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L' AMOUR AU PREMIER VOL: Histoire vraie
L' AMOUR AU PREMIER VOL: Histoire vraie
L' AMOUR AU PREMIER VOL: Histoire vraie
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L' AMOUR AU PREMIER VOL: Histoire vraie

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About this ebook

« En apercevant mes parents devisant joyeusement, j’embrasse avec amour le
tableau attendrissant qu’ils forment, et tout à coup, me vient le désir impérieux de retenir, par la puissance des mots, l’essence de leur relation et de leur
passion pour l’aviation. »
C’est sous la mouvance de l’onde, au gré des marées, devant l’immensité de
cet océan, soumise au calme et à la fougue qu’il manifeste tour à tour que les
mots se sont alignés, inscrivant pour la postérité l’incroyable épopée aérienne
et romanesque des parents de l’auteure, tous deux jadis pilotes d’avion.
Dans sa plus grande partie, ce récit s’inspire largement de l’histoire vraie
d’un héros. Claude Laurin reçut en effet le trophée Robert Piché le 19 juin
2014, pour acte de bravoure dans l’exercice de ses fonctions de pilote d’avion.
Intronisé au Panthéon de l’Air et de l’Espace le 16 avril 2016, il est un des héros de l’aviation au Québec.
« Telle une révélation, un secret longtemps gardé, sans équivoque, l’image me frappe de plein fouet : le temps fuit et le souffle s’amenuise jusqu’à s’éteindre (...) Accablée par le cancer qui m’a sournoisement surprise à la fin de la quarantaine, je sors à peine de mes traitements tentant de vaincre
le “monstre” ».
Parallèlement à l’épopée glorieuse et amoureuse de ses parents, l’auteure
nous emmène dans son combat contre le cancer du sein, qui la frappe au
meilleur de sa vie, de sa beauté, de sa plénitude. La vérité parfois crue, la
douleur souvent insupportable n’entament pas la pugnacité de celle qui le porte.
Dans cette narration poignante de vérité, on entrevoit non seulement l’espoir
mais aussi une incroyable force, largement puisée dans le regard porté vers la
mer dont l’infini confère un grand pouvoir : celui du désir de vaincre.
LanguageFrançais
Release dateFeb 14, 2017
ISBN9782897262716
L' AMOUR AU PREMIER VOL: Histoire vraie
Author

Roxane Laurin

Deuxième roman de l’écrivaine Roxane Laurin qui se consacre à l’écriture à temps complet depuis le passage du cancer dans sa vie, en 2008. Aujourd’hui, retraitée de ses fonctions de vice-présidente d’une PME, l’auteure a été photographe, mannequin et comédienne.

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    L' AMOUR AU PREMIER VOL - Roxane Laurin

    PRÉFACE

    Lorsque Roxane m’a approché pour écrire la préface de son deuxième bouquin, « L’amour au premier vol », je n’ai pas hésité une seconde et pour cause : je connais très bien le commandant Claude Laurin pour avoir été un de ses collègues à l’époque de Québécair.

    Je dois dire que j’ai beaucoup de respect pour le commandant Laurin, car il fait partie du groupe sélect des précurseurs de l’aviation québécoise. Je dois avouer que sans ces as de la première heure, nous, les pilotes de l’ère moderne, n’exercerions sûrement pas notre métier de la même façon.

    Puis, un jour, nous nous sommes retrouvés lors d’un spectacle aérien à Saint-Georges de Beauce. En compagnie de son épouse Pauline Saint-Pierre, nous nous sommes rappelé notre expérience et nos aventures dans nos carrières respectives. Pauline a d’ailleurs immortalisé ce moment précieux en nous photographiant, Claude et moi.

    Quelque temps après, j’ai téléphoné à Claude pour lui demander s’il aimerait être le sujet d’une de mes chroniques pour la revue « La Semaine ». L’article en question relatait la rencontre de personnes ordinaires s’étant démarquées, par leur courage et leur habileté, en évitant une catastrophe annoncée. Sur mon livre, « Les héros sont parmi nous », il est écrit : « Des actes de bravoure extraordinaires accomplis par des gens ordinaires » ; cela traduit parfaitement cette réalité. Dans le cas qui concernait Claude, il s’agissait d’une situation qui lui est arrivée lors d’un vol de routine en 1979 à Sainte-Lucie, dans les Antilles, alors qu’il était commandant sur un Boeing 707 de la compagnie Québécair.

