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Éros et liberté: Clés pour une mutation spirituelle
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Ebook216 pages6 hours

Éros et liberté: Clés pour une mutation spirituelle

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About this ebook

Qui n’a jamais été confronté à la nécessité d’un juste rapport entre l’éros, puissance de vie, et notre liberté ?

Être en vie est une chose, désirer vivre en est une autre. Le désir, l’éros, est puissance et moteur de vie. Il s’exprime dans la créativité, la fécondité, la rencontre amoureuse, la sexualité. Il a pour fonction de rendre la vie vivante à condition qu’il soit assumé dans cette perspective. Qui n’a pas été confronté à la nécessité d’un juste rapport entre l’éros et notre liberté ? De cette justesse dépendent notre propre équilibre intérieur et notre avenir.
L’éros, puissance de vie, peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation, ou au contraire être facteur de violence et de destruction. Le mal autant que les pulsions de mort ne seraient-ils pas la conséquence du refoulement ou de la perversion de cette puissance de vie ?
L’éros est un feu qu’il convient d’apprivoiser pour ne pas subir le retour de flamme. D’où l’importance de revisiter notre relation à nous-mêmes, à l’autre, à la nature et au cosmos pour rendre la vie vivante. Ces relations ayant été faussées, l’enjeu actuel est de les réajuster sur un plan personnel puis collectif, pour construire un vivre ensemble où chacun sera dans la possibilité de donner le meilleur de lui-même au service de tous.

Une réflexion puissante sur la notion de désir, ses expressions et les dangers qu'elle implique au sein de la société.

EXTRAIT

À bien regarder, ces deux mots – éros et liberté – focalisent l’essentiel de l’enjeu personnel et collectif. Ils sont à la racine du dynamisme de l’humanité et tissent la trame de l’histoire. Nous envisagerons ici l’éros dans sa pleine dimension, dans sa profondeur originelle nommée par Jean-Pierre Vernant « éros primordial », « qui est présent depuis la nuit des temps » et qui participe du surgissement de la vie à chaque instant. C’est à partir de cette dynamique que nous poserons un regard sur les différentes expressions de l’éros, notamment celle que Platon nomme « l’éros populaire ». Ce qui retiendra particulièrement notre attention, c’est le rapport entre l’éros et la liberté comme possibilité de donner du sens, d’orienter positivement l’histoire ou de se laisser glisser vers le chaos. L’éros peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation ou au contraire être facteur de destruction.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un livre précieux, car très utile pour tous, non seulement à connaître, mais aussi à faire connaître. - Christope Levalois, Orthodoxie

À PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Dautais, prêtre orthodoxe du Patriarcat de Roumanie, propose depuis 28 ans, avec son épouse Élianthe des sessions intitulées « chemin de guérison ». Ils sont responsables du Centre d’études et de prière de Sainte Croix en Dordogne. Éros et Liberté est son deuxième livre.
LanguageFrançais
Release dateFeb 15, 2018
ISBN9782853139656
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    Éros et liberté - Philippe Dautais

    INTRODUCTION

    À bien regarder, ces deux mots – éros et liberté – focalisent l’essentiel de l’enjeu personnel et collectif. Ils sont à la racine du dynamisme de l’humanité et tissent la trame de l’histoire. Nous envisagerons ici l’éros dans sa pleine dimension, dans sa profondeur originelle nommée par Jean-Pierre Vernant¹ « éros primordial », « qui est présent depuis la nuit des temps » et qui participe du surgissement de la vie à chaque instant. C’est à partir de cette dynamique que nous poserons un regard sur les différentes expressions de l’éros, notamment celle que Platon nomme « l’éros populaire ». Ce qui retiendra particulièrement notre attention, c’est le rapport entre l’éros et la liberté comme possibilité de donner du sens, d’orienter positivement l’histoire ou de se laisser glisser vers le chaos. L’éros peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation ou au contraire être facteur de destruction.

