LE CLASSIQUE
A World at Arms. A Global History of World War II
Gerhard L. Weinberg
Cambridge University Press (rééd.), 1208 p., 32,90 €.
et ouvrage est paru pour la première fois en 1994 aux Presses universitaires de Cambridge. Une édition (trop peu) révisée a vu le jour le « Second Livre » , ce qui lui assure une renommée internationale. Cette renommée est cependant mise à mal en 1983 lorsqu’il se laisse piéger par le « faux journal d’Hitler ». Ayant appartenu aux troupes d’occupation américaines en 1946-1947, il s’est aussi intéressé à l’Asie durant le conflit, et aux questions navales. Son histoire de la Seconde Guerre mondiale tente en un unique volume de 920 pages (1178 avec les diverses annexes) de synthétiser une somme de connaissances qui, déjà à son époque, était proprement gigantesque. C’est, en soi, un tour de force, qui allie la clarté du propos, une érudition sans pareille et la minutie dans l’exposé des faits, des décisions et des intentions, toujours abreuvés aux sources primaires. La vision de l’auteur est stratégique la diplomatie, la politique, la technologie et l’économie ont la partie belle, et l’on n’y cherchera pas de récit détaillé des campagnes. Sur cette base, il est le premier à lier fortement les divers théâtres d’opérations, même si l’ouvrage est clairement européo-centré, et à marteler que la guerre terrestre s’est jouée en URSS et nulle part ailleurs. En bon élève des universités américaines, il accorde une importance considérable à la dimension maritime et navale. Ainsi est-il le premier à avoir démontré l’importance considérable accordée par les Anglo-Saxons à la domination de l’océan Indien, et tout l’intérêt d’occuper Madagascar. Weinberg ne fait clairement pas partie de ceux qui pensent que l’Axe avait la moindre chance de l’emporter. Cerise sur le gâteau, outre des notes d’une incroyable richesse, Weinberg offre aux lecteurs un « essai bibliographique » de 25 pages sur son sujet, dont l’on peut seulement regretter qu’il n’ait pas été étendu jusqu’à aujourd’hui, ce qui formerait en soi la matière d’un ouvrage intéressant. Un quart de siècle après sa publication, l’ouvrage demeure une référence et un terrible défi à relever pour les historiens qui tentent à leur tour de faire une histoire du second conflit en un seul volume. Question subsidiaire : pourquoi ce monument n’a-t-il jamais été traduit en français ?
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