Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

Gardien d'âme - Livre Élémentaire V
Gardien d'âme - Livre Élémentaire V
Gardien d'âme - Livre Élémentaire V
Ebook480 pages7 hours

Gardien d'âme - Livre Élémentaire V

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

Son ennemi juré est en liberté et le monde paranormal est en crise. Devon Sanders, un détective privé réputé pour son efficacité et sa discrétion, va apprendre qu’être un sorcier n’est pas de tout repos. Après deux ans passés à étudier la magie, il s’apprête à découvrir qui tire réellement les ficelles.

Ses amis et sa famille seront pris pour cibles, ses visions deviendront plus violentes les unes que les autres et choisir le moindre mal pourrait bien s’avérer fatal. Toute magie a un prix et la dette de Devon ne fait qu’augmenter… mais qui pourra bien la rembourser ?

Plongez au cœur de la magie élémentaire.

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateSep 3, 2017
ISBN9781507189177
Gardien d'âme - Livre Élémentaire V

Related to Gardien d'âme - Livre Élémentaire V

Related ebooks

Fantasy For You

View More

Related articles

Reviews for Gardien d'âme - Livre Élémentaire V

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    Gardien d'âme - Livre Élémentaire V - Rain Oxford

    Sommaire

    Sommaire

    Prologue

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Épilogue

    Prologue

    Je décidai d’ignorer le sentiment oppressant qui me disait que j’allais mourir. Un picotement chaud dans la paume de ma main me rappela que je détenais tout le pouvoir dont j’avais besoin pour me libérer. Au point où j’en étais, j’avais presque envie que les élémentaires de feu me purifient à nouveau afin que les créatures de l’abîme sombre ne puissent pas me toucher. Ou du moins, qu’elles ne puissent pas me toucher jusqu’à mon retour dans le passage des ombres.

    J’aurais peut-être dû mieux réfléchir.

    Je les sentis s’agiter autour de moi et me souvins avec horreur de leur visage sans yeux. J’étais soudain soulagé de l’absence de lumière. Hunt avait insisté pour que j’apprenne à emprunter seul le passage des ombres et il était malheureusement du genre à vous jeter à l’eau pour voir si vous réussiriez à flotter ou si vous couleriez. C’était avec pour seul conseil « essayez de ressentir votre destination » qu’il m’avait déposé dans l’obscurité avant de disparaître.

    Je savais que je n’avais pas besoin de me déplacer dans le passage des ombres pour atteindre ma destination, mais marcher me donnait plus l’impression de maîtriser la situation. Ou plutôt trébucher. Le sol mou et irrégulier, l’obscurité totale et la gravité exacerbée rendaient la marche plutôt difficile.

    Je me concentrai sur l’esprit de mon oncle. Il était habituellement fermé, mais j’y avais déjà pénétré auparavant et j’étais donc capable de le retrouver.

    Ou pas.

    Je le sentis un instant à peine avant de m’écraser lourdement par terre. Je me trouvais dans un lieu éclairé. J’époussetai mon jean en me relevant et laissai échapper un grognement.

    — Qu’est-ce que je fous ici ? me demandai-je à haute voix.

    Je me tenais devant la tour. La lumière provenait des torches qui l’entouraient, qui étaient, il me semblait, toujours allumées.

    Et j’étais seul.

    Pourquoi suis-je arrivé ici alors que je cherchais mon oncle ?

    Un miaulement rauque attira mon attention vers le sol, où j’aperçus Fantôme qui me regardait d’un œil mauvais.

    — Qu’est-ce que tu fiches ici ?

    Au lieu de me répondre, il me tourna le dos et disparut.

    Chapitre 1

    — Pas besoin de le toucher en plein entre les yeux. Il n’est même pas nécessaire que ton tir soit fatal. La plupart du temps, tu pourras mettre ton adversaire hors d’état de nuire sans mettre la vie de quiconque en danger, mais si tu dois choisir entre lui ou toi, fais le nécessaire.

    — Comment suis-je censé savoir si je dois le tuer ou juste le blesser ?

    — Utilise ton instinct et ne doute pas de toi.

    C’était à cause de mon manque de confiance en mon instinct que je m’étais dirigé tout droit dans le piège de John. Bien sûr, sans lui je n’aurais jamais rejoint la communauté paranormale.

    — J’ai entendu dire qu’on ne devrait jamais pointer son révolver sur quelqu’un si on n’est pas prêt à tirer.

    — Ce n’est pas toujours vrai. Le bluff peut faire des merveilles dans ce boulot. Après avoir enchaîné trois affaires, j’ai réussi à arrêter cinq braqueurs de banque armés lors d’un coup qu’ils avaient passé des semaines à préparer, alors que je n’avais plus une seule balle sur moi.

    — On t’engage pour arrêter des braqueurs de banque ?