    C’est lors d’un souper, avec nos épouses que j’ai eu le privilège d’écouter Claude me raconter comment il avait vécu ledit événement et ce qu’il avait fait pour que son équipage, les passagers et lui s’en sortent indemnes.

    De plus, le 19 juin 2014, lors de la soirée de gala du Panthéon de l’Air et de l’Espace sous la gouverne de la Fondation Aérovision Québec, Claude fut élu récipiendaire du Trophée Robert Piché, remis à une personnalité qui s’est démarquée, d’une façon exceptionnelle dans l’exercice de ses fonctions de pilote. Il a aussi été intronisé au Panthéon de l’Air et de l’Espace, pour honorer l’ensemble de sa carrière, le 16 avril 2016.

    Merci à sa fille Roxane qui m’a donné, par cette préface, l’occasion de parler d’un modèle, souvent oublié, de ma génération ; qui a inspiré et donné espoir à plusieurs d’entre nous de devenir commandant de bord sur de gros transporteurs au niveau international. Et grâce à son exemple, plusieurs y sont parvenus !

    Robert Piché, commandant

    À maman et papa,

    Mes merveilleux parents,

    Des êtres d’exception.

    Ces « Amants de l’Air »,

    Dont l’éternel amour

    Rayonne sur tous ceux

    Qui croisent leur chemin…

    CHAPITRE 1

    Floride, la mer

    Je n’aurais jamais imaginé qu’une telle nouvelle, reçue il y a quelques mois, modifierait à ce point le regard que je pose sur la vie… sur ma vie. Le diagnostic du cancer du sein est tombé comme un couperet. Cette annonce me plonge dans la profondeur de mes questionnements les plus secrets et inavoués. Ma féminité en prend pour son grade. Au-delà de ma douleur, de mon incompréhension d’un tel coup du destin, de mon angoisse devant l’avenir, je regarde autour de moi et ma perception a changé. Je ne vois plus mon amoureux, mes parents, et tout ce qui m’entoure de la même manière. Une certaine intensité s’installe en moi d’un jour à l’autre et teinte ainsi ma compréhension de la vie.

    Depuis quelques jours, me voici avec mon mari et mes parents, de retour près de la mer, là où je trouve inlassablement réconfort apaisant et force incontestable de la nature. J’ai besoin, plus que jamais, que cette mer me berce et me chuchote à l’oreille que tout va bien.

    Floride, Deerfield Beach, en début d’automne, ne connaît généralement pas l’affluence de vacanciers que l’on retrouve au printemps et qui en fait un village de bord de mer joyeusement animé. Je regarde au-delà de la jetée… Quelques personnes seulement sont attablées sur les terrasses des restaurants. Cette tranquillité passagère sied à mon âme et à mon corps de convalescente.

    Bien des choses ont changé depuis le spectre de la maladie ! Je constate avec effroi que cela modifie notre vision des choses. Je dis « notre », car la maladie ne frappe pas seulement la personne qu’elle touche intimement ; elle foudroie aussi sa famille, ses amis, l’ensemble de ses proches. Dans notre cas – mon mari et moi – le diagnostic a, entre autres, modifié nos besoins et nos priorités.

    Tel un fil conducteur, mes réflexions me transportent vers ce qui m’anime, ce qui me touche passionnément : mes écrits. Je pense à ces livres que je rédige depuis l’adolescence et que je peaufine au fil du temps… Quelles sont mes chances d’être éditée ? Je me questionne davantage depuis ma conversation avec un écrivain que je côtoie lors de mes marches à la plage. Roy et moi sommes devenus amis, si bien qu’il m’a confié :

    — J’ai trois bouquins chez moi qui attendent d’être publiés. On m’a dit que la situation économique précaire remettait à plus tard leur édition. Pour moi, « plus tard » ne rime pas à grand-chose, car je ne sais même pas si dans deux ans, ma conjointe et moi conserverons notre condo donnant sur la mer. 

