FÉMINICIDES QUAND L’ESPAGNE DIT STOP !
Elle est arrivée la mine défaite. Mais, à la barre, elle s’anime, brandit son portable. C’est l’unique preuve dont elle dispose pour témoigner de son cauchemar. Depuis février, son ex-conjoint n’a plus le droit de l’approcher. « Le 4 août, il est monté dans le bus, arrachant mon sac et mon portable », dit-elle, encore secouée. Elle reprend son souffle : « Le 13 septembre, il menaçait par texto de me couper les bras et les jambes. » Puis la voix tremblante : « Avant-hier, c’était cette vidéo, avec cette main qui agite un pistolet, qu’il envoyait depuis le portable de sa mère. » Derrière son pupitre et sous le portrait du roi Felipe d’Espagne, monsieur le juge l’écoute, attentif. S’il l’a convoquée sans attendre, c’est parce qu’en Espagne on ne plaisante pas avec ce genre de menaces. A côté de lui, la procureure, tout aussi préoccupée : « Pourquoi ne l’avez-vous pas dénoncé avant ? » La jeune brune, exténuée : « J’avais peur ! Il m’avait promis : “Si tu ne dis rien, je ne te ferai rien.” » Le visage de la fonctionnaire s’assombrit : « Avez-vous des enfants en commun ? » « Une fille mais il n’a pas le droit de garde », répond-elle. Pour le juge, Alejandro José Galan Rodriguez, c’est tout vu : il lui propose la mise en place sur-le-champ d’un dispositif électronique. Elle accepte, soulagée.
après le dépôt d’une plainte, le juge a entre quarante-huit et soixante-douze heures pour monter le dossier. Si les preuves sont satisfaisantes, il peut rendre son jugement dans la foulée. Ou dans un délai de quinze jours s’il estime que l’enquête n’est pas terminée. Nous sommes ici au tribunal des violences contre les femmes, une cour spéciale, comme il en existe 105 autres dans le pays. « Nous avons des compétences civiles et pénales, un peu comme vos
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