    — En fait, non. Je me trouvais là par hasard. Le bluff ne se limite pas toujours à menacer. Il faut aussi savoir si la personne en face de toi est du genre à se battre ou à fuir. Certains se soumettront si tu as l’air d’un dur, alors que d’autres attaqueront. J’ai évité des bagarres en prenant volontairement un air inoffensif et ignorant.

    — Oui, mais tu es toujours guidé par ton instinct.

    — Oui, et il m’a sauvé la vie à de nombreuses reprises avant que je sache que j’étais paranormal. En vérité, un révolver peut te sauver la vie tout comme il peut sauver celle de quelqu’un d’autre, mais tu ne peux pas récupérer tes balles. Ce révolver a plus souvent servi à frapper des gens qu’à leur tirer dessus.

    — Ça explique pourquoi il est tout cabossé.

    — En fait, ça, c’est parce que frapper un cadenas avec un révolver est un très bon moyen de l’ouvrir.

    Il s’agissait de mon révolver de secours, qui n’était donc pas très abîmé. Mon révolver préféré s’était évaporé comme par magie quand j’étais à Dothra. J’avais d’ailleurs l’intention de demander à Langril de m’apprendre ce tour lorsque je le reverrais.

    — Bon, n’oublie pas le recul. Concentre-toi.

    — Je suis concentré, répondit-il.

    Je reculai et le laissai se débrouiller. Henry appuya sur la détente et abaissa le révolver pour observer son tir.

    — Raté.

    — De moins d’un centimètre. Pour une première fois, c’est plutôt…

    Il m’interrompit en levant à nouveau le révolver et en tirant une deuxième fois. Cette fois, la balle toucha la cible en plein entre les yeux. Il posa le révolver et se tourna vers moi.

    — Je comprends maintenant pourquoi cette façon de faire est plus efficace que la transformation quand il s’agit d’humains, mais je préférerais ne pas utiliser de balles en argent.

    Je hochai la tête.

    — Je ne les garde qu’au cas où je me retrouverais face à un vampire.

    D’ailleurs, dans une situation où des balles en argent seraient nécessaires, les témoins humains seraient le dernier de mes soucis.

    — Allons chercher Scott.

    — Tu es sûr que tu ne veux pas attendre que ta mère lui ait verni les ongles en rose et lui ait mis des extensions capillaires ?

    — Ne t’en fais pas, c’est sûrement déjà fait. Et c’est une perruque.

    Henry soupira.

    — Tu te rends bien compte que ta mère voulait une fille, pas vrai ?

    Je levai les yeux au ciel.

    — Sans blague. Elle a hurlé le jour où Joseph m’a fait couper les cheveux. Je paierai la thérapie de Scott le moment venu.

    — Je crois qu’il aime bien toute cette attention.

    Nous étions tout juste arrivés sur le parking du stand de tir quand je ressentis comme une démangeaison dans mon esprit, comme si j’avais oublié quelque chose d’important.

    — Est-ce qu’on a bien fermé le bureau à clé ? Va chercher Scott et prends quelque chose à manger au passage pendant que j’y retourne.

    Je jetai un coup d’œil à mon téléphone pour vérifier que je n’avais raté aucun appel, mais il n’affichait aucune notification.

    — Est-ce que tu reçois généralement du travail dès ton retour de Quintessence ? demanda-t-il.

    — Normalement, oui.

    C’était le premier lundi après la fin de mon quatrième semestre à Quintessence et j’étais prêt à reprendre mon travail habituel, mais je n’avais encore averti personne que j’avais repris mes activités, car je voulais laisser à Henry le temps de s’acclimater.

    — Je suis sûr que tout va bien.

    Je n’étais pas sûr que tout aille bien.

    — Je suis prêt à parier que personne n’est au courant de mon retour.

    J’avais l’impression que quelqu’un savait que j’étais de retour et m’attendait à mon bureau.

    *      *      *

    Avant, j’étais un détective privé normal. Je faisais mon travail avec discrétion et bien que mon numéro soit difficile à trouver, je ne manquais jamais de clients. La plupart de mes affaires consistaient à révéler des fraudes au sein de grosses entreprises ou à épier les maris de femmes riches et gâtées. Si mes clients venaient me voir, c’était pour obtenir des réponses rapidement et discrètement.

    À l’âge de onze ans, j’avais découvert qu’Astrid, ma meilleure amie, était une vampire et que son grand-père la maltraitait. Au lieu de m’adresser à mes parents et de protéger la maison contre les vampires, je l’avais invitée chez moi et lui étais venu en aide. Je m’étais réveillé une nuit et avais découvert que mon père était mort, ma mère en train de se vider de son sang, et j’avais trouvé Astrid assise par terre, couverte de leur sang. J’avais alors décidé de complètement tourner le dos à la communauté paranormale.

