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Un parfum d'éternité
Un parfum d'éternité
Un parfum d'éternité
Ebook249 pages3 hours

Un parfum d'éternité

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About this ebook

Dylan Paris est issu de la classe ouvrière et vient de l'état de Géorgie. Alors qu’il avait, pendant un temps, abandonné le lycée avant de reprendre ses études, Dylan ne comprend pas comment il a pu être sélectionné pour un programme d’échange de six semaines en Israël.

Alex Thompson est la fille d'un riche ambassadeur américain mondain de San Francisco. Elle se bat contre les interdits et la voie toute tracée imposés par ses parents. Ces semaines loin de chez elles sont l'occasion idéale de réfléchir à ce qu’elle veut vraiment faire de sa vie.

Ce qui est sûr, c’est que la dernière chose qu'ils désirent ou dont ils ont besoin tous les deux, c’est de tomber amoureux. 

La saga des sœurs Thompson 

Un parfum d’éternité est un court roman de la saga des sœurs Thompson et peut être lu indépendamment des autres. La saga se compose, par ordre chronologique de l'histoire, de :

Les sœurs Thompson 

* Une chanson pour Julia - 2002 

* N’oublie pas de respirer - 2012 

* La dernière heure - 2013 

Les sœurs Thompson - Le péril de Rachel 

* Girl of Lies - 2014 

* Girl of Rage - 2014 

* Girl of Vengeance - 2014

* Étoiles filantes - 2003 

* Un parfum d’éternité - 2007 

LanguageFrançais
PublisherBadPress
Release dateSep 14, 2019
ISBN9781071510148
Un parfum d'éternité
Author

Charles Sheehan-Miles

Charles Sheehan-Miles has been a soldier, computer programmer, short-order cook and non-profit executive. He is the author of several books, including the indie bestsellers Just Remember to Breathe and Republic: A Novel of America's Future.

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    Book preview

    Un parfum d'éternité - Charles Sheehan-Miles

    Chapitre un

    Jamais de politique au premier rendez-vous (Dylan)

    L

    a femme du guichet a les cheveux coupés au niveau du menton, longs sur l’avant et courts sur l’arrière. Ils sont teints, couleur bronze, et je ne saurais dire son âge ni la décrire car son maquillage est aussi épais que du mélaminé sur un aggloméré bon marché. Ses paupières, recouvertes d’un fard bleu pailleté, papillotent tandis qu’elle parle à un homme derrière le comptoir. Il ne porte aucun uniforme de compagnie aérienne et le but de sa présence semble uniquement lié à cette femme.

    — Excusez-moi, tenté-je.

    Elle m’ignore et continue à mastiquer son chewing-gum.

    J’accorde généralement le bénéfice du doute à mon prochain. Mais si c’est là, la façon dont on se conduit à New York, je préfère rentrer tout de suite dans le sud.

    S’il vous plaît, Mademoiselle ?

    Je fais de mon mieux pour contenir mon irritation. Je n’arrive pas à pousser jusqu’à Veuillez m’excuser, Madame, mais ma mère désapprouverait. Elle m’a toujours conseillé de conserver mes bonnes manières, même si c’était la fin du monde.

    — Quoi ?

    Le regard qu’elle me lance est tout sauf engageant. Est-ce mon accent du sud ? Ou parce que je suis adolescent ? Ou est-elle juste impolie ? Qui sait ? Impossible à dire. Mais ce que je sais, c’est qu’elle m’exaspère.

    — J’étais sur le vol 658, avec mes amis, expliqué-je en désignant d’un geste les autres membres de la délégation d’Atlanta, nous n’avons trouvé aucun de nos sacs sur le tapis à bagages.

    Elle me jette un bref regard méprisant, puis décroche son téléphone et compose un numéro.

    — Ouais, Gary ? Ici Bethany, au terminal 4. Ouais, c’est moi. J’ai des adolescents ici, ils disent que leurs bagages ne sont pas arrivés en provenance du vol 658.

    Elle marque un temps d’arrêt et incline la tête.

    — Mmm... ah, ah bon ... Ouais ? Eh bien, c’est bien dommage. D’accord.

