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Les péchés mignons de l'anorexie: Un témoignage décalé sur ce trouble alimentaire
Les péchés mignons de l'anorexie: Un témoignage décalé sur ce trouble alimentaire
Les péchés mignons de l'anorexie: Un témoignage décalé sur ce trouble alimentaire
Ebook120 pages1 hour

Les péchés mignons de l'anorexie: Un témoignage décalé sur ce trouble alimentaire

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Mon combat contre l'anorexie

L’anorexie est malheureusement un sujet d’actualité, un des maux du XXIe siècle. Pour moi, elle a été une véritable dictatrice, régnant sur mon estomac, mon cerveau et les restes de ma vie sociale. Cette satanée maladie a totalement tenu les rênes de ma vie pendant quelques longues et intenses années. Un véritable combat sur le ring, où seul un miroir se situait face à moi. Par chance, j’ai passé le second round de cette maladie taboue qui doit être traitée au cas par cas – et en parlant de cas, j’en suis un, croyez-moi. Pendant mes hospitalisations, je dégustais des livres-témoignages, à la recherche de soutien et d’espoir. Je n’ai trouvé que des pages noircies de désespoir, de bien sinistres lectures. Voici donc l’histoire de mon expérience, en espérant que mon témoignage décalé apporte fraicheur, humour et grand espoir à ceux qui en ont grandement besoin.

Un récit bouleversant sur les troubles alimentaires.

EXTRAIT :

Je te quitte.

Notre relation ne mènera qu’au crime passionnel et encore, dans le meilleur des cas. Je t’aime au moins autant que je te hais. Bien que tu aies pu à certains moments me procurer une sorte d’euphorie, tu es d’une nocivité certaine pour ma petite personne. Aujourd’hui, après deux longues et interminables années de relation, je te plaque. Je ne te ferai pas une apologie, ni ne te dirai que nous « resterons bons amis », car je ne suis pas de celles qui regardent derrière leur épaule.

Après de nombreux mois d’échanges buccaux quotidiens avec ma bien chère cuvette, j’ai décidé de rompre et non de faire une « pause » histoire de réfléchir à un avenir possible à ses côtés. Je romps définitivement, et j’y mettrai autant de volonté que j’en ai mis à l’aimer.
LanguageFrançais
Release dateMar 2, 2015
ISBN9782390090441
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    Les péchés mignons de l'anorexie - Hélène Trancoen

    survivre.

    PARTIE I

    « TCA ! »

    « …À tes souhaits »

    Troubles du comportement alimentaire. Avec les décennies, l’humanité a rajouté de l’agrément à sa vie, mais la base physiologique reste la même : respirer, dormir, boire et manger. C’est plutôt simple dit comme ça. Manger est donc naturel, inné. Mon père utilise des métaphores bien placées telles que « tu es une voiture Hélène, il faut mettre du carburant pour avancer sinon tu vas casser le moteur » (j’espère au moins être un coupé sport). Moi, je nous vois plus comme des estomacs sur pattes, toujours entre deux repas, coincés dans ce rythme alimentaire que j’ai décidé de ne plus choisir.

    Laissez moi donc vous conter l’histoire des TCA (ce programme est interdit aux moins de 10 ans).

    Pour faire simple, je vais les scinder en deux, il y a :

    – L’anorexie. Ici, l’aiguille de la balance penche vers la gauche. C’est un refus de s’alimenter, un déni de la vie, une quête de la légèreté du corps et de l’âme. Pour ma part, l’anorexie est une volonté de ne plus rien ressentir, ni à l’extérieur ni à l’intérieur. Une disparition progressive, programmée. Une rébellion contre le monde et ses faibles automatismes alimentaires. Les idées reçues et autres archétypes font de nous des êtres puérils et capricieux : des anorexiques.

    Les anorexiques sont à 95 % des femmes présentant une moyenne d’âge de 25 ans (bien que l’on dise qu’il y a une corrélation entre anorexie et puberté, je vous laisse vous faire votre propre avis sur l’hypothèse).

    Un peu d’étymologie voulez-vous ?

    Anorexie signifie « absence de désir », désir d’être, de vivre, de partager, de se faire plaisir, d’aimer, de savourer. Lorsque l’on ne désire plus rien, que nous reste-t-il alors ? Un symptôme à quatre syllabes et un enfer ponctué de « non ». La seule envie présente est celle de disparaitre.

    Au cours de mes multiples tentatives échouées pour trouver sur internet une solution (qui ne soit pas buvable, si possible) à mon symptôme, j’ai fait une découverte saugrenue. Saviez-vous que l’homme n’est pas le seul, l’unique, sur le plan des TCA ? En effet, il paraît que même les animaux peuvent être touchés par ces troubles (information invalidée par mon chien pour qui vivre, c’est manger). Soit, les animaux ont donc eux aussi des variantes psychologiques capables de les pousser dans le gouffre de l’anorexie. Une déchéance universelle alors ?

    Quand on cherche les prémices de ce symptôme (non pas dans des bibliothèques poussiéreuses, mais sur l’interface blanche immaculée de Google), on retrouve toujours un dénominateur commun : la religion et la foi. L’anorexie serait alors apparue, comme bien d’autres malheurs, au début de l’ère chrétienne. Pour preuve, ce genre de message subliminal lancé par des saints (que l’on peut aussi nommer leader d’opinion en ce temps-là) : « Quand je suis faible, alors je suis fort » dixit saint Paul.

