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Monde 1:2
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Monde 1:2

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About this ebook

Entre nouvelles quêtes, nouveaux trésors, Nouveaux pouvoirs et nouvelles potions, DreamCraft devient plus qu’un jeu; Des compétitions internationales s’organisent, Des rivalités s’intensifient, des amitiés se renforcent, Et surtout, des trahisons laissent des traces…

Bonne nuit, et bonne partie!
LanguageFrançais
PublisherÉditions AdA
Release dateApr 17, 2020
ISBN9782898035241
Monde 1:2
Author

L.P. Sicard

LOUIS-PIER SICARD est un écrivain québécois né en 1991. Après avoir remporté plusieurs prix littéraires, tels que le concours international de poésie de Paris à deux reprises, L.P. Sicard publie sa première série fantastique en 2016, dont le premier tome se mérite la même année le Grand prix jeunesse des univers parallèles. Outre la parution d’une réécriture de Blanche Neige, en 2017, il publie également la trilogie Malragon, aux éditions ADA.

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    Monde 1:2 - L.P. Sicard

    jC843/.6—dc23

    PREMIÈRE PARTIE

    CHAPITRE 1

    Quand je pense que je n’ai joué que deux fois à DreamCraft jusqu’à présent, un sentiment étrange s’empare de moi. Deux fois seulement ! Pourtant, ce jeu m’habite à un point tel qu’il me donne l’impression d’y avoir joué des années durant.

    Inutile de le cacher : je suis accro. Mais contrairement à ce que pourraient croire mes parents, être accro à ce jeu ne nuit pas à mes études ; en fait, j’ai tellement hâte de replonger dans l’univers de DreamCraft que je finis mes devoirs à toute vitesse. Même en classe, je réalise les exercices avec plus d’efficacité que jamais, voulant profiter de quelques minutes de temps libre pour écrire et dessiner dans mon cahier. J’ai pu améliorer, aujourd’hui, le dessin de mon druide. J’ai même ajouté un petit écureuil sur son épaule, en référence à ce nouveau pouvoir que j’ai obtenu hier juste avant que la partie se termine.

    Pour tout dire, être accro à DreamCraft, c’est différent d’être accro à tout autre jeu vidéo. Pourquoi ? C’est simple : même si j’avais envie de jouer toute la journée durant les fins de semaine, c’est impossible ; les serveurs ne fonctionnent qu’au courant de la nuit, lorsque les joueurs sont endormis.

    À défaut de rêver la nuit, désormais, je rêve le jour.

    J’ai décidé d’ajouter dans notre carnet quelques événements marquants de ma dernière partie. Je dis notre partie, car Alex et moi formons un groupe de compagnons fidèles depuis toujours, dans la vraie vie, comme dans le monde de DreamCraft. Dans ce jeu, il se passe tellement de choses, que mon carnet me permet également de ne pas perdre le fi ! C’est non sans fierté que j’y ai résumé nos derniers exploits : la découverte du premier fragment de la carte des Ténèbres, la guérison miraculeuse de trois joueurs empoisonnés, mon combat contre Léa, notre gain incroyable d’expérience qui nous a permis d’atteindre le niveau 5, et j’en passe ! Mon cours de mathématiques aujourd’hui m’a d’ailleurs permis de découvrir à quel point nous avons été chanceux de guérir les trois joueurs en lisant le parchemin de magie noire. En ayant une chance sur deux de délivrer chacun, nous n’avions qu’une chance sur huit d’obtenir un tel résultat. Une chance sur huit !

    Lorsque la cloche sonne, Alex et moi sommes les premiers à nous retrouver à l’extérieur. Malgré l’autobus à notre disposition, nous préférons encore marcher – tant qu’il n’y a pas de neige, du moins. Nous avons tant à nous dire ! Alors que nous sommes sur le point de quitter le stationnement de l’école, une voix que nous connaissons trop bien nous interpelle :

    — Hé, les gars !

    C’est encore Tom, l’intraitable joueur de ballon-chasseur… ou devrais-je plutôt dire, le membre de l’alliance du Minotaure qui se dira probablement aujourd’hui niveau 45. Alex et moi échangeons un regard, nous demandant silencieusement s’il vaut mieux l’ignorer et poursuivre notre chemin. Nous entendons toutefois son pas rapide s’approcher – trop tard…

    — Mathis, Alex… commence-t-il en reprenant son souffle. Vous allez jouer, ce soir ?