    Cette conversation n’augure rien de bon. Elle raccroche. Il est clair qu’elle préfère flirter avec l’homme en civil, faire des mots croisés, ou à peu près n’importe quoi d’autre plutôt que de parler avec moi.

    « Désolée, mais la sécurité a détourné des bagages à Hartsfield.

    Elle ne prononce pas le -r- de Hartsfield, mais le prononce Hahhtsfield. Elle poursuit.

    « Vous devriez les recevoir d’ici un jour ou deux. Remplissez ces documents et remettez-les au responsable de la Sécurité des Transports. Je l’appellerai.

    Elle s’empare déjà des papiers. Beaucoup de papiers.

    Quarante minutes plus tard — sans bagages — nous rejoignons les élèves des autres groupes. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec les différents membres de mon groupe, hormis Tameka. Elle vit à Virginia Highlands, un quartier du nord-est d’Atlanta et fréquente le lycée Grady High School. Elle est en classe de première et s’implique beaucoup dans le sport et les études. C’est leur cas à toutes. Il y a quelques semaines, nous avons tous les cinq dû assister à un dîner au cours duquel nous nous sommes brièvement présentés ; ces quatre filles sont toutes d’excellentes élèves dans leur lycée. Je ne me sens pas du tout à ma place car il y a un an, j’avais abandonné le lycée et je ne comprends toujours pas comment j’ai été autorisé à participer à ce voyage.

    Alors que nous atteignons la zone des transports terrestres, près du tapis à bagages, j’aperçois une femme agitant une grande pancarte : Programme d’échange du Conseil des écoles des grandes villes. Elle est de taille moyenne, cheveux blonds coupés relativement court avec une frange. Je lui donne environ trente-cinq ans. Elle nous fait signe lorsqu’elle nous voit arriver. Je grimace : cette partie de l’aéroport sent légèrement l’urine et le tabac froid.

    Un groupe d’une douzaine d’adolescents se tient en demi-cercle autour de la femme à la pancarte. Un flot de passagers harassés et las se déverse continuellement. Une fille se tient un peu à l’écart, à gauche du groupe et parle dans ce qui semble être un iPhone. Je n’en avais encore jamais vu ; ils sont sortis il y a quelques mois et personne dans mon entourage ne peut se payer un jouet comme ça. Ses sacs jonchent le sol et elle semble peinée. Ce qui attire mon attention, ce sont ses longs cheveux bruns somptueux, sa peau légèrement mâte et la façon dont son pull épouse parfaitement le haut de son corps.

    « Non, maman. On n’a même pas encore quitté l’aéroport. » Silence, puis la fille lève les yeux, et me lance un regard de ses yeux vert profond. « Bien sûr. Oui. Oui. Je le ferai. D’accord. »

    Un pli se forme au centre de son front à mesure que ses sourcils se rapprochent. « Non, je ne pense pas que j’aurai l’occasion de voir Carrie, nous avons un emploi du temps assez chargé avant de partir pour Tel Aviv. Mais je l’appellerai si je trouve un moment. »

    Lorsqu’elle tourne les yeux vers moi, je détourne rapidement le regard. Puis, je manque faire un bond en entendant quelqu’un me chuchoter tout près de mon oreille.

    — Bon sang, elle est canon, hein ?

    J’esquisse un mouvement de recul. Mon interlocuteur a les cheveux bruns bouclés. C’est la caricature de l’adolescent. La taille d’un joueur de basket mais avec des bras et des jambes qui ressemblent davantage à ceux d’un bonhomme bâton qu’à ceux d’un humain ; il est squelettique. Je ne suis pas vraiment au courant de la dernière mode, même si beaucoup de mes camarades de classe à la maison le sont ; le fait d’être sans abri, même sur une courte période, vous permet de ne pas jouer les difficiles question vêtements. Mais ce gamin n’a manifestement jamais manqué un repas et il arbore fièrement logos et marques.

    Je le déteste instantanément, puis je me ressaisis. Je suis ici pour apprendre, pas pour juger les autres. Je sais qu’il ne faut pas juger les gens uniquement sur leur apparence.

    — Oui, je murmure, cette fille est beaucoup trop bien pour moi.

