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Droit international des relations diplomatiques et consulaires
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Droit international des relations diplomatiques et consulaires

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Le présent ouvrage aborde l’ensemble des aspects du droit international des relations diplomatiques et consulaires. Pour permettre une compréhension aisée de la matière les axes choisis sont :

- La présentation et l’analyse détaillées des relations diplomatiques et consulaires des États et des relations extérieures des organisations internationales, ainsi que les exemples de l’Union européenne et du Saint-Siège qui illustrent les relations extérieures des sujets sui generis.

- L’application du régime de la protection diplomatique et consulaire à l’égard des personnes physiques et des personnes morales.

- L’apport fondamental de la jurisprudence internationale à laquelle l’ouvrage réserve une place importante, en proposant une lecture des grands arrêts de la Cour internationale de justice et des juridictions régionales.

Cet ouvrage s’adresse tout particulièrement aux étudiants de Licence et de Master en droit ou en science politique. Les encadrés « jurisprudence », « à retenir » et « pour aller plus loin » permettent de consolider et d’élargir les connaissances acquises.
LanguageFrançais
PublisherBruylant
Release dateMar 31, 2015
ISBN9782802750659
Droit international des relations diplomatiques et consulaires

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    Droit international des relations diplomatiques et consulaires - Anna Maria Smolinska

    9782802750659_TitlePage.jpg

    Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée pour le Groupe Larcier.

    Nous vous remercions de respecter la propriété littéraire et artistique.

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    Pour toute information sur nos fonds et nos nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez nos site web via www.larciergroup.com.

    © Groupe Larcier s.a., 2015

    Éditions Bruylant

    Rue des Minimes, 39 • B-1000 Bruxelles

    Tous droits réservés pour tous pays.

    Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

    ISBN : 978-2-8027-5065-9

    Parus dans la même collection :

    – Doumbé-Billé S., Nouveaux droits de l’homme et internationalisation du droit

    – Metou B. M., Le rôle du juge dans le contentieux international

    – Doumbé-Billé S., Justice et solidarité dans la société internationale

    – Alexandre A.-G., Risques environnementaux

    – Doumbé-Billé S., La régionalisation du droit international

    – Neri K., L’emploi de la force en mer

    – Aivo G., Le statut de combattant dans les conflits armés non internationaux

    – Robert L., L’environnement et la Convention européenne des droits de l’homme

    – Smolinska A. M., Le droit de la mer entre universalisme et régionalisme

    Sommaire

    Partie 1

    Les relations diplomatiques

    et consulaires interétatiques

    Chapitre 1

    Les grands principes des relations diplomatiques et consulaires

    Chapitre 2

    L’établissement des relations diplomatiques et consulaires

    Chapitre 3

    Les privilèges et les immunités diplomatiques et consulaires

    Chapitre 4

    La rupture des relations diplomatiques et consulaires

    Partie 2

    Les relations diplomatiques

    et consulaires et les personnes privées

    Chapitre 1

    La protection diplomatique

    Chapitre 2

    La protection consulaire

    Partie 3

    Les relations extérieures

    Chapitre 1

    Les relations extérieures des organisations internationales

    Chapitre 2

    Les relations extérieures des organisations internationales.

    Quelques cas particuliers

    Index

    Table des matières

    Partie 1

    Les relations diplomatiques et consulaires interétatiques

    SOMMAIRE

    Chapitre 1

    Les grands principes des relations diplomatiques et consulaires

    Chapitre 2

    L’établissement des relations diplomatiques et consulaires

    Chapitre 3

    Les privilèges et les immunités diplomatiques et consulaires

    Chapitre 4

    La rupture des relations diplomatiques et consulaires

    Chapitre 1

    Les grands principes des relations diplomatiques et consulaires

    1. Les relations diplomatiques et consulaires entre les États précèdent la naissance même du droit international. Elles se sont établies à travers les siècles, notamment avec le développement des relations économiques aux XIIe et XIIIe siècles. Les échanges ponctuels des représentants des États ont commencé à être institutionnalisés à partir du XVIe siècle avec une pratique de protection des marchands étrangers par leur consul, d’une part, et l’instauration des missions diplomatiques permanentes, d’autre part.

