Âme sœur disparue

Table des matières

Résumé

Dédicace

Prologue

I

II

III

IV

V

VI

Épilogue

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Biographie

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Droits d'auteur

Âme sœur disparue

Par Dirk Greyson

Le loup-garou Falco Gladstone avait su que Carter McCloud était son âme sœur quand ils étaient en cinquième, mais l’école et le système de foyers d’accueil les avaient séparés brutalement. Des années plus tard, Falco est le numéro deux de sa meute dans le Michigan, au service d’un oncle qui se soucie davantage de son pouvoir que du bien-être de leur peuple. L’alpha ordonne à Falco de se marier et d’avoir une descendance – mais Falco a déjà trouvé son âme sœur, et les âmes sœurs sont éternelles.

La vie solitaire de Carter est bouleversée quand il détecte une odeur familière apportée par le vent. Les âmes sœurs se sont peut-être retrouvées, mais leur bonheur éternel est loin d’être garanti. L’engagement de Falco envers Carter le met en désaccord avec les plans de son oncle, mais quand un des exécuteurs de l’alpha commence à prendre le couple en filature, quelque chose doit être fait. Quelque chose qui renforcera leur relation ou la détruira une fois pour toutes.

Pour Dominic, pour son aide, et, à Tricia, ma nouvelle éditrice, pour avoir été assez courageuse pour me donner ma chance.

Prologue

12 ans auparavant

LA CLOCHE sonna, faisant mal aux oreilles de Falco. Habituellement, il l’anticipait, mais aujourd’hui le son métallique brut qui secoua ses tympans le prit par surprise. Il avait déjà rassemblé ses affaires et quitta son dernier cours du vendredi, très pressé, se réjouissant d’un week-end à courir avec les autres garçons de la meute. À treize ans, ceux de son âge n’étaient pas prêts pour leur première transformation, mais lui pouvait sentir son loup commencer à pousser vers la surface. Parmi ses compagnons de meute, il avait toujours été le premier à tout ressentir. Étant le plus grand et le plus fort, il s’était développé plus vite que les autres, ce qui était à la fois excitant et effrayant. Mais il avait son père et son oncle pour l’aider en lui montrant la voie, et ils savaient pratiquement tout sur ce que représentait le fait d’être un loup-garou – en tout cas, c’était ce que Falco croyait.

Il rejoignit le hall, mit ses affaires dans son casier, attrapa sa veste et le seul livre dont il aurait besoin pour ses devoirs – merci, M. Collins, grogna Falco dans sa barbe. Puis il regarda autour de lui, ferma son casier, et partit en direction du bus qui le ramènerait chez lui.

Il rejoignait la porte du collège quand une agitation attira son ouïe de loup naissante. Il devait encore s’habituer à toutes les choses que ses sens accrus lui transmettaient. La cloche qui lui donnait envie de hurler huit fois par jour était l’une d’entre elles, mais ces sens l’avertissaient également quand il y avait des problèmes, comme maintenant. La brise du début du printemps, habituellement fraîche et pure, transportait le goût piquant d’une peur affreuse.

Falco plissa le nez et fourra son livre dans les mains de Missy.

— Tu peux porter ça dans le bus pour moi ?

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle innocemment.

— Je reviens tout de suite.

Il fonça vers l’arrière du bâtiment et tourna au coin vers l’endroit où deux garçons – Falco connaissait suffisamment leurs exploits – avaient acculé au mur un enfant blond plus petit.

— Laissez-moi tranquille, disait le gamin vigoureusement, se tenant contre les briques en les défiant du regard.

Falco dut lui reconnaître du mérite – le gamin avait des tripes.

— Que se passe-t-il ? demanda Falco de son meilleur ton de commandement, imitant l’alpha de la meute alors qu’il s’avançait.

Il regarda les yeux du gamin s’écarquiller et l’odeur de la peur devint plus piquante. Son oncle lui avait dit une fois que parfois la peur était nécessaire pour garder l’ordre dont une meute avait besoin. Falco l’avait vu le mettre en pratique lors de quelques occasions, mais là, c’était différent.

