrui.

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    Le prix de la liberté - Ludvik Jean-Denis

    départ ?

    La triste journée

    1

    L’histoire débute en mai 1780 à Pointeville, période où l’esclavage battait son plein sur l’île de la Guadeloupe colonisée par la France.

    Alors que Cornelia, une jeune esclave de seize ans, et d’autres enfants jouaient au ballon avec une noix de coco toute desséchée dans la cour de l’habitation, Marcus surgit de nulle part et réduisit en miettes la noix de coco avec son sabre. Il obligea ensuite les enfants à regagner la case de leurs parents immédiatement. Fâchée, Cornelia rejoignit la case qui était vide.

    Cornelia avait pour père un dénommé Jaspar, qui était esclave depuis de nombreuses années dans l’habitation Saint-Pierre située près des hauteurs de Baimdridge et à quelques kilomètres de l’habitation Darboussier. Cirane, sa compagne, était femme de chambre et s’occupait aussi des enfants de la famille. Jaspar était un esclave dévoué, il ne rechignait jamais à la tâche, contrairement à sa femme qui avait plutôt tendance à se rebeller contre l’autorité de leur maître.

    Théophile Saint-Pierre était le maître de l’habitation qui portait également son nom. Grâce à sa richesse, il importait de la viande de bœuf, de la farine, du vin et du beurre d’Europe contre du café, du rhum et du coton. Mathilde, sa femme ne travaillait pas, elle passait ses journées à discuter avec ses amies de leurs voyages dans les différents pays.

    Les parents de Cornelia vivaient dans une petite case à l’intérieur de l’habitation qui comptait près d’une centaine d’esclaves répartis dans les différents secteurs d’exploitation. L’habitation Saint-Pierre était l’une des plus importantes de l’île grâce aux matières qu’elle produisait.

    L’habitation attirait de nombreux colons, grâce au marché des esclaves qui était situé à quelques encablures de celle-ci. Théophile avait le sens des affaires et était très rusé quand il s’agissait de négocier des terres agricoles réputées comme étant très fertiles.

    Comme tous les matins, Cirane se rendit dans la chambre des deux enfants de la famille, elle devait les réveiller, leur préparer leur petit déjeuner et repasser leurs habits du jour. Ses gestes étaient répétés depuis quelques années, Cirane était rôdée, elle pouvait tout faire les yeux fermés. Jaspar, lui, était dans les champs avec d’autres esclaves, il fallait qu’il récolte la canne à sucre pour l’emmener au port afin qu’elle soit transportée vers l’île voisine de la Martinique où était située l’habitation Schœlcher, qui bénéficiait de la plupart des récoltes grâce à un accord qu’il avait conclu avec l’un des propriétaires.

    Il était presque midi, le soleil tapait de plus en plus en fort et Jaspar commençait à tituber, ses muscles étaient tétanisés à cause de la lourde charge et la chaleur était insupportable malgré son grand chapeau de paille qu’il prenait toujours avec lui pour se protéger du soleil. Il multipliait les va-et-vient entre le champ et le port, sa chemise était toute trempée avec la transpiration qui commençait même à lui piquer les yeux mais il ne lâchait rien. Au moment d’entamer son dernier voyage, Jaspar fut sauvagement interpelé par Marcus, le bourreau des esclaves :

    — Dépêche-toi ! Il y a les chevaux à brosser et les poules à nourrir !

    Sans dire un mot, Jaspar précipita son dernier voyage vers le port qui était à une centaine de mètres de l’habitation avant de se diriger vers l’écurie qui était juste à côté de la grange où étaient les poules. Il commença à brosser les chevaux, ils étaient six. Il fallait absolument bien s’occuper de ces chevaux car parmi eux se trouvait le cheval de Charles-Henry, le fils aîné des Saint-Pierre.

