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L'éveil des "sens interdits": Un roman familial
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L'éveil des "sens interdits": Un roman familial

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About this ebook

Philippe, jeune homosexuel, n'a jamais pu réellement s'épanouir...

Le tome I de cette saga en trois parties nous a permis de comprendre que l'autoritarisme de Monette, sa grand-mère, ajouté à une éducation castratrice quasi monacale et une enfance solitaire dans la propriété familiale du Castelnau n'ont pas permis à Philippe de s'épanouir. Replié sur lui-même, très jeune une homophilie naissante le pousse vers les garçons de son âge, voire plus jeunes. En échec scolaire à 18 ans, après avoir réussi un examen, Philippe s'engage pour cinq ans dans la Marine. Il n'est pas plus fait pour les études que la vie militaire.
Milieu masculin par définition, la marine ne peut que confirmer son homosexualité. Une mutation sur l'île du Levant... Un jeune marin sous ses ordres : Jeannot...

Découvrez le deuxième tome de cette série romanesque où un jeune homme découvre peu à peu son homosexualité, dans un milieu pas particulièrement homophile !

EXTRAIT

Parfois, un camarade lui offre quelques parties. Quand on se trouve dans l’incapacité notoire de rendre la gentillesse, cela ne peut perdurer. Philippe n’appartient pas au genre sangsue. Il n’aime pas demander et encore moins devoir.
Mentalement, par bien des côtés, Philippe demeure encore enfant. En revanche, depuis quelque temps déjà, son corps manifeste des réactions inattendues et des envies d’adolescent. Aussi, malgré la masturbation, se trouve-t-il confronté à des pulsions sexuelles difficilement maîtrisables. Des problèmes inhérents à la puberté, avec qui en parler ? Au Castelnau ? Mieux vaut ne pas y songer. Avec ses camarades ? Il voudrait bien, mais il n’ose pas. Aborder des sujets aussi tabous, que penserait-on de lui ? De plus, perdure cette attirance pour les garçons. Comment et avec qui aborder le