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Regard sur la Franc-Maçonnerie et l'Islam: Dialogue impossible ?
Regard sur la Franc-Maçonnerie et l'Islam: Dialogue impossible ?
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Regard sur la Franc-Maçonnerie et l'Islam: Dialogue impossible ?

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La franc-maçonnerie n’est pas « une », mais « diversité » ; il en va de même pour l’islam ; la tradition s’accommode-t-elle de la modernité ?

La maçonnerie, ensemble de laboratoires de pensée libre, ambitionne l’amélioration de l’humanité au travers celle de soi par la réflexion, la recherche spirituelle voire l’analyse sociétale ; l’islam semble nourrir un projet de société d’amour à travers des valeurs spirituelles ; induit-il paix ou la soumission belliqueuse ?
L’auteur, franc-maçon de haut, se plonge dans les origines de la franc-maçonnerie et de l’islam par les textes, rappelle les circonstances de leur propagation respective et leurs relations d’hier et d’aujourd’hui à la lumière des penseurs éclairés, de la décolonisation, et du jihad ; il jette un regard libre constructif tant sur la maçonnerie que sur l’islam.
En terme d’analyse philologique et donc non théologique, l’islam est-il la dernière religion révélée ? Allah aurait-il été d’abord un dieu de Babylone, principe masculin d’un binôme ? Mahomet était-il un conquérant ?
Du point de vue maçonnique humaniste, l’islam né au VIIe siècle, éclairé puis figé, doit-il se moderniser au XXIe siècle et se repenser ?
Religion, croyance et culture, doivent-elles être confondues ? Quel regard d’un franc-maçon au sujet du voile, de la burqa, du burkini à la mode ? Quelle place pour les femmes en franc-maçonnerie et dans l’islam ? Radicalisme, rôle de la culture et de l’éducation ? Allah, le Grand Architecte de l’Univers, la Sagesse ancestrale, la Vérité ultime et unique, quid ? Un universalisme spirituel est-il envisageable ? Quel dialogue ?
Est-il possible d’être de culture ou de foi musulmane et franc-maçon ?
L’auteur rappelle, sans tabou, des points de compréhension à destination de tous, musulmans, maçons ou autres, qu’ils soient agnostiques, croyants ou athées.

L’ouvrage se veut œuvrer à la compréhension, et bien plus, tente de défricher les idées reçues, de semer les graines d’une cohabitation enrichissante par sa diversité non liberticide, d’un universalisme de paix, d’un éveil dont l’auteur fait le pari pour demain.

EXTRAIT

Sous les feux de la rampe par le fait de radicalismes et d’une récupération politique, l’islam interpelle, intéresse en son origine, son évolution, son message, son avenir ; il satisfait, intrigue ou inquiète ; un dialogue est-il possible entre les francs-maçons et les musulmans ?
Le mot « islam » signifie-t-il « soumission » à Dieu (de l’arabe « الإسلام ») ou est-il issu de la racine sémitique « slm » ayant donné le mot « salam » signifiant « paix » ?
Je me permets d’oser espérer la seconde interprétation comme plus juste, car l’islam ne peut être soumission absolue à peine de s’autodétruire à terme, et donc, il ne saurait se concevoir d’absence de liberté individuelle ni de pensée ni d’expression, lesquelles ne peuvent cesser d’exister lorsque l’on s’engage dans l’islam ; tout un débat à la lumière de l’Histoire de cette religion dont la réputation fut celle de la conquête belliqueuse, notamment aux yeux des chrétiens,3 réputation qui perdure, à tort ou à raison.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1963, Philippe Liénard est juriste, formé à l’Université Libre de Bruxelles, avocat en droit des affaires depuis une trentaine d’années, à la tête de son cabinet. Il est aussi magistrat suppléant au tribunal de première instance depuis 1995, curateur auprès du tribunal de commerce, écrivain et conférencier.
Initié sous les auspices de la Grande Loge de Belgique, Philippe Liénard y occupa diverses fonctions maçonniques, dont celles d’Orateur en 2002, et de Vénérable Maître en 2005, et, en 2009 au sein d’une autre structure maçonnique, mixte.
Parallèlement et en complément, il s’est investi dans la Franc-Maçonnerie des Hauts Grades, au Rite écossais ancien et accepté, tant niveau capitulaire qu’aréopagique, du Suprême Conseil de Belgique.
LanguageFrançais
PublisherJourdan
Release dateJun 13, 2017
ISBN9782390092704
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    Regard sur la Franc-Maçonnerie et l'Islam - Philippe Liénard

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    Philippe Liénard

    Regard sur la

    Franc-Maçonnerie

    et l’Islam

    Dialogue impossible ?

