« Daech et les nazis ont des traits communs »
Ancien responsable auprès de l’épiscopat des relations avec le judaïsme, le père Patrick Desbois est devenu un spécialiste de la mémoire génocidaire, notamment de la Shoah par balles dans les pays de l’Est. Fondateur de l’association Yahad-In Unum, il a documenté le génocide des Yézidis en Irak dans deux livres-témoignages. Pour lui, l’un des vecteurs à tous les crimes contre l’humanité reste leur acceptation par ceux qui en sont épargnés.
Y a-t-il un génocide en cours des Yézidis ?
Quand on utilise le terme « génocide », tout le monde pense à la Shoah. Mais, légalement, le fait d’empêcher un groupe humain d’exister sur sa terre est un génocide. Lorsqu’on arrête une voiture et que l’on dit à ses occupants qu’ils mourront s’ils ne se convertissent pas à l’islam, c’est un vecteur de génocide même si le pays où ça se passe, l’Irak en l’occurrence, n’a pas signé le Statut de Rome créant la Cour pénale internationale chargée de juger les crimes contre l’humanité.
Cette volonté de Daech d’éradiquer les Yézidis est-elle apparue dès sa création ?
Oui, dès que les troupes de Daech ont cerné les villages et ont créé des barrages, ceux qui fuyaient étaient arrêtés et les hommes qui refusaient de se convertir étaient tués sur place. À côté de Tall Afar, les convertis avaient affaire à un imam yézidi qui s’était lui-même converti avant l’arrivée de Daech. Mais dès qu’il y a eu des premiers cas d’évasion, Daech s’est mis à dépecer les familles, séparer les garçons des filles et les enfants des parents. Pour ceux qui rechignaient à se convertir, des programmes de rééducation ont été mis en place. Daech ne comprenait pas au début pourquoi les Yézidis refusaient la conversion, ils croyaient vraiment que leur idéologie était irrésistible. Mais lorsqu’ils avaient des mécréants, que leur loi autorise à punir ou à tuer.
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