    Quelle question ! Que pense-t-il, celui-là ? Que nous allons abandonner la partie et lui laisser toute la place ?

    — Ouais, je réponds. Qu’est-ce que tu veux ?

    Tom nous dévisage malicieusement.

    — Dans ce cas, vous allez découvrir la petite surprise qu’on vous a préparée…

    — Ah bon ? Qui ça, on ?

    Notre rival se frotte les mains avec une énergie qui, force est de l’avouer, m’inquiète quelque peu.

    — Vous pensez vraiment que je vais vous dire leur secret ? Ha ! Ha !

    — Alors tu as vraiment couru ici juste pour nous dire ça ? soupire Alex avec un haussement d’épaules.

    Sans attendre de réplique de la part de Tom, nous reprenons notre marche. Par chance, il décide de ne pas nous suivre ; l’avoir dans les pattes durant des kilomètres aurait été insupportable. Tandis que des autobus en retard croisent notre route sur le chemin de l’école, Alex et moi marchons quelque temps en silence.

    — Est-ce qu’on doit vraiment se méfier ? me demande Alex, devinant que lui et moi pensons encore à la même chose.

    — Tu sais comme moi qu’il ment comme il respire, peut-être même plus. Mais j’avoue que cette fois, quelque chose m’inquiète.

    Alex botte un caillou, qu’il utilise momentanément tel un ballon de soccer, avant de le perdre dans le fossé.

    — Penses-tu que l’alliance du Minotaure prévoit attaquer la nôtre ? me relance-t-il.

    — C’est possible. Mais je doute qu’elle sache où le grand Arbre se trouve…

    Dès que je prononce ces mots, je cesse de marcher.

    — Non, c’est certain que tous les autres joueurs connaissent le lieu de notre quartier général ; notre arbre est le plus grand de la forêt !

    — Il faudra avertir Arthem, conclut Alex. Léa ne sera assurément pas la seule à tenter de nous voler des fragments de parchemin.

    Nous tournons sur une rue, frôlés par le vent que dégage l’élan d’une voiture impatiente. Quelques feuilles mortes, poussées par le vent, s’échouent sur l’asphalte à nos pieds. J’ignore pourquoi entendre le nom de Léa me procure une sensation étrange à l’intérieur. Jamais je n’oublierai sa trahison, notre combat et ses mensonges. D’un autre côté, je me rappellerai sans doute toute ma vie de notre danse, lors du premier jour. Son sourire m’a paru si vrai, si honnête…

    — Mathis ?

    Je ne me suis pas rendu compte que j’ai cessé de marcher ! Embarrassé, je presse le pas pour rejoindre mon ami, qui m’attend quelques mètres plus loin.

    — Penses-tu qu’Azura vit dans notre coin ? me questionne-t-il, perdu dans ses propres pensées.

    — On ne peut pas vraiment le savoir, je lui réponds. Je crois que le serveur permet à n’importe qui vivant en Amérique de l’Est de se connecter.

    — Et des serveurs en Amérique de l’Est, il y en a plusieurs ? Quand tu y penses, tout le monde de notre alliance parle la même langue… Les régions rapprochées doivent être jumelées ensemble.

    C’est effectivement logique.

    — Tu as sûrement raison, je concède. Dans ce cas, Azura ne doit pas habiter bien loin.

    Cette conclusion rend Alex rêveur ; je le surprends à lever les yeux vers le ciel avec un sourire. À cet instant, je ne peux manquer de voir ces petites étoiles qui lui constellent les pupilles.

    — J’ai pensé à ça tout à l’heure… commence-t-il en se retournant vers moi. Si jamais Azura mourait dans le jeu, elle serait exclue de la partie.

    — C’est la même chose pour tous les joueurs, je lui fais remarquer.

    — Ouais, je sais. L’affaire, c’est que toi et moi, on va se revoir le lendemain. Mais Azura… C’est possible qu’on la perde de vue pour toujours !