    À toutes et tous,

    en adelphité,

    qui,

    sans distinction de croyances,

    par leurs différences constructives,

    leur force démocratique,

    leur courage non liberticide,

    leur volonté éclairée,

    leur humanisme vigilant,

    m’ont conduit à

    réfléchir plus encore

    à la société de demain,

    à un universalisme pacifiant

    celui de l’éveil de l’Homme.

    L’auteur

    Né en 1963, Philippe Liénard est juriste, formé à l’Université Libre de Bruxelles, avocat en droit des affaires depuis une trentaine d’années, à la tête de son cabinet. Il est aussi magistrat suppléant au tribunal de première instance depuis 1995, curateur auprès du tribunal de commerce, écrivain et conférencier.

    Initié sous les auspices de la Grande Loge de Belgique, Philippe Liénard y occupa diverses fonctions maçonniques, dont celles d’Orateur en 2002, et de Vénérable Maître en 2005, et, en 2009 au sein d’une autre structure maçonnique, mixte.

    Parallèlement et en complément, il s’est investi dans la Franc-Maçonnerie des Hauts Grades, au Rite écossais ancien et accepté, tant niveau capitulaire qu’aréopagique, du Suprême Conseil de Belgique.

    L’auteur a déjà publié chez le même éditeur « Mais que font les francs-maçons en loge ? » (2016) ; il prépare plusieurs autres ouvrages, à paraître aux Éditions Jourdan, dont notamment :

    « L’Histoire de la Franc-Maçonnerie en Belgique, bientôt trois siècles » (De Londres en 1717 à nos jours, en passant par Mons en 1721 ; la Belgique au milieu des intérêts maçonniques) (titre provisoire) (à paraître en juin 2017);

    « La Tristesse de l’inadéquation », roman;

    « L’Histoire dévoilée des Templiers » (Naissance et mort de l’Ordre ; l’héritage ?) (titre provisoire) (2018);

    « La mixité maçonnique du XXIe siècle » (culturelle, sociale et en adelphité) (titre provisoire) (2018).

    Il entend contribuer à une réflexion qui convoque et allie la « tradition » dans la « modernité » pour une plus grande compréhension de la pensée constructive.

    Il tente d’alimenter, avec toute la foi d’un franc-maçon passionné, la spiritualité maçonnique au service d’une réflexion pour un monde meilleur, plus fraternel pour toutes et tous, sans clivages sociaux, philosophiques, de croyance, ou liés aux origines culturelles géographiques.

    Ouvrage du même auteur :

    Mais que font les francs-maçons en loge ? Propos d’un Frère, ancien Vénérable-Maître (Éditions Jourdan, Paris, 2016)

    Pièces de théâtre écrites et mises en scène par l’auteur :

    Publiques :

    Énigme pour Carillon (enquête policière) (1980)

    On demande Monsieur l’éditeur ! (vaudeville) (1981)

    Dixi ou l’Affaire Rosillac (procès des valeurs démocratiques) (1982)

    Maçonniques :

    Accusés de la Loge, levez-vous ! (2003)

    Humains, ni plus ni moins (2004)

    De l’Amour, diamant d’Humanité (2006)

    Des Templiers à la Royal Society (2006)

    Mots et clavicules… en toute fraternité (2007)

    Sur le chantier, précurseur de pensée libre, l’Art royal grave ses vertus dans la Pierre et dans nos Cœurs (2008)

    « Dans la vie, rien n’est à craindre,

    tout est à comprendre »

    Marie Curie

    « Devenez le changement

    que vous voulez voir dans le monde »

    Mahatma Gandhi

    « On peut aisément pardonner à l’enfant qui a peur de l’obscurité ;

    la vraie tragédie de la vie,

    c’est lorsque les hommes ont peur de la lumière »

    Platon

    « La tâche qui incombe au musulman est immense :

    il doit repenser tout le système de l’islam

    sans pour autant rompre avec le passé »

    Muhammad Iqbal

    - I -

    Préambule et questionnements d’un franc-maçon de Haut-Grade

    Sous les feux de la rampe par le fait de radicalismes et d’une récupération politique, l’islam interpelle, intéresse en son origine, son évolution, son message, son avenir ; il satisfait, intrigue ou inquiète ; un dialogue est-il possible entre les francs-maçons et les musulmans ?