    À l’originel de nous-mêmes, l’éros est puissance et moteur de vie. Rien ne se fait sans l’éros, sans l’élan vital. Par lui, les forces de vie sont mises en mouvement, interagissent et deviennent fécondes. Chacun porte en lui-même des qualités, des aptitudes, des compétences qui prendront leur ampleur et produiront des fruits, si elles sont dynamisées par l’éros. L’éros a pour fonction de rendre la vie vivante, à condition qu’il soit assumé dans cette perspective. L’humain a souvent beaucoup de difficultés à établir un juste rapport avec cette puissance de vie, à la canaliser et à trouver les voies de son épanouissement. Reconnue et intégrée, elle peut le conduire vers la plénitude de vie, mais s’il se laisse déborder par ces forces intérieures, elles peuvent devenir destructrices. L’éros se révèle être un feu dévorant qu’il convient d’apprivoiser pour ne pas subir le retour de flamme. C’est là un défi posé en permanence à l’être humain, défi qui le provoque dans la nécessité d’acquérir une maturité intérieure que nous définirons ici comme capacité d’intégration et d’éveil de conscience. La gestion du feu a été une préoccupation constante des êtres humains. Elle est au cœur des mythes grecs et des textes fondateurs de l’humanité. Elle demeure un axe central à partir duquel émergent les questions du bien et du mal, de la vie et de la mort. Détacher ces notions de leur lien avec l’éros nous conduit vers un moralisme qui n’a pas de racine et n’est pas d’un grand secours pour affronter les défis existentiels. Par contre, retrouver ce lien nous place face à notre responsabilité et à notre liberté tant sur le plan personnel que collectif.

    Nous traversons une époque marquée par le déferlement de l’éros dans la revendication permanente de la liberté. Cette tonalité s’inscrit dans tous les domaines : culturel, sociologique, économique. On veut pouvoir jouir de tout, tout de suite, sans entrave à notre liberté. Les limites sont vécues alors comme des contraintes qu’on tentera de repousser jusqu’à vouloir les effacer. La tendance générale aujourd’hui est de faire disparaître les frontières tant culturelles que naturelles. Or, les limites et les frontières définissent la séparation entre le dehors et le dedans pour une bonne gestion des flux. La peau en est un bon exemple. Elle enveloppe tout l’organisme, par là, elle définit la distinction entre dehors et dedans et, simultanément, elle est poreuse et permet ainsi une adaptation au milieu pour une juste gestion de l’équilibre interne. Effacer les frontières fragilise la sauvegarde de l’intégrité de l’organisme et de ce fait l’affaiblit dans sa capacité d’assumer les échanges. Plus les frontières sont poreuses plus il est difficile de gérer les flux. Cette réalité est caractéristique de l’état pathologique. Dans cet état, le dynamisme de l’éros se transforme en mal-être, en maladie, en feu dévorant qui consume et détruit. À tous les niveaux, le juste rapport à l’éros pose la nécessité des structures et des frontières.

    Tôt dans mon existence, j’ai été confronté à la nécessité de ce juste rapport. De lui dépendait mon équilibre intérieur. Au-dehors, je devais assumer la pression des conditionnements tant physiques que culturels et sociaux. Je percevais le monde extérieur comme étrange et étranger, mais je devais l’accepter sous peine d’être rejeté. J’avais peur de m’y perdre ou plus précisément d’y perdre mon âme. Au-dedans, j’étais face à une immensité, à un infini, qui avait surgi par bouffées lors d’expériences du numineux². Il me fallait pour sauvegarder mon équilibre intérieur assimiler les codes du monde extérieur et entrer dans le décryptage du monde intérieur pour en faire un allié alors qu’il présentait une menace.

    Cela, je ne le verbalisais pas à l’époque, mais j’étais habité par une quête de compréhension et par une soif de sens qui se sont révélées insatiables. Ces défis ont été stimulants. Par eux, la vie me posait des questions auxquelles il me fallait répondre. Tout d’abord, ce fut la pénombre voire la nuit avec ses dangers, puis, à la faveur de rencontres, la levée des voiles. Ce chemin est passé par le corps, par l’ancrage dans le corps, par la structuration physique et psychique. Comme s’il fallait d’abord planter les racines en terre et assurer les fondations. Puis, ce fut la rencontre presque simultanée avec Annick de Souzenelle³ et les Pères du désert d’Égypte⁴.

