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Pour te sauver
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Pour te sauver

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About this ebook

Une jeune femme se réveille dans une usine poussiéreuse, ligotée à une chaise, complètement nue et blessée.

Elle ne sait pas ce qui lui est arrivé et pourquoi elle est là, mais elle sait que cela n’augure rien de bon.

Le pire, c’est qu’elle ne se rappelle même pas qui elle est.

Elle ne se rappelle que d’une chose.

Le nom d’un homme : Mike Fausher.

Elle ignore qui est cet homme, mais elle sait qu’il pourra l’aider.

Elle fera tout pour s’échapper de ses ravisseurs et pour retrouver Mike Fausher afin qu’il l’aide à se rappeler qui elle est et pourquoi on lui veut du mal.

Sera-t-elle capable de résoudre ce mystère avant qu’il ne soit trop tard? Sera-t-elle capable d’être sauvée?
LanguageFrançais
Release dateAug 12, 2020
ISBN9782897753528
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    Pour te sauver - Mylène Schanck

    !

    1

    Le réveil

    Malheur à celui qui rêve : le réveil est la pire des souffrances.

    Primo Levi

    Si c’est un homme (1947)

    Je reviens à moi, mais il n’y a rien de naturel à ce réveil. Je le sais, car c’est une douleur atroce et saillante me traversant le crâne qui me ramène à la réalité. Une réalité bien cruelle puisque j’ai l’impression que quelqu’un s’est amusé à me tirailler de coups de matraque.

    J’ai un goût métallique dans la bouche me donnant des haut-le-cœur continuels.

    Ma tête tourne sans arrêt.

    Je dois avouer que je suis complètement perdue.

    Que m’est-il arrivé ?

    Où suis-je ?

    Je regarde autour de moi pour déceler un indice, mais je suis plongée dans le noir.

    Il fait aussi sombre que dans un four ici.

    Mon estomac se noue et mon cœur se met à battre la chamade sans que je puisse le contrôler.

    Mon cerveau me dit de partir immédiatement, de m’enfuir loin de ce lieu inquiétant, mais je n’y arrive pas.

    Paniquée, j’entreprends de bouger mes bras et mes jambes sans aucun résultat.

    Ma poitrine va éclater !

    Je n’y crois pas !

    C’est une blague, une supercherie, un cauchemar…

    Ce ne peut être vrai.

    Réveille-toi… Réveille-toi immédiatement !

    J’ai beau me le répéter une centaine de fois, je dois me rendre à l’évidence que je ne suis pas en train de rêver.

    Je tire donc à nouveau sur les cordes qui me lacèrent les poignets et les chevilles, mais il n’y a rien à faire, je suis prise au piège comme un vulgaire animal qu’on dirige vers l’abattoir.

    Quelqu’un m’a ligotée sur une chaise de fer glaciale.

    Trop glaciale même !

    Contrôlée par la peur, je ne peux plus retenir mes larmes qui commencent à couler à flots.

    C’en est trop : JE SUIS NUE, BORDEL !

    On m’a mise nue sur cette foutue chaise et on m’y a attachée en plus de me donner une raclée. Je crie à m’époumoner :

    — AIDEZ-MOI ! JE VOUS EN SUPPLIE ! SALAUDS ! LAISSEZ-MOI PARTIR !

    En vain.

    Personne ne vient à ma rescousse.

    Qu’ai-je fait pour mériter cela ?

    Seigneur !

    M’a-t-on violée ?

    L’angoisse devient trop forte et je manque de souffle comme si un rouleau compresseur me passait sur le corps.

    Je ne peux pas rester ici. Je vais mourir ! Je tente de faire basculer ma chaise pour briser mes liens, mais j’entends plutôt un cri horrible qui semble provenir d’une bête sauvage. Affolée, je tente de détecter d’où provient cet épouvantable bruit, sans succès.

    Après plusieurs secondes, je suis terrifiée en réalisant, en fait, qu’il provient de ma bouche !

    Merde !

    Je suis certaine d’avoir des côtes fêlées.

    Je ne dois pas y penser puisque je risque de perdre à nouveau conscience à tout moment si je m’y attarde trop. Pour me changer les idées, j’essaie de réfléchir à ce qui m’est arrivé.

    Quelle date sommes-nous ?

    Depuis combien de temps suis-je retenue prisonnière ?

    Je ne pourrais dire.

