LE BONHEUR D'ÊTRE UN PARENT IMPARFAIT
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About this ebook
- Vous en avez assez de tous ces livres sur l’art d’être un bon parent… sinon le meilleur?
- Vous déplorez les nombreuses contradictions qui ponctuent les sacro-saintes recommandations des grands spécialistes de l’enfance?
- Vous n’en pouvez plus, surtout, de vous sentir coupable, à côté de la plaque, dépassé?
C’est le temps de vous reconnecter à l’essentiel, de réapprendre à écouter votre gros bon sens, de reprendre confiance en vos compétences parentales et de vous (re)donner le droit à l’erreur. Bonne nouvelle: Le bonheur d’être un parent imparfait vous donne une foule de clés pour y arriver!
Ce sympathique petit guide revisite plusieurs sphères de la vie familiale au quotidien avec légèreté, humour et rigueur (quand même!). Il fait la promotion de l’imperfection parentale, de l’indulgence et de l’acceptation de soi-même. Sans compromis!
Pensés en fonction des besoins des parents débordés, les chapitres courts peuvent se lire dans l’ordre qui nous convient et la matière est vulgarisée de façon à ce que les notions soient comprises rapidement. Les adeptes du multitâches pourront le lire avec le p’tit dernier dans les bras tout en préparant le souper.
À go, on célèbre l’imperfection!
Stéphanie Deslauriers
Stéphanie Deslauriers est psychoéducatrice, conférencière, maman et belle-maman. Depuis 2012, elle a publié près de quinze livres dont Rafael, Le bonheur d’être un parent imparfait et Laurent, c’est moi!, finaliste pour les Prix littéraires du Gouverneur général 2019, catégorie Littérature jeunesse. Elle est chroniqueuse à l’émission Format familial à Télé-Québec. On peut aussi la lire dans divers médias, dont le magazine Véro.
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LE BONHEUR D'ÊTRE UN PARENT IMPARFAIT - Stéphanie Deslauriers
Diaz
Après avoir lu Comment stimuler son enfant par le jeu au quotidien, Simon sent l’angoisse monter en lui et se dit: «Merde, ma fille a 18 mois et ne saute pas encore à pieds joints. C’est probablement parce que je ne l’ai pas assez fait jouer dehors/fait sauter sur un trampoline/fait monter des marches/fait sauter dans les flaques d’eau.»
Maxime, après avoir lu Allez hop! Au dodo!, se sent inquiet: «Suis-je en train de fabriquer un enfant anxieux, dépendant affectif et incapable d’autoréconfort parce que je le laisse venir me rejoindre dans mon lit à 6 h chaque matin?»
Mélissa, après avoir visionné l’entrevue de M. Spécialiste à l’émission Parent parfait, se dit: «Quelle mère indigne je suis d’avoir acheté la paix avec mon fils hier midi, en l’amenant au McDo en échange d’une promesse de ranger sa chambre.»
Judith, quant à elle, se sent coupable de ne pas être comme Geneviève, qui n’arrête pas de publier sur les réseaux sociaux des photos de ses enfants toujours souriants, dans une maison ordonnée, alors que les siens viennent de s’engueuler à propos d’un toutou même pas beau, qu’elle devrait d’ailleurs laver (se dit-elle), tout comme le reste du tas qui grossit à vue d’œil dans la salle de lavage.
Catherine, elle, envie Julie d’avoir une fillette éveillée, drôle et ayant toujours une réplique adorable que sa mère s’empresse de publier sur Facebook avec une photo d’elles visiblement joyeuses.
Judith aimerait bien être à la place de Simon qui, lui, meurt de jalousie chaque fois qu’il voit le petit de Mélissa.
Le gazon est toujours plus vert chez le voisin, on dirait bien!
Un problème de société?
Au cours des dernières années, j’ai remarqué que les parents auprès desquels j’interviens dans ma pratique psychoéducative me font de plus en plus ce genre de remarques. Ils se comparent, se dénigrent et se jugent sans pitié. Pas étonnant, avec la quantité d’informations relatives à l’éducation qu’on peut consulter sur le Web et sur les réseaux sociaux!