— On ne fait que s’amuser un peu. C’est un nouveau, et on voulait voir à quelle vitesse ce lapin pouvait détaler avant de le mettre à terre, dit Jason avec un sourire mauvais qui indiquait qu’il avait l’intention de faire bien plus que de jouer.

— Votre amusement est terminé. Les bus vont bientôt partir.

Falco plaça les mains sur ses hanches, déjà fatigué d’eux.

Peter se retourna brusquement comme s’il allait se battre, mais s’arrêta. Ses yeux s’écarquillèrent, puis il fit un pas en arrière.

— Allez. Partez d’ici.

Aucun d’eux n’était à sa hauteur, et ils le savaient tous les deux. Falco était plus fort que Jason et Peter combinés, et même ensemble, Falco les rétamerait, surtout parce que ses doigts et ses dents le picotaient déjà, se préparant pour une métamorphose pour laquelle il n’était pas prêt.

— Partez ! grogna-t-il, et ils se mirent à déguerpir à toute vitesse.

— Merci, dit le gamin, qui serrait ses livres sur son torse. C’est mon premier jour, et…

— Ils ont décidé de te souhaiter la bienvenue à l’école.

Falco s’avança, et sa respiration se bloqua comme s’il avait été frappé à l’estomac. Sauf qu’il ne ressentait aucune douleur, seulement du feu, de la chaleur, l’odeur la plus incroyable et une trique complète dans son pantalon qu’il espérait, être invisible. Le loup en lui était maintenant complètement présent, aussi simplement que ça, éveillé et faisant les cent pas, poussant pour sortir.

— Ouais, je suppose.

Le gamin se dandina d’un pied sur l’autre.

Falco essaya de se concentrer sur ce que le gamin disait. Il voyait ses lèvres bouger, mais son esprit flottait ailleurs, entouré d’un brouillard. Il cligna des yeux et secoua la tête. Que diable lui arrivait-il ? Il voulait reculer, mais l’odeur du gamin l’attirait. Bon sang, il voulait se frotter partout sur lui, juste pour y déposer son odeur. Il devait le marquer comme sien, mais c’était complètement stupide.

— Je devrais y aller.

Finalement, le cerveau de Falco redémarra.

— Nous devons rejoindre les bus.

Falco fit un geste dans cette direction, et le gamin se mit à courir, Falco le suivit en trottinant derrière lui. Ils s’arrêtèrent devant des bus voisins.

— Merci pour ton aide. Je m’appelle Carter.

— Falco.

Le conducteur klaxonna, et Falco se retourna pour monter dans le bus. Il prit le siège à côté de Missy, qui lui tendit son livre, et il regarda Carter grimper dans l’autre bus, sa tête blonde se déplaçant au-dessus des sièges jusqu’à disparaître une fois assis. Puis le bus démarra et il perdit Carter de vue.

— Que s’est-il passé ? demanda Missy alors qu’ils roulaient.

— Jason et Peter faisaient les cons avec un nouveau.

Missy lui fit un large sourire.

— J’ai toujours su que tu étais vraiment un gars gentil.

Elle lui donna un léger coup de coude dans les côtes, et Falco leva les yeux au ciel.

On lui avait toujours dit que les alphas devaient être forts. Le qualificatif ‘Gentil’ avait rarement figuré dans l’équation, en tout cas de l’avis de son oncle. Falco et son père ne parlaient pas beaucoup de choses comme ça. En tant qu’alpha, son père était occupé à diriger la meute, alors il laissait son frère s’occuper des choses moins importantes, comme élever son fils. Cette prise de conscience initiale lui avait fait mal la première fois qu’elle lui avait traversé l’esprit, mais maintenant c’était tout simplement comme ça.

Missy et lui parlèrent un peu, mais ses pensées étaient sur Carter et sur ce que son étrange réaction signifiait.

