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Contes et légendes des Inuit
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Contes et légendes des Inuit
Ebook238 pages4 hours

Contes et légendes des Inuit

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About this ebook

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire des Inuit

Je me réveillai et je vis cinq choses : un paquet de copeaux, et deux paires de moufles. Du côté gauche, une moufle avec une bordure sombre roula vers la région sèche, le continent. Il en sortit une foule d'humains, c'étaient les Russes. L'autre moufle, à bordure rouge, roula vers la mer : les Américains en sortirent. La troisième moufle alla vers le nord. Du pouce s'effeuillèrent des feuilles jaunes, qui devinrent des rennes et leurs éleveurs. La quatrième moufle qui roula au bord de la mer produisit les Tchouktchi. Nous autres, les Inuit, nous sortons des copeaux.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Burkina-Faso
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LanguageFrançais
Release dateApr 30, 2015
ISBN9782373800173
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    Contes et légendes des Inuit - Susanne Strassmann

    I.

    LES ASTRES, LES NUAGES, LA TERRE DES ANCÊTRES

    1.

    D’où vient le jour

    Jadis, sur terre régnait l’obscurité, et en ce temps-là renard et ours brun étaient humains. Un jour, ils se rencontrèrent sur la glace. L’ours brun dit cette incantation :

    – Qu’il fasse sombre ! qu’il fasse sombre ! alors les chiens pourront mieux flairer les veaux marins par les trous de respiration.

    Mais le renard répondit :

    – Puisse-t-il faire jour ! puisse-t-il faire clair ! alors les chiens pourront mieux flairer.

    Le renard était plus fort en sorcellerie et le ciel s’éclaircit. Alors, l’ours brun s’assit au sec et le renard resta sur la glace. Depuis ce jour, les hommes sont reconnaissants au renard de ce qu’il a créé le jour.

    2.

    Le lièvre éclaire la terre

    Jadis, la terre n’était pas éclairée. Tout restait dans l’obscurité. On ne pouvait voir ni la terre ni les bêtes. Il n’y avait pas de différence entre humains et animaux. Ils vivaient dans la promiscuité. Un humain pouvait devenir animal et inversement. Il y avait des loups, ours, renards. Dès qu’ils devenaient humains, ils restaient pareils. Ils pouvaient avoir des habitudes différentes, mais tous parlaient la même langue, vivaient dans les mêmes sortes de maisons, bavardaient et chassaient de la même façon.

    C’était ainsi il y a très longtemps. À cette époque, on criait des mots magiques. Un mot dit par hasard pouvait soudain acquérir un pouvoir. Ce que les gens désiraient voir advenir advenait. Personne ne pouvait expliquer par quel mystère.

    Donc, ils vivaient dans la promiscuité. Ils étaient parfois humains, parfois animaux. Pas de différence. On se souvient d’une conversation entre un renard et un lièvre.

    Renard :

    – Taaq taaq. Obscurité, obscurité !

    Il aimait le sombre, afin de pouvoir dérober des aliments dans les caches des humains.

    – Ulluq, ulluq. Jour, jour ! criait le lièvre.

    Il voulait la lumière, afin de trouver sa pitance.

    Soudain, ce que voulait le lièvre se réalisa. Ses paroles surpassaient en puissance celles du renard, pour un jour.

    C’est dès lors qu’apparut l’alternance du jour et de la nuit.

    3.

    Le lièvre, ou Comment on récupéra le soleil

    Cela se passait ainsi. Un jour, les esprits mauvais tungak dérobèrent le soleil aux habitants de la toundra. Bêtes et oiseaux vécurent alors dans l’obscurité. Ils cherchaient leur pitance à tâtons comme des aveugles. Pas drôle ! ils décidèrent de réunir une grande assemblée. Des députés arrivèrent, venant de tous les peuples, de la gent volatile, et des bêtes à poil. Un vieux corbeau, considéré par tous comme un sage, prit la parole :

    – Frères ailés et frères poilus, jusqu’à quand allons-nous vivre dans l’ombre ? De la bouche d’un des vieux qui habitent non loin de notre terre, j’ai entendu dire que des esprits malins vivant sous terre nous ont volé le soleil, cette boule qui nous éclaire. Je vous propose d’envoyer à la recherche du soleil le plus grand et fort d’entre nous, l’ours brun.

    – Ours ! ours ! crièrent oiseaux et bêtes.

    À ce moment, une vieille chouette sourde, qui réparait un traîneau, demanda au bruant des neiges :

    – Qu’est-ce qu’ils disent ?

    – Ils veulent envoyer l’ours chercher le soleil !

    – C’est en vain ! dit la chouette. Dès que l’ours, ce goinfre, verra quelque chose de bon à manger, il oubliera tout ! Nous ne récupérerons pas le soleil.

    Entendant l’avis de la chouette, les députés de l’assemblée en tombèrent d’accord. Le vieux corbeau reprit la parole :

    – Envoyons le loup, qui est le plus fort après l’ours.