    Puis j’avais accepté une affaire dans l’université paranormale de Quintessence et découvert que je ne mènerais jamais une vie normale. J’avais appris que j’étais un sorcier. Malgré ma détermination à m’éloigner autant que possible du monde paranormal, mes deux colocataires, Henry et Darwin, m’avaient convaincu qu’il n’était pas uniquement peuplé de tueurs.

    Henry était un changeur jaguar très différent des autres individus de son espèce. Il était né ici, mais sa mère venait d’un autre monde, dominé par les changeurs. En dehors du fait qu’il était capable de devenir invisible, de choisir entre faire sa taille normale ou prendre celle d’un cheval et d’adapter ses niveaux sanguins, Henry était un jaguar normal. C’était aussi un voleur de haut niveau, grâce à l’entraînement prodigué par Luana et Matheus Lycosa, qui avaient enlevé Henry à sa vraie mère quand il n’était encore qu’un nouveau-né et l’avaient exploité toute sa vie durant avant de lui enlever son fils. Henry venait tout juste de le récupérer et d’exclure Luana et Matheus de sa vie.

    Darwin était à cinquante pour cent fæ, à cinquante pour cent changeur loup et à cent pour cent grande gueule. C’était un génie, mais il avait presque dix ans de moins que moi et j’avais du mal à le supporter plus de quelques heures d’affilée. Ses blagues étaient répétitives, il était bordélique et négligent, il poussait ses farces bien trop loin et son culot le finirait par le mener à sa perte. Sans compter que si quiconque touchait sa peau, il subissait une douleur intense et voyait la mort de la personne en question.

    Peu de temps après avoir appris que j’étais un sorcier, j’avais découvert que Joseph Sanders n’était pas mon vrai père. En réalité, mon père était un sorcier maléfique du nom de John Cross, qui avait tué sa propre fille, car elle n’était pas assez puissante pour lui être utile. John avait le pouvoir de contrôler les esprits, alors que son frère, lui, avait des visions. Afin de protéger mes amis, j’avais tué John.

    Sauf que rien n’est aussi simple dans le monde paranormal.

    Puisque John avait utilisé ses pouvoirs pour enlever ma mère à son frère, il était possible que Vincent soit mon vrai père. Je possédais à la fois le pouvoir de John, qui était de contrôler les esprits et celui de Vincent, qui était d’avoir des visions. Des pouvoirs qu’ils avaient tous deux hérités de leur père, Arthur. Heureusement, j’avais également hérité d’Arthur un pouvoir qui n’avait été transmis à aucun de ses enfants : l’intuition. En outre, la fille que John avait tuée n’était en réalité pas de lui, mais il avait eu deux jumeaux dont il n’avait jamais rien su, et au moins un d’entre eux possédait le pouvoir de contrôler les esprits.

    Je m’étais également fait un ennemi mortel, qui était un sorcier d’un autre monde. Une tour, située sous l’université et dotée de quatre portes, permettait le passage vers quatre mondes différents. Chaque monde était peuplé par les ancêtres purs d’un de nos groupes paranormaux : les sorciers, les vampires, les changeurs et les fæ.

    Ces versions « pures » étaient également cent fois plus dangereuses que nos versions « diluées ». En raison de la puissance des paranormaux, les portes étaient verrouillées à l’aide de clés. Quand j’avais appris leur existence, Logan Hunt, le directeur de Quintessence, Vincent Knight et Keigan Langril en détenaient tous une. Langril était un professeur excentrique qui se trouvait être un sorcier « pur » originaire de Dothra. Il avait également enfermé Astrid à Dothra avant de me révéler qu’elle n’était en fait probablement pas responsable de la mort de Joseph et des blessures de ma mère.

    En réalité, le grand-père d’Astrid n’avait aucun lien de parenté avec elle ; c’était le familier d’un autre sorcier de Dothra nommé Krechea. Selon Langril, il était impossible de trouver plus maléfique que Krechea. Bien que ce dernier ne s’en soit jamais pris à moi personnellement, il avait essayé de tuer la fille de Langril et tenté d’entraîner Astrid pour lui faire rejoindre son armée.

    J’étais récemment entré en possession de la quatrième clé qui, à part me donner accès au passage des ombres, ne semblait pas faire grand-chose. On m’avait averti que je devrais sacrifier ce que j’avais de plus précieux afin de l’obtenir, mais mes seules autres options étaient de laisser Krechea l’avoir ou de laisser les barrières entre les mondes disparaître. Je ne savais toujours pas exactement ce que j’avais sacrifié.

    Juste avant que je ne m’empare de la quatrième clé, Krechea s’était échappé sur Terre, accompagné d’un certain nombre de ses disciples. J’ignorais combien ils étaient, mais je savais qu’ils étaient assoiffés de pouvoir et prêts à tuer pour s’en emparer. Comme je détenais une des clés, j’étais une cible. Puisque les clés fusionnaient avec les pouvoirs des personnes qui les acceptaient, la seule façon de nous les prendre était de nous tuer.

