Physiologie du viveur
Par Ligaran, Henry Emy et James Rousseau
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Aperçu du livre
Physiologie du viveur - Ligaran
EAN : 9782335038200
©Ligaran 2015
Prolégomènes
Recherches savantes et rétrospectives sur les viveurs.
Le mot est nouveau ; car vingt années d’emploi ne donnent pas droit de bourgeoisie à un néologisme quand le dictionnaire de l’Académie ne lui a pas signé de lettres patentes. Et cependant il n’est pas de mot qui méritât mieux que l’on fit en sa faveur une exception à cette règle d’usage qui n’admet dans notre langue une expression qu’autant qu’elle a été consacrée par l’autorité de quelques écrivains célèbres. Voltaire a dit que la langue française était une gueuse fière à qui il fallait faire l’aumône malgré elle ; et cependant Voltaire s’est montré peu généreux à son égard, lui qui pouvait tant lui donner. Ne soyons donc pas surpris qu’aucun de nos grands hommes – avons-nous des grands hommes ? – n’ait osé se faire le parrain du mot viveur, ce mot si admirablement pittoresque, et qui implique le culte de la vie épicurienne dans sa plus large acception.
Mais si le mot est nouveau, la chose est ancienne. Le viveur se perd dans les siècles. Notre premier père lui-même n’eût pas mieux demandé que d’être viveur : mais on ne lui en a pas laissé le temps. Loth ôtait un viveur ; mais il eut le tort de pousser la chose jusqu’à vouloir devenir son propre gendre ; Ésaü était un admirable viveur, malgré son plat de lentilles ; mais c’est la faute de son époque ; c’est la faute du peu d’intelligence et d’éducation des cochons de ces temps primitifs qui n’avaient pas su exhumer la truffe. Si Ésaü eût vécu après Noé, j’aime à croire que Jacob n’en eût pas été quitte pour un panier de vin de Champagne.
Les viveurs ont joué un grand rôle dans l’histoire. Si Holopherne n’eût pas été viveur, qui parlerait aujourd’hui de la reine de Béthulie ? Si Alcibiade ne l’eût pas été, son pauvre chien eût gardé sa queue, ce qui eût sans doute fait grand plaisir au pauvre animal, que la privation de cet indispensable ornement devait rendre passablement ridicule : quand le brillant élève de Socrate eut cette idée saugrenue, il venait bien certainement de souper chez Aspasie.
Nous n’en finirions pas, si nous voulions citer tous les viveurs célèbres, depuis l’origine du monde jusqu’à ce duc de Clarence, qui se noya dans un tonneau de vin de Malvoisie, quand il eût pu, l’imbécile, noyer le tonneau dans son gaster. J’ai seulement voulu constater que le viveur, par son ancienneté et l’illustration de ses ancêtres, avait droit aux respects de tous. Chapeau bas, manants, voilà le viveur qui passe !
Maintenant, vous croyez savoir ce que c’est qu’un viveur : eh bien, vous ne vous en doutez pas. Par exemple, j’ai rencontré une foule de braves gens, très forts sur la culture de la ciboule, et qui sont venus me dire que le mot viveur ayant la même signification que le mot bon vivant, ils ne voyaient pas la nécessité d’introduire chez nous un synonyme qui ne pouvait rendre aucun service à la logique ou à la phraséologie. Ô rhéteurs ! si saint Antoine, pour justifier la façon presque cérémonieuse dont il parlait à son commensal, n’eût pas dit qu’il faut être poli avec tout le monde, j’eusse très probablement pris la liberté grande de vous rire au nez… Viveur et bon vivant !… mais il y a l’immensité entre ces deux mots.
Un bon vivant est, ou plutôt était – car le type a été enfoui sous les ruines de la Bastille – un homme quelconque, du tiers état, gros, gras et bête ; rouge et bien nourri, ayant toujours faim à son heure, accaparant à table la meilleure plane, la conversation et les bons morceaux ; qui eût pu lutter de galanterie près des femmes avec feu M. Demoustiers, le mythologiste à l’eau-rose ; qui, pour le calembour, ne jurait que par M. de Bièvre, et qui, entre la poire et le fromage, entonnait stentoriquement, j’ai voulu dire détonnait, des couplets bachiques de Panard, ou une chanson guillerette de M. de Laujon, de l’Académie française. On applaudissait, on faisait chorus, on quittait la table, et le bon