    — Je m’appelle Mike, se présente-t-il, de Chicago.

    — Dylan. Atlanta.

    — Oh, ouais ? Sudiste, hein ?

    — Cent pour cent.

    Il est sérieux ?

    Il me regarde et demande :

    — T’es de quel parti ?

    — Quoi ?

    — Tu sais, démocrate, républicain ?

    Je renâcle.

    — Je ne parle jamais politique au premier rendez-vous.

    Il glousse.

    « OK », commence la femme, tentant de hausser la voix pour couvrir le bruit des voyageurs, du terminal et des annonces. « Je m’appelle Marie Simpson ; je serai l’une de vos responsables au cours des prochaines semaines. Je vais faire l’appel. Nous avons les groupes de Chicago, San Francisco et Atlanta, c’est bien ça ?

    Elle commence à lire les noms, en commençant par les élèves d’Atlanta. Tameka est la première, puis deux des autres filles, et enfin moi. Quelques minutes plus tard, après avoir obtenu les noms des cinq étudiants de Chicago, elle passe au groupe de San Francisco ; ils sont cinq.

    Le groupe de San Francisco compte quatre filles, notamment celle que j’ai essayé de ne pas trop dévisager. Le cinquième élève du groupe a l’air vaguement asiatique ou originaire des îles du Pacifique. Puis elle répond à son nom que j’entends pour la toute première fois.

    Alexandra Thompson.

    Que pourrait-il m’arriver ? (Alex)

    Vous pourriez penser que dire à ma mère que j’avais un emploi du temps chargé à New York et que je ne pensais pas avoir le temps de passer voir Carrie mettrait un terme à la discussion. Vous pourriez également imaginer que ma mère m’écouterait vraiment. Ou qu’elle pourrait bien se figurer que j’ai d’autres choses à faire pendant ce voyage que de courir voir Carrie. Vous pourriez croire que rester chez Carrie trois jours, à la fin du voyage, suffirait.

    Vous vous trompez.

    Ma mère appelle, toujours, toujours, au mauvais moment. Ou dit toujours ce qu’il ne faut pas. Ou alors, elle s’implique trop et d’une façon qui m’est absolument incompréhensible. Et aujourd’hui ne fait pas exception. Je suis là, à écouter ce qu’elle raconte (il ne s’agit pas d’une conversation ; elle parle, je l’écoute). Encore et encore. Comment me comporter pendant mon séjour à New York, puis lorsque j’arriverai à Tel Aviv. M’habiller de façon classique. Tout ce que je fais se répercutera sur mon père. Liste de ce à quoi il faut faire attention. Bla bla bla.

    Pendant qu’elle parle, je ne cesse d’observer ce garçon du coin de l’œil. Il est de taille moyenne et a les cheveux un peu longs, châtains et en pagaille, pas les coupes de cheveux nettes et soignées de la plupart des garçons que je connais. Il ne semble pas se soucier le moins du monde de la mode, contrairement au garçon bêtement manucuré qui se tient à côté de lui avec sa chemise Hollister déboutonnée si soigneusement. Non, lui, porte un t-shirt gris, un jean et une paire de bottes de travail qui a apparemment déjà bien servi. Il porte un sac à dos en toile et dans sa main droite, un étui à guitare.

    J’essaie de le regarder sans qu’il s’en aperçoive ; pendant ce temps, la voix de ma mère monte dans les aigus.

    — Maman, dis-je finalement. Je dois y aller. Je t’appelle demain, d’accord ?

    — Jeune demoiselle, tu m’appelles dès que tu seras installée dans ta chambre, ce soir. J’ai besoin de te savoir en sécurité.

    — Mais tout ira bien. Que pourrait-il m’arriver ?

    Elle ne répond pas, bien sûr. Soyons réalistes : ma mère pourrait évoquer mille raisons pour lesquelles je devrais rester à la maison, mille choses qui pourraient mal tourner. C’est un miracle qu’elle m’ait laissée partir en voyage. Depuis que Julia et Crank se sont mariés et que Carrie a annoncé qu’elle allait se spécialiser en biologie, maman et papa sont encore plus sur mon dos. Inutile de me plonger dans une fastidieuse sélection d’écoles. Je vais à Harvard (tout comme Julia et mon père), puis à l’École de droit et de diplomatie Fletcher (comme mon père) et direction les affaires étrangères, que cela me plaise ou non.