    *      *      *

    Alors que je garais ma voiture à ma place habituelle, j’aperçus une femme grande et mince aux cheveux blonds décolorés dont les racines brunes étaient visibles. Elle portait une robe d’été bleu foncé et des tongs. Je sortis de ma voiture et jetai un coup d’œil alentour. Quelque chose ne tournait pas rond. Je n’étais pas en danger, mais quelque chose ne tournait pas rond.

    La femme m’attendait à l’extérieur de mon bureau. Elle grelottait malgré la chaleur estivale et observait le panneau marqué « fermé » accroché à ma porte. Quant à moi, j’étais plutôt heureux d’avoir une porte. Peu de temps avant le début de mon quatrième semestre à l’université paranormale, mon bureau avait été détruit par un dealer qui voulait tuer son propre fils. Henry avait réussi à faire marcher l’assurance et j’avais engagé une équipe pour nettoyer les lieux et remplacer les fenêtres et la porte. Je n’avais vu le résultat qu’à mon retour de Quintessence et l’endroit semblait n’avoir jamais été abîmé.

    — Est-ce que je peux vous aider ? demandai-je.

    Elle se tourna vers moi. Ses joues étaient rougies et ses yeux bleus, bien que gonflés par les larmes, étaient secs.

    — Je l’espère vraiment. Êtes-vous Monsieur Sanders ?

    — En effet.

    Je déverrouillai la porte et la lui ouvris.

    — Vous avez froid ?

    Elle pénétra dans mon bureau en secouant vivement la tête et s’assit.

    — Mon mari a disparu, dit-elle d’un ton paniqué.

    — D’accord. Avez-vous contacté la police ? Depuis quand a-t-il disparu ?

    — Ils refusent de me parler. Et je ne suis pas sûre qu’il ait disparu. C’est peut-être moi qui ai disparu.

    Elle baissa légèrement les yeux, réticente à soutenir mon regard. Elle percevait probablement mon pouvoir dans son subconscient.

    — Dites-moi ce qui s’est passé.

    — Il est resté tard au bureau pour travailler et je l’ai appelé. Nous nous sommes disputés. Je voulais qu’il rentre et je l’ai accusé de quelque chose, mais je ne me souviens pas de quoi. J’ai pris ma voiture et j’ai pris la route de son bureau, mais il pleuvait à verse. Apparemment, j’ai eu un accident. Je me suis réveillée à l’hôpital il y a quatre jours, sans aucun souvenir de ce qui s’était passé. D’après mon médecin, je devrais m’en remettre complètement. Mon problème est que je ne me souviens pas de mon nom, ni de celui de mon mari, ni même de mon adresse. Je suis sortie en douce de l’hôpital quand je me suis souvenue de mon mari. Il doit s’inquiéter pour moi.

    — Attendez. Le médecin vous a dit que tout irait bien, mais il ne vous a pas dit votre nom et n’a pas prévenu votre famille ?

    Elle fronça les sourcils, comme si réfléchir lui était douloureux.

    — Je crois qu’il avait la tête ailleurs.

    — Quel est le nom du médecin ?

    Elle secoua la tête.

    — Je ne me souviens pas. Tout est encore flou.

    — Vous devriez peut-être retourner à…

    — Non ! Je dois retrouver mon mari ! Aidez-moi, je vous en prie.

    — Je peux vous aider, mais il va falloir m’en dire un peu plus. Vous vous souvenez du soir précédant l’accident, n’est-ce pas ?

    — Plus ou moins.

    — D’accord. Fermez les yeux et essayez de vous souvenir aussi loin que possible. Décrivez en détail tout ce qui vous revient. Chaque couleur, chaque nom de rue, tout ce que vous avez pu remarquer.

    Elle hocha la tête et ferma les yeux. Pendant ce temps, je déployai mon pouvoir et le laissai s’insinuer dans son esprit. Je n’essayais pas de la contrôler ; je voulais seulement voir ce dont elle se souvenait. Tout semblait noyé dans une sorte de brume.

    Ses souvenirs se mirent à apparaître et je la vis monter dans une Cadillac bleue. Il faisait nuit et la pluie battante m’empêchait de distinguer le nom des rues. Elle était en train de traverser un carrefour quand un mouvement attira son regard. Une grosse voiture noire s’approchait à toute vitesse, et au lieu de freiner, elle accéléra. La femme donna un coup de volant brusque pour tenter de l’éviter, et c’est à ce moment que je remarquai une plaque portant le nom de la rue.

    Elle ouvrit les yeux et je libérai son esprit.

    — Je ne me souviens de rien. Pas même de la couleur de ma voiture.

    — Je crois que ce n’était pas votre voiture, répondis-je.

    Elle fronça les sourcils.

