Un chevalier au cœur pur
En cette fin du xie siècle, la Chrétienté s’étend jusqu’aux rives du Bosphore délimitant le royaume de Byzance, dirigé par le basileus Alexis Comnène, empereur de l’Empire romain d’Orient. On y parle le grec et bien que ces chrétiens orthodoxes ne reconnaissent plus le pape Urbain II comme autorité suprême, celui-ci entretient de bonnes relations avec ces ennemis des Turcs. L’Eglise est alors à la tête d’une immense fortune et exerce un pouvoir spirituel si puissant qu’elle régente les actions des peuples et des rois.
L’époque est rude et la vie a peu de valeur. Depuis des décennies, les guerres internes des grands seigneurs féodaux d’Occident déciment les populations, femmes et enfants compris. Pire encore pour Urbain II, la plupart n’hésitent plus à s’attaquer aux gens d’Eglise et surtout à leurs biens.
Le pape ne sait plus comment faire cesser ces exactions. Un événement va lui donner la solution. Apprenant que les Turcs seldjoukides ont pris Jérusalem et que, contrairement aux usages respectés depuis des siècles, ils en interdisent désormais l’accès aux pèlerins désirant aller se recueillir devant le Saint-Sépulcre, le 27 novembre 1095, il lance un appel à tous les chrétiens d’Occident afin qu’ils aillent délivrer la Ville sainte du joug des Turcs. Ce sera la première croisade. Occuper les grands seigneurs avec une quête sacrée ramènera un peu de calme en Occident.
Las, ce furent d’abord les petites gens, hommes, femmes, vieillards et même enfants qui s’élancèrent comme un seul homme derrière un moine du nom de Pierre l’Ermite, et de quelques dizaines de chevaliers mal armés, en chantant, priant et criant « Dieu le veut ! ». Cette horde de « Fous de Dieu » portant une croix cousue sur le dos de leurs vêtements formait la croisade populaire. Mal encadrés, poussés par la faim, ils pillèrent certaines villes chrétiennes traversées et massacrèrent des habitants, s’attirant haine et mépris, jusqu’à être