    Au fur et à mesure de leur développement, le droit international a commencé à encadrer et organiser ces relations diplomatiques et consulaires, dans un premier temps à travers un corpus coutumier qui, dans un second temps, a été codifié.

    Le droit positif des relations diplomatiques et consulaires repose sur trois grands principes fondateurs, qui sont le respect de la souveraineté étatique (§ 1), le principe du consentement mutuel (§ 2) et le droit de légation (§ 3).

    § 1. Le respect de la souveraineté étatique

    2. La question de la souveraineté étatique occupe une place centrale dans les relations diplomatiques et consulaires.

    Les deux Conventions de Vienne – celle de 1961, relative aux relations diplomatiques – et celle de 1963, – portant sur les relations consulaires – rappellent dans leur préambule le principe d’égalité souveraine en se référant aux buts et principes de la Charte des Nations Unies¹.

    En effet, d’une part, l’existence de telles relations constitue, sans en être un élément de reconnaissance, un indice fort de la souveraineté d’un État (A). D’autre part, la souveraineté se trouve au cœur des relations diplomatiques en ce que leur exercice crée une situation exceptionnelle de concurrence des souverainetés sur un territoire donné (B).

    A. L’existence des relations diplomatiques et consulaires comme indice de la souveraineté d’un État

    3. Un État « est communément défini comme une collectivité qui se compose d’un territoire et d’une population soumis à un pouvoir politique organisé [qui] se caractérise par la souveraineté »². Si la reconnaissance de gouvernement a, à cet égard, une portée limitée, pour autant, l’établissement des relations diplomatiques constitue une reconnaissance de l’État et lui confère ainsi une certaine légitimité sur la scène internationale.

    Ainsi, la doctrine majoritaire considère désormais que :

    « après l’apparition du phénomène étatique, la pratique révèle que l’indice le plus sûr de la souveraineté d’un État est le fait qu’il entretient effectivement, par l’intermédiaire de ses propres agents et sur un pied d’égalité, des relations diplomatiques et consulaires avec d’autres États souverains et qu’il est représenté auprès des organisations internationales et participe à leurs activités »³.

    La pratique conforte cette position. En témoignent les efforts constants de la Palestine pour établir des relations diplomatiques avec d’autres États ou organisations internationales.

    De même, dans les États de type fédéral, c’est l’État fédéral, seul souverain sur la scène internationale, et non les États fédérés, qui possède cette compétence.

    4. Dès lors, l’établissement des relations diplomatiques et consulaires ou leur rupture sont loin d’être anodins, puisque ces relations sont le corollaire du phénomène étatique et leur établissement constitue souvent un indice de reconnaissance formelle de l’État.

    Toutefois, l’établissement ou le maintien des relations diplomatiques et consulaires doit être apprécié avec prudence, l’existence de telles relations ne constituant pas une reconnaissance de jure de l’État. Ainsi, l’indice ne doit pas être confondu avec une preuve concluante.

    B. L’exercice concurrent des compétences étatiques sur un territoire donné

    5. D’anciennes théories de droit international, inspirées notamment par Hugo De Groot, consacraient l’extraterritorialité des missions diplomatiques. On peut encore retrouver les traces de cette théorie, basée sur une fiction juridique, dans les jurisprudences nationales du début du XXe siècle.

    À titre d’exemple, le Tribunal civil de la Seine, dans un arrêt du 30 octobre 1929, Suède contre Petrococchino, précise que :

    « ce n’est point l’acquisition d’un immeuble par un État étranger qui crée, ipso facto, au profit de cet immeuble le bénéfice de l’extraterritorialité, mais seulement - lorsqu’elle a été réalisée - l’affectation dudit immeuble aux services de l’ambassade de cet État »⁴.

    Dans le droit positif, cette théorie ne trouve plus d’écho et il est désormais incontestable qu’une mission diplomatique ou consulaire fait partie intégrante du territoire de l’État sur lequel elle se situe.

    6. Il n’empêche que des droits importants sont reconnus à ces missions et portent ainsi atteinte à la souveraineté de l’État qui les accueille, quand bien même cette atteinte serait nécessairement consentie.