    — Comment le savez-vous ? Et pourquoi aurais-je pris une voiture qui n’est pas la mienne ?

    — C’était la seule voiture dans votre allée et vous en aviez la clé, voilà pourquoi. Il y avait un mégot de cigarette dans le cendrier et vos dents ne sont pas tachées, donc je suis prêt à parier que ce n’était pas le vôtre.

    Je sortis mon téléphone de son étui accroché à ma ceinture et appelai Darwin.

    La tonalité retentit pendant plus d’une minute avant qu’il ne décroche enfin.

    — Ouesh. Attends. L’alarme va s’enclencher dès que tu l’ouvriras, ne fais pas ça. Tu te souviens du code ? Super. Tu ne me connais pas, je ne te connais pas non plus. Désolé, mec, je suis là.

    — Est-ce que je peux savoir ce que tu fous ?

    — Oh… heu… Je dirige une quête dans un jeu de rôle. Qu’est-ce que tu veux ?

    — J’aurais besoin que tu obtiennes les dossiers médicaux d’un accident qui a eu lieu au carrefour de Laura Street et Hamilton Street la semaine dernière. C’était une Cadillac bleue. La seule passagère était une femme d’environ trente-cinq ans, blonde, yeux bleus, corpulence mince et amnésique.

    — Donne-moi une minute.

    — Tu peux les avoir sur ton ordinateur ?

    — Je ne suis pas sur mon ordinateur. Je répète, donne-moi une minute, dit-il avant de me mettre en attente.

    Quelques minutes plus tard, il reprit la ligne.

    — D’accord, c’était pas tout à fait une minute. Aucun véhicule n’a eu d’accident à cet endroit la semaine dernière.

    — Très bien, elle est peut-être restée à l’hôpital plus longtemps que ça. Est-ce que tu peux remonter…

    — Ouais, j’ai déjà essayé. Il n’y a rien eu le mois dernier non plus. Par contre… Il y a eu un accident de voiture il y a deux ans, impliquant une femme de trente-quatre ans nommée Julia Emerson, au volant d’une voiture correspondant à ta description. Elle a été victime d’un délit de fuite à cette intersection, mais…

    — Qu’est-ce qui ne va pas ?

    Et pourquoi ce nom me semble-t-il si familier ?

    — C’était il y a deux ans, mais à part ça, le dossier ne contient aucune information concernant son état de santé.

    — Tu veux dire que l’équipe médicale a fait une crise de flémingite aiguë et a oublié de mettre à jour son dossier ?

    — Non, je veux dire qu’il a été volontairement effacé.

    Comme par hasard. J’abaissai le téléphone.

    — Est-ce que le nom Julia Emerson vous dit quelque chose ? demandai-je.

    Elle secoua la tête. Je replaçai le téléphone contre mon oreille, réfléchis une seconde, puis l’abaissai à nouveau.

    — Comment m’avez-vous trouvé ?

    — Oh…

    Elle sortit précipitamment une note pliée de sa poche.

    — C’est la seule chose que j’avais sur moi.

    Elle la déplia et la posa sur mon bureau. Sur le bout de papier étaient inscrits un ancien numéro de téléphone et l’adresse de mon bureau.

    Je portai le téléphone à mon oreille et demandai le nom de l’hôpital. Heureusement, j’avais un contact dans l’établissement où elle avait été admise.

    — Est-ce que tu as quelque chose sur son mari ?

    — Rien. J’ai même fait des recherches sur elle. Aucune activité criminelle, pas même une amende. Il n’y a rien à trouver à son sujet.

    — Qui a payé son hospitalisation ?

    — C’est également absent de son dossier.

    — Merci de ton aide Darwin. Et si tu prépares un vol, appelle Henry pour lui demander des conseils.

    — Haha, un vol… C’est très drôle. T’es très drôle, mec. À plus.

    Il raccrocha.

    Je posai mon téléphone. L’accrochage avait pu être un simple accident suivi d’un délit de fuite, mais personne n’aurait effacé des dossiers médicaux d’un simple accident. En outre, je m’étais souvenu d’où je connaissais son nom. Elle m’avait appelé et avait pris un rendez-vous, mais n’était jamais venue. C’était quelques mois seulement avant que j’entre à Quintessence.

    Sa robe était propre, probablement lavée par l’hôpital, mais s’ils avaient trouvé le bout de papier, pourquoi l’avoir placé avec sa robe, mais sans son portefeuille ? Ce n’était même pas une carte de visite et le numéro de téléphone inscrit dessus n’était plus en service depuis longtemps. J’étais surpris que l’hôpital l’ait conservé. Quelqu’un s’est peut-être emparé de son portefeuille sans faire attention au papier.

    — Je vais devoir me rendre à l’hôpital pour vérifier quelque chose, mais je ne vais pas pouvoir le faire avant dix-huit heures. J’ai un enfant chez moi, ce qui veut dire que je ne peux pas vous accueillir. Je vais vous prendre une chambre dans un hôtel et je vous recontacterai demain matin.