    Je suis au courant que sa compagne est malade, mais j’ignore tout du mal qui la ronge. Alors subtilement, je questionne.

    — Au fait, comment se porte-t-elle ?

    — Oh… Je la trouve très courageuse. Ça fait cinq ans qu’elle se bat contre le cancer du sein.

    — Eh bien, c’est ce qui m’arrive également…

    — Ah non ! Je suis désolé pour vous.

    Pendant un long moment, il s’intéresse avec empathie à ce que je vis. À mon cas, si je puis dire. Après lui avoir appris que le cancer qui m’assaille est de grade un et a, apparemment, bien réagi à la radiothérapie, je ne sais que dire de plus. Peut-être par fuite, je délaisse mes pensées qui tentent de s’accrocher à mon cas, et je récidive avec mes questions auxquelles il répond :

    — Lorsqu’elle a su, le cancer était partout. Il s’était attaqué à d’autres organes. La chimiothérapie, la radiothérapie et le tamoxifène l’ont prolongée jusqu’à aujourd’hui. Elle a de bonnes et de mauvaises journées. Pour elle, rien n’est gagné. Le combat continue.

    — Je vais prier pour elle. Je ne la connais pas, mais je suis de tout cœur avec elle.

    C’est pareil pour moi ; c’est une lutte perpétuelle. Ne vivons-nous pas tous sur du temps prêté ? La tumeur, qui demeure présente dans mon sein gauche parce que trop petite pour être biopsiée, est une menace réelle. Je choisis de demeurer positive, car je n’ai d’autres choix que d’apprendre à vivre avec cet intrus pour l’instant. Il s’impose à moi. Comme les pensées se bousculent dans ma tête ! Je scrute un instant les cieux sans équivoque. L’azur de la voûte céleste a l’insolence des jours heureux.

    Puis je pars arpenter la rive qui brille d’un camaïeu mordoré, or et ambré. À chacun de mes pas, j’imprègne furtivement le sable de mon empreinte. Le sentiment persistant de la fugacité de la vie martèle mon esprit. À mesure que je progresse dans ma randonnée sur la plage fracassée d’éclats de soleil, je m’interroge sur la précarité de l’existence, les valeurs, les changements et l’héritage qu’on laisse derrière soi.

    J’erre, l’esprit surnageant dans les eaux tumultueuses de mes pensées. En longeant le rivage de la côte est de la Floride, mes pieds léchés par les vagues agonisantes, mon regard se perd dans le lointain.

    Comme un renouveau exceptionnel, j’observe pour la énième fois cette jonction à la ligne d’horizon où l’œil, parfois, ne fait plus la différence entre le ciel et l’océan. L’équilibre dans le panorama sait faire basculer les doutes et produire une décharge d’énergie qui laisse croire que tout est possible et que les idées les plus folles peuvent mener du rêve à la réalité.

    C’est en approchant du lieu où nous avons ancré nos chaises, en apercevant mes parents devisant joyeusement que j’embrasse avec amour le tableau attendrissant qu’ils forment ; et tout à coup, que l’idée me vient. L’idée ? Non. Il s’agit davantage d’un impérieux désir de retenir, par la puissance des mots, l’essence de leur relation ainsi que de leur passion pour l’aviation.

    Telle une révélation, un secret longtemps gardé, sans équivoque, l’image me frappe de plein fouet : le temps fuit et le souffle s’amenuise jusqu’à s’éteindre. Je ne le sais que trop. Accablée par le cancer qui m’a sournoisement surprise à la fin de la quarantaine, je sors à peine de mes traitements, tentant de vaincre le « monstre ». Je désire ardemment gagner la partie contre cette présence qui m’est infligée. J’ai conscience que je ne peux capturer la vie, mais je choisis de l’étreindre avec impétuosité, créativité et passion afin de l’offrir, tel un legs, à mes semblables. Quelle plus belle manière d’éterniser la vie sur terre que par l’art, particulièrement par les mots !