    Avec Annick, je découvrais le sens biblique de l’Homme5, de l’Adam. Adam, un être de désir, saisi dans la dynamique de l’image vers la ressemblance, appelé à nommer les Hayoth (Gn 2,19) ou « énergies de vie » pour les intégrer et, ce faisant, les associer au processus de croissance spirituel. Adam, un être en devenir qui a pour vocation d’accéder au « Je suis » en disposant son terreau intérieur à la croissance du Yod, du fils divin qu’il est potentiellement. Chemin d’accomplissement présenté dans les évangiles en trois étapes ou trois baptêmes : d’eau, de feu et du crâne.

    Sa lecture pertinente du livre de la Genèse ouvre sur l’univers dialogal du symbole. Les cieux et la terre, la lumière et les ténèbres, les Eaux d’en haut et les Eaux d’en bas, s’ils sont distingués ne sont pas séparés. Un cordon les relie, l’information circule. Tout l’univers visible s’enracine dans le Verbe qui fonde sa réalité d’être. Rien n’est séparé, tout est relié avec tout, tout communique, tout est en interrelation, en interdépendance, c’est dire que tout est vivant et participe d’un immense tissage. Tissage qui articule unité et diversité. Chaque organisme, pour se développer, se doit d’être en relation avec son environnement, il est codifié par une information spécifique qui le configure et le fait être ce qu’il est. Un gland porte en lui l’information chêne. Chaque semence porte l’information de la plante qu’elle va devenir. Cette information est-elle la résultante de combinaisons aléatoires ou a-t-elle présidé aux agencements qui ont conduit à la formation des molécules d’ADN et d’ARN ? Une molécule d’ADN humain compte trois milliards de nucléotides dont l’ordre de leur disposition sur l’ADN est connu. Selon quelle loi ces nucléotides se sont-ils disposés ? Est-ce le fait du hasard ou une information précise a-t-elle présidé à leur ordonnancement ? En d’autres termes, le langage précède-t-il l’agencement des lettres ou les lettres se sont-elles combinées par hasard pour former un langage cohérent ? L’univers du vivant est-il intelligible ? S’il l’est, comme le pensait Einstein, ne serait-il pas une immense bibliothèque à disposition de lecteurs potentiels ? Ou serait-il vide de sens, étant le résultat de combinaisons hasardeuses qui par chance auraient conduit vers l’avènement de la vie et de l’être humain ?

    Nous prendrons le parti de la première option et considérerons que l’être humain, doué d’intelligence, est capable de déchiffrer le langage de la nature et de recueillir les informations contenues dans la profondeur de l’univers du vivant. De tout temps, il s’est mis à l’écoute de la nature et progressivement a élaboré une véritable science médicinale, preuve du lien étroit entre la nature et l’être humain. Les essences de plantes ne soignent pas uniquement par l’apport de substances, elles livrent aussi des informations aptes à rééquilibrer l’organisme humain.

    Dans l’expérience humaine, le langage est inhérent au dialogue, il s’est construit au sein de l’univers relationnel. En est-il de même pour le cosmos ? Sa structure est-elle dialogale ? Est-il le lieu d’un immense dialogue ? C’est ce qu’affirment la Bible puis les Pères de l’Église. Le livre de la Genèse l’exprime clairement : le cosmos jaillit de paroles dites. À la racine de chaque élément du créé est une parole. Parole donnée en attente de réponse. Il revient à l’être humain de déchiffrer ce langage par une lecture verticale, symbolique, poétique, afin d’entrer dans un dialogue constructif avec l’Auteur des paroles.