    D’accord…

    Cela ne me paraît pas prometteur tout ça.

    Mais ma famille doit me chercher, non ? Mes ravisseurs doivent bien avoir laissé des indices sur leur passage ! Ce ne peut pas être un enlèvement parfait. La police se dévoue en ce moment même corps et âme pour me retrouver.

    C’est certain.

    Moi. Une fille si... Moi ?

    Mon corps ne peut plus supporter cette anxiété incessante. J’entre en convulsions et je dégobille quelque peu dans mes cheveux.

    Le tournis reprend toute son ampleur et je m’évanouis de nouveau.

    Dans un monde meilleur…

    Où tout ceci n’est qu’un cauchemar.

    *

    Beurk !

    La vomissure a séché dans ma chevelure, j’empeste la mort et le tournis perpétuel m’accueille toujours dans ses bras, mais ça m’est complètement égal.

    Quelque chose de bien pire m’arrive.

    Quelques secondes avant le grand trou noir, j’ai réalisé une chose absurde et épouvantable : je ne me souviens de rien ! Mes parents, mes amis, mes histoires d’amour, mon travail, mon adresse, ma ville, mon pays…

    Mais le pire de tout, c’est que je n’ai aucune idée de qui je suis !

    Comment est-ce possible ?

    Je me sens pourtant jeune et vive d’esprit.

    Mes blessures à la tête doivent être plus considérables que je ne me l’étais imaginée.

    Allez… Eh… Quel est mon prénom ?

    Stupide cerveau !

    J’ai envie de crier de peine, de douleur, de rage, mais je sais que ça ne servirait à rien, excepté à me rendre encore plus faible.

    Hannah.

    Hannah, c’est joli, non ?

    — Oui, dis-je tout haut, je m’appellerai ainsi jusqu’à preuve du contraire.

    Je me sens tout à coup beaucoup plus calme, comme si avoir une identité, probablement fausse, réglait la majorité de mes soucis.

    Au contraire, je sens que je perds la boule chaque seconde qui passe.

    Où sont mes foutus kidnappeurs ?

    Ces connards ne peuvent pas m’avoir abandonnée dans ce lieu lugubre pour toujours. Ils reviendront pour la rançon ou tout simplement pour me torturer à nouveau, non ? Ils ne me laisseraient pas agoniser dans cet endroit obscur et sentant le métal à plein nez. Les larmes refont surface. J’ai terriblement peur de succomber à mes blessures sans avoir pu dire adieu aux gens que j’aime, car même si je ne sais pas qui ils sont, je dois bien avoir des êtres chers, non ? Cette perte de mémoire est si irréelle que j’en oublie presque mes maux. Ils sont malheureusement bien encore présents, mais le supplice qui me tourmente m’obsède trop pour me laisser envahir par le mal. Je décide de me concentrer sur des informations plus vitales à ma survie.

    Depuis combien de temps n’ai-je pas mangé et bu ?

    Je me sens si faible.

    Je suis persuadée d’être mince dans la vie de tous les jours, mais si je ne me nourris pas d’ici peu, je risque de me rompre en deux.

    Et où suis-je au juste ?

    Je force mes yeux au maximum, mais il fait si noir.

    Je n’y vois rien du tout.

    Aucune lumière n’arrive à pénétrer ici, car cet endroit maudit n’a même pas une fenêtre.

    Même pas une !

    Je me découvre soudain une claustrophobie nouvelle qui s’ajoute à mon malaise. Je ne dois pas désespérer de la sorte.

    Je suis toujours vivante et, au moins, je suis seule dans cette pièce. Même si je n’y vois rien, j’ai toujours mes autres sens. Plus tôt, j’avais détecté une odeur ferrique dérangeante. De plus, mes yeux et mon nez me démangent comme si c’était l’endroit le plus poussiéreux de l’univers. Pour me concentrer et me redonner un peu de force, je ferme les yeux afin d’écouter les sons ambiants autour de moi.

    Je fronce le front.

    C’est la première fois que je réalise qu’il fait aussi chaud. L’intérieur de mes cuisses nues est collant et dégoulinant. C’est écœurant !

    Et qu’est-ce que j’entends ?

    Un léger vrombissement.

    Celui familier aux machineries lourdes des usines de grosses entreprises telles que celle de pâtes et de papiers.