    La chouette demanda au bruant :

    – Que disent-ils ?

    – Ils veulent envoyer le loup en ambassade.

    – Inutile ! le loup, en chemin, verra un renne, lui sautera dessus, se gobergera et adieu le soleil !

    – C’est fort vrai. Alors, qui allons-nous envoyer ?

    Une petite souris dit :

    – Envoyons le lièvre. Il fait des sauts plus hauts que nous tous, et peut attraper le soleil en route.

    Tous crièrent :

    – Lièvre, lièvre !

    La chouette, dure d’oreille, interrogea le bruant :

    – Que disent-ils ?

    Le bruant lui hurla dans le creux de l’oreille :

    – Ils veulent envoyer le lièvre ! Car c’est celui qui bondit le mieux !

    La vieille chouette réfléchit, dit :

    – En effet, il bondit haut. Fiable ! on peut compter sur lui. Personne ne l’arrêtera.

    C’est ainsi que le lièvre fut consacré ravisseur de soleil. Sans réfléchir davantage, le lièvre se mit en route sur le chemin indiqué par le corbeau.

    Il marcha longtemps, des jours et des jours. Enfin, de loin, il distingua une tache lumineuse. Il s’approcha. Des rayons s’échappaient d’une étroite fente souterraine. Il épia. Une boule de feu gisait dans un grand vase de pierre blanche. Ses rayons éclairaient la caverne. « Voilà le soleil ! » pensa le lièvre. À l’autre coin de la caverne gisaient sur des peaux de renne des esprits mauvais. Le lièvre descendit par la faille dans le souterrain, sauta sur la boule de feu, l’extirpa du vase de pierre, prit son élan sur ses pattes arrière, et sauta hors de la caverne.

    Les esprits mauvais se réveillèrent, se lancèrent à la poursuite du lièvre. Celui-ci courait de toutes ses forces. Les esprits mauvais le suivaient de près. Alors, le lièvre donna un coup de patte à la boule de feu, laquelle se brisa en deux. Une petite partie donna la lune. La partie la plus grosse devint le soleil, que le lièvre mit en place en lui donnant une ruade. Et soudain, il se mit à faire jour sur terre.

    Les esprits mauvais tungak, aveuglés, allèrent se cacher dans le souterrain, et depuis lors, n’apparaissent plus sur terre. Bêtes à poil et à plume glorifièrent le hardi lièvre, ravisseur du soleil.

    4.

    Soleil et lune

    (Version courte)

    Jadis, Soleil et Lune étaient respectivement sœur et frère¹, orphelins. Siqiniq (soleil) vivait seule dans un igloo. Les villageois se réunissaient dans le qaggiq, une maison commune assez spacieuse, où ils s’amusaient.

    Un jour que, comme de coutume, ils tenaient une séance dans le qaggiq tôt dans la soirée, quelqu’un se précipita dans l’igloo de Siqiniq, et éteignit aussitôt sa chandelle qulliq². La jeune fille subit des violences. Cela se reproduisit plusieurs fois. Siqiniq ne savait pas qui l’avait violée.

    Sa marmite était toujours suspendue au-dessus de la chandelle qulliq. Quand son agresseur revint la fois suivante, elle tendit le bras, essayant de toucher la marmite, mais la lampe était éteinte, il faisait noir comme dans un four. Après maints efforts, elle réussit à toucher le cul de la marmite. Elle put ainsi oindre le visage de son agresseur, avec ses mains couvertes de suie.

    Le violeur, une fois son crime commis, s’en alla. Elle le suivit, afin de voir où il se rendait. Elle espérait voir enfin à qui elle avait affaire. Elle l’épia, et vit qu’il allait à la maison qaggiq, l’igloo collectif où se déroulaient les festivités. Comme elle s’approchait, elle pouvait entendre les gens rire et s’esclaffer. L’un d’eux disait :

    – Taqqiq inutuarsiurasumut aasit naatavinaaluk, ce qui veut dire : « Lune (Taqqiq) a été marqué par de la suie, pendant qu’il recherchait une personne qui aurait pu se trouver seule ».

    Donc, Siqiniq entra dans la maison commune, et vit que son frère Lune avait le visage couvert de suie. Honteuse et pleine de fureur, elle sortit un de ses seins, le coupa et l’offrit à son frère, criant que s’il l’aimait tant, il pouvait le dévorer !

    Son frère refusait. Elle continuait à le lui offrir. Ils prirent tous deux des torches, et sortirent en courant de la maison commune. Le frère en premier. Siqiniq le suivait, lui proposant constamment son sein découpé. Comme elle poursuivait son frère autour de la maison commune, Taqqiq tomba, et la flamme de sa torche s’éteignit, ne laissant que cendres par terre. La torche de Siqiniq continuait à briller. Ils montèrent tous deux au ciel, où sa sœur Siqiniq devint le soleil, tandis que le frère Taqqiq devenait la lune.