    — Ça veut dire que vous pouvez m’aider ? demanda-t-elle, pleine d’espoir.

    — Tout à fait.

    Mon téléphone sonna et le nom de Henry s’afficha sur l’écran. Je décrochai.

    — Pourquoi Darwin vient-il de m’appeler pour me poser des questions sur le temps de réaction de la police de New York aux systèmes d’alarme des différents établissements ?

    — Comment pourrais-tu savoir cela ? Tu ne vis pas à New York.

    — C’est ce que je lui ai répondu. Il m’a dit que c’était toi qui lui avais conseillé de m’appeler.

    — Quel genre d’établissements ?

    — Des cliniques vétérinaires et des zoos.

    Mon téléphone émit un bip discret.

    — Ne quitte pas.

    Je le mis en attente et répondis au deuxième appel.

    — Allô ?

    — Quoi que vous fassiez, si Darwin vous appelle, ne lui dites rien.

    — Bonjour Maseré. Qu’est-ce qu’il a fait cette fois ?

    Maseré Mason, le père de Darwin, était le changeur loup alpha le plus puissant d’Amérique du Nord, mais personne ne l’aurait deviné au vu de ses méthodes parentales. Il adorait Darwin et le traitait comme une poupée délicate. Je savais que cela provenait en grande partie de son sentiment de culpabilité vis-à-vis du fait que personne ne pouvait toucher Darwin.

    N’importe quel autre père aurait forcé Darwin à devenir indépendant. Jusqu’à récemment, Darwin avait été incapable de se transformer et malgré l’amour inconditionnel que Maseré lui portait, il avait peur que son père le chasse si son loup venait à se révéler. Contrairement à Darwin, qui était extrêmement calme, son loup était un alpha tout aussi dominant que celui de Maseré.

    Personnellement, j’étais convaincu que Darwin n’aurait pu avoir de meilleurs parents. Au lieu d’essayer de faire de lui un vrai membre de la meute, Maseré l’avait encouragé à être lui-même. L’esprit de Darwin était unique au monde et Maseré n’avait jamais rien demandé d’autre.

    Il était, cependant, légèrement surprotecteur.

    — Je n’en ai pas la moindre idée, en dehors du fait qu’il cherche à se venger.

    — Eh bien je ne vais certainement rien lui dire que j’ignore sur la police de New York. Je dois y aller.

    Je raccrochai avant qu’il puisse répondre quoi que ce soit et repris l’appel de Henry.

    — Il veut se venger.

    — D’accord, je vais l’aider. Salut.

    — Ça marche. À plus.

    Je posai mon téléphone.

    — Désolé. Mes amis sont un peu fous.

    Nous nous dirigions vers la porte quand mon téléphone sonna à nouveau. J’ouvris la porte à Julia en soupirant.

    — Ma voiture est ouverte. J’arrive dans une seconde.

    Elle sortit en hochant la tête et j’attrapai mon téléphone. Je reconnaissais le numéro qui s’affichait.

    — Salut, Dev, me salua Marcus d’un ton enjoué.

    À l’âge de seize ans seulement, Marcus avait vu son père abattre sa mère et la police n’avait pas réussi à le protéger. Je l’avais recueilli jusqu’à la fin de mes études et mon instinct ainsi que ses compétences en informatique nous avaient permis d’éviter tout problème. Il avait réussi à enchaîner les boulots temporaires de façon à toujours avoir de quoi alimenter son addiction aux gadgets électroniques et une fois majeur, il avait lancé sa propre entreprise de sécurité privée.

    Puis, alors que je suivais mon quatrième semestre à Quintessence, il m’avait retrouvé et découvert le monde paranormal. Peu de temps après, son père, Simon Sinclair, lui avait tiré dessus et la seule façon de le sauver avait été de le transformer en vampire.

    — Salut. Tout va bien ?

    J’entendis des murmures derrière lui.

    — Darwin est avec toi ?

    — Ah, oui, on est juste… tu sais… on traîne. On joue à un jeu de rôle sur l’ordi…

    J’entendis un coup, puis un nouveau murmure.

    — Non… pas sur l’ordinateur. Sur nos téléphones. On joue à un jeu de rôle sur nos téléphones.

    — Vous êtes tous les deux de très mauvais menteurs. De quoi avez-vous besoin ?

    Je jetai un coup d’œil à travers la vitre et vis que Julia était bien installée sur le siège passager de ma voiture.

    — Je voulais juste te prévenir que quelqu’un te suit. Je n’ai pas réussi à découvrir de qui il s’agissait, parce que la personne en question brouille mes appareils.

    — Tu as mis mon bureau sur écoute ?

    — Bien sûr que non. Ta voiture seulement.

