Le Retour des dieux des cavernes: Essai philosophique
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Philippe Heurcelance dédie ces textes à son amie Irène Moreau d’Escrières, à laquelle s’adresse depuis toujours sa prose poétique. Comme dans Lettres de Revel, le lecteur notera le réseau de références traditionnelles, venues d’une saisie autant intellectuelle qu’intuitive. Nous savons déjà avec Faut-il regarder par la Lunette de Galilée ? que l’on peut considérer la modernité comme un pèlerinage à rebours, et que pour Philippe Heurcelance le mythe a autorité sur l’Histoire. Par ailleurs, on oublie trop souvent que Pascal a évoqué « l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », mais aussi celui « de justesse », ce dernier étant la voie du milieu, réalisant l’équilibre des deux premiers, défini par Aristote, et que l’on retrouve dans l’Inde ancienne. Le poète fait partie de ces gens qui bénéficient pleinement de l’esprit de finesse et perçoivent instantanément la vérité d’une chose. Irène remercie Philippe Heurcelance d’avoir bien voulu accepter la publication de ces écrits qui lui étaient destinés. C’est avec plaisir que les Éditions Encre Rouge accueillent ce nouvel auteur qui vient d’être primé aux Poésiades de Moulins, lors du 17e Prix de France et de la Francophonie 2019, réalisé par les Poètes et Artistes du Bourbonnais.
Cet ouvrage philosophique, primé aux Poésiades de Moulins, présente les pensées du philosophe et nous appelle à réfléchir et à nous repositionner face à ces thèmes répandus.
EXTRAIT
Je lisais ce matin quelques pages excellentes d’un soufi iranien sur les différentes résurrections (selon l’échelle de Jacob), ainsi que sur la racine de la suite prophétique, en fonction des niveaux subtils de l’être humain. J’associe volontiers Jésus au Cœur mystique, en tant qu’il est analogué au Cœur du Divin (son auto-connaissance).
Tout cela m’a inspiré la considération suivante : que si les cultures traditionnelles considèrent la plupart des hommes comme du bétail humain (pasu en sanskrit), ce n’est pas de façon injurieuse, mais parce que la plus grande partie de l’humanité présente la forme humaine sans en manifester l’essence (les « démons à visage d’hommes », selon A. C. Emmerich* (forces natives non « rectifiées »). La gangue psychosomatique étouffe le Vivant interne ; toutes les civilisations se sont constituées sur la libération du Vivant en l’âme (donnant « l’homme libre » des Anciens, à l’origine des lignées aristocratiques). Aujourd’hui, nos contemporains peuvent connaître une certaine « humanisation » par l’expérience de la foi, qui esquisse une résurrection à l’archétype humain éternellement pensé en Dieu (par « l’art éternel de Dieu », dixit Maître Eckhart*).
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Heurcelance, qui a l'âme naturellement portée vers la poésie, à laquelle il accorde un statut cognitif privilégié, a eu le goût de faire quelques études de philosophie qui l'ont mené à une interrogation continue du mystère de l'existence.
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Book preview
Le Retour des dieux des cavernes - Philippe HEURCELANCE
Cet ouvrage a été composé par les Éditions Encre Rouge
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7, rue du 11 novembre – 66680 Canohes
Mail : contact.encrerouge@gmail.com
ISBN papier : 978-2-37789-270-9
Philippe Heurcelance
LE RETOUR DES DIEUX DES CAVERNES
Histoire revisitée par le mythe
Essai
Préface de l’éditeur
Philippe Heurcelance dédie ces textes à son amie Irène Moreau d’Escrières, à laquelle s’adresse depuis toujours sa prose poétique. Comme dans Lettres de Revel, le lecteur notera le réseau de références traditionnelles, venues d’une saisie autant intellectuelle qu’intuitive. Nous savons déjà avec Faut-il regarder par la Lunette de Galilée ? que l’on peut considérer la modernité comme un pèlerinage à rebours, et que pour Philippe Heurcelance le mythe a autorité sur l’Histoire. Par ailleurs, on oublie trop souvent que Pascal a évoqué « l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », mais aussi celui « de justesse », ce dernier étant la voie du milieu, réalisant l’équilibre des deux premiers, défini par Aristote, et que l’on retrouve dans l’Inde ancienne. Le poète fait partie de ces gens qui bénéficient pleinement de l’esprit de finesse et perçoivent instantanément la vérité d’une chose. Irène remercie Philippe Heurcelance d’avoir bien voulu accepter la publication de ces écrits qui lui étaient destinés. C’est avec plaisir que les Éditions Encre Rouge accueillent ce nouvel auteur qui vient d’être primé aux Poésiades de Moulins, lors du 17e Prix de France et de la Francophonie 2019, réalisé par les Poètes et Artistes du Bourbonnais.
L’auteur
Après des séjours dans les îles, et un passage méditatif, historique et philosophique en France, Philippe Heurcelance a entrepris des études à l’Université de Bourgogne où il s’est intéressé au problème philosophique posé par l’imaginaire autour de l’œuvre de Gilbert Durand, ainsi qu’aux problèmes épistémologiques suscités par les renouvellements de la physique. Sa maîtrise de Philosophie porte sur la microphysique, la parapsychologie et la spiritualité ; autour du Colloque de Cordoue (Science et conscience). Sa thèse de DEA ayant pour sujet la Numérologie et sa résurgence dans la pensée contemporaine tend à montrer que l’on retrouve les principes pythagoriciens dans la science de pointe.