On entend tel spécialiste recommander le dodo de manière autonome dès la naissance, alors que tel autre prône plutôt le cododo pour la création du lien d’attachement. On allume le poste de radio: le psychomachin somme les parents de laisser pleurer leur poupon afin qu’il devienne autonome, alors que l’autre psychomachin (ben oui, ils font partie du même ordre professionnel) qu’on a entendu avant de partir pour le boulot, à la télévision, disait, au contraire, que ce message indique à notre enfant qu’on n’est pas disponible, ni sensible à ses besoins.
Comment appliquer toutes ces recommandations à la fois?
Comment devenir le parent idéal décrit dans tel ou tel ouvrage sur la parentalité?
Comment être déjà ce parent idéal? Parce que le devenir suppose un délai, et qu’il est hors de question que notre enfant n’ait pas le meilleur parent immédiatement! Sinon, ça pourrait lui causer des torts irréparables, non?
Non. Pour vrai. Je vous le jure, les parents n’ont pas à être parfaits au moment où ils deviennent parents. Parole de psychoéducatrice!
Comment démêler tous ces conseils contradictoires?
Les émissions de télévision et de radio qui laissent une place aux professionnels de l’enfance et de la parentalité (merci!) sont souvent composées de courts segments qui s’enchaînent rapidement. Cela permet peu de nuances et d’explications approfondies.
Comme il s’agit d’une courte chronique, le spécialiste ne peut pas adapter ses explications à chacune des réalités familiales vécues. Il présente des cas qui peuvent s’appliquer à l’ensemble des familles qui ne sont pas aux prises avec des problématiques plus spécifiques.
Cela s’explique aussi par les diverses approches qu’adoptent les membres d’une même profession… et les multiples professions relatives à la parentalité et à la pédagogie. Un psychologue peut avoir une vision psychanalytique de l’être humain (l’inconscient, les pulsions, les blessures psychiques) et orienter son approche professionnelle en ce sens, alors qu’un autre sera plus comportementaliste (un individu adopte ce comportement parce qu’il reçoit telle réponse de son environnement).
Un psychoéducateur peut intervenir dans les médias à propos d’une situation d’intimidation tout en rappelant l’importance de prendre en considération l’influence des traits de personnalité du jeune, de son milieu familial, scolaire, parascolaire, etc., alors qu’un psychothérapeute pourrait se concentrer sur un aspect de cet enfant sans nécessairement le mettre en contexte dans les autres sphères de sa vie.
Enfin, (parfois, aussi) quelque charlatan se retrouve derrière un micro ou devant une caméra et lance des âneries tout en jouissant d’une certaine crédibilité, ne serait-ce que parce qu’il «passe à tivi!» Ah! Le pouvoir de la tivi. Alors que des professionnels qualifiés grincent des dents en l’entendant, d’autres personnes moins (in)formées en pédagogie, et connaissant moins les enjeux liés à l’enfance et à la parentalité, le croiront sur parole. De la même façon, il se peut que je me sois déjà fait berner par un dentiste, un physiothérapeute ou un mécanicien charlatan parce que je n’ai pas la formation ni les connaissances requises pour juger de leur expertise.
Se faire confiance
Avant toute chose, en tant que parent, il est primordial de se faire confiance. Cela est de plus en plus difficile avec le flot incessant de renseignements auxquels on prête une oreille attentive dans l’espoir de s’améliorer.
Malgré tout, c’est ce que vous dit ce livre: faites-vous confiance en tant que parent.
Le soi réel et le soi idéal
Le phénomène de parent idéal et de parent réel est calqué sur celui de l’estime de soi dans lequel on parle d’un soi idéal (tiens donc) et d’un soi réel (bis).
Le soi réel représente ce qu’on est vraiment, réellement. Qui on est. Ce sont nos forces, nos limites, nos besoins, nos intérêts, nos valeurs, nos croyances, notre histoire de vie, nos expériences.
Le soi idéal représente ce qu’on voudrait être, ce qu’on pense que les autres veulent qu’on soit, ce qu’on devrait être, ce qu’il faudrait être. Hello, l’anxiété de performance!