    — Je t’avais dit que ma magie interférerait.

    — Oui, mais chacun interfère d’une manière différente. Fais-moi confiance. Tu es suivi par une personne dotée de pouvoirs magiques. Si je ne me trompe pas, il s’agirait même de trois personnes.

    Être un vampire lui réussissait vraiment, mais il était resté très paranoïaque. Bien que Maseré ait emmené Sinclair en garde à vue et promis à Marcus qu’il n’entendrait plus jamais parler de lui, Marcus avait passé trop de temps dans un état de vigilance constant pour s’en débarrasser aussi rapidement.

    — D’accord. Je garderai un œil ouvert. Assure-toi simplement que Darwin ne s’attire pas des ennuis, ajoutai-je.

    En l’entendant s’étrangler, je soupirai.

    Attraper, alors. Assure-toi qu’il ne se fasse pas attraper.

    — Ça marche. Merci Dev. À plus.

    Il raccrocha. Je remis mon téléphone dans son étui à ma ceinture, sortis de mon bureau et montai dans ma voiture. Dix minutes plus tard, je me garais devant un motel.

    — Est-ce que ça vous convient ? demandai-je.

    Elle baissa les yeux vers ses mains.

    — Je n’ai pas d’argent.

    — Je le savais. Vous avez laissé votre portefeuille chez vous quand vous êtes sortie. Restez ici et ne parlez à personne.

    — Vous pensez qu’on essaie de me faire du mal ? demanda-t-elle.

    — Il vaut mieux prévenir que guérir. Verrouillez la porte.

    Je pris mes clés, sortis de la voiture et me dirigeai vers l’accueil.

    *      *      *

    Je refermai la porte de mon appartement derrière moi et aperçus immédiatement deux grands yeux larmoyants couleur ambre. Scott était debout dans un coin et m’implorait silencieusement de le sauver.

    — Qu’as-tu fait ?

    — Je suis sorti dans le couloir et je me suis transformé.

    — C’est mal, Chaton. Ton père t’a puni pour cinq ou six ans ?

    — Cinq minutes parce que j’ai cinq ans.

    — Tu ne t’en tires pas trop mal. Tu ferais mieux de te remettre face au mur et de purger ta peine avant que ton père rallonge ta punition.

    Comme s’il venait de se rendre compte de ce qu’il était en train de faire, il se retourna brusquement vers le mur. Je me rendis dans la cuisine, où Henry se tenait à côté du réfrigérateur, la tête posée sur le comptoir. Les pages d’un livre de conseils parentaux déchiqueté jonchaient le sol.

    — Je ne sais pas si ces livres sont censés s’appliquer aux les enfants changeurs.

    — Ça fait plus d’une heure qu’il y est, répondit-il en se redressant et en se tournant pour me faire face.

    Il semblait encore plus désemparé que Scott.

    — D’après le livre, je ne dois pas le laisser partir avant qu’il ait passé tout le temps prévu face au mur.

    — As-tu essayé de l’adapter un peu ? Tu pourrais essayer de lui donner dix minutes, mais en le laissant regarder de n’importe quel côté. Est-ce qu’il sait pourquoi ce qu’il a fait est mal ?

    — Le livre dit que je dois lui faire expliquer ce qu’il a fait.

    — Il m’a dit qu’il était sorti et qu’il s’était transformé, donc il sait ce qu’il a fait. Est-ce qu’il sait pourquoi c’est mal ? Tu l’as récupéré à l’état « sauvage » dans le monde humain et il a passé des mois en liberté à l’université. Dans moins de trois mois, il va retourner dans un environnement paranormal.

    — Il faut qu’il comprenne pourquoi il ne peut pas se transformer devant des humains.

    — Ces livres de conseils ne contiennent que des suggestions et des lignes de conduite basées sur des principes de psychologie humaine. Tu connais sa façon de penser mieux que quiconque, mais tu ne pourras pas lui faire comprendre à moins qu’il sache pour quelle raison ce qu’il a fait était mal. Je m’assurerais qu’il le comprenne bien, si j’étais toi.

    — Tu as une affaire ? demanda Henry en reportant son attention sur les nouilles qu’il était en train de préparer pour le déjeuner de Scott.

    — On dirait bien. Une femme du nom de Julia Emerson est venue au bureau ce matin pour chercher de l’aide. Elle a eu un accident il y a deux ans et s’est réveillée à l’hôpital il y a quatre jours. Elle est amnésique. Depuis, elle s’est souvenue s’être disputée avec son mari et avoir pris une voiture pour aller le voir à son bureau.

    — Tu soupçonnes un acte criminel ? demanda-t-il.

    — Comment tu le sais ?

    — Parce que tu connais son nom, donc la seule raison pour laquelle tu ne sais pas encore tout à son sujet est forcément que ses dossiers ont été effacés.

    — J’ai comme l’impression que tu vas être parfait pour ce travail, répondis-je.