    En effet, outre le droit « de placer le drapeau et l’emblème de l’État accréditant sur les locaux de la mission, y compris la résidence du chef de la mission, et sur les transports de celui-ci »⁵, la coutume internationale et les conventions reconnaissent aux locaux des missions l’inviolabilité⁶.

    De même, les fonctions assurées par les missions diplomatiques et consulaires relèvent du service public de leur État accréditant.

    7. Ces deux éléments – statut particulier des missions et leur participation à l’accomplissement d’un service public d’un État, sur le territoire d’un autre État – portent nécessairement atteinte à la souveraineté de l’État accréditaire. Dès lors, l’un des objectifs des Conventions de Vienne relatives aux relations diplomatiques et aux relations consulaires est la régulation et la conciliation de cette rencontre des souverainetés étatiques pour en garantir le respect mutuel.

    En effet, la présence physique de la représentation d’un État sur le territoire d’un autre, protégée par l’existence des immunités, ne doit pas porter atteinte au principe d’égalité souveraine.

    Or, le risque d’une telle atteinte existe et les relations diplomatiques et consulaires peuvent devenir un instrument de pression des États puissants sur les États plus « faibles ».

    Dans ce cadre, l’un des enjeux du droit des relations diplomatiques et consulaires consiste en sa capacité à limiter cet effet « pervers ».

    Le respect de la souveraineté étatique se traduit à travers le principe du consentement mutuel et la légation active et passive.

    § 2. Le principe du consentement mutuel

    8. Le dictum de la Cour permanente de justice internationale, selon lequel « les limitations de souveraineté ne se présument […] pas »⁷ trouve toute son application dans le droit des relations diplomatiques et consulaires.

    Ainsi, la présence des missions diplomatiques et consulaires sur le territoire de l’État accréditaire limitant nécessairement sa souveraineté, elle est soumise au principe du consentement mutuel.

    La Cour internationale de justice exprime clairement cette idée dans l’affaire du Personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran en affirmant :

    « qu’aucun État n’a l’obligation d’entretenir des relations diplomatiques ou consulaires avec un autre État »⁸.

    9. En droit positif, le principe du consentement mutuel a été codifié dans les deux Conventions de Vienne.

    L’article 2 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) prévoit en ce sens que :

    « [l]’établissement de relations diplomatiques entre États et l’envoi de missions diplomatiques permanentes se font par consentement mutuel ».

    Dans le même sens, la Convention de Vienne sur les relations consulaires (1963) prévoit, en son article 2, que :

    « [l]’établissement de relations consulaires entre États se fait par consentement mutuel »,

    et son article 4 rappelle l’importance du principe, en précisant que :

    « 1. Un poste consulaire ne peut être établi sur le territoire de l’État de résidence qu’avec le consentement de cet État ».

    Force est donc de constater l’importance du principe du consentement mutuel, imposant sa formulation expresse tant à l’égard des missions diplomatiques que consulaires.

    10. Il en résulte, premièrement, qu’un État n’a aucune obligation d’accepter une délégation sur son territoire, deuxièmement, que le consentement doit être exprimé de manière expresse, obéissant à un certain formalisme⁹ et, enfin, que l’établissement des relations diplomatiques n’entraîne pas nécessairement automatiquement l’établissement de relations consulaires et vice versa. En effet, si la Convention sur les relations consulaires prévoit que, en principe, l’établissement des relations diplomatiques entraîne l’établissement des relations consulaires, les États demeurent libres de prévoir le contraire.

    11. Les exemples contemporains d’États n’entretenant ni de relations diplomatiques ni de relations consulaires se font de plus en plus rares.

    Toutefois, l’histoire en fournit plusieurs : il en était ainsi de la République fédérale d’Allemagne qui, pendant les années dominées par la « doctrine Hallstein », refusait d’entretenir de telles relations avec tous les États, à l’exception de l’U.R.S.S., qui les avaient établies avec la République démocratique allemande. Cette politique a été abandonnée par le chancelier Willy Brandt.

    De même, la Chine et le Japon ont connu plusieurs années de rupture des relations diplomatiques, situation qui a, avec des revirements, tendu à se normaliser depuis les années 1970¹⁰.

