Frisottis de vie: Journal d'été
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Au fil des pensées et des réflexions, un lien se tisse avec le lecteur impliqué dans l'action.
L'éventail des genres abordés est vaste (romantique, historique, psychologique, philosophique, réaliste, surréaliste, policier, aventure...) sans thème fédérateur, hormis le partage de la beauté des mots.
Ouvrez vite le livre pour découvrir l'effervescence ébouriffée de brins de vie qui ondulent et s'entortillent de façon imprévisible...
Michèle Obadia-Blandin
Pour Michèle, l'écriture est une respiration. Oscillation essentielle. Indispensable. Vitale. Depuis plus de quinze ans, Michèle tricote ses écrits (romans, journaux, nouvelles, textes courts) sur une palette variant du rire aux larmes à tout petits points de mots en filigrane desquels se dessinent de précieux messages d'espoir.
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Frisottis de vie - Michèle Obadia-Blandin
« Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit.
C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. »
Christian Bobin -« La part manquante » (1989)
Table des matières
Prologue
Chapitre I - Pom, pom, pom, pooom…
Du rififi dans la bonbonnerie
Chapitre II - D-Day
Ad vitam ætern’âme
Chapitre III - Carpe (that fucking) diem
Autoportrait - Mimotte
Autoportrait - Mimiz
Chapitre IV - Un lundi au soleil
Troublant trou noir
Chapitre V - (In)Fini de rire
Au fil de l’eau
Chapitre VI - Photo nostalgie
À droite sur la photo…
Chapitre VII - Mots sur image
La rencontre
Chapitre VIII - Laisser flotter les rubans
Les malheurs d’Amélie
Chapitre IX - En attente
Ça m’dit
Chapitre X - Il était une voie…
Cocktail
Chapitre XI - 1, 2, 3 … Soleil ! (1ère partie)
Fractaludes
Chapitre XII - 1, 2, 3 … Soleil ! (2ème partie)
La première enquête d’Inspecteur La Puce
Chapitre XIII - 1, 2, 3 … Soleil ! (3ème partie)
Fugueuse
Pour de vrai ?
Chapitre XIV - Bobos à gogo
Reflux
Déménagement ?
Hypocondrie et autres foldingueries
Chapitre XV - Sans titre
Look, y es-tu ?
Chapitre XVI - Puturée de plastique !
Un fabuleux destin
Chapitre XVII - C’est la fête !
Étoile filante
Chapitre XVIII - Et maintenant ?
Être ou ne pas être… artiste ?
Chapitre XIX - Pénultième épisode
Comment se dire « Adieu ! » ?
Chapitre XX - À ciao !
Épilogue / Remerciements
Prologue
À l’instar des petites mèches que les frisotteuses (et frisotteurs) ne parviennent pas à discipliner, « Frisottis de vie » est un ouvrage rebelle qui n’entre dans aucune case prédéfinie. Si l’on peut affirmer que ce n’est pas un roman (fût-il épistolaire), on peut le classer dans une rubrique à la structure hybride s’apparentant à la fois au recueil (de nouvelles et textes de toutes longueurs) et au journal intime. Le quotidien spontanément distillé sur un mode fantaisiste est le liant autour duquel s’articulent les diverses propositions littéraires. Au fil des pensées et des réflexions qui assurent les transitions, un lien se tisse avec le lecteur régulièrement apostrophé et impliqué dans l’action.
L’éventail des genres abordés est si vaste qu’il est impossible d’en extraire un prépondérant. Le romantique y côtoie l’historique, le psychologique, le philosophique, le réaliste, le surréaliste, le policier, l’aventure, et même la science-fiction… Mais, contrairement aux recueils standards, il n’y a pas de thème fédérateur, hormis le partage de la beauté des mots.
Si la tonalité se veut résolument optimiste (vive la tendance feel good !), quelques notes plus sombres essaimées à faible dose transportent le lecteur dans des univers (réel et fictionnel) obscurs.
Tournez vite la page pour découvrir l’effervescence ébouriffée de tous ces brins de vie qui ondulent et s’entortillent de façon imprévisible…
Chapitre I - Pom, pom, pom, pooom…
(Ça commence !)