    C’est décidé ! C’est sous la mouvance de l’onde, au gré des marées que l’inspiration me viendra, que les mots s’aligneront, inscrivant, pour la postérité, l’incroyable épopée aérienne et romanesque de mes parents, tous deux jadis, pilotes d’avion.

    Ces authentiques pionniers de l’aviation au Québec, ces faucheurs de marguerites ont vu leur amour traverser les âges. Rencontrés à l’enfance, découverts à l’adolescence et retrouvés à l’âge adulte, c’est grâce à leur commune passion pour survoler les grands espaces que leur relation a véritablement pris son envol.

    C’est abreuvée d’immensité, nourrie d’infini, transportée par ma muse, la mer, que je plongerai dans l’océan des souvenirs de Pauline et Claude.

    Le sable s’écoule dans le sablier des jours déjà comptés… Le passé revit entre la réalité du quotidien, comme une bouteille issue de la mer, échouée sur le rivage pour livrer au monde son message. Il n’en tient qu’à moi de retenir le temps perdu, de souffler dessus pour lui redonner sa jeunesse dorée. Ce que je m’apprête à faire.

    Est-ce pour oublier « l’intrus » à l’intérieur de moi que je me lance dans un projet d’écriture où l’amour charnel et professionnel de mes parents fusionne en une passion commune qui m’habitera pour les prochains mois à venir ? Ai-je besoin de retourner à la source de ma vie, de mon souffle pour convaincre le « monstre » que je suis délibérément vivante et que je le resterai ? Quoi qu’il en soit, ai-je besoin d’une raison pour immortaliser une histoire d’amour digne d’un film ?

    Dès le lendemain matin, aussitôt assise à la plage avec mon père, plume et bloc-notes à la main, une première question s’impose :

    — Papa, de quelle manière as-tu découvert ta passion pour l’aviation ? 

    Il plonge ses grands yeux tendres dans les miens, puis détourne son regard vers l’horizon devenu lointain, d’où il semble soustraire les mots.

    ***

    « Mes parents m’avaient emmené chez un photographe professionnel, j’avais cinq ans. Pour la pose, on m’avait mis entre les mains un avion de type Beach-18. La photo prise pour la postérité, on a voulu me l’enlever pour me photographier avec un autre objet. Mais j’ai catégoriquement refusé. Il n’en était absolument pas question. Je ne voulais plus m’en séparer. Je me rappelle avoir imposé avec détermination : « C’est avec un avion et rien d’autre que je veux des photos ! »

    Et tu sais quoi, ma fille ? Ce qui est extraordinaire, c’est que c’est exactement sur ce même type d’avion à deux moteurs que j’ai volé en étant embauché comme pilote de ligne, à l’âge de vingt et un ans. C’est tout de même incroyable de constater que ma carrière dans l’aviation se préparait donc déjà à cinq ans, n’est-ce pas ? D’ailleurs, enfant, je passais mes étés à L’Ancienne-Lorette, très proche de l’aéroport. J’étais aimanté par ce lieu. La guerre commençait en Europe et à cette époque, l’aéroport servait seulement pour la formation des navigateurs d’avions miliaires. Une fois leur entraînement terminé, on les envoyait en Angleterre faire la guerre. Malgré mon jeune âge, j’enfourchais mon vélo et je me rendais seul à l’aéroport. Je m’installais près de la clôture de barbelés afin de voir décoller et atterrir les avions militaires de type Anson, qu’on utilisait pour l’entraînement.

    Un jour où j’avais eu vent que des dirigeants de pays arriveraient à l’aéroport, trois copains et moi avons enfourché nos bicyclettes et sommes partis à toute vitesse pour ne pas les rater.

    Je me rappelle même avoir vu se poser trois avions de type Hudson, avec à bord le premier ministre de Grande-Bretagne, monsieur Winston Churchill, ainsi que le président américain, monsieur Franklin Delano Roosevelt. Ils venaient à Québec pour assister à une rencontre extraordinaire au Château Frontenac, afin de discuter et de prendre des décisions concernant la fin de la guerre. C’était pour moi, un événement mémorable ! Pour cette conférence « particulière », la ville avait pour ainsi dire été prise en otage. Des mesures exceptionnelles avaient été adoptées pour assurer la sécurité de ces illustres hommes d’État. On avait disposé des batteries antiaériennes à des endroits stratégiques tels que la Citadelle et les plaines d’Abraham.