    Lorsque j’ouvre les yeux à nouveau, pour valider ma pensée, je suis abasourdie de constater que j’arrive réellement à voir la pièce dans laquelle je me trouve. Je suis bien dans une sorte d’usine dégoûtante. De gigantesques machines industrielles m’entourent et m’oppressent. Ces monstres me font croire qu’ils veulent ma peau à tout prix et les vertiges repartent de plus belle.

    Une lueur qui semble venir de derrière moi me permet de voir comme s’il y avait une porte dans mon dos.

    Serait-ce la réponse à mes prières ?

    Serait-ce la police qui m’a pistée et qui m’a enfin retrouvée ?

    L’adrénaline ravive mon corps et j’essaie de déplacer ma chaise vers cette porte miraculeuse.

    Je prends une grande respiration et je me mords la lèvre inférieure.

    — Vas-y, Hannah, donne tout ce que tu as.

    Oublier la douleur est plus difficile que je ne le pensais, alors, après une légère rotation de 90 degrés vers la gauche, j’abandonne. Par contre, ma voix ne souffre aucunement, elle.

    — À L’AIDE ! Je suis ici ! Venez s’il vous plait ! À L’AIDE ! Je suis attachée et je souffre ! AIDEZ-MOI ! JE VOUS EN PRIE !

    Malheureusement pour moi, je me suis complètement fourbée. Personne n’est venu me sauver. C’est l’opposé ! Une porte à ma droite, anciennement en face de moi, s’ouvre avec fracas. Une lumière intense jaillit de cette embrasure et m’aveugle.

    Mes yeux s’habituent lentement à cette luminosité et ma vision s’éclaircit enfin, me laissant y distinguer une silhouette masculine. Plus de six pieds de haut, il me semble percevoir un éclat de roux au niveau de sa chevelure et au niveau de sa mâchoire.

    Je le vois parfaitement maintenant.

    Début quarantaine, roux, barbu, portant étrangement des lunettes de soleil dans cette noirceur et aussi bâti qu’Arnold Schwarzenegger dans Terminator un, deux, trois, quatre, mille, les commissures de ses lèvres m’indiquent immédiatement qu’il est plus que furieux.

    Il me crie avec hargne :

    — TA GUEULE, PÉTASSE ! TA GUEULE, SINON JE TE SAIGNE !

    Il est armé d’un long couteau de boucher !

    En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je deviens livide et j’ai des sueurs froides qui me traversent le corps.

    Il s’élance vers moi, la rage au ventre, ramène ma chaise vers lui et me met son arme au niveau de la trachée.

    — Je vais t’empêcher de crier pour toujours, petite garce.

    Je déglutis et mes yeux s’embuent en une fraction de seconde.

    Pourquoi, mon Dieu ?

    J’aurais vraiment dû me taire.

    *

    Une voix féminine derrière lui me sauve la vie.

    Pour l’instant.

    — Mérak ! Que fiches-tu là au juste ? Éloigne-toi d’elle immédiatement.

    — Mêle-toi de tes affaires, la gouine. Cette petite merde m’empêche de dormir.

    — Je te le jure, tu m’appelles encore une fois comme cela et je te brise les dents. J’ai un nom, tu sais. C’est Jess, nom de dieu !

    Jess n’a pourtant rien d’une lesbienne dans ce qu’elle dégage. Femme d’une trentaine d’années, les cheveux lisses auburn coupés au carré et les yeux marron (tiens, elle ne porte pas de lunette de soleil, elle), elle doit mesurer cinq pieds six pouces.

    — De toute manière, que faisais-tu en train de roupiller ? ajoute-t-elle. Tu étais à ton quart de service. Il fallait que tu la surveilles sans répit. Elle aurait pu s’enfuir !

    — Elle ne pourra pas s’enfuir puisque je la tue ce soir.

    Je réprime un cri tandis qu’il me fixe avec ce sourire de dément.

    — Tu ne peux pas la tuer, abruti ! Ils ne le veulent pas, tu le sais bien. Nous devons nous contenter de la retenir jusqu’à nouvel ordre.

    Ils ? De qui parle-t-elle ? En plus d’être complètement barjos, ils ont des supérieurs qui dirigent cette opération torturons Hannah ?

    — Jess a raison, Mérak, dit d’une voix timide un deuxième homme semblant beaucoup plus jeune.

    Voyons ! Combien sont-ils à vouloir ma peau ? Qu’est-ce que je leur ai fait à ceux-là ?