2 juin 2019,
Après plusieurs mois d’errance (d’air rance aussi) et d’oisiveté (celle qui enfanterait, selon l’adage, tous ces vices que je n’ai pas… ou si peu), ce matin j’ai décidé de remettre « le pied à l’encrier ». Non, ce n’est pas une faute de frappe ni une coquille dont je suis pourtant familière. C’est bien encrier, pas étrier. D’ailleurs, clavier et main (plutôt que pied) seraient plus appropriés pour se conformer à mon anatomie et à notre époque marquée d’un sceau 2.0. Mais, trêve de précision oiseuse, il est temps de démarrer…
Prom’nons-nous dans les bois, pendant qu’l’inconscient n’y est pas
Comme je fais souvent les « choses » à l’envers, j’ai envie de commencer par la fin. Histoire de pimenter ce premier chapitre. J’ai confiance. Vous comprendrez. « Vous », c’est tous (toutes) les ami(e)s-lecteur(trice)s qui et sauront lire en creux le relief de ces lignes.
(Petite parenthèse. Je trouve toutes ces parenthèses bien compliquées à gérer et indigestes à décrypter. Pour faire simple, je vais englober l'ensemble de celles et ceux qui ont envie de poursuivre les ondulations de mes frisottis de vie sous un seul vocable et adopter le tutoiement pour un ami-lecteur générique que je baptise : « Amiz ». Fin de la parenthèse.)
Là, je te vois, Amiz. Du moins, je t’imagine. Déjà, tu vogues sur les flots de mots qui défilent (et se défoulent) sous tes yeux que j’aime croire éblouis. Peut-être étonnés. Ou simplement, juste ouverts. D’avance merci de m’accueillir dans un coin de ta vie.
Je disais donc que j’allais commencer par la fin. Ah oui, j’ai tendance à me répéter ! Tu le constateras et pas qu’une fois ! Le privilège de l’âge, sans doute. Ne m’en veux pas, si je radote. C’est pour me rassurer… Entre autres.
Je lui avais écrit cette lettre en guise d’Adieu. Il y a presque un an…
« Pour toi, Martine…
Tu avais créé les « mots nomades ». Voici donc ceux que je te confie pour les transporter vers l’au-delà. D’ailleurs, si tu croises le « Bon Dieu », dis-lui de ma part, qu’il pourrait, de temps en temps, réviser la signification de l’adjectif « bon » ! Surtout vis-à-vis de toi qui as payé un lourd tribut sur cette Terre. Je sais que tu étais forte… et fragile à la fois. À l’image de l’expression « une main de fer dans un gant de velours », tu avais une âme de fer dans un corps de velours ; ou bien était-ce l’inverse ?
Tu dois bien te marrer là-haut. Du moins, je l’espère. La fameuse « finitude » dont tu parlais parfois, tu la connais maintenant. Et tu ne peux même pas nous éclairer sur l’effet que « ça » fait d’être sur cette ligne d’arrivée (qui se confond avec celle de/du départ).
Mimi tout sucre, comme tu m’appelais affectueusement, ne t’oubliera pas. Sois-en sûre, Tina !
Tu m’as aidée à dénouer certains de mes nœuds intérieurs grâce aux mots que j’ai pu poser avec toi. Grâce à toi.
Où que tu sois à présent, Martine, sois en paix.
Pour adoucir ton dernier voyage, je t’offre une ultime bonbonnière de mots sucrés.