    Mes camarades et moi étions postés entre la clôture et la piste, dans le foin, pensant que la tour de contrôle ne pouvait nous voir. C’était trop beau pour être vrai. Nous avions été repérés. Comme il s’agissait d’un aéroport militaire – donc interdit d’accès sans autorisation formelle – un camion de pompiers s’est mis à notre poursuite. Nous avons réussi à nous enfuir malgré des policiers militaires installés dans des guérites. Tout un exploit et quelle aventure pour des jeunes !

    Le célèbre hôtel avait été hautement sécurisé et totalement fermé aux clients. Une véritable omerta régnait ! On avait muselé les médias. Un étrange et inquiétant climat s’installait, alimenté par une multitude de rumeurs. L’une d’elles laissait présager une nouvelle vocation au Château Frontenac : hôpital militarisé afin de soigner les soldats canadiens qui s’étaient vaillamment battus au front, en Italie. Une aura de secret et d’interdit planait sur Québec, devenue le foyer de décisions au sommet, entre les armées anglaises et américaines. On balayait le ciel de projecteurs en quête d’attaques ennemies. La ville se préparait à toutes les pires éventualités.

    Durant de nombreux jours, l’aérodrome de L’Ancienne-Lorette était devenu le siège d’avions alliés qui avaient reçu pour mission de surveiller l’espace aérien… Les consignes et la censure interdisaient absolument toute divulgation d’informations. Pourtant, crois-moi, il y avait tant de journalistes dépêchés sur place que l’hôtel Clarendon avait été réquisitionné pour les héberger. Il s’agissait de la première Conférence de Québec. Afin de protéger notre premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King, il devait résider au Château Frontenac avec les autres illustres représentants de pays. Des pages de notre histoire s’écrivaient… »

    ***

    Sur ce début de phrase, mon père regarde sa montre et je comprends qu’il est temps de rentrer. Comme un voleur, le temps file à vive allure, c’est le seul qu’on ne peut retenir. Je range crayons et papiers et nous quittons notre oasis de quiétude.

    Tout en marchant, mon âme de sirène ne peut s’empêcher de songer que… comme patinés par l’eau, amoureusement polis par le sable, à chaque passage du temps, les souvenirs surgissent rajeunis, lissés, comme si hier était aujourd’hui. Étrange paradoxe… après avoir remué tant d’incertitudes et d’inquiétudes dont le temps ne semble pas avoir altéré la mémoire.

    C’est ainsi que débute une saga épique sur la vie d’un véritable héros de l’aviation et d’une des premières femmes pilotes au Québec.

    Depuis quelques jours, la Floride est sous la pluie… encore aujourd’hui. Je trouve le moyen d’apprécier ces moments sans soleil à l’extérieur. Quant à moi, je continue de griller de l’intérieur. Les traitements de radiothérapie auxquels j’ai été soumise durant cinq semaines – il y a de cela deux mois – continuent d’agir, de vivre en moi. Comment me soustraire à ma réalité ? Comment oublier « l’intrus » qui vit à l’intérieur de mon corps tentant de dévorer mon sein droit dont la couleur du mamelon évolue d’une semaine à l’autre pour prendre aujourd’hui la teinte d’un vert olive. J’ai la nette impression qu’on gratte de l’intérieur ce symbole de la féminité ; je le sens lourd, en plus de la souffrance qui m’accable et accapare jalousement mon attention et ma concentration, bien malgré moi.

    Étrange la synchronicité tout de même. Telle une rencontre non préméditée, nous voici en plein mois dédié au cancer du sein. Je ne peux m’empêcher de penser au syndrome de la femme enceinte qui, une fois dans cet état, ne voit que des femmes enceintes. Si je n’avais pas reçu ce diagnostic, aurais-je remarqué sur le boulevard Hillsboro, en me rendant à la mer, apposés sur la devanture d’un édifice, trois immenses rubans roses ? Partout, il est rappelé que cette maladie frappe de plus en plus de femmes. Serais-je aussi sensible à cette

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