Discover millions of ebooks, audiobooks, and so much more with a free trial

Only $11.99/month after trial. Cancel anytime.

L'île des rois: Un roman d'amour africain
L'île des rois: Un roman d'amour africain
L'île des rois: Un roman d'amour africain
Ebook162 pages2 hours

L'île des rois: Un roman d'amour africain

Rating: 0 out of 5 stars

()

Read preview

About this ebook

Dans l'Afrique australe, l'amour est soumis aux épreuves les plus terribles...

L'Île des Rois est le récit d'un immense amour qui se croyait invincible. Il ne l'était pas. La politique, la corruption et la maladie eurent raison de lui. L'un sans l'autre, ils étaient perdus, ces anciens amants flamboyants, ne savaient plus rien faire, alors pour survivre au naufrage de leur amour, ils se réfugièrent sur une Île du Delta de l'Okavango. Au rythme de la nature et à travers les souvenirs de la narratrice, se retrace son épopée amoureuse, depuis leur première rencontre dans un bureau du gouvernement botswanais, l'ascension, les trahisons et la chute jusqu'à ce camp de fortune en Okavango.

Un roman d'amour poignant dans un pays déchiré par la guerre.

EXTRAIT

C'était un matin très tôt, le jour se levait. Je notais un bruit inhabituel, comme un discret ruissellement d'eau, sans pouvoir le localiser immédiatement. Très vite il s'amplifia, remplit l'espace, il était partout, et je compris dans les yeux brillants de Sébélé : le Delta commençait sa métamorphose. L'eau de l'Angola arrivait au bout de son voyage et par endroit déjà, des flaques peu profondes se formaient sur la plaine en reflétant les roses de l'aube. L'Okavango nous envoyait un signal. Les militaires étaient partis mais l'eau arrivait, la nature nous invitait à la fête, nous étions chez nous.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Soline Lippe de Thoisy vit au Botswana. Avide de voyages, de nature et de rencontres, elle y puise l’inspiration de ses romans. Elle a publié L’Île des Rois aux Éditions Ex Aequo en 2017.
LanguageFrançais
PublisherEx Aequo
Release dateFeb 20, 2018
ISBN9782378730154
L'île des rois: Un roman d'amour africain

Read more from Soline Lippe De Thoisy

Related to L'île des rois

Related ebooks

Psychological Fiction For You

View More

Related articles

Related categories

Reviews for L'île des rois

Rating: 0 out of 5 stars
0 ratings

0 ratings0 reviews

What did you think?

Tap to rate

Review must be at least 10 words

    Book preview

    L'île des rois - Soline Lippe de Thoisy

    cover.jpg

    Table des matières

    Résumé

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Épilogue

    Résumé

    L'Île des Rois est le récit d'un immense amour qui se croyait invincible. Il ne l'était pas. La politique, la corruption et la maladie eurent raison de lui. L'un sans l'autre, ils étaient perdus, ces anciens amants flamboyants, ne savaient plus rien faire, alors pour survivre au naufrage de leur amour, ils se réfugièrent sur une Île du Delta de l'Okavango. Au rythme de la nature et à travers les souvenirs de la narratrice, se retrace son épopée amoureuse, depuis leur première rencontre dans un bureau du gouvernement Botswanais, l'ascension, les trahisons et la chute jusqu'à ce camp de fortune en Okavango.

    - Extrait: C'était un matin très tôt, le jour se levait. Je notais un bruit inhabituel, comme un discret ruissellement d'eau, sans pouvoir le localiser immédiatement. Très vite il s'amplifia, remplit l'espace, il était partout, et je compris dans les yeux brillants de Sébélé : le Delta commençait sa métamorphose. L'eau de l'Angola arrivait au bout de son voyage et par endroit déjà, des flaques peu profondes se formaient sur la plaine en reflétant les roses de l'aube. L'Okavango nous envoyait un signal. Les militaires étaient partis mais l'eau arrivait, la nature nous invitait à la fête, nous étions chez nous.

    Soline Lippe de Thoisy vit au Botswana. Avide de voyages, de nature et de rencontres, elle y puise l’inspiration de ses romans. Elle a publié L’Île des Rois aux Editions Ex Aequo en 2017. Les murmures du Cap est son troisième roman.

    Crédit photo couverture : Ann Gollifer

    Soline Lippe de Thoisy

    L’île des Rois

    Roman

    ISBN : 978-2-37873-015-4

    Collection Ultramarine

    ISSN : 2105-8539

    Dépôt légal janvier 2018

    © couverture Ex Aequo

    © 2018 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de

    traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

    Toute modification interdite.

    Éditions Ex Aequo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières les bains

    www.editions-exaequo.fr

    Lune, eau sonore, nuit bénie,

    Arbres qui frissonnez autour,

    Votre pure mélancolie

    Est le miroir de mon amour.