    Le mot « islam » signifie-t-il « soumission » à Dieu (de l’arabe « الإسلام ») ou est-il issu de la racine sémitique « slm » ayant donné le mot « salam » signifiant « paix »¹ ?

    Je me permets d’oser espérer la seconde interprétation comme plus juste, car l’islam ne peut être soumission absolue à peine de s’autodétruire à terme, et donc, il ne saurait se concevoir d’absence de liberté individuelle ni de pensée ni d’expression, lesquelles ne peuvent cesser d’exister lorsque l’on s’engage dans l’islam² ; tout un débat à la lumière de l’Histoire de cette religion dont la réputation fut celle de la conquête belliqueuse, notamment aux yeux des chrétiens,³ réputation qui perdure, à tort ou à raison.

    L’islam n’exclut pas le cheminement spirituel, du point de vue soufi⁴ à tout le moins, outre que la diversité des pensées induit une réflexion féconde⁵ ; et pourtant cette religion comporte des dogmes, lesquels impliquent l’absence de critique puisque constitutifs par définition d’une vérité indiscutable, imposée.

    L’islam ne paraît pas inquiétant « en soi », mais « une religion n’étant ni plus ni moins que ce que ses adeptes ou ceux qui la dominent en font »⁶, des questions se posent et inquiètent le libre penseur à la lumière de textes qui disent tout et son contraire, Coran et hadiths.

    Composée de laboratoires de pensée libre, des loges ou ateliers, la franc-maçonnerie serait, selon certains, une psychothérapie de groupe, celle de prendre soin de soi, des autres et du monde en devenant des jardiniers de l’amour⁷, en rassemblant ce qui est épars.

    Quant au concept de religion, il se disait en grec, dans la perception de l’époque, « therapeia ».

    Le terme actuel vient du latin, « relegere » (verbe « recueillir »), bien que les auteurs chrétiens aient préféré prendre pour racine le verbe « religere » (relier)⁸.

    La franc-maçonnerie transmet la Tradition (substantif « traditio », et verbe « traducere », soit : « traduire ») ; une religion recueille et transmet ; le parallélisme mérite d’être observé.

    Les Chinois traduisaient le mot « religion » par deux idéogrammes, le « zong » et le « jiao », signifiant, juxtaposés, « l’enseignement des ancêtres » ; quant aux Japonais, ils ont opté pour le mot « shûkyô », signifiant « enseignement de l’essentiel ».

    La franc-maçonnerie transmet aussi l’essentiel, dans le but de permettre l’amélioration de soi et de l’humanité⁹, de s’élever ; les religions se fondent sur une spiritualité, elles aussi ; et pourtant l’approche est différente, bien que l’adepte d’une religion ait la foi, un franc-maçon ayant aussi sa « foi ».

    En dehors d’exigences théologiques, est-ce si différent d’accepter l’existence d’un Dieu, d’un Absolu, d’un Grand Tout, d’un Principe, de l’Un, ou, d’un Grand Architecte de l’Univers ?

    La sagesse, la mystique et la spiritualité sont des notions à la fois différentes et proches ; elles recouvrent un vaste champ d’expériences humaines orientées vers la quête d’un absolu¹⁰ ; les humains ont toujours cherché des réponses les rassurant sur un certain nombre de sujets (origine, vie, mort, univers…).

    Les francs-maçons cherchent ; les religions paraissent postuler que la « vérité » est trouvée, puisque détenue par Dieu qui la révèle aux adeptes directement ou via des intercesseurs ; c’est là qu’interviendrait peut-être la notion d’« éternelle vérité », qui n’est pas rejetée par une certaine maçonnerie des Hauts-Grades en certains Rites.

    L’un des acquis occidentaux permet d’affirmer que chacun a le droit aujourd’hui de pratiquer la religion de son choix, de le proclamer et d’afficher son appartenance, mais le prosélytisme politico-religieux et le repli identitaire paraissent potentiellement entropiques et liberticides, tant pour les musulmans que pour les autres, et engendrent des réactions sociétales clivantes.

    La période antéislamique (ou préislamique) de la péninsule arabique fut nommée par les Arabes eux-mêmes, « époque d’ignorance » (al-jahiliya) ; de là à penser que ce fut un terreau fertile pour faire croire à ce qui paraissait vraisemblable par utilisation de la crédulité, il n’y aurait qu’un pas, que je ne me permets pas de franchir par respect.