Quand Falco arriva chez lui, il s’avança jusqu’à la grande maison de meute et entra. Sa mère était dans la cuisine, et elle avait préparé son repas, qu’il dévora rapidement. Falco avait toujours faim.

— Comment s’est passée ta journée ? demanda-t-elle, s’essuyant les mains sur son tablier alors qu’elle se retournait.

Puis elle fronça les sourcils.

— Hé, qu’est-ce qui ne va pas ?

Elle pouvait toujours lire en lui. Son père et son oncle disaient qu’il devait s’améliorer pour cacher ses sentiments, mais il suspectait que peu importe à quel point il s’améliorerait, sa mère saurait toujours. Elle tira la chaise à côté de la sienne et s’assit.

— Quelque chose a changé, dit-elle.

— Je sais.

— Je veux dire, ton odeur est différente, comme si…

— Je sens mon loup, Maman. Aussi simplement que ça, il était là, et… je ne comprends pas.

Son rythme cardiaque était revenu à la normale et le picotement s’était calmé, mais les pensées intenses sur Carter restaient. Il pouvait encore pratiquement le sentir.

— Tu es jeune pour découvrir ton loup, mais ça arrive. Tu dois le dire à ton père pour qu’il puisse t’aider durant ta première transformation. Tu seras bientôt prêt.

Elle sourit fièrement.

— Maman, demanda Falco alors qu’une vague d’incertitude qu’il ressentait rarement le submergeait. Puis-je te demander… que ressent-on quand on trouve son âme sœur ?

Elle émit un petit rire, se leva et alla jusqu’à la cuisinière.

— Eh bien, c’est comme si le monde s’arrêtait pendant quelques secondes et qu’il n’y avait rien d’autre qu’elle, ou dans mon cas, ton père.

Ses yeux devinrent mélancoliques alors qu’elle s’appuyait contre le plan de travail.

— Ton âme sœur aura la meilleure des odeurs, parfaite pour toi… tu ne pourras jamais t’en rassasier, et ça pour tout le reste de ta vie. Tout se mettra en place, et tu sauras qu’il n’y aura personne d’autre pour toi aussi longtemps que tu vivras. Ce sera tout. Ton loup ne voudra personne d’autre. (Elle soupira et se retourna vers la cuisinière.) Tu auras largement le temps pour ça plus tard.

Falco hocha la tête, mais il savait qu’il l’avait déjà trouvée. Un mec – son âme sœur était un autre garçon. Il n’était pas sûr de ce que la meute en penserait. Pas que cela puisse avoir de l’importance. Il n’avait que treize ans, et personne ne le croirait de toute façon.

— Merci, Maman.

— De rien, trésor. Va finir tes devoirs afin que tu puisses parler à ton père plus tard.

Elle continua à s’affairer, chantonnant doucement, et Falco se rendit dans sa chambre. Il avait l’intention de faire ses devoirs, mais ses pensées vagabondaient vers Carter et refusaient de lâcher prise. Il avait trouvé son âme sœur, en tout cas il le pensait, et maintenant tout ce qu’il devait faire, c’était de s’en assurer.

AU COURS de la semaine suivante, Falco réussit à tomber sur Carter à l’école régulièrement, et à chaque fois son loup devenait plus fort et plus insistant, sans parler de la manière dont son corps réagissait quand il s’approchait. Seigneur, c’était comme s’il était en feu. Plus il était à proximité de Carter, plus il était convaincu qu’il était son âme sœur.

Il fallut presque deux semaines pour que Falco soit sûr qu’à treize ans, il avait trouvé son âme sœur, une chose que certains loups ne découvraient jamais de toute leur vie. Il en était ravi et se jura de passer plus de temps avec Carter, de devenir son ami et de vraiment apprendre à mieux le connaître.

Le lundi suivant, Carter n’était pas à l’école. Falco supposa qu’il était malade et le chercha chaque matin, mais il ne revint jamais.

Deux semaines. Il avait rencontré son âme sœur, et deux semaines plus tard, elle avait disparu.

I

FALCO GLADSTONE se tenait au bord du cercle de