    Charles Baudelaire

    Chapitre 1

    « Ça ne donnera rien sans mon rouge ». Je suis agacée, très agacée, assise en face de toi à la table de bois sombre sur la terrasse de notre tente. Mes pieds cognent nerveusement contre ceux de la table, taillés par Sébélé. Bien sûr, ils sont amusants, déroutants, attachants, les petits communistes, mais la cohabitation avec ces six voyous a ses limites. Igor en a franchi une en me volant mon tube ce matin. Sans ce rouge, comment finir le tableau ? Il n’est que de verts, d’eau, de bleus changeants, assez abouti déjà dis-tu, mais monotone sans le vol d’ibis qui devait traverser l’étang. Des ibis rouges, à peine quelques taches sur la gauche du tableau, qui s'envoleraient vers l'horizon en se fondant dans leur propre reflet.

    Inutile d’espérer remplacer la couleur avant plusieurs semaines, grommelé-je, en attrapant brusquement la théière, passant ma colère sur ce pauvre récipient d’aluminium brûlant. À Maun, d’où notre prochain vol de ravitaillement décollera en fin de semaine, pas moyen de trouver une peinture correcte. Dans ce gros bourg noyé de poussière, fier de sa place de troisième ville du pays, se tient le seul commerce de la région dédié vaguement aux arts et tenu par un Chinois. Pour être plus précise, un grand bazar, avec un rayon bricolage et quelques fournitures scolaires. On n’y trouve que de la peinture à l’eau pour écolier, boîtes en plastique plates contenant les couleurs primaires, de mauvaise qualité et trop criardes. Il me faudra compter donc sur un colis de notre Londonienne. Ce soir, j’enverrai un courriel à Lilas, si la connexion satellite le permet, et je l’imagine courir dès demain matin dans la plus grande papeterie de Londres commander tous les rouges de la terre, toutes les nuances, toutes les textures, pour le seul plaisir d’imaginer le sourire vieilli de sa maman ouvrant le paquet à l’autre bout du monde, espionnée par un singe planqué dans le feuillage du grand marula.

    « Tu comprends, te dis-je en sirotant mon thé trop chaud, j’étais vraiment dedans, je le sentais ce tableau, j’allais en faire quelque chose, je ne sais pas si je retrouverai le même état créatif après des semaines d’arrêt forcé. » Je m’arrête, mon regard s’attarde sans le vouloir sur une plaie de ton visage que tu as maladroitement recouverte de gaze, dérisoire bouclier contre les insectes de toutes sortes qui viennent se délecter des jusque ton corps malade ne cesse de sécréter. La compresse tombe sur un côté, mais je ne peux me résoudre à la remettre en place. Toucher ta peau me répugne. Dégoût réel, ou fierté, fidélité à une promesse faite à moi-même il y a sept ans ? Je n’en suis plus vraiment sûre. Tu devines mon regard, et ta main se dirige instinctivement vers la plaie, pour chasser les mouches et y plaquer la protection.

    « Bien sûr, reprends-je, tu vas me dire que ce ne sont que quelques minuscules points sur un grand tableau vert et bleu… Minuscules, oui, mais ils sont essentiels à l’ensemble, tu comprends ? J’aurais dû ranger ma peinture, je sais, tu me le répètes tous les soirs, mais est-ce une excuse pour voler, hein ? C’est lui, j’en suis sûre, ce sale petit voyou. Tu vas me dire que mes jugements sont toujours trop hâtifs, mais regarde mon amour, regarde, il me nargue depuis hier, ce n’est pas une preuve ça ? ! » Mais tu ne dis rien. Tu me regardes en silence, et tu ne dis rien. Ni que les minuscules points rouges ne manqueront pas au tableau, ni que j’aurais dû ranger ma peinture, ou que mes jugements sont trop hâtifs. Réprimant un sourire qui te monte au coin des yeux et risquerait de m’agacer davantage, tu lèves le visage vers le présumé coupable. Le mouvement de ta tête fait se détacher tout à fait la compresse de gaze qui tombe mollement sur ta jambe. Igor est perché sur une branche haute, à quinze mètres au moins au-dessus de la tente. De là-haut, il espionne, repère et prépare son prochain forfait, qu’il ne considère probablement dans sa petite tête noire en forme de cœur pas autrement qu’un emprunt légitime. Pas de quoi en faire une histoire. Tout se partage dans la brousse, et sa longue queue blanche semble se balancer au rythme d’une comptine silencieuse à mon intention, une petite chanson moqueuse qui dirait : « Nous sommes les derniers communistes, communistes, istes, istes, istes. »