    Et pourtant, tout en considérant le droit inaliénable pour chacun d’embrasser une religion, des questions se posent quant au lit de leur naissance et quant au « public cible ».

    Ainsi pour le christianisme, certains auteurs ont osé avancer l’idée, à la fois historique et sémantique, d’une incompatibilité avec l’intelligence de l’Homme rationnel¹¹.

    La crédulité serait-elle au centre du succès des religions ? Je n’ai pas de réponse, par humilité et respect des choix de chacun.

    Sur la Péninsule arabique, les populations vénéraient une multitude de divinités, dont le dieu principal Baal (dieu-lune d’origine babylonienne), qui serait devenu Illah puis Allah, et des divinités féminines de premier ordre.

    La région connaissait à la fois l’animisme et le monothéisme (judaïsme) aux côtés d’un panthéon assez ouvert de divinités éparses issues des temps anciens ; le polythéisme avait ce mérite de l’ouverture, sans imposer un Dieu, quel que soit son nom.

    Le contexte de la naissance de l’islam ouvre donc des questions non théologiques.

    Au VIe siècle, les caravanes étaient régulièrement attaquées et mises à sac ; on vivait surtout d’élevage et de chasse ; ce monde désertique était rude et dangereux ; la magie et la vénération d’idoles y occupaient une place majeure.

    Susciter les conditions d’une solidarité, à la fois sous l’angle social, et à la fois soumise à la crainte d’un Dieu unique (Allah), a permis l’avènement une société plus stable, plus forte, fédérée par une identité communautaire, mais aujourd’hui, plus particulièrement en Europe, cet islam-là est-il encore adapté ?

    Lors de la naissance de l’islam, au VIIe siècle, les conditions de vie ont pu amener la nécessité d’obéir à des règles rigoureuses au sein de groupes progressant vers une communauté à forte cohésion obligatoire entre ses membres.

    À l’inverse, il est permis de penser que les populations crédules de l’époque se soient trouvées relativement « contraintes », à la fois par la force et les circonstances, d’adhérer à une nouvelle vision qu’elles auraient finalement adoptée, sous une impulsion phallocratique de domination, puis exportée : l’islam.

    Mahomet (Muhammad)¹², né en 570 à La Mecque (ville d’environ 3 000 habitants à l’époque et déjà lieu de pèlerinage au sanctuaire de la Kaaba bien avant), mort à Médine en 632, a vécu aux environs de La Mecque, puis dans les déserts, en Syrie, et est revenu dans sa ville natale avant de la fuir vers le nord et de la conquérir par la force, son charisme et la persuasion, peu en importât le prix.

    Les sources « officielles » relatives à la vie de Mahomet sont exclusivement musulmanes.

    L’islam s’est propagé très vite ; des siècles plus tard la franc-maçonnerie s’est également répandue très vite.

    Le monde arabo-musulman a connu une époque éclairée où les philosophes, les scientifiques, les lettrés, ont sauvegardé la culture et les progrès antérieurs, notamment grecs, entre les IXe et XIe siècles.

    Puis l’islam s’est progressivement refermé tout en comportant une diversité riche.

    Le Coran est considéré par les musulmans comme la parole de Dieu ; la philologie moderne remet en question¹³ cette affirmation à laquelle est tenu de croire tout musulman.

    Le Coran n’est en outre pas la seule source écrite de l’islam, il est complété par des « hadiths » (traduction libre : récits) ; on y trouve, comme déjà souligné, tout et son contraire¹⁴, de sorte que les esprits éclairés et animés de paix y puisent matière à répandre un islam d’amour et que les radicaux y trouvent la justification d’une ligne de conduite dure et intolérante.

    La franc-maçonnerie ne comporte pas de livre sacré qui imposerait une « parole » ; au contraire, on y considère que « la parole est perdue » et les francs-maçons la cherchent.

    L’islam véhicule qu’il est la vérité unique, et pourtant, il existe d’autres versions de la vérité ou d’autres chemins, d’autres vérités respectables, sans pour autant que ces autres choix entraînent au XXIe siècle d’être qualifié de mécréant¹⁵ (traduction du mot arabe « kufr », ou « kâfir »), ou d’être décapité, là où cela se passe.

    De même, l’islam proclame qu’il est l’ultime révélation.

