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Jour après soir: Témoignage sur la maladie d'Alzheimer
Jour après soir: Témoignage sur la maladie d'Alzheimer
Jour après soir: Témoignage sur la maladie d'Alzheimer
Ebook85 pages47 minutes

Jour après soir: Témoignage sur la maladie d'Alzheimer

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About this ebook

Comment réagir face à la maladie d'Alzheimer ? Un témoignage poignant.

Pourquoi lire ce témoignage qui relate la présence d'une femme auprès de sa vieille maman incurable ?
Parce que la narratrice a vécu profondément cette présence au quotidien. Par l'accueil dans l'intime de ce que vivait sa mère, elle a pu vivre « jour après soir » dans un esprit de gratitude et d'offrande -- ces deux modes d'accompagnement véritable.
À notre tour de prendre soin de nous-mêmes et de l'autre dès aujourd'hui, pour être à même d'accueillir cette heure redoutable lorsqu'elle nous arrivera.

Nelly Laurent livre ici un roman puissant, vrai et sincère. Son témoignage permettra d'aider les personnes qui affrontent ou ont expérimenté les épreuves de la maladie d'Alzheimer.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE 

- "Nelly Laurent, riche de son expérience, nous y prépare. Elle le fait avec ses dons de poésie, des mots choisis et de l'émotion. N'est-il pas vrai qu'aux moments tristes de l'existence, la beauté du monde parfois se révèle dans nos cœurs éprouvés ? Ce qui nous consterne se change de proche en proche en joie -- une joie même radieuse." (Léonard Appel)

A PROPOS DE L'AUTEUR 

Ce n'est qu'à cinquante ans que Nelly Laurent commence à coucher ses pensées sur papier. Ce rêve d'enfant se décline aussi bien en romans qu'en nouvelles, mais également en récits historiques.

EXTRAIT 

L’autre soir, je parlais de ma mère devant une caméra.
Je partageais avec des inconnus le pain tendre de notre intimité. Elle s’invitait à leur table, avant de s’asseoir sur le bord de leur âme dans le salon d’hiver. Ma voix sereine confiait la tendresse et la force de notre accompagnement réciproque.
Trouverait-elle un écho, là où aucune télécommande ne peut zapper la résonance ?
J’ose le croire.
LanguageFrançais
PublisherWeyrich
Release dateDec 9, 2014
ISBN9782874892165
Jour après soir: Témoignage sur la maladie d'Alzheimer

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    Jour après soir - Nelly Laurent

    Le Plein Temps d’une Vie

    L’autre soir, je parlais de ma mère devant une caméra.

    Je partageais avec des inconnus le pain tendre de notre intimité. Elle s’invitait à leur table, avant de s’asseoir sur le bord de leur âme dans le salon d’hiver. Ma voix sereine confiait la tendresse et la force de notre accompagnement réciproque.

    Trouverait-elle un écho, là où aucune télécommande ne peut zapper la résonance ?

    J’ose le croire.

    Évoquer un proche, s’empêcher de le placer en cher disparu dans un lointain paradis, c’est lui redonner corps « au ciel de nous ». Dessiner son sourire sur les traits qui s’estompent. Ressentir la bonté de son existence telle qu’elle nous habite aujourd’hui quand nous pensons aux moments vécus ensemble.

    Traverser les souvenirs en laissant monter les lumières et les ombres de notre histoire pour ne pas tomber dans le piège des mirages. Ne rien déformer, mais regarder en vérité ce que nous avons reçu l’un de l’autre, afin d’entrer dans une nouvelle relation où chacun pourra occuper sa juste place.

    Évoquer un proche, c’est aussi l’invoquer. L’appeler au-dedans de soi pour nourrir ensemble ce nouvel espace. Pour entretenir la relation et filtrer l’eau vive qui perle encore à nos yeux quand soudain il nous manque. Accueillir le visage intérieur d’un être que nous avons aimé, qui nous a suscités à l’heure du passage, à l’heure de renaissance, afin de recevoir aussitôt une part de son éternité.

    C’est notre héritage !

    Comment partager ce trésor ? Et pourquoi risquer la parole ?

    Écrire, pour transmettre le témoin. Pour s’encourager les uns les autres à être plus vivants sur le chemin où chacun est unique. S’enhardir vers des parcours nomades pour retrouver la source, ce qui nous fait vivre ou ce qui nous retient encore.

    La vie se fait accompagnatrice. Depuis le jour de notre naissance, elle nous propose suffisamment d’itinéraires pour vivre consciemment ce chemin.

    Un des voyages les plus aventureux seraitil celui des mères ? De l’enfant qui a grandi vers celle qui le mit au monde ?

    Parcours en solitaire, sur le hors-piste, pour découvrir sa terre promise où l’inviter un jour pour lui dire :

    « Voici la femme que je suis devenue aujourd’hui. »

    Pour renaître, faudrait-il « retourner dans le ventre de sa mère ? » interrogeait Nicodème. L’accompagnement de ma vieille maman fut une expérience de cet ordre-là.

    Il me mit dans un état de gestation intérieure où l’une a besoin de l’autre pour en sortir plus vivante. Étapes nécessaires, comme les neuf mois d’une grossesse qui contractent le ventre et préparent à trouver son propre souffle.

    Accompagner ma mère, atteinte vers quatre-vingts ans de la maladie d’Alzheimer, a commencé le matin où, pour la première fois, je préparais sa valise. Dans l’urgence médicale, elle partait pour l’hôpital. Nous ignorions tous qu’elle ne reviendrait plus jamais vivre dans la maison où elle avait passé cinquante ans de sa vie. Elle vint ensuite habiter dans une maison de repos, près de chez nous. Elle y vécut huit années encore.

    Cette acclimatation, loin des repères qui la sécurisaient chez elle, – le jardin sous la fenêtre de sa chambre encadrant si bien le clocher paroissial, les voisins, une autonomie bien gérée jusqu’alors – se fit avec beaucoup de compréhension de sa part, de patience, de dignité. Attitude aidante dans la douleur partagée de devoir passer sans préparation à cette nouvelle vie en résidence. Forme communautaire à laquelle nous devions nous adapter aussi, contraints d’accepter la réalité d’une situation irréversible.

    Nous entrerons à notre tour dans ce temps qui ne reviendra plus.

    Au début, nous franchirons la porte de sa nouvelle demeure, la crampe au ventre, le regard gêné, les bras chargés de friandises. Nous passerons chez un fleuriste pour acheter des tulipes qui évoqueront toujours le jardin qu’avant-hier nous visitions chez elle. Que de bouquets elle a coupés de ses mains de jardinier avant de nous les offrir ! Plus jamais nous n’emporterions chez nous l’odeur de sa cave à pommes de terre, celle des rhubarbes, du thym frais et du persil qu’elle cueillait pour

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