Cependant, pour certaines personnes, le soi réel et le soi idéal sont coude à coude. L’écart entre les deux étant minime – pour ne pas dire inexistant – leur estime de soi est élevée. Ces gens sont satisfaits de qui ils sont, de comment ils sont. Ils n’aspirent pas à être différents. Ils se conviennent tels quels (oh, sans doute avec de miniajustements, mais rien de majeur ou d’irréaliste). En général, ces gens ont confiance en eux.
Pour d’autres, cet écart est si grand que leur estime personnelle est faible – pour ne pas dire nulle. La raison? Ce à quoi ils aspirent est inatteignable, irréaliste (et peut-être même pas souhaitable, tout compte fait, mais ça, ils ne le savent pas encore). À force de travailler sur eux-mêmes, à coup de psychothérapies, de livres de développement personnel, de mandalas et de roues de vie, ils constatent qu’ils n’arrivent toujours pas à atteindre leur soi idéal.
Découragement.
Soupirs.
Exaspération.
Et parfois, dans certains cas, dépression. Oui, oui: le fait de vivre des échecs répétés, de ne jamais se sentir à la hauteur, peut mener à la dépression, qui est un sentiment de n’avoir aucun contrôle sur sa vie, d’être nul et ainsi, de perdre confiance en soi et en l’avenir.
Si c’est vrai pour les gens en général, est-ce aussi vrai pour les parents? Ben oui. Pas étonnant que, de plus en plus, on parle du phénomène de la dépression et du burnout parental. À force de vouloir être un parent qu’on n’est pas, on se bute à des échecs répétés, à un sentiment d’incompétence, d’insatisfaction, de culpabilité (on n’est pas le parent idéal ni le parent parfait pour notre enfant, qui va nous en vouloir toute sa vie après qu’on l’ait scrappée, cette vie).
Scrapper la vie de son enfant
Patrick Lagacé a écrit un article intéressant à ce propos, dans La Presse¹. En gros, il disait que chaque parent va inévitablement scrapper son enfant. Pour certains, ce sera un peu. Pour d’autres, beaucoup. Et d’autres encore, entre les deux. Lui, il s’est fixé l’objectif de ne pas trop le scrapper.
Parce que forcément, nous savons qui nous sommes. Avec notre histoire, notre bagage. Certains voyagent léger et d’autres parents ont accumulé vraiment beaucoup d’expériences difficiles dans leur baluchon avant même d’obtenir le titre de parent. Certains ont eu une enfance à l’image d’un long fleuve tranquille, d’autres ont dû traverser des rapides rocheux. Inévitablement, ça laisse des traces. Est-ce que ça veut dire que tu ne peux pas donner ce que tu n’as pas reçu? Ben non! Mais ça peut vouloir dire que si ton arbre généalogique est dépressif, anxieux, bipolaire, ce n’est pas ta faute. Ce sont les gènes. Que veux-tu? Tes parents s’engueulaient tout le temps? Ton père est parti quand t’avais 12 ans? T’as grandi en famille(s) d’accueil? Ce n’est pas ta faute non plus. Tu n’as pas à te sentir coupable. Mais une chose est sûre, ça t’a forgé.
Même chose si tu as grandi dans une famille aimante, avec des parents ensemble depuis qu’ils ont deux ans et demi (de vieux amis de la garderie, quoi), une sœur jumelle douce, douce comme la soie, que tu as rencontré l’homme de ta vie à 13 ans, que ça a été ton premier dans «tout», que tu n’as jamais eu envie d’aller voir ailleurs, lui non plus d’ailleurs.
Peu importe notre passé, nos expériences s’accumulent dans notre baluchon. Oui, certains ont une belle petite sacoche Hello Kitty. D’autres, un gros sac-poubelle troué rempli de choses pas belles. Mais vous savez quoi? Ils arrivent quand même à être de bons parents. Des parents aimants, aidants, fiers, drôles, sensibles et intelligents.
L’inverse est aussi vrai: il se peut que notre voyageuse au long fleuve tranquille ne soit pas bien dans sa tête, dans sa peau, dans son cœur, et qu’elle ait du mal à développer les mêmes qualités que notre voyageur extrême. C’est la vie (ou plutôt, le tempérament, la personnalité, et, dans certains cas, les vulnérabilités biologiques sur le plan de la santé mentale).