    En outre, la France et le Rwanda n’ont pas entretenu des relations diplomatiques durant trois années, entre 2006 et 2009. Le Rwanda a rompu ses relations avec la France à la suite de la délivrance, dans le cadre de l’instruction judiciaire relative à l’attentat contre le président Habyarimana en 1994, des mandats d’arrêt contre les proches du président en exercice, Paul Kagame.

    À l’heure actuelle, parmi les États qui, à long terme, n’entretiennent pas de relations diplomatiques ni consulaires entre eux, nous pouvons citer la Chine et Taiwan.

    12. Sur le plan pratique, le consentement mutuel se traduit par l’exequatur. Chaque chef de poste consulaire ou diplomatique est muni d’une lettre de provision de l’État d’envoi. Il ne peut commencer à remplir ses fonctions qu’après avoir reçu l’autorisation de l’État de résidence. En France l’exequatur est délivré par le président de la République.

    13. L’importance du principe de consentement mutuel est liée aux obligations qui en découlent. En effet, si aucun État n’a l’obligation d’entretenir des relations diplomatiques et consulaires avec un autre, pour autant, une fois ces relations établies, « il ne saurait manquer de reconnaître les obligations impératives qu’elles comportent et qui sont maintenant codifiées dans les Conventions de Vienne de 1961 et 1963 »¹¹.

    § 3. Le droit de légation actif et passif

    14. « Le droit de légation, c’est essentiellement le droit d’envoyer et de recevoir des agents diplomatiques »¹².

    La conception du droit de légation a évolué durant le XXe siècle, notamment par rapport au principe du consentement mutuel.

    En effet, à l’origine, la légation était perçue comme un droit de l’État, faisant abstraction du consentement de l’État d’accueil. En ce sens, la Convention de La Havane du 20 février 1928 relative aux fonctionnaires diplomatiques prévoyait que :

    « [l]es États ont le droit de se faire représenter les uns auprès des autres par des fonctionnaires diplomatiques ».

    15. Dans le droit positif, le droit de légation a été tempéré et soumis au consentement. La Commission de droit international, dans son commentaire du Projet d’articles de 1957, a relevé qu’il :

    « ne paraissait pas nécessaire de faire mention du droit de légation dans le texte, car ce droit ne lui semblait pas pouvoir être exercé sans l’accord des parties ».

    En accord avec cette analyse, l’on ne trouve plus mention du droit de légation dans les Conventions de Vienne, alors même que le projet présenté par le rapporteur spécial en faisait mention en ces termes :

    « [s]i deux États, ayant le droit de légation, sont d’accord pour établir entre eux des relations diplomatiques permanentes, chacun d’eux peut établir auprès de l’autre une mission diplomatique ».

    16. Toutefois, la légation demeure une notion fondamentale du droit des relations diplomatiques et consulaires. Appelée également « droit de l’ambassade », au sens général, la « légation » désigne une mission diplomatique¹³.

    Le droit de légation est analysé selon deux axes. Il se décompose en un droit de légation passif et un droit de légation actif.

    17. Le droit de légation actif permet à une entité, un État ou une organisation internationale, de désigner des représentants auprès des autres États ou organisations internationales. Cette faculté est limitée par le fait qu’il n’existe pas d’obligation de légation passive auprès d’un État : un État n’a pas l’obligation d’accepter une telle représentation. En revanche, les organisations internationales n’ont pas la faculté de s’opposer à l’établissement des missions permanentes, le droit d’établir de telles missions étant reconnu comme inhérent à la qualité de membre de l’organisation.

    18. Le droit de légation passive est complémentaire du droit de la légation active. D’origine coutumière, comme le rappelle notamment le mémorandum préparé par le Secrétariat sur les relations et immunités diplomatiques¹⁴, ce droit est celui de recevoir sur son territoire les représentations des États ou, selon certains auteurs, des puissances étrangères¹⁵. Il comporte comme corollaire l’obligation de respecter à l’égard des missions accueillies les droits issus de la coutume et codifiés par les Conventions de Vienne.

    19. Compte tenu de la limite que constitue pour le droit de la légation le principe du consentement, ce dernier, et notamment le droit de légation active, est considéré par la doctrine contemporaine plutôt comme une faculté ou une capacité que comme un véritable droit.