    Sauf que ça ne me plaît pas du tout.

    Parfois, j’envie mes sœurs aînées qui ont toutes deux trouvé la force de s’opposer à nos parents. Julia est même allée au-delà du cadre personnel et s’est intéressée à la politique — elle a publiquement soutenu la candidature de Barack Obama à la présidence — une démarche qui a fait beaucoup de vagues puisque notre père est conseiller auprès de John McCain. Lorsque Julia est arrivée en ville, il y a quelques semaines, et qu’elle est venue dîner, elle et mon père n’ont pas desserré les lèvres pendant tout le repas ; une situation qui a failli provoquer une crise de nerf chez ma mère. C’était énervant ; j’aime mes sœurs, mais parfois Julia prend tout l’oxygène de la pièce.

    Julia, Carrie et Andrea me manquent. Je reste seule avec les jumeaux à la maison la plupart du temps et parfois, c’est oppressant.

    Peu de temps après, je me retrouve seule, assise à regarder par la fenêtre alors que l’autobus quitte l’aéroport et se dirige vers le Lycée Hunter, où nous passerons les trois prochains jours. Le temps automnal ne revêt pas l’aspect glorieux et coloré des montagnes de la Californie du Nord ; non, ici, automne rime avec terne et gris. Le ciel se fait de plus en plus menaçant et cela convient parfaitement à mon humeur.

    Pendant tout le trajet, je ne peux oublier le garçon en t-shirt gris et en jean qui a pris place à l’avant de l’autobus de l’autre côté de l’allée en face de moi. J’ai entendu son nom tout à l’heure, pendant l’appel. Dylan Paris. C’est un nom curieux, mais les noms ne me parlent pas vraiment. Et il a l’air différent des autres... un peu plus âgé. Je veux savoir qui il est, mais il n’y a aucun moyen de se renseigner sans que cela ne devienne louche.

    Je me contente de regarder par la fenêtre et de penser à quel point ma mère s’est comportée bizarrement ces derniers jours et à quel point je suis soulagée de prendre de la distance pour quelques temps. Un camion rugit, son moteur diesel vibre dans la circulation dense qui l’entoure. Je peux sentir les gaz d’échappement et la fumée des cigarettes de fumeurs désespérés qui se blottissent sous les auvents, à l’abri de la pluie.

    Tous les autres passagers de l’autobus se sont regroupés et discutent pendant le trajet qui nous relie à New York. Mais Dylan Paris reste tranquillement assis à regarder par la fenêtre. Mais qui est-il ?

    Chapitre Deux

    Maman a arrêté son traitement (Alex)

    «A 

    lexandra ? » Marie Simpson, une des responsables, frappe et passe la tête dans l’encadrement de la porte.

    « Je préfère Alex, en fait. »

    Techniquement, ce n’est pas vrai. Toute ma vie on m’a appelée Alexandra. Mais quelque chose m’a poussée à me présenter à mes deux colocatrices hier soir, sous le diminutif d’Alex. C’est la première fois que je voyage sans ma famille, la première fois que je vais quelque part toute seule. D’une certaine manière, en me prénommant Alex, j’ai presque l’impression de devenir une autre personne. Alors, ce sera Alex.

    — Désolée, répond Mme Simpson. Alex. Bref, petit changement de plan. Tu n’auras pas à assister à la réception de ce soir.

    — Oh ?

    En fait, j’avais envie d’aller à la réception ; toute la journée, nous avons assisté à une série de conférences et, j’ai senti, à quelques occasions, le regard de ce garçon se poser sur moi. Mais nous n’avons pas eu l’occasion d’être présentés l’un à l’autre. « Si ça ne vous dérange pas, j’aimerais... » Je fais marche arrière, me rendant compte de l’absurdité de la chose. La réception a dû être annulée, parce qu’il n’y a pas de raison que je sois pointée du doigt...

    — À vrai dire, nous avons reçu un appel de ton père, me semble-t-il, l’ambassadeur Richard Thompson ?