    Je ne les connais même pas !

    — En fait, ça ne faisait pas partie du plan initial de la torturer à ce point, ajoute-t-il avec plus de véhémence. Ils ne seront pas contents du tout quand nous la leur livrons. C’était eux qui devaient s’en occuper.

    Mérak me crache dessus.

    Je pleure.

    C’est plus fort que moi.

    — Tu as raison, petite tête, rigole Mérak. Laissons-leur la sale besogne. Mais, ça ne nous empêche pas de nous amuser un peu.

    De deux mouvements vifs, il m’entaille les bras de son couteau rouillé et tranchant. Je crie de douleur et, lui, il éclate d’un rire sadique. Le sang chaud coule directement vers mes avant-bras. Mes plaies vives sont des tisons de feu. Tout ça est franchement insupportable, alors la colère me gagne et je geins, entre deux sanglots :

    — Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

    Après un silence interminable, il sourit à nouveau et me dit avec une sincérité déconcertante :

    — Tu vis. Pétasse !

    Un frisson me parcourt l’échine tandis que mon sang continue à couler abondamment. Mérak s’éloigne de moi et je dois dire que ça me fait un grand bien. Jess prend sa place et j’espère de tout cœur qu’elle vient guérir mes plaies.

    On peut toujours rêver...

    Elle fixe ses yeux aux miens et me dit d’une lassitude aiguë :

    — Pourquoi fallait-il que tu viennes mettre de la merde dans nos vies, hein ? Tu aurais dû être une bonne fille à papa.

    J’aurais dû être une bonne fille à papa ? Si je suis dans ce pétrin, c’est que j’ai fait quelque chose. Peut-être que je me suis retrouvée à un endroit où je ne devais pas être ? Que j’ai parlé à une personne avec laquelle je n’aurais pas dû ?

    Tant de suppositions se bousculent dans ma tête.

    J’ai beau m’imaginer toutes les horreurs du monde, je n’arrive pas à concevoir que ce que j’ai fait soit si monstrueux que je doive mériter ce sort funeste.

    — Qu’ai-je fait de si mal ? la supplié-je. Dites-le-moi, car j’en suis si désolée. Jess…

    — Tais-toi.

    Sans que je m’y attende, elle me gifle fortement au visage. Prise de court, je manque de souffle. Je sens toute la vibration de son coup dans ma tête et dans mon corps. Quand cette dernière se disperse un peu, un « flash » m’envahit.

    Un souvenir me revient !

    En fait, j’espère de tout cœur que c’en est un.

    Un simple nom.

    Mike Fausher.

    Je ne sais aucunement qui il est ni pourquoi je le connais, mais je dois à tout prix le retrouver, car il est mon seul indice et le seul qui puisse m’aider à rester en vie dans ce monde de fou dans lequel je me suis réveillée.

    *

    Cette simple information me redonne du courage et de l’espoir. Tout n’est pas perdu. Mike Fausher est là, bien présent dans ma tête.

    C’est peut-être mon père ?

    Hannah Fausher !

    Ça sonne assez bien.

    Peut-être mon mari même ?

    Quel âge ai-je déjà ?

    Je dirais que j’ai 25 ans…

    Peut-être plus mon amoureux alors.

    Oui !

    Ou un ami très proche qui sait ?

    Je l’ignore, mais une chose est certaine ; si je le connais, il me connaît aussi et il doit être en train de faire tout son possible pour me retrouver. Même si mes blessures coulent toujours, je souris pour la première fois. Tout n’est pas perdu pour moi ! Jess me regarde d’un air perplexe.

    — Ça y est Mérak, soupire-t-elle. Tu l’as rendue folle, mon vieux. Éric, ajoute-t-elle, c’est ton tour. Nettoie-moi ça, dit-elle en pointant mes coupures, et fais la manger pour qu’elle ne nous crève pas dans les mains.

    Éric, le plus jeune des trois, porte également des lunettes de soleil. (C’est une mode d’en porter à l’intérieur ?) Début vingtaine, châtain, il est environ ma grandeur. Je dirais qu’il mesure 5 pieds et 10 pouces. Il a une bouille amicale qui me donne automatiquement confiance. Je suis persuadée, en le voyant, qu’il ne m’a pas touchée une seule fois. En fait, il ne s’agence pas bien au duo horrible que forment les deux autres. Quand il s’avance vers moi, craintif, je lis sur son visage qu’il est désolé et qu’il leur en veut de me faire souffrir de la sorte. Peut-être qu’avec lui, j’aurai une pause pour me remettre de mes nombreuses contusions ?