    20. En conclusion, les trois principes sur lesquels est fondé le droit des relations diplomatiques et consulaires : principe de souveraineté, principe du consentement mutuel et droit de légation, sont étroitement liés. Ils constituent à la fois des fondements et des limites mutuels.

    1 § 2, Préamb. des Conv. de Vienne.

    2 Commission d’arbitrage de la Conférence européenne pour la paix en Yougoslavie, avis n° 1, 29 novembre 1991.

    3 Q.D. 

    Nguyen

    , P. 

    Dailler,

    M. 

    Forteau

    et A. 

    Pellet

    , Droit international public, 8e éd., Paris, L.G.D.J., 2009, p. 823.

    4 Cité par J. 

    Salmon

    et S. 

    Sucharitkul

    , « Les missions diplomatiques entre deux chaises : immunité diplomatique ou immunité d’État », A.F.D.I., vol. 33, 1987, pp. 163-194.

    5 Art. 20 de la Conv. de Vienne sur les relations diplomatiques.

    6 Art. 22 de la Conv. de Vienne sur les relations diplomatiques ; art. 31 de la Conv. de Vienne sur les relations consulaires.

    7 C.P.J.I., aff. du Lotus (France c. Turquie), 7 septembre 1927, arrêt, série A, n° 10, p. 18.

    8 C.I.J., aff. du Personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran (États-Unis d’Amérique c. Iran), mesures conservatoires, ord. du 15 décembre 1979, p. 20.

    9 Sur ce pt, voy. Chap. 2.

    10 Voy. Y. 

    He

    , « Les relations sino-japonaises depuis la normalisation. 40 ans de paradoxes », Perspectives chinoises, disponible sur http://perspectiveschinoises.revues.org/6684?file=1.

    11 C.I.J., aff. du Personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran (États-Unis d’Amérique contre Iran), mesures conservatoires, ord. du 15 décembre 1979, p. 20.

    12 R. 

    Genet

    , Traité de diplomatie et de droit diplomatique, 1931, vol. 1, Paris, Pedone, p. 190.

    13 J. 

    Salmon

    , Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant/AUF, 2001.

    14 Doc. A/CN.4/98, Annuaire de la C.D.I., vol. II, 1956, p. 155, §§ 168-175.

    15 Voy. not. A. T

    ournier

    , « La capacité diplomatique de l’Union », in M. B

    enlolo

    -C

    arabot

    , U. C

    andas

    et E. C

    ujo

    (dir.), Union européenne et Droit international, Paris, Pedone, 2013, pp. 235-264.

    Chapitre 2

    L’établissement des relations diplomatiques et consulaires

    21. L’établissement des relations diplomatiques et consulaires pourra, dans le respect des principes de celles-ci¹, s’effectuer selon des modalités assez variées (§ 1). De même, leur exercice, bien que correspondant à un fonctionnement et à des missions encadrés par le droit, peut différer, notamment selon le type de la représentation choisie (§ 2).

    § 1. Les modalités de l’établissement

    22. Les Conventions de Vienne n’imposent pas de modalités particulières d’établissement des relations diplomatiques. Ainsi, le consentement mutuel pourra s’exprimer selon différents degrés de formalisme, allant d’un traité d’amitié à un simple échange de représentants sans formalités particulières.

    L’établissement des relations diplomatiques reste indépendant de celui des relations consulaires. En revanche, l’article 2 de la Convention de 1963 prévoit que l’établissement des relations diplomatiques implique celui des relations consulaires, sauf lorsqu’il est prévu que tel n’est pas le cas.

    23. À titre d’exemple, la République française était dotée, en 2014, de 163 ambassades et 4 antennes diplomatiques, de 16 représentations permanentes auprès des organisations internationales, de 92 consulats généraux et consulats, de 135 sections consulaires d’ambassade et près de 500 consuls honoraires dans le monde. La plupart de ces représentations ont été établies en vertu d’un accord bilatéral – accord de coopération, accord d’établissement, traité de paix et d’amitié ou autre forme conventionnelle.