    Je hoche la tête en silence. Il est vrai que tous les joueurs de notre partie, qu’il s’agisse d’Azura, de Léa ou d’Arthur, disparaîtront tôt ou tard. C’est la preuve qu’il ne faut pas trop se lier d’amitié avec ceux qu’on ne connaît pas dans la vraie vie.

    — Je suis sûr que tu vas bien la protéger, je lui lance avec un clin d’œil.

    C’est à son tour d’arrêter de marcher.

    — Qu’est-ce que ça veut dire, ce clin d’œil-là?

    — Rien… Rien !

    Nous arrivons quelques minutes plus tard à la rue où nous nous séparons. Nous échangeons notre rituelle poignée de main avant de prendre chacun notre chemin.

    — À tout à l’heure !

    — Ciao !

    Désormais seul, je laisse à nouveau vagabonder mes pensées dans l’univers de DreamCraft. Je ne saurais dire pourquoi, mais j’ai la curieuse impression que la partie de cette nuit sera mouvementée.

    CHAPITRE 2

    Je n’aborde plus le sujet de DreamCraft avec mes parents. D’expérience, je suis persuadé que s’ils m’entendaient en parler aussi intensément qu’avec Alex, ils me croiraient atteint de la grave, de la terrible et effroyable « dépendance aux jeux vidéo ». Que cette console fonctionne durant le sommeil a ceci d’extraordinaire : personne de ma famille ne se rend compte que je joue ! Ma mère et mon père ne savent pas, en effet, qu’au bout de la table, leur enfant est en réalité (en fiction, en fait) un druide niveau 5, l’un des plus hauts de l’alliance de l’Hydre, voire de DreamCraft en entier. Je dois avouer que j’aimerais bien leur faire part de mes succès, mais je doute qu’ils y comprennent quelque chose, de toute façon.

    Pour eux, un druide, ça ne mange pas du spaghetti sauce tomate au 21e siècle ; ça n’existe tout simplement pas.

    La nuit s’est enfin installée dans le ciel. Un bref coup d’œil au modem m’a confirmé que notre réseau internet fonctionne parfaitement. C’est donc rassuré que j’ai fermé la porte de ma chambre et me suis glissé sous mes couvertures.

    Je débranche le casque de la console et le pose sur ma tête. Une fois le bouton enfoncé, j’entends déjà la musique discrète qui est là pour nous aider à dormir. La sensation de ma tête coincée dans le casque m’est encore étrange, mais ce qui m’empêche toujours de fermer l’œil, sans surprise, est mon excitation. Où réapparaitrai-je, déjà ? Ah, oui ! La dernière partie s’est terminée alors que nous étions, Alex, Azura et moi, dans le dortoir du grand Arbre.

    Je ferme mes yeux, me laissant porter par la musique.

    Si jamais les autres joueurs ne réapparaissent pas tout à fait au même moment, que se passera-t-il avec mon avatar, d’ailleurs ? D’aussi loin que je me souvienne, j’étais soulevé et lancé dans les airs par les joueurs de mon équipe ; est-il possible que je spawn dans les airs ? Soudain, j’ai peur de cet éveil brutal dans l’univers de DreamCraft qui m’attend !

    Allez, ferme les yeux, Mathis ! Calme-toi. Ça ne sert à rien de penser à tout ça, tu ne peux rien y changer !

    Sachant que yeux ouverts ou pas, rien ne me rassurera, je tourne malgré tout la tête afin d’observer le cadran de mon réveille-matin.

    21 h 47.

    Dans 13 minutes précisément, la partie débutera. J’ignore toujours ce qui se produit si un joueur n’est pas encore endormi à cet instant. Se pourrait-il qu’il rate tout simplement son tour cette nuit-là? Ce serait atroce ! Quand on pense que chaque monde ne dure qu’une semaine, être absent une nuit entière est impardonnable. Je risquerais de finir bon dernier dans mon alliance, en plus de laisser tous les autres se débrouiller.

    En tant que druide niveau 5, il faut que j’assume mon rôle de meneur.

    Cette pensée projette un essaim de papillons dans ma poitrine.

    Encore une fois, rien pour m’aider à m’endormir.

    Je soupire, plisse les paupières avec impatience – rien n’y fait.