    5.

    Soleil et lune

    (Version longue)

    Deux orphelins, frère et sœur, vivaient avec leur grand-mère. Le garçon, Aningaat, était aveugle. Un jour, le village déménagea, les laissant seuls tous les trois. Ils vivaient dans une maison qarmmaq (de pierre, os et gazon), isolée du froid mais pas très confortable. Ils avaient un chien. Un jour, un ours polaire s’amena. Leur chien les alerta. L’aveugle avait un arc et des flèches. La vieille lui tendit l’arc et, réglant le tir, visa à sa place l’ours. Elle dit :

    – Tire !

    L’aveugle tira. La vieille dit :

    -Tu as atteint le cadre de la fenêtre.

    L’aveugle répondit :

    – Je suis sûr d’avoir entendu le bruit que fait un animal blessé.

    Il avait bien entendu la flèche frapper l’ours, et le bruit de la bête blessée tombant par terre.

    La vieille ordonna à sa petite-fille de sortir voir si l’ours était bien mort. Elle lui dit de commencer prudemment par lui lancer une petite boule de neige. La fille sortit, vit l’ours qui avait glissé en arrière sur le seuil. Elle comprit que la bête était blessée. Non sans quelque frayeur, elle lui lança une boule de neige sur la croupe. L’ours ne bougea pas. La fille rentra et instruisit sa grand-mère du résultat de sa mission. La vieille lui ordonna de ressortir, et cette fois, de lui donner un coup de pied au cul. La fille sortit et lança une ruade sur les fesses de l’ours. Celui-ci ne bougea pas. Apprenant cela, la grand-mère déclara :

    – L’ours est mort.

    La vieille prit donc son couteau rond de femme ulu, l’aiguisa. Elles sortirent. La vieille écorcha et équarrit le fauve. Elle dit à sa petite-fille d’étrangler le chien, leur unique chien, cette brave bête qui les avait prévenus de l’arrivée de l’ours. Le chien fut transformé en viande de boucherie.

    Le garçon, qui avait pourtant tué l’ours, fut confiné dans le vestibule glacé de la maison. On lui fit manger du chien, tandis que la vieille et la fille se nourrissaient de viande ursine.

    La fille éprouvait de la compassion pour son frère, réduit à se nourrir de carne de cabot. Sa grand-mère lui avait interdit de donner à son frère de la viande d’ours. Elle lui en donnait quand même en cachette, chaque fois qu’elle le pouvait. Quand la vieille et la petite fille dînaient, la petite piquait un petit morceau de viande et le cachait dans sa manche. Chaque fois que la petite en redemandait, la grand-mère lui répondait :

    – Tu sembles manger bien vite. N’irais-tu pas en donner à ton frère ?

    La petite se récriait :

    – Pas le moins du monde !

    C’est qu’elle avait très faim. Par cette supercherie, la sœur parvenait à filer furtivement, à son frère, de la viande d’ours.

    Un jour Aningaat interrogea sa sœur :

    – Les lacs sont-ils toujours désertés par les plongeons à gorge rouge ?

    Elle répondait :

    – Oui.

    La neige se mettait à fondre, laissant apparaître la terre.

    Derechef, le frère questionna :

    – Les lacs sont-ils toujours sans plongeons ?

    Cette fois, la sœur répondit :

    – Non ! Les lacs sont maintenant hantés par les plongeons.

    L’aveugle demanda à sa sœur de l’emmener à un lac, et lui dit, avant de l’y laisser, de marquer le chemin de retour à la maison avec des pierres, bornes bien rapprochées, afin qu’il puisse rentrer seul.

    Elle emmena donc Aningaat au lac sur lequel nageaient deux plongeons. Elle l’y laissa. Rentrant à la maison, elle marqua le chemin avec des pierres, comme son frère l’avait demandé.

    Aningaat pouvait entendre les plongeons sur le lac. Ensuite il entendit le bruit d’un qajaq juste en face de lui, accompagnant les cris des plongeons.

    Il entendit quelqu’un qui lui ordonnait de grimper dans le qajaq.

    Guidé par la voix, il se fraya un chemin jusqu’au rivage. Quand il fut dans le qajaq, on lui dit de se coucher sur le ventre à la poupe. Il obéit.

    Il entendit qu’on pagayait vers le milieu du lac. Alors, on le fit plonger. Ils restèrent sous l’eau un certain temps, puis émergèrent pour respirer. Une fois sa respiration redevenue normale, ils se remirent à pagayer dans le lac. Encore un plongeon. Cette fois, ils restèrent plus longtemps dans l’eau. Il étouffait quand on le ramena à la surface et on l’interrogea :

    – Tu ne peux rien voir ?

    – Non, je ne peux pas voir, mais je commence à voir quelque chose qui brille dans mes yeux.

    Alors, ils firent encore un plongeon qui dura encore plus longtemps. Il étouffait. Quand

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