So long, Tina ! So long !... »
Je garde un souvenir ému des ateliers d’écriture animés par Martine… Pendant plusieurs années, je suis allée tous les quinze jours à Antibes, au « Trans’Art Café ». C’était de chouettes samedis après-midi après un déjeuner soleil à la terrasse de « l’Appart’thé ». Nous grignotions de délicieuses quiches maison et des salades chez Jacques et Marie. Et nous riions. Nous riions… avant d’écrire et de rire encore et encore…
À ce propos, lors d’un atelier, Martine avait demandé d’écrire une histoire dans laquelle un marchand de sable semait la zizanie dans une forêt de bonbons… Je m’étais littéralement « éclatée ». Jubilatoire, à souhait. Je dirais même jouissif. Création à l’état pur (sucre, évidemment), sans aucune contrainte par rapport au monde réel. Quel plaisir cela a été de déambuler dans cette forêt confite de « sucreri(r)es » ! L’ébauche croquée en atelier s’est ensuite étoffée en conte-nouvelle. Et, au risque de provoquer une overdose glycémique avec cette profusion de bonbons flingueurs, je te propose de savourer (sans modération aucune) « Du rififi dans la bonbonnerie ». Attention, dents sensibles s’abstenir…
Au plaisir de te retrouver bientôt, Amiz.
Mimi tout sucre en hommage (j’ai envie d’écrire femmage) à Tina bella…
PS 1 : Tiens, c’est la Sainte Blandine, aujourd’hui… Un prénom dont on m’a souvent affublée, vu mon patronyme. Dois-je y voir un signe ? Il paraît qu’il n’y a pas de hasard, n’est-ce pas Monsieur Éluard¹ ?
PS 2 : Après réflexion, tu peux rayer la phrase : « Prom’nons-nous dans les bois, pendant qu’l’inconscient n’y est pas. ». Le facétieux croyait déambuler incognito avec d’épaisses lunettes fumées sur le chemin de mes pensées, mais je ne suis pas dupe. C’est bien lui, et lui seul, qui a guidé ma main et mes propos. Tout ça, à l’insu de mon plein gré. Grrr !!!
¹ Extrait de la citation : « Il n’y pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » - Paul Éluard.
Du rififi dans la bonbonnerie
Depuis plusieurs jours, il se passe de curieuses choses à « Glück-Oz », la célèbre bourgade gourmande située aux confins de la sylve helvétique. Tagada, le gardien de la forêt de « Friandiz », ne sait plus à quel Saint de Sucre se vouer pour enrayer la malédiction qui frappe le bocage. En désespoir de cause, il s’est résigné à demander l’aide de Nimbo, le policier des nuages. Ce dernier, descendu en T.G.V. (Tricycle à Grains de Vapeur) de son cirrostratus, vient tout juste de se poser à l’orée du bosquet.
– Ola Tagada ! Comment vas-tu ? J’ai ouï que tu m’avais mandé.
– Oh, oh, oh, Nimbo, tu tombes à point. Il était temps. On a dû t’expliquer que depuis près d’une semaine, les bizarreries se multiplient dans ma forêt de bonbons. Eh bien figure-toi qu’aujourd’hui, c’est le pompon !…
– Oh lalalala, tu m’intrigues, Tagada ! Y aurait-il de la braconnerie par ici ?
– Que nenni, que nenni, Nimbo ! Nul ne grappille ni ne vole dans ma bonbonneraie. Toutefois, chaque matin je constate que mes caramels ont le tronc mou. Pour un peu, on les confondrait avec leurs clones Carambars de Zanzibar. Et je ne te raconte pas les branches effilées des réglisses Haribo qui glissent et s’entortillent autour des souches caoutchouteuses, les irisations grisées des bourgeons de berlingots, les cocos qui perdent leurs boules de poudre, la myriade de « M&M » graffités au vesou aérosol sur l’écorce de l’arbre à Smarties, la sève décatie des sucres candis dépossédés de toute candeur, le décollement des corolles décolorées des Ricolas las de caracoler, la frondaison tardive des Lajaunie qui n’assurent plus un cachou, les rameaux résineux des Cambraiseux qui bêtisent à qui mieux mieux, les pommes des Pins de sucre qui partent en sucettes, comme ces blancs-becs de Bonbecs aux pétioles tout secs. Même ce faux jeton d’Asparte perd peu à peu son âme. Et ce matin, c’est encore pire… J’ai découvert les pastilles des essences médicinales : Valdérables, Pullmaulnes, Euphonilles, Drilleuls, Stop-Touchênes, gélifiées, racornies, endormies. On dirait que les pauvrettes ont été hypnotisées ou ensorce…
– Stop ! Je t’arrête Tagada ! Cela me paraît déjà suffisamment grave sans en rajouter. Pour ne rien te cacher, je n’ai encore jamais rien vu ni entendu de tel dans les nimbes de mon commissaciel. Tu as une idée de ce qui pourrait avoir engendré ces inquiétantes mutations ?