    21 h 53.

    Ça y est ; c’est la catastrophe.

    Manger des biscuits au chocolat pour dessert n’a sans doute pas été la meilleure idée. Il faudra que j’essaie la fameuse tisane à la camomille de ma grand-mère, qui a supposément un effet apaisant. Évidemment, ça risque de ne pas être aussi efficace qu’une potion magique, mais rien ne coûte d’essayer.

    À moins que…

    Si j’ai une envie pressante d’aller aux toilettes en plein milieu de la nuit, que se passe-t-il alors ? Je me réveille et suis déconnecté de la partie ? C’est presque pire ! Je pourrais me trouver n’importe où ; au fond d’une caverne, d’un cachot ou coincé dans un piège ! Non, je dois laisser une chance à ma vessie : les tisanes de grand-mère devront attendre. Dans ce cas, quel moyen pourrai-je utiliser pour dormir, la prochaine fois ?

    Inutile de penser à la prochaine fois ; il n’y en aura peut-être pas, si tu ne te connectes pas à la partie de cette nuit !

    21 h 55.

    La musique… La musique… Je dois me concentrer sur elle ; elle est là pour ça, non ? Pour nous calmer, nous apaiser… J’essaie tant bien que mal de contrôler ma respiration, je laisse des images de forêt envahir mes pensées… Oui, ça y est, je crois que je vais…

    M’endormir…

    CHAPITRE 3

    La première image qui apparaît dans l’obscurité m’est inconnue ; je vois une longue bande au contour vert, un peu comme une éprouvette tombée sur le côté. Apparaissent ensuite quelques mots, qui gagnent en netteté :

    Mise à jour 1.01 : veuillez patienter.

    L’attente m’est insupportable, d’autant plus que j’ignore ce qui se passe. Par chance, elle est également courte : un premier pourcentage point devant mes yeux, puis un deuxième. À mesure que les chiffres se succèdent, la bande de téléchargement se remplit horizontalement.

    Une minute plus tard, elle est complètement remplie.

    J’ai déjà dû télécharger des mises à jour dans la plupart des jeux vidéo auxquels j’ai joué par le passé. La plupart du temps, c’était en raison d’un bug qu’il fallait régler, ou encore par l’ajout de contenu. Serait-il possible qu’un joueur ait réussi à trouver une faille dans les codes du jeu ? Ou pire encore, que quelqu’un ait réussi à tricher ? Ce n’est pas impossible… Que ce soit grâce aux maphacks, aux aimbots ou aux wallhacks, les tricheurs ont toujours trouvé une façon de contourner les règles, quelles qu’elles soient.

    La bande de téléchargement disparaît, alors que survient un changement de luminosité et d’atmosphère. En arrière-fond, une musique se met d’abord à jouer, puis apparaît un cadre de peinture, illustrant la haute montagne s’élevant au-dessus de la forêt du monde de DreamCraft.

    Plus en avant et en surbrillance, toujours ce message que je lis avec impatience.

    Veuillez patienter durant le téléchargement de l’univers.

    Téléchargement complété à 7 %.

    Encore un téléchargement… Si seulement mon père n’était pas aussi accro à Netflix (et ça, soit dit en passant, ce n’est pas un « problème », contrairement à la « dépendance » aux jeux vidéo), peut-être que le download irait plus vite ! Au moins, ce dernier n’a rien d’exceptionnel : je me rappelle qu’au début de ma partie d’hier, une image semblable avait précédé mon arrivée dans le monde de DreamCraft.

    Le saviez-vous ? Depuis l’arrivée de la mise à jour 1.01, les joueurs seront à même de sentir physiquement la température. Un lieu excessivement chaud contribuera à vous épuiser davantage, alors qu’un endroit glacial vous ralentira et atténuera la force de vos mouvements. Pensez à apporter le nécessaire pour un feu et des couvertures chaudes lors de votre prochaine expédition !

    Alors que le téléchargement du monde atteint les 33 %, l’image prend l’apparence du grand Arbre et le texte se modifie :

    Abattre une créature rare, légendaire ou mythique fera apparaître le menu du bestiaire, présentant la description et l’historique du monstre vaincu. Ces informations, précieuses, permettent

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