    La notion de « révélation » est d’ordre mystique et donc « critiquable » avec respect au XXIe siècle par un esprit éclairé de libre pensée.

    Mahomet qui aurait reçu une révélation par l’Ange Gabriel ?

    C’est aussi crédible que Marie qui fut enceinte sans intervention humaine ou que Moïse qui serait redescendu de sa montagne avec les Tables de la Loi gravées par Dieu.

    Quant au côté ultime, et certes l’islam est né après le judaïsme et le christianisme (religions dites du Livre et monothéistes), mais est né le bahaïsme¹⁶ (« baha » signifiant lumière) en Iran (ancienne Perse) au XIXe siècle.

    Il s’agit d’une dissidence de l’islam chiite, son fondateur, Mizra Hussein Ali (1819-1850)¹⁷ étant considéré comme l’incarnation de Dieu, après Bouddha, Jésus, Krishna et Mahomet, le babisme ou bahaïsme constituant pour ses adeptes une nouvelle « révélation », mais aussi « un pas vers une nouvelle religion » à venir…

    Cette communauté représente environ six millions d’adeptes dans le monde ; son livre sacré n’est pas le Coran mais le Kitab-i-Aqdas (également nommée « Infaillible Balance ») ; cette religion est évidemment interdite dans les pays islamiques ; la foi bahaïe repose sur trois piliers : unité de Dieu, unité des religions et unité du genre humain ; il s’agit d’une religion dite syncrétique¹⁸ dont l’expansion assez récente est notable.

    Les bahaïs sont partisans de l’émancipation de la femme, monogames, l’usage de l’alcool et du tabac étant prohibé¹⁹.

    Dans le monde, aujourd’hui, l’islam est devenu la plus importante religion monothéiste, en termes numériques, puisqu’elle compterait un milliard six cents millions d’adeptes.

    On peut s’interroger de savoir s’il est la religion rassemblant le plus d’adeptes (comptabilisés par l’Arabie saoudite) ou s’il vient encore en deuxième position après le christianisme en ses diverses déclinaisons.

    Notons d’emblée que la troisième religion, en termes de membres, reste l’hindouisme, polythéiste en apparence, mais se rapportant sur le fond spirituel à un Principe supérieur transcendant les très nombreuses divinités.

    L’islam traverse une crise existentielle pour ses penseurs, que certains tentent de masquer derrière des discours identitaires contraignants, de repli, voire de prosélytisme politique.

    L’islam a même régressé et s’est « fermé », au risque de heurter les musulmans progressistes eux-mêmes, outre les phénomènes du jihad et de la radicalisation, générateurs d’une ambiance conflictuelle et à tout le moins de clivages, plus récents puisque nés au XXe siècle.

    Force est de constater qu’en Occident, le christianisme fait moins recette.

    Cette réduction d’intérêt laisse en friche le terrain de la spiritualité pour un certain nombre de personnes en demande d’une voie spirituelle et à la recherche d’un « moteur de rechange », d’où une part d’explication du succès de la franc-maçonnerie, du bouddhisme et de l’islam, l’islam étant la seule spiritualité qui progresse d’une manière politique, sans vouloir porter atteinte à celles et ceux qui embrassent cette religion par foi sincère.

    Depuis deux ou trois ans, un intérêt se développe en direction d’une modernisation de l’islam qui ne saurait économiser des débats de nature à revisiter certains messages ou dogmes, notamment à la lumière de la critique historique et de l’Histoire « scientifique » des religions et de la réalité sociétale en sa prise de conscience.

    On aurait d’ailleurs tort de considérer l’islam comme formant un monolithe religieux, vu ses tendances multiples et sa diversité riche.

    Il y a lieu aussi de ne pas confondre la croyance, légitime, personnelle et indicible, avec l’Histoire de cette religion, sa tradition, sa culture, ses textes, et, ce que les humains en font, les hommes y dominant presque partout les femmes, qui commencent toutefois à se manifester au nom de la liberté, de l’égalité.

    De même il ne semble pas superflu de rappeler les contextes des origines et de l’évolution des relations historiques entre islam et franc-maçonnerie, pour revenir à des regards sur des points soulevant des questions, et pour aborder quel avenir peut se concevoir entre maçonnerie et islam, ou plus exactement entre francs-maçons et arabo-musulmans.