    Je ferme les yeux, ressentant un mélange soudain de résignation et de colère.

    — Oui. C’est bien mon père.

    — Il était apparemment scandalisé que tu ne puisses voir ta sœur au cours de ton passage en ville.

    — J’adorerais voir ma sœur, mais je pensais qu’on n’aurait pas le temps.

    Elle fronce les sourcils, l’air légèrement désapprobateur.

    — Eh bien, maintenant tu as le temps.

    — Je n’ai rien demandé, Mme Simpson. Je n’ai demandé aucun traitement de faveur, lui dis-je en soupirant.

    — Bien. Ton père est ambassadeur des États-Unis. Il n’est pas concevable de le décevoir, n’est-ce pas ? répond-elle en arquant les sourcils.

    J’esquisse un sourire amer, remerciant Dieu que mes camarades de chambre n’aient pas été là pour entendre ça.

    — Bien sûr que non. On ne déçoit pas Richard Thompson.

    Le visage de Mme Simpson exprime de l’irritation à mes paroles sarcastiques.

    — J’ai cru comprendre que ta sœur était à l’Université de Columbia ? Ton père a dit que tu pourrais prendre un taxi ?

    — Je suppose.

    Et qu’en est-il de ma déception ?

    Je soupire. Qu’importe. Mme Simpson quitte la chambre et je me change, maussade. Vingt minutes plus tard, après avoir envoyé un message à Carrie pour les derniers détails, je suis à bord d’un taxi new-yorkais.

    J’arrive à Jewel Bako dans East Village avec quelques minutes d’avance. Je ne suis encore jamais venue ici, bien que j’aie rendu visite à Carrie à l’université à quelques reprises au cours des deux dernières années. Elle a choisi ce restaurant car il s’agit, selon elle, du meilleur restaurant de sushis de New York. Il fait déjà nuit, l’hiver approche, et une fine bruine tombe sur la ville, rendant les rues lisses et légèrement luisantes. Quelques devantures de magasins bordent la 5ème rue Est, mais ce pâté de maisons est surtout résidentiel. Il y a toutefois davantage de circulation et de bruit au croisement avec la 2nde Avenue. Mais quand j’entre dans le restaurant, le bruit s’estompe. Deux rangées de tables sont dressées le long des murs de la salle bien éclairée ; elle ressemble presque à un tunnel, en raison de la voûte en bambou qui part du plafond et redescend au niveau des clients. J’ouvre la fermeture éclair de mon imperméable et l’hôtesse s’approche de moi.

    « Deux personnes, pour dîner. Ma sœur a réservé. »

    Quand je lui indique le nom de Carrie, elle me place directement à une table dans l’angle du fond, juste en face du maître sushi. Elle doit faire partie des habitués. J’ai à peine le temps de m’installer que je la vois arriver.

    Carrie et moi n’avons absolument rien en commun, physiquement. Dépassant le 1,80 m, elle est magnifique, un véritable mannequin, fine et toujours séduisante, même quand elle s’habille de façon décontractée. Ce soir, elle porte un jeans, des bottes et un imperméable noir, mais elle donne l’impression de participer à un défilé de mode. À côté d’elle, je me sens totalement invisible.

    Je me lève et on se prend dans les bras. Elle me fait la bise, et pendant qu’on s’installe elle sort un paquet cadeau de son sac.

    « Joyeux anniversaire ! », me dit-elle.

    Je suis surprise. Je ne m’y attendais pas. Je souris et prends le paquet. A l’intérieur je découvre une écharpe grise en soie, parcourue d’un fil métallisé délicat. Comme je pouvais m’y attendre, le choix de Carrie est impeccable : ce foulard s’assortira parfaitement avec bon nombre de mes vêtements. Mon anniversaire n’est que dans une semaine mais je suis ravie qu’elle l’ait anticipé.

    — C’est tellement gentil de ta part.

    — Elle te plaît ?

    — Oui ! Merci beaucoup.

    — Oh, Alexandra, je suis tellement heureuse de te voir, ajoute-t-elle. J’ai l’impression que ça fait une éternité.

    J’acquiesce. Carrie vient juste de commencer ses études supérieures à Columbia et elle a

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