    img1.jpg

    C’est toi qui les as nommés ainsi : les six derniers communistes. Quatre garçons, leur petite sœur et une vieille matriarche autoritaire. Des petits singes vervet{1} qui volent tout ce qu’ils trouvent et ne comprennent pas qu’on leur coure après en râlant. Je les gronde comme des enfants, impuissante sous l’arbre qu’ils escaladent à toute allure. De là-haut, ils me regardent moqueurs, la tête penchée, un peu ennuyés, l’air de dire : « Mais pourquoi faut-il toujours que cela se passe comme ça avec les humains ?? Pourquoi ne pouvons-nous pas vivre ensemble tranquillement sans nous crier dessus ?? Est-ce que nous hurlons, nous, quand ils ramassent nos graines, construisent leurs baraques avec nos arbres et bloquent nos accès à la lagune ? » Ces six-là n’ont aucune notion de propriété, ce qui est à toi est à moi. Je leur ai donné à chacun un prénom russe, Igor pour le plus insolent et chapardeur. Vladimir, Viktor, et puis mon préféré, Nikita. Nikita est doux, un peu timide. Il passe son temps à s’épouiller, à l’écart de ses frères chamailleurs. Il observe beaucoup, mais pas avec ces mouvements simiesques vaguement ridicules, brusques, de la tête qui monte, descend, penche à droite, à gauche, monte encore, donnant l’impression que les yeux sont incapables de bouger sans qu'elle suive le mouvement. Nikita sait se servir de ses yeux, sa façon de se déplacer est plus gracieuse. Ses frères le prennent probablement pour un attardé. Peu après notre arrivée sur l’île, et avant de découvrir la famille au complet, je l’avais trouvé un matin sur la terrasse de notre tente, blessé à la gorge. Après de longues heures d’approche patiente, j’avais réussi à déposer quelques gouttes de désinfectant sur sa plaie, la blessure n’était tout compte fait pas bien profonde. Il revint chaque matin pendant plusieurs semaines. Puis, guéri, comprenant que le pain que je lui donnais après le nettoyage de sa plaie n’était que la récompense de son courage à se faire soigner et qu'il n'en recevrait plus, il cessa ses visites. J’aurais bien voulu continuer cette amitié, toute motivée soit-elle par le pain, entre le petit singe craintif et la femme usée et solitaire que je suis devenue. Mais tu m’avais prévenue. Le message se serait répandu dans les arbres autour du camp et bientôt, c'est la tribu entière, des dizaines de vervets impatients et querelleurs qui auraient réclamé leur dû. Nikita cessa donc ses visites matinales, mais il est depuis toujours resté entre nous quelque chose de plus, une intimité distante, qui à mon avis, rend Igor un rien jaloux. Enfin nous baptisâmes la petite sœur Ivanova. Ce prénom qui m’évoquait des valses, du champagne et l’élégance d'un salon de Saint-Pétersbourg s’avéra fort mal choisi pour la jeune femelle. Elle tourne mal cette petite, un vrai garçon manqué, influencée par son voyou de grand frère Igor qu’elle suit comme un mouton et imite de mieux en mieux.

    Les communistes ne craignent rien ni personne. Dès notre installation, ils nous avaient fait comprendre que nous étions ici chez eux, et qu’il n’était pas question qu’ils s’en aillent. Nous acceptions les règles de leur vie communautaire ou bien ils feraient de la nôtre un enfer, parole de vervet. Et finalement, à part quelques frictions, rares au fond, comme l’exaspérant vol de mon rouge, nous cohabitons en paix.

    Posé au bord de la plaine, notre camp m’a réconciliée avec ton pays. Cette patrie si dure, qui a détruit notre amour et tous nos rêves, que j’ai tant haïe, m’offre enfin la paix. Loin de nos rêves d’avant, de nos envies de changer le monde désormais toutes éteintes. Nous ne changerons ni le monde ni ce pays mon amour, mais nous mourrons heureux sur ce morceau d’île irréelle qui vogue tantôt sur une mer de savane, tantôt sur une immense étendue d’eau douce, selon les saisons. Notre arrivée fut épique, la construction du camp dangereuse, mais cette aventure a soigné nos plaies. La confrontation à une nature sauvage, où pour toutes les espèces qui la peuplent, la seule préoccupation est de survivre jusqu’au lendemain et de nourrir ses petits, a su faire relativiser nos peines, nous apaiser avec nous-mêmes et nos ennemis d’avant. Je n’ai rien oublié, je n’ai jamais su pardonner, mais mes tempêtes se sont calmées, ou du moins éloignées.

    Finissant ma tasse de thé toujours brûlante, je regarde la plaine inondée devant notre camp ; les marabouts volent d’un arbre à l’autre, comme incapables d’en choisir un assez solide pour les porter. Je m’amuse de l’élégance en vol de ces gros oiseaux pourtant si lourds, si laids, et leur déroutante aisance à atteindre la branche choisie, et s’y poser sans un craquement. Tu ne parles plus. J’écoute ta respiration rauque. À peine avons-nous fini notre premier repas de la journée que déjà tu te fatigues. Tu vas bientôt mourir, nous le savons tous les deux. Tu vas

    Enjoying the preview?
    Page 1 of 1