    La franc-maçonnerie vit elle aussi des difficultés existentielles, d’un autre ordre, celui de la diminution importante du nombre de ses membres au sein de la maçonnerie reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre, surtout dans le monde anglo-saxon.

    Par contre, on assiste à une progression du nombre de francs-maçons libéraux.

    Cette maçonnerie libérale subit cependant une diminution du taux de fréquentation et donc d’assiduité dans les loges (manque d’intérêt de certains après un certain nombre de réunions, importance des obligations professionnelles et familiales,… ?) ou au sein d’autres structures, surtout au sein des Hauts-Grades (baisse du niveau intellectuel au regard de la richesse véhiculée par les Hauts-Grades et des efforts de recherches et de compréhension qu’ils induisent ?).

    Ce phénomène est peu connu compte tenu de la discrétion, de la confidentialité maçonnique, principalement libérale sur le continent européen, ce qui ne se justifie plus guère, mais puise ses racines dans les persécutions dont les maçons furent victimes, notamment lors de l’apogée du nazisme.

    Les maçons anglo-saxons se montrent plus visibles ou transparents (défilés en rue en décors maçonniques, panneaux indicateurs des lieux des loges, locaux mis en évidence,… ; on peut même trouver les emplacements des loges sur Google Earth.

    Pour revenir au sujet de la maçonnerie et de l’islam, on peut constater que la franc-maçonnerie souffre d’une mauvaise presse, d’une réputation erronée, au sein du monde arabo-musulman, par suite de préjugés, de malentendus, d’amalgames et de positions politiques.

    La franc-maçonnerie symbolique moderne est née pour beaucoup en 1717 (300 ans en 2017)²⁰.

    Il s’agit d’ailleurs plutôt de « maçonneries » que d’une franc-maçonnerie, tant les tendances sont diverses et les structures variées, même si l’état d’esprit est commun a minima ; et bien que fondés sur une Tradition beaucoup plus ancienne, les systèmes de Hauts-Grades sont postérieurs de quelques dizaines d’années. C’est un autre sujet.

    Les « maçonneries » totalisent plusieurs millions de membres à travers le monde (au moins cinq selon certains comptages, mais sans fiabilité à défaut d’existence d’un organe de comptabilisation), non pas par conversion ou simple adhésion, mais par cooptation initiatique, processus sélectif, ce qui explique en partie ce chiffre d’apparence modeste, l’impact individuel par rayonnement sociétal démultipliant ce nombre.

    La franc-maçonnerie au sens large n’a pas vocation à détruire les religions ; elle s’épanouit dans une autre catégorie d’amélioration de soi et de l’humanité par cheminement personnel de « transmutation en or » et de synthèse de pensées dans le respect des autres mouvances non liberticides.

    Des musulmans sont devenus francs-maçons tout en conservant leur adhésion à la culture de l’islam et il est arrivé que des francs-maçons adhèrent à un islam éclairé hors dogmes.

    Entre l’islam et la franc-maçonnerie, du moins entre les personnes qui y adhèrent, une intégration se conçoit-elle vraiment et au minimum, peut-on imaginer une cohabitation sereine portée par la compréhension et le respect ?

    Sans être réducteur ni vouloir opposer la franc-maçonnerie à l’islam, assisterions-nous à un choc des pensées, à une nécessité d’adaptation, de modernisation ?

    Tant l’islam que la franc-maçonnerie convoquent des questions, pas les mêmes.

    La maçonnerie, à travers son mode de fonctionnement pourtant sain, conduit malgré elle à l’élaboration de théories absurdes de complots divers²¹.

    Au risque de paraître partisan, il faut pourtant admettre que la franc-maçonnerie ne dicte rien et ne promet rien ; elle s’adapte et ambitionne un monde meilleur.

    De son côté, l’islam s’est figé, après une période de lumières ayant succédé à son « avènement ».

    L’islam affiche, à nouveau, une volonté politique d’hégémonie de la part de certains, par la force ou la provocation, d’autres se réfugiant dans un mutisme inquiétant, alors que d’autres encore plaident en faveur d’un renouveau d’un islam moderne plus ouvert, « repensé ».

    La libre pensée ne peut s’accommoder du dogme ; entre l’eau et le feu, à chacun de privilégier ce qui lui semble le plus conforme à l’éveil de l’Homme et à sa grandeur d’humanité.

    Plutôt que de parvenir à rassembler ce qui est épars, l’humanité se divise en mouvances ou en tendances spirituelles ; faut-il réunifier, cohabiter ou intégrer cette diversité ?