Parallèlement à un essai publié en 2010, Le Diagramme du vide, Philippe Heurcelance a publié un roman, L’Obscur du volcan, déambulation inquiète au sein du labyrinthe existentiel qui, de toute façon, déroule ses spires à partir de notre propre psychisme. Pour l’auteur qui se réclame de l’intellect poétique, l’intuition doit faire corps avec l’analyse rationnelle, « le poète tisonne les cendres pour en extraire des pépites » dit-il dans son essai Entre le rêve et l’éveil, suivi de Comme une promenade au jardin de poésie (2011). En 2015, paraît Cosmologie de l’inattendu. Par ailleurs, l’auteur a bien voulu répondre aux questions d’Irène Moreau d’Escrières (Les Forges d’Héphaïstos, Entretiens avec Philippe Heurcelance).
Son dernier ouvrage qui vient d’être publié : Faut-il regarder par la lunette de Galilée ? est la transcription philosophique des données poétiques des Mélancolies fertiles, réflexions sur le problème des conditions de la connaissance, textes tant attendus, ainsi que ceux de La Voix venue de l’Acropole. Poétiser, c’est réveiller l’intuition, les fonctions supérieures de l’intellect, par-delà les raisonnements.
PREMIÈRE PARTIE
1. Mystères, soleils de la connaissance
Prenons conscience à quel point nous nous sommes enfermés dans la « caverne » qui est proprement mentale, comme l’a bien compris la physique fondamentale. Chacun en souffre selon divers degrés, mais curieusement, toute tentative de s’affranchir de cette enclave provoque une levée de boucliers, comme s’il fallait maintenir l’humanité dans les supplices pour quelque obscure raison – peut-être justement au nom de l’identification limitative à un rationalisme exclusif.
De sorte que l’on a perdu le contact vivant avec la Nature, en la remplaçant par un monde aux lois mécaniques (seul produit possible de la raison analytique), ce qui nous porte à vivre à la périphérie de l’existence, et nous prive de la connaissance des procédures de la nature, attendu que la séparation sujet-objet nous oblige à appréhender l’univers selon nos opérations mentales abstraites, et, conséquemment, en le mathématisant. Le monde est devenu un objet algébrique, avec des conséquences inattendues, comme sa dissipation en jeux de nombres.
Mais l’entendement moyen reste lié à une image grossière de l’univers, qu’il coagule en quelque sorte par le fait même de le penser. Aussi les événements les plus inéluctables de la vie, comme la mort, deviennent des faits aberrants dans la mesure où ils blessent la sensibilité humaine (ce fut la thèse d’Albert Camus), et restent incompréhensibles, en dépit du témoignage d’antiques traditions ou de gens ayant réalisé un autre parcours existentiel.
Dans cette perspective, la mort est un processus salutaire qui permet de sortir de la caverne, que ce soit de notre vivant, au moyen d’une discipline adéquate (résumée par le V.I.T.R.I.O.L. {1}), ou par la mort naturelle, aux résultats fort différents, à cause de la passivité du sujet. C’est bien pourquoi il a été dit que nous mourons de ne pas mourir, et c’est alors que la mort, comme le soleil, ne peuvent être regardés en face. La mort est un mystère pour ceux qui n’ont pas su mourir de leur vivant aux fictions du mental, ont toujours vécu dans le mirage d’une approche mécaniciste du monde, en le verrouillant fermement, préférant ignorer certaines possibilités cognitives liées à ces disciplines évoquées plus haut.
Ainsi, penser l’espace comme une abstraction homogène vide, c’est oublier qu’il recèle une énergie incommensurable, et que le fait de concentrer l’attention sur un point de cet espace permet justement d’outrepasser son horizon en réalisant le « passage à la limite », qui nous extrait de la caverne. Hors l’univers mesquin convenu, des possibilités « merveilleuses » s’offrent à nous, perçues ordinairement comme des mystères. Ceux-ci sont des occasions d’amplification de l’existence, dans la mesure où ils permettent à l’Intelligence universelle de se donner rendez-vous en sa modalité humaine. Mystères, soleils de la connaissance.
2. Individu et nécessité cyclique
L’humanisme contemporain s’insurge souvent contre les civilisations antiques qu’il juge « inhumaines », en ce sens qu’elles ne prenaient pas en compte le bien-être des particuliers, mais les soumettaient aux intérêts de la Couronne. On trouve encore ceci dans l’Inde classique avec ses castes et sa notion de pasu, « bétail humain ».
On comprend bien que dans ces conditions l’idée même de démocratie est exclue. C’est que le fait humain n’était pas perçu comme aujourd’hui. L’homme organique était considéré comme la partie la plus résiduelle de la Forme humaine, et il fallait réaliser la totalité de cette Forme pour accéder à la pleine humanité, faute de quoi on restait à l’état animal, infrahumain, n’ayant d’autre fonction que de servir les « hommes vrais » (en fait, les hommes tout simplement, comme se désignaient de nombreuses tribus amérindiennes), ayant réalisé leur pleine humanité à la suite d’une discipline spécifique. C’est même cela qui permettait l’éclosion d’une civilisation, son émergence hors de la bestialité première par transmutation des énergies primitives. S’il fallait s’en remettre à une discipline régénératrice, c’est que l’humanité était descendue au-dessous d’elle-même, en s’y complaisant le plus souvent.
C’est pourquoi le roi et sa chevalerie constituaient la mémoire vivante de l’humanité véritable, d’avant la déchéance, et telle qu’elle pouvait être restituée, comme en témoignait la couronne royale dont le flamboiement rappelait l’état originel à réintégrer. Dans ces conditions, le véritable être humain était le monarque couronné dont les étincellements témoignaient pour l’homme achevé, tandis que la foule humaine ordinaire représentait