    Certaines relations ont cependant été établies en dehors de tout cadre formel. Il en a été ainsi de l’établissement des relations diplomatiques entre la République française et la République populaire de Chine, issu d’un simple communiqué, publié simultanément par Paris et Pékin et énonçant que :

    « [l]e gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois »².

    24. De même, dans certains cas, les accords conclus précisent une durée, à l’instar de l’un des derniers traités conclus par la France : le Traité d’amitié et de coopération entre la République française et la République islamique d’Afghanistan, signé à Paris et entré en vigueur le 1er décembre 2012, dont la durée prévue est de 20 ans. D’autres accords établissant ce type de relations sont conclus « à durée indéterminée »³.

    25. Ainsi, l’expression du consentement demeure libre, tant dans sa forme que dans son contenu.

    En revanche, une fois le consentement exprimé, les Conventions de Vienne régissent les modalités d’installation des représentations diplomatiques et consulaires sur le territoire de l’État d’accueil. L’établissement des relations diplomatiques (A) et des relations consulaires (B) obéit aux mêmes principes, mais s’effectue selon des modalités différentes.

    Enfin, le choix entre un établissement de mission ou poste « simple » ou « multiple » est fait par l’État d’envoi, sous réserve d’acceptation par l’État d’accueil (C).

    A. Les modalités d’établissement des relations diplomatiques

    26. Les modalités d’établissement des relations diplomatiques comprennent, d’une part, celles d’envoi des missions diplomatiques (1) et, d’autre part, celles d’envoi des agents diplomatiques (2).

    1. L’établissement d’une mission diplomatique

    27. La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques contient peu de précisions quant à l’établissement d’une mission diplomatique.

    L’article 2 précise que « l’envoi des missions diplomatiques permanentes se [fait] par consentement mutuel ».

    Toutefois, contrairement aux postes consulaires⁴, la Convention n’exige pas d’accord exprès de l’État accréditaire quant au siège de la mission. L’usage veut que, presque systématiquement, les sièges de ces missions soient implantés dans la capitale de l’État accréditaire. Toutefois, pour des raisons propres à l’organisation administrative et économique de certains États, des exemples contraires existent⁵.

    28. Le choix par l’État accréditant du siège de sa mission n’est donc pas soumis à l’accord de l’État accréditaire et n’a même pas à être notifié à ce dernier.

    En revanche, l’article 21 de la Convention impose à l’État accréditaire de :

    « soit faciliter l’acquisition sur son territoire, dans le cadre de sa législation, par l’État accréditant des locaux nécessaires à sa mission, soit aider l’État accréditant à se procurer des locaux d’une autre manière ».

    Dès lors, si le consentement mutuel pour l’envoi des missions permanentes est établi, les États disposent d’une assez grande liberté pour décider du siège de celles-ci.

    29. Il en est différemment pour ce qui concerne l’ouverture des bureaux de la mission dans d’autres localités que celle où elle est établie. Une telle extension des locaux de la mission doit faire l’objet d’un accord exprès et préalable de l’État accréditaire⁶.

    2. L’envoi d’agents diplomatiques

    30. L’envoi d’agents diplomatiques est, contrairement au choix du siège de la mission, très encadré par les dispositions de la Convention.

    En effet, d’une part, l’agrément de l’État accréditaire est nécessaire pour permettre l’entrée en fonction du chef de mission, de même, les nomination, arrivée, départ et cessation de fonctions de l’ensemble des membres de la mission doivent lui être notifiés⁷. À la suite d’une telle notification, l’État accréditaire peut déclarer une personne non grata ou non acceptable, ce qui empêchera son entrée en fonctions sur son territoire⁸.

    D’autre part, l’article 4 de la Convention précise que l’État accréditaire peut non seulement refuser son agrément, mais également que cette décision discrétionnaire n’a pas à être motivée.

    Enfin, selon l’article 9 de la Convention, toujours sans motiver sa décision, l’État accréditaire peut déclarer, à tout moment, tout membre de la mission persona non grata, ce qui entraîne pour l’État accréditant l’obligation de mettre fin aux fonctions de la personne et de la rappeler – c’est-à-dire lui faire quitter le territoire de l’État accréditaire. Ces dispositions valent également pour le chef de la mission.