Peu importe notre passé, il teinte notre présent et, en l’occurrence, qui on est. Et qui on est, on l’est aussi comme parent. Par exemple, une personne anxieuse dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale risque de l’être aussi dans son rôle de parent. Alors, pour s’accepter comme parent, c’est primordial de s’accepter comme individu, d’abord et avant tout. Pas toujours facile, hein? Au fil des pages qui suivent, c’est ce qu’on tentera de faire: être le parent qu’on est, en tentant de culpabiliser le moins possible.
Je, Stéphanie Deslauriers, belle-maman de Poulet parfois surprotectrice, souvent exigeante et impatiente, psychoéducatrice imparfaite, mais tellement attachante (ben quoi!), m’engage à tenir des propos d’ouverture, d’authenticité et de non-jugement. Et peut-être que j’inciterai votre petite voix intérieure à faire de même. Vous savez, cette petite voix (parfois fatigante) qui nous dit qu’on n’est pas assez ceci, trop cela, qu’on fait tout de travers, qu’on n’est pas bon?
À go, on adapte les recommandations des professionnels chevronnés à notre personnalité et à notre réalité familiale afin de vivre de petites réussites quotidiennes, O.K.?
GO!
1L’article est accessible en ligne à l’adresse suivante: plus.lapresse.ca/screens/a82418f3-dafe-4daa-a895-c3fb67ec014d%7C_0.html.
Des bases solides
Une relation parent-enfant se construit tout au long de la vie. Elle débute dès la grossesse et peut-être même avant, lorsqu’on commence à rêver de construire une vie familiale.
Autant cette relation peut être enrichissante et sécurisante, autant elle peut devenir source de frustration lorsque l’enfant grandit et devient adulte. On n’a qu’à penser à tout ce qu’on reproche à nos propres parents…
En tant que parent, on souhaite le meilleur pour nos enfants. On fait constamment de notre mieux, même si ce mieux peut varier au fil des événements de la vie: stress financier, difficulté à conjuguer travail et famille, maudit SPM, séparation, accumulation de déceptions personnelles ou professionnelles, etc.
Voici quelques stratégies établissant les bases d’un rôle parental efficace, bienveillant, mais également ferme, ainsi que d’une relation parent-enfant épanouissante.
Une question de principes
Il n’existe pas de recettes «d’élevage d’enfants» infaillibles et inratables qui conviendraient à l’ensemble des familles. Cependant, stratégies, trucs et conseils éducatifs pullulent. Même s’ils peuvent servir de pistes de réflexion, ils doivent impérativement être adaptés à la réalité familiale, aux valeurs et aux forces, aux limites et aux besoins de l’enfant.
Je ne suis pas une distributrice de trucs, pas plus que ne le sont les professionnels des services sociaux. En revanche, il existe trois principes de base en matière d’intervention, incontournables à mon avis. Les voici, les voilà.
1. Le principe de l’iceberg
Tout le monde (ou à peu près) a vu le film Titanic. Rose, Jack, leur idylle? Me semblait bien. Que s’est-il passé la nuit du 14 avril 1912? Eh bien: le fameux, le grandiose, l’insubmersible Titanic a heurté un iceberg et a coulé à pic.
Rappelons qu’un iceberg ne montre qu’une petite portion de la masse du glacier, sa plus grande partie se trouvant sous la surface de l’eau.
Cet iceberg nous ressemble en quelque sorte. Euh? Quoi? Eh oui: comme ces immenses blocs de glace, on montre aux autres ce qu’on veut bien montrer. Et ce qui est visible à l’œil nu, ce petit bout de la masse totale, c’est notre comportement. Ce qui est invisible correspond à nos besoins (on y reviendra).
Le comportement est un choix. C’est une façon d’agir qu’on choisit en fonction des avantages et des inconvénients qu’elle nous procurera.
Mentir… puis dire la vérité
Par exemple, quand on choisit d’avouer la vérité après avoir menti (ou caché des renseignements, disons), c’est probablement parce qu’on se sent mieux ainsi. On opte pour ce comportement parce qu’on veut obtenir ou préserver la confiance de la personne concernée par la