    Hum hum…

    Si l’on suit la logique mystique de ce cher Paul, qui aurait aussi pu être professeur de philosophie selon moi, on peut en conclure que « si je suis malheureux, alors je suis heureux ».

    Bref, par la suite, à coup de croyances et de foi, est alors arrivé le jeûne, cette pratique visant à une privation volontaire et revendiquée de nourriture. Ce jeûne (à l’origine de l’anorexie à mon sens) était alors perçu comme un miracle de volonté de l’esprit, ou bien comme la capacité nouvelle de l’homme à pouvoir se contenter d’air pour vivre (ben voyons). Cette forme d’anorexie était donc valorisée par la société au Moyen Âge. Nous aurions même une patronne des anorexiques (une star dont je ne demanderais pas l’autographe) : sainte Catherine, canonisée au XIIème siècle. Amen.

    À l’heure actuelle, 50 % des patients guérissent (fun, cela ne me fait ni lever les bras, ni les baisser). De plus, on a visiblement commencé à comprendre que ce n’est pas l’anorexie qu’il faut traiter, mais sa source (on tient le bon bout).

    – La boulimie. Elle fut vomitive pour moi, mais ne l’est pas dans tous les cas. Elle touche à 98 % des femmes (encore une fois, encore nous) de plus de 25 ans, le plus souvent suite à une période d’anorexie mentale (comme si ce n’était déjà pas assez). L’aiguille penche donc ici trop à droite ou trop à gauche (tout dépend de la relation buccale, ou non, que l’on peut entretenir avec sa cuvette). La boulimie, ce n’est donc pas « manger »; c’est se goinfrer, se faire éclater le bide réellement, se remplir d’aliments rassurants, sécurisants ou interdits. C’est combler un vide, pas physiologique mais psychologique. Ici, rien à voir avec la faim, car on ne la distingue plus du désir de grignoter.

    Boulimie (parenthèse étymologie) se traduit donc par « faim de boeuf » : c’est glamour et pertinent au niveau des conséquences sur l’estime de soi. Il est vrai que quand on commence un repas et qu’on le termine après deux heures d’apnée, le miroir ne reflète alors plus que du dégout.

    Une phase, un épisode de boulimie entraine automatiquement un bien-être profond, suivi aussitôt d’une colère immense (ascenseur émotionnel bonjour, quel étage désirez-vous ?). Les femmes ont cette tendance à aller instinctivement vers le sucré. On dit que cela remonte à l’enfance et à notre première saveur qu’est le lait maternel légèrement sucré. L’élément déclencheur d’une crise de boulimie est souvent une contrariété, une peur, la solitude, voire même ces publicités télévisées attrayantes et colorées, marketées à souhait. Leur but est cognitif (faire connaitre), affectif (faire aimer) et enfin conatif (faire faire, surement le plus sournois d’entre eux), c’est-à-dire qu’elles déclenchent l’acte d’achat ou, pour nous, l’acte d’auto-destruction. Après tout, la vie semble être toute rose dans le monde d’Haribo (et moi je crois aux promesses Tagada).

    Là où l’anorexie se revendique au départ et se subit ensuite, la boulimie est, elle, dès le départ un acte caché. Un secret de polichinelle, que seule la poubelle (ou la cuvette) connait. Ces deux troubles sont contre nature et donc incompris. Leurs origines peuvent varier : il n’y a souvent pas de cause commune à tous les patients.

    Freud, Papa Noël de la psychanalyse, a posé des bases (bancales) aux TCA, mettant sous les projecteurs ce cher Oedipe et cette notion d’immaturité du patient. Alors que ces concepts me semblent être particulièrement aberrants et hors du temps, nombre de médecins novices en matière de TCA s’y raccrochent. Le mal-être intérieur est propre à chacun, ses causes sont souvent multiples et s’insèrent dans une chronologie parfois longue. Entre les thérapeutes, hôpitaux, hypnotiseurs et autres oracles de notre destin, partons ensemble pour cette épreuve, cette aventure nutritive grotesque et extrême.

    Dans ma mentalité de jeune femme formatée, j’avais donc cette conception de l’anorexie assimilée à une suprématie par rapport à la boulimie, qui me renvoyait davantage à l’image d’une serpillière humaine.

    Ces deux termes que je viens d’étayer sont les SYMPTOMES d’une maladie, d’un mal être sous-jacent. Ces deux symptômes sont des ADDICTIONS. Ces deux addictions sont deux EXTRÊMES qui se rejoignent dans leurs conséquences : une détérioration progressive de l’état physique et psychique.

    Il parait que les épreuves rendent plus fort…

    Pour ma part, cette épreuve m’a plutôt affaiblie et j’aurais bien passé mon tour. Les TCA constituent un vaste programme d’auto-destruction inconsciente, à croire que nous nous « amusons » à tester les limites du corps humain. Cette « épreuve » ne m’a pas rendue plus forte, mais elle m’a radicalement changée : moi qui aimais le superflu, les discours futiles et l’apparence, je suis revenue aux plaisirs simples, à l’essentiel. Il est vrai qu’il y a quelques années j’aurais pu me noyer dans mon nombril, puis un revirement a fait que c’est dans ma cuvette que j’aurais pu sombrer.

    Un peu comme pour l’épreuve de maths au baccalauréat, je me dis que si c’était à refaire, je n’aurais pas le courage ni la force mentale et physique de repasser par là. Cette maladie prend du temps et de l’énergie, elle nous enferme et nous fait vivre dans un huis clos avec nous-mêmes, avec cette autre part de nous que nous tentons de maitriser, d’apprivoiser…

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