    Dans l’affirmative, cette évolution passerait par une remise en question d’apparence profonde alors qu’elle pourrait s’avérer plus aisée et donc plus accessible qu’on l’imagine sous l’angle spirituel par ouverture d’esprit, par ouverture à l’altérité non liberticide.

    Son aboutissement, s’il s’agit de cohabiter en paix, implique des renoncements qui forment pourtant le corps existentiel de certaines mouvances.

    Si le chemin vers une intégration pouvait se dessiner, son terrain serait-il celui d’un universalisme riche de sa diversité ?

    Cet universalisme pourrait s’identifier à la notion de laïcité, concept qui s’exporte mal sous ce vocable en dépit de sa qualité de liberté respectueuse ; la laïcité c’est pourtant la tolérance.

    L’ingrédient principal de cette intégration interculturelle serait-il le « mystérieux » qui reprendrait une place féconde à travers une liberté d’interprétation, pour le « myste », de cet univers que d’aucuns voient comme un « multivers » (puisque par hypothèse non unique mais démultiplié) ?

    Les possibles spirituels simultanés se rejoigneraient-ils en une transcendance où le temps et l’espace n’interviennent plus, un peu comme le laisse entrevoir la recherche des théories quantiques ?

    On ne peut être de pensée libre et « soumis », de sorte qu’il faut aller au-delà des textes, à « l’essentiel ».

    De manière plus pragmatique et pour revenir à l’un des fondements du sujet du présent ouvrage, la culture occidentale constitue-t-elle le « bon » modèle exempt de critiques ?

    La vision occidentale de l’Homme et donc de l’humanité, conduit-elle à des lendemains qui chantent plus que ceux promis par les autres visions du futur ?

    Ces questions méritent d’être posées devant le miroir, non pas des reflets, mais des images contraires renvoyées par d’autres cultures confrontantes à l’heure d’un métissage des genres, d’une mondialisation, voire déjà d’une post-mondialisation, qui pourrait sous-tendre une pensée unique d’appauvrissement.

    Il convient, pour cheminer vers une réponse personnelle, de distinguer la religion et la culture, la tradition et les croyances, et de revenir à l’essence des libertés individuelles conquises par la sagesse et les turbulences de l’Histoire.

    Si le modèle occidental fut exporté en certaines régions au siècle des Lumières et du temps de la colonisation, il semble avoir atteint une limite et il a régressé à travers l’éveil indépendant de nations qui poursuivent leur éclosion légitime, parfois rapide, certaines étant des États où la religion n’est pas distincte du pouvoir politique, ni distincte de la culture ancestrale ou revisitée afin d’exhiber des étendards de prosélytisme religieux ou de protéger des castes.

    Bien sûr, il s’impose de distinguer l’Asie de l’Afrique et du Moyen-Orient par bien plus que de nombreuses nuances.

    Les sagesses de l’Afrique, berceau de l’Homme, ou de l’Amérique du Nord, celle des Amérindiens, ou de l’Amérique centrale ou du Sud, celle des Mayas, des Aztèques et des Incas, celle du Moyen-Orient, des Sumériens, de même que, pour l’Europe, celle des Celtes ou de mythologie nordique scandinave, se sont dissoutes dans les couloirs du temps, et plus exactement, dispersées dans les cultures et religions, même si leurs vertus et leur profondeur sont parfois remises à l’honneur.

    En matière religieuse, où le dogme peut occuper une place explicable nécessaire, il subsiste des interdits, ou plutôt, des terrains où marcher conduit à l’opposition non fraternelle entre les humains.

    Les religions collent encore fortement à la culture qu’elles imprègnent, qu’on le veuille ou non, partout.

    L’écrasante majorité des personnes se forge une idée de la vie à travers les courants de pensée qui ont traversé l’humanité et l’ont marquée avec plus ou moins d’intensité.

    N’a-t-on pas vu, lors du projet de Constitution européenne ces dernières années, que des voix politiques et non des moindres, réclamèrent que le texte se réfère aux racines judéo-chrétiennes de l’Europe ?

    La référence religieuse doit-elle peser aussi lourd ?

    Chacun aura sa réponse, mais il semble que ce ne soit que par l’émancipation de l’influence culturelle ou politique des religions que l’humain peut vivre la plénitude de ce qu’il est.