    Je jetai un coup d’œil vers Scott et vis qu’il faisait face au mur. Il avait les mains derrière la nuque et tapotait un rythme contre sa peau.

    — Je vais à l’hôpital pour voir si quelqu’un se souvient de quelque chose. On dirait bien qu’elle a passé deux ans dans le coma. Je suis assez content d’avoir une affaire humaine. Tu veux venir ?

    — Pas cette fois.

    Il ne voulait pas laisser Scott deux fois en une seule journée.

    — À moins que tu ne penses avoir besoin d’aide.

    — Non, je m’en sortirai tout seul. Je pense que ça ne me prendra que cinq minutes.

    — C’est fini, Chaton, tu peux arrêter, dit Henry.

    Scott ne bougea pas. Il continua à tapoter sa nuque.

    — Est-ce que Darwin t’a donné des nouvelles des dossiers que les Fox avaient pris ?

    Après que Luana et Matheus avaient enlevé Scott à Henry, ils l’avaient déposé dans un orphelinat et avaient fait croire à Henry qu’il avait tué sa propre femme. Comme ce n’était pas la première fois qu’ils lui avaient fait croire qu’il avait tué quelqu’un et que son jaguar était incontrôlable, il avait accepté de rester à l’écart de son fils pour garantir la sécurité de ce dernier. Ce n’est que quand il avait récupéré Scott qu’il s’était rendu compte de la gravité de la situation.

    Joshua et Janet Fox avaient mené de nombreuses expériences sur Scott après s’être rendu compte d’une manière ou d’une autre qu’il était paranormal. Nous ignorions cependant encore l’étendue de leurs connaissances, la façon dont ils les avaient obtenues, la nature exacte de leurs expériences et les raisons qui les avaient poussés à les mener.

    Quand Scott s’était blessé au bras à l’université après avoir glissé sur une plaque de glace, Darwin et moi l’avions emmené à l’infirmerie. À peine avait-il aperçu le matériel médical et la table d’examen qu’il s’était mis à hurler. Seul Henry avait pu le calmer.

    — Non, pas encore. Apparemment, ils étaient particulièrement mauvais en informatique et gardaient tout sur papier. Leurs dossiers ont été presque entièrement détruits dans un incendie criminel juste avant leur arrestation. On n’en saura peut-être jamais plus.

    Une façon de tout découvrir existait cependant. J’avais proposé à plusieurs reprises de provoquer une vision de ce qu’il avait subi, mais Darwin insistait que c’était la pire des solutions, étant donné que les expériences avaient été prévues pour un paranormal.

    — Eh bien, tu sais ce qu’il te reste à faire pour l’aider à aller mieux.

    Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, comme si ma proposition avait été complètement folle.

    — Tu as vu Matheus et Luanna. Je n’ai pas la moindre idée de comment le réconforter.

    — Bien sûr que si. Il te suffit de faire tout le contraire de ce qu’ils faisaient. Serre-le dans tes bras, complimente-le et dis-lui à quel point il compte à tes yeux.

    — Je ne comprends pas.

    — Dis-lui que tu l’aimes même quand il fait des bêtises et rappelle-lui sans cesse que tu es fier de lui. Et en cas de doute, tourne-toi vers Maseré.

    *      *      *

    Après avoir regardé le journal télévisé, j’avais presque décidé de ne pas me rendre à l’hôpital. Une des routes principales entre mon appartement et l’hôpital s’était affaissée sans raison apparente. Un nombre inhabituel d’accidents de voiture avait également eu lieu, causé soit par d’étranges lumières qui avaient détourné l’attention des conducteurs, soit par des groupes de quatre ou cinq voitures qui avaient soudainement calé au milieu de la route.

    Je choisis finalement de demander à Henry de m’appeler si la situation s’aggravait ou si la cause exacte de ces événements était découverte. Quand j’atteignis la dernière marche de l’escalier au rez-de-chaussée, une poubelle se mit à vaciller. Je tendis la main et l’immobilisai instinctivement. La seule explication plausible était qu’une bestiole s’était glissée dans la poubelle avant que Kate ne la rentre. Prudemment, tout en m’attendant à ce qu’un petit animal bondisse dans ma direction, je soulevai le couvercle.

    Elle était vide.

    Puis les lampes se mirent à clignoter.

    — Sérieusement ? demandai-je à haute voix.

    Aucune réponse ne me parvint. Je reposai donc le couvercle et m’en allai.

    La circulation était mauvaise, mais je ne vis rien d’anormal. J’arrivai à l’hôpital à six heures et demie et garai ma voiture dans le parking visiteurs. J’avais voulu appeler, mais au cours des cinq dernières années, tous mes téléphones avaient soit explosé, soit été écrasés, plongés dans l’eau, ou confisqués comme élément de preuve. Autant dire que j’avais

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1