    — D’accord, dit-il. J’ai justement des restants de sandwich que je n’ai pas mangés hier dans mon sac. Je m’occupe de tout. Partez maintenant.

    — Nah. Moi, je reste à côté pour dormir. Empêche-la de crier si tu ne veux pas que je lui règle son compte, beugle le gros colosse.

    — Ouais, ouais.

    — Je vais dormir aussi à côté pendant l’heure de ta garde pour être certaine que tout se déroule comme prévu. Il ne faudrait pas que tu fasses la même erreur que Mérak. Ils ne seraient vraiment pas contents si le plan ne se déroule pas comme ils le veulent.

    — Je sais, Jess, s’énerve légèrement Éric. Je connais le plan. Je sais quoi faire.

    Les deux « mercenaires » quittent la pièce, convaincus.

    Il ne reste plus que lui et moi.

    Il me contemple.

    Ma nudité le perturbe et le gêne ; il n’est pas le seul.

    J’aimerais bien avoir des vêtements en ce moment, mais puisque je ne connais pas vraiment son tempérament, je n’ose pas le lui demander. Bizarrement, il déchire des bouts de sa chemise carreautée rouge pour m’en faire des bandages. Je le vois alors de très près. Il est plutôt mignon en fait. Il ressemble à un jeune Éric Bana (c’est cocasse puisqu’ils ont le même prénom), ce comédien d’Hollywood qui jouait dans une des versions de Hulk.

    Quelle nullité, ce cerveau !

    Je ne me rappelle rien de ma vie, mais je connais Arnold avec ses Terminators et Bana avec ce stupide géant vert. Je dois être une cinéphile, j’imagine.

    Perdue dans mes pensées frustrantes, Éric me parle directement pour la première fois :

    — Je m’excuse… Pour tout ça.

    — Pourquoi portes-tu des lunettes à l’intérieur ?

    Voilà. C’est fait ! Ça m’obsédait.

    Déstabilisé, il bredouille.

    — Eh… En fait… Parce que… Eh… Je ne pourrais te le dire.

    Il s’éloigne pour se prendre une chaise et s’installe plutôt loin de moi. Je lui fais peur ou quoi ? Je semble vraiment le rendre mal à l’aise. Mais, avec lui, je ne crains pas pour ma vie. Je sais qu’il ne me touchera pas. Au loin, je vois qu’il enlève ses lunettes et il me sourit en coin.

    Je lui rends cet échange amical.

    Pauvre Éric.

    Je suis certaine qu’il est entraîné de force dans ce manège stupide. Il ne me veut pas de mal, au contraire, il cherche à créer un lien de confiance.

    Puisque le terrain semble être bon, je me lance. Je n’ai plus rien à perdre.

    — Éric, c’est ça ?

    — Oui.

    — S’il te plait Éric. Tu sembles être un garçon gentil. Tu n’es pas comme tes camarades. Je le sais, je le ressens. Laisse-moi partir, je t’en supplie et je jure que je ne dirai rien à personne. J’oublierai même ton nom ! Promis.

    Il soupire, un vrai soupir.

    — Agéna, écoute… Je ne peux pas faire ça et tu le sais très bien. Même si je le voulais, j’aurais de trop gros ennuis.

    — Agéna ? lui crié-je presque au visage en m’étouffant.

    — Bien sûr ? C’est ton prénom ! Pauvre fille. Le coup à la tête était plus fort que je ne le pensais.

    Agéna ?

    Il vient de dire Agéna ? Je m’appelle comme ça.

    Merci, maman et papa, pour ce nom grotesque.

    Hannah, c’était bien mieux. Pfff !

    J’ai au moins une information supplémentaire pour ce foutu casse-tête qui semble être loin d’être résolu.

    — Écoute, ajoute-t-il avec tristesse, je vais te détacher les mains maintenant pour que tu puisses manger, mais seulement si tu me promets d’être gentille, d’accord ?

    Je hoche de la tête.

    Je meurs de faim et son sandwich non terminé d’hier sera un festin pour moi.

    Il défait mes nœuds et c’est une délivrance divine malgré la gale qui commence déjà à se

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