    Charles-Henry adorait son cheval et il fallait que celui-ci soit toujours opérationnel au cas où il voulait le monter. Une bonne heure après, Jaspar avait terminé avec les chevaux et se rendit dans la grange. Les poules étaient tout excitées quand elles virent l’homme pénétrer leur enclos, elles savaient que c’était l’heure de picorer. Il prit le sac de grains de blé et commença à le secouer aux quatre coins du poulailler. Les poules caquetaient, c’était un véritable capharnaüm. Jaspar sortit un instant, pour remplir les réservoirs d’eau des poules qui étaient au plus bas. Une fois les réservoirs d’eau remplis, les poules bien nourries, Jaspar prit la direction de sa case. Arrivé chez lui, il constata avec stupéfaction la présence de sa femme. C’est alors qu’il lui dit :

    — Tu n’es pas avec les enfants ? J’espère que t’as fini les tâches que t’avais confiées Madame Mathilde...

    — J’ai fini avec eux, ils sont désormais avec leurs parents, l’interrompit Cirane avec un air particulièrement joyeux.

    Cet air joyeux interpella son mari qui comprit qu’il y avait forcément quelque chose pour que sa femme ait cet air si enchanté. Jaspar était inquiet car si sa femme était partie sans s’occuper des enfants, elle pouvait risquer de se faire sévèrement punir par Marcus, sous les ordres du maître. Les conditions de vie des esclaves se détérioraient d’années en années, les ordonnances royales renforçaient le pouvoir des maîtres et continuaient à affaiblir la position de l’esclave, qui d’ailleurs était considéré comme un meuble. Cirane ne supportait plus ses conditions de travail, elle n’avait qu’une seule envie, celle de quitter l’habitation Saint-Pierre. Quelques semaines auparavant, Cirane avait été prise en flagrant délit de vol de baguettes de pain et d’une carafe de lait au miel dans la cuisine. La pauvre s’était faite fouettée par Marcus devant tous les autres esclaves y compris son mari et sa fille qui ne purent rien pour elle. Une autre fois, la petite Constance, fille cadette des Saint-Pierre l’avait surprise en train de dormir dans son lit au lieu de repasser les vêtements qui étaient dans l’armoire et sur le lit. Agacé par ses comportements déviants, Théophile commençait à se poser des questions sur l’avenir de son esclave. La femme de Jaspar continuait de multiplier les infractions, elle allait bientôt provoquer la colère de son maître. Désireuse de quitter l’habitation Saint-Pierre, Cirane mit en place un stratagème pour s’évader. Elle savait à quoi elle s’exposait car les délits de fuite étaient sévèrement punis. Elle informa son mari de la fourberie qu’elle avait mise en place et celui-ci entra dans une folle colère. Sans même chercher à comprendre, Jaspar tenta de raisonner sa femme, en vain. En effet, Cirane voulait dérober deux colliers en or qui étaient dans la boîte à bijoux des enfants avec quelques billets qu’elle avait repérés sur la table de chevet. Jaspar n’approuvait pas cette idée mais il ne pouvait pas laisser sa femme agir seule, son amour pour elle était trop immense. Il décida d’agir avec elle contre sa propre volonté.

    La nuit était enfin tombée. Cirane décida de passer à l’action. L’habitation était calme, tout le monde dormait, elle en profita alors pour se rendre dans la chambre des enfants afin de dérober le précieux butin. Elle était stressée, son cœur battait la chamade, on pouvait même entendre son souffle dans le silence de mort qui régnait dans la maison. Jaspar, lui, était resté faire le guet au cas où quelqu’un débarquerait. Cirane arriva dans la chambre sur la pointe des pieds, elle attrapa la boîte à bijoux et prit aussi les billets. Après son vol, la jeune femme se précipita vers l’extérieur de la maison entraînant son mari dans sa course. Les deux voleurs arrivèrent alors dans la grande cour derrière la maison, mais avant de poursuivre leur route, Jaspar fit un détour pour récupérer Cornelia qui dormait dans la case. Son père la réveilla brusquement et l’emmena avec lui. Une fois la famille réunie, ils se précipitèrent vers la sortie de l’habitation, au même moment les trois chiens de garde de la famille commencèrent à aboyer férocement. Il y avait un véritable vacarme dans la cour, vacarme qui à coup sûr réveillerait la maison encore endormie. Arrivés à la sortie de l’habitation, Cornelia et sa famille n’eurent même pas le temps

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