    Annick de Souzenelle s’est particulièrement appliquée à cette lecture. Avec elle tout prenait sens. Le message biblique en chaque lettre hébraïque, chaque mot, chaque récit devenait cohérent. Il se révélait être le déploiement du premier mot : Bereshit, qu’elle traduit par « dans le principe est le Fils ». Je perçus alors que tout son enseignement est fondé sur le Bereshit, axe de toute la révélation biblique. Est fils celui qui, conscient de porter la source en lui, a pour vocation de la révéler et de la traduire, d’une manière singulière, dans ses paroles et dans ses actes. Devenir fils et accéder à soi-même, au « Je », se révélaient être la même chose. C’est là ce qui donnait sens à ma trajectoire existentielle.

    Pour se lancer dans une telle aventure, il était nécessaire d’être guidé et de trouver un chemin balisé. Par extraordinaire, ce chemin me fut proposé dans le même temps par un prêtre orthodoxe qui était présent à la session qu’animait Annick de Souzenelle. Il me parla pour la première fois des Pères du désert d’Égypte en réponse à mes questions. L’engouement a été tel que chaque année pendant une vingtaine d’années, je suis allé au Wadi Natroun, entre Le Caire et Alexandrie, rencontrer ceux qui sont inscrits dans cet héritage.

    Au

    IV

    e siècle, après la reconnaissance de la religion chrétienne en l’an 313 par l’empereur romain Constantin, des milliers d’hommes se sont retirés au désert, en Égypte, pour préserver le témoignage oral qu’ils avaient reçu des apôtres et vivre le maximalisme évangélique loin de l’agitation du monde. En réponse à un appel intérieur, ils ont cherché à vivre une relation prégnante avec « Celui qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes ». Ils avaient bien compris que la question de Dieu est liée à l’originel dans l’être humain. Cet originel, ils l’ont assimilé à ce que la Bible nomme « image de Dieu » ou reflet de la Présence divine dans le cœur de l’Homme. En se tournant vers l’originel, la source, d’où jaillit la transcendance, ils pensaient ainsi accéder au mystère de la vie et de l’être.

    Ainsi la quête de l’originel correspondait-elle à une soif de vie, à une aspiration à être et à la reconnaissance de la beauté intérieure. Pour ces anciens, ce désir inné, cette mystérieuse aspiration, c’est la prière intérieure.

    En ce sens, prier, c’est être un avec la vie, c’est entrer dans le dynamisme de la vie et du vivant, par la relation avec Celui qui fait être toutes choses. Dans cet esprit, ces assoiffés, ivres de Dieu, se sont plongés dans une aventure spirituelle nommée philocalie qui, en grec, signifie « amour de la beauté ». La tradition philocalique⁶, dont les textes fondamentaux ont été publiés pour la première fois à Venise en 1782, est aujourd’hui une tradition vivante et une référence, un point d’appui pour ceux qui aspirent à vivre l’essentiel au cœur de l’existentiel, l’unique nécessaire.