    Il en va autrement des racines culturelles liées à la tradition d’une région ; nous ne pouvons faire table rase de nos racines historiques qui ont conduit à ce que nous sommes.

    La démocratie n’est pas une infection occidentale mais le moins mauvais système politique respectueux des libertés fondamentales.

    La religion n’est ni un opium ni la peste, mais un droit fondamental de cheminement personnel à travers une croyance et une cohésion organisationnelle.

    Ne peut-on regarder devant soi avec les lunettes « philo-chromiques » d’une sorte d’œcuménisme ou de neutralité positive, plutôt que de rester engoncé dans le prêt-à-penser ?

    Les variations au cours des époques semblent inviter à une prise de hauteur, et donc ma réponse est affirmative.

    Cela dit, si bon nombre de personnes affectionnent le progrès, beaucoup moins aiment le changement.

    Il en est d’autant plus ainsi que trop souvent la spiritualité véhiculée par telle ou telle religion mérite mieux que ce que l’image de l’Histoire retient de sa pratique.

    L’image que certains musulmans retiennent des chrétiens, et réciproquement, relève encore trop de l’intolérance ou de faits anciens générateurs de malentendus ; et c’est pire à l’égard de la franc-maçonnerie, société non pas secrète mais à secrets, non pas fermée mais ouverte aux esprits libres.

    Les uns voient l’islam comme une mouvance hégémonique guerrière prête au combat.

    Les autres voient le christianisme comme une entreprise de domination ayant engendré l’Inquisition, les croisades et l’Opus dei.

    D’autres encore voient la franc-maçonnerie comme un Ordre sectaire dont l’objectif est d’instaurer un nouvel ordre mondial gouverné de manière non démocratique et obscure.

    Il convient de débarrasser les religions et les options morales ou philosophiques des préjugés et des manipulations ou projets politiques ; l’entreprise est-elle concevable et possible ?

    Par méconnaissance, il en est même qui confondent la spiritualité avec le spiritisme, la magie, la sorcellerie, le satanisme ou d’autres pratiques mystérieuses, pour ne pas dire étranges ou délirantes.

    Les traditions éculées, les vérités imposées et les préjugés destructeurs ou négatifs se sont forgé une carapace plus résistante que la chitine.

    Bien sûr, des axiomes existent aussi en économie, en politique, en science, et d’aucuns se font parfois vilipender pour avoir osé affronter la pensée unique ou osé avancer des idées nouvelles, mais un axiome n’est pas un dogme ; un axiome est une vérité vérifiée.

    Avoir tort ou raison s’avère assez subjectif sur certains sujets, et c’est dans le « rétroviseur » de l’Histoire que parfois un point de vue peut être tranché, par les autres… et encore… même en science à la lumière de l’aboutissement de recherches nouvelles.

    En matière philosophique, tout semble pouvoir être discuté.

    Dans le domaine religieux aussi, mais souvent l’esprit critique se heurte à l’intolérance « politique » des gardiens ou des porte-voix de telle religion, qu’ils se nomment savants ou pontifes.

    La clé reste pourtant celle du dialogue expurgé de blocages, fort de la volonté de dépasser les bornes de la pensée figée.

    Un avenir universaliste se conçoit-il ?

    Une vie harmonieuse entre humains de toutes options philosophiques ou religieuses verra-t-elle le jour et sur quelles bases d’acceptation des différences de l’altérité ?

    Convient-il de s’accepter ou de s’intégrer ?

    Est-ce possible ?

    Le confucianisme (Confucius : 551-479 ACN) remis au goût du jour et enseigné en Chine, après avoir été relégué à la portion congrue du bien-penser lors de la révolution culturelle, rappelle l’importance de l’autre, sans lequel notre personne serait incomplète, pour atteindre le bonheur de l’harmonie.

    Il ne s’agit pas tant de se bien connaître après avoir visité les recoins de notre profondeur, comme y invite d’ailleurs la franc-maçonnerie spéculative, que d’intégrer notre personnalité dans son rapport avec nos contemporains dans le respect de ce qu’ils sont et de ce qu’ils pensent, ce à quoi peuvent ne guère inviter, voire pas du tout, certaines religions se prétendant détentrices d’une vérité absolue.

    Soi seul, sans l’autre, on n’est qu’isolé, or l’humain, animal social, s’accommode mal de l’ermitage.

    Il ne saurait s’agir que d’une dimension de bon voisinage, mais, bien plus, il conviendrait de

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