    Compte tenu de ces dispositions, il est de pratique constante qu’avant de nommer un chef ou un membre de la mission diplomatique, l’État accréditant s’assure, de manière officieuse, d’obtenir l’agrément de l’État accréditaire.

    31. Les règles nationales reprennent en général les dispositions de la Convention de Vienne de 1961. À titre d’exemple, en Belgique, une note circulaire rappelle que :

    « [a]ux termes de l’Art. 10 de la Convention de Vienne de 1961, le Service public fédéral Affaires étrangères doit être informé de la nomination, de l’arrivée, du départ, de la cessation de fonction, et donc aussi des changements éventuels de fonction, d’état civil et d’adresse des membres du personnel des Missions diplomatiques.

    En principe le Service public fédéral Affaires étrangères, Direction du Protocole reçoit une notification officielle par note verbale de la mission diplomatique »⁹.

    B. Les modalités d’établissement des relations consulaires

    32. La Convention de Vienne de 1963 contient des précisions quant à l’établissement du poste consulaire (1) et à la nomination et l’admission des chefs de ce poste (2). Elle opère également un renvoi vers les lois, règlements et usages internes des États en ce qui concerne certaines formalités (3).

    1. L’établissement du poste consulaire

    33. L’article 4 de la Convention de 1963 soumet, d’une part, l’établissement d’un poste consulaire au consentement de l’État de résidence. Ce consentement concerne non seulement le principe, mais porte également sur « le siège du poste consulaire, sa classe, et sa circonscription consulaire ».

    En effet, si ces trois éléments sont fixés par l’État d’envoi, pour autant ils doivent recevoir l’approbation de l’État de résidence.

    D’autre part, toutes les modifications ultérieures de ces éléments nécessitent son accord.

    Enfin, l’ouverture d’un vice-consulat, d’une agence consulaire ou d’un bureau du consulat en dehors du siège de celui-ci est aussi soumise à l’accord de l’État de résidence.

    Après un amendement proposé par l’Espagne et la République du Vietnam¹⁰, il est précisé que, pour l’ouverture d’un bureau, l’accord de l’État d’accueil doit être exprès et préalable.

    Si cette précision vaut, en principe, pour l’ouverture de tous les postes consulaires, l’accord de l’État de résidence peut également être obtenu de manière tacite par l’obtention de l’exequatur sur présentation d’une lettre de provision qui mentionne le siège, la classe, et la délimitation de circonscription du poste consulaire dont l’établissement est envisagé par l’État d’envoi.

    De même, l’accord relatif à l’établissement des relations consulaires peut contenir directement le consentement relatif à l’établissement des postes consulaires.

    34. L’article 1er de la Convention précise que l’expression « poste consulaire » désigne « tout consulat général, consulat, vice-consulat ou agence consulaire ». Chacune de ces catégories constitue une classe de poste consulaire. Chaque poste consulaire exerçant ses fonctions dans une circonscription correspond à un territoire donné, qui lui a été attribué par l’État d’envoi, et a été accepté par l’État de résidence.

    Le texte prévoit trois classes de consulats : consulats généraux, consulats et vice-consulats. Les dispositions de la Convention de Vienne relatives à l’établissement de postes consulaires sont communes à ces trois catégories. En effet, cette classification ne correspond pas à une différence de fonctions pouvant justifier un traitement différent, mais reflète la différence de grade des chefs de ces postes.

    Le terme « agences consulaires » désigne les consuls honoraires qui sont des particuliers, nommés par le chef de circonscription, pour exercer une fonction d’assistance aux ressortissants de l’État qui les a nommés. Ils exercent leurs fonctions à titre bénévole, même s’ils peuvent percevoir de manière irrégulière certaines sommes de la part de l’État, et ont des fonctions administratives très limitées.

    35. Si l’accord de l’État de résidence est exigé pour fixer ou modifier le siège des postes consulaires, c’est notamment en raison, d’une part, des obligations d’inviolabilité et d’exemptions fiscales des locaux des consulats et, d’autre part, de protection et d’exemptions fiscales des locaux des agences consulaires, qui découlent de la Convention de Vienne¹¹.

    2. La nomination et l’admission du chef d’un poste consulaire

    36. Les

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