    L’approche philocalique fut pour moi lumineuse. Elle mettait en évidence des points clés de la vie spirituelle tels que l’importance du désir, de la dynamique thérapeutique, du combat spirituel et de la nécessaire acquisition du discernement des esprits pour un juste accomplissement des potentialités inscrites en chaque être humain. Si, comme l’affirme la Bible, l’Adam est créé à l’image de Dieu, la vocation de l’Adam est de devenir pleinement et consciemment ce qu’il est en puissance. Ceci dans ses deux dimensions céleste et terrestre, spirituelle et cosmique. Dire que l’Homme est créé à l’image de Dieu, c’est nommer un aspect constitutif de lui-même qui échappe à toute emprise cosmique et à tout déterminisme génétique, c’est nommer une capacité de transcendance et de liberté. Il a, par ce fait, la possibilité de se différencier des éléments cosmiques, de les reconnaître pour les intégrer au lieu d’être sous l’emprise de ces mêmes éléments. À chaque instant, la vie sollicite l’Homme et lui donne des occasions de découvrir les richesses qu’il porte en lui, à l’originel de lui-même, pour les mettre en mouvement, pour les faire vivre dans un juste rapport à cet originel. S’il ne met pas en œuvre les puissances de vie qui sont sollicitées, refoulées, elles vont agir en lui malgré lui et revêtir ainsi un caractère mortifère. Cette articulation demande une attention particulière tant elle est caractéristique des processus humains. D’où la nécessité du discernement afin de ne pas s’égarer, de ne pas manquer la cible, de ne pas rater le but, pour mener le bon combat et ainsi arriver à bon port. L’expérience maximaliste de ces fous de Dieu ouvrait une voie balisée inédite, encore vivante aujourd’hui. Cette voie s’inscrit dans une tradition (transmission) de l’expérience spirituelle qui donne une place privilégiée à la dynamique thérapeutique loin de tout moralisme. Toute thérapie se fonde sur le processus qui passe par la prise de conscience, par le fait de nommer, d’accepter la réalité puis de se désidentifier⁷ pour ne plus être sous l’emprise des blessures et des mécanismes qui agissent en nous malgré nous. Processus de libération, de purification pour advenir en tant que personne. Là où le moralisme enferme dans un jugement, catégorise et condamne, la dynamique thérapeutique ouvre sur une possibilité de libération et de transformation. Nous le savons, le moralisme engendre la culpabilité et introduit une division intérieure alors que le processus thérapeutique, par l’analyse de la psyché, tend vers la connaissance des mouvements intérieurs et vers la réappropriation de soi-même, vers l’unité intérieure.

    Le novice qui arrivait au désert se devait de se confier à un ancien, de lui révéler ses pensées et ses états d’âme afin d’être conduit vers le discernement des esprits qui est la science des sciences. Discernement qui, dans le Souffle de l’Esprit, s’acquiert dans l’humilité par un long labeur qui allie maturité dans la prière et purification du cœur.

    La première étape est nommée praxis ou pratique. Elle s’enracine dans une vision philocalique, une quête de la beauté intérieure. Pour y parvenir, il convient de désensabler la source, de désencombrer le cœur profond afin qu’il puisse comme un miroir refléter d’une manière claire la présence divine. La praxis est le nécessaire travail de purification du cœur-esprit dans une coopération divino-humaine. Elle consiste en une véritable psychanalyse au sens premier d’analyse des mouvements de la psyché pour mieux s’en différencier et acquérir « l’autorité sur » plutôt que d’être « sous l’emprise de » ces mouvements. Cette dynamique, selon les Pères, est insuffisante, elle doit être complétée par une culture de l’attention et par le nécessaire combat intérieur. C’est ce que nous verrons dans les chapitres qui suivent.

    « La source – qui jaillit sans cesse – a soif d’être bue. » Cette parole de saint Augustin dit par elle-même pourquoi les Pères de la Philocalie dans l’esprit des évangiles ont insisté sur la réceptivité. De même que « le soleil brille sur les bons et sur les méchants », de même « la lumière éclaire tout homme venant en ce monde » (Mt 5,45), la grâce est répandue sur tous mais tous ne l’accueillent pas (la parabole du semeur est explicite à cet égard). La lumière rayonne mais elle n’apparaît, elle ne devient manifeste que là où il y a réceptivité. D’où l’accent mis sur la purification du cœur conjointe à la purification du regard. Le réel est le Réel, pour le percevoir il faut des « yeux pour voir et des oreilles pour entendre ». Combien de fois Jésus dans les évangiles s’exclame-t-il : « Ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n’entendent pas. » Le Réel est voilé par les apparences, par ce qui tombe sous le sens. Ce qui se donne à voir n’est qu’un aspect de la réalité qui est de plus altérée par notre perception subjective laquelle est teintée de nos projections, de nos représentations et de l’idée que l’on s’en fait. On comprend alors le lien entre la praxis et l’acquisition du discernement.

    Vouloir suivre ces athlètes du désert n’est certainement pas à la portée de tous. Cependant, ils ont été des phares pour des générations de chrétiens. Je vous propose

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