– Sucrebleu, je n’en sais rien ! Je t’assure que je n’en sais sucrément rien. C’est pour cela que je t’ai fait dépêcher, Nimbo. Et je t’affirme que je souffre de voir les gousses de mes Mentos se fendiller, les feuilles de mes chewing-gums collées sens dessus dessous comme si elles avaient dansé un twist chlorophyllé ou, pire encore, flirté avec d’épais Malabars gras et roses, au goût douteux. Et je te tais le dégoût que m’inspirent la pathétique sécheresse des racines de loukoums halvanisés, l’affligeant dégoulinement des coquilles percées de Mistral Gagnants, l’inquiétante fusion des barres chocolatées au cœur enrichi, qui fument et se gondolent au bout des ramilles de Toblerone, Mars, Nuts, Kinder, Snickers, Kit-Kat, Bounty, Nougatti, Twix, Crunch, Milky way…
– Assez Tagada ! Assez ! Tu me donnes le tournis avec ta logorrhée.
Sur ces mots, la généreuse moustache laiteuse de Nimbo s’obscurcit. Le policier des nuages semble sceptique. Ses sourcils s’arquent en accents cumuloflexes, son ventre rond enfle démesurément avant qu’une fine pluie de mots ne déverse le fruit de sa réflexion :
– Or donc si je résume : il y a du rififi dans ta bonbonnerie où tout part à vau-l’eau, n’est-ce pas Tagada ? Mais es-tu sûr de ne pas être victime d’hallucinations ? Tu n’aurais pas, par hasard, abusé de ta mixture mitée mi-café, mi-pavot ?
– Meuh non, Nimbo ! Je t’affirme que ce matin mon petit-déjeuner était tout à fait conventionnel. Je n’ai sucé que quelques pastilles à l’anis trempées dans une infusion de Michoko-Pimousse. Pas assez fraîche ni onctueuse d’ailleurs, cette bougresse de décoction ! Encore un coup de la Pie qui chante, ça…
– Taratata Tagada ! Ta pie ne chante pas du tout. Moi, je crois plutôt que tu fais une overdose de sucréfiants. Allez ramène ta fraise… et souffle dans l’édulco-test pour vérifier ton état d’églyiété. En fonction des résultats, je me verrai dans l’obligation de retirer la saveur sucrée sur ton permis à goûts. Tu comprends ce que ça signifie ?
Face à la mine hébétée de Tagada manifestement abattu, Nimbo poursuit :
– Tu ne pourras plus consommer de sucre, vrai ou faux, sous quelque forme que ce soit : morceaux, poudre, cristal, glace, semoule, cassonade, vergeoise, confitures, gâteaux, chocolat, crèmes glacées, entremets et bien sûr bonbons ! En attendant, je prends les devants et te passe les menottes…
– Oh non Nimbo ! C’est trop cruel ! Pas les menottes. Pas les menottes… ou alors les nutellarisées qui fondent sur les paumes ou bien les pralinées feuilletées qui se détachent plus facilement…
– Tu es décidément un incorrigible accro, Tagada !
– Oui… je l’avoue. Et la perspective d’être privé de mes secrets plaisirs sucrés m’est absolument insupportable. Alors…
– Alors quoi ? s’impatiente Nimbo.
– Je ne voulais pas t’en faire part, car je craignais que tu ne me crusses point, mais je vais tout de même te le dire.
– Qu’est-ce donc de si extraordinaire que je n’eusse pu croire ?
– Eh bien, la nuit dernière, j’ai aperçu un intrus dans ma forêt.
– Ah oui vraiment ? C’est tout ce que tu as trouvé à inventer pour te défiler, Tagada ?
– Non, Nimbo ! Non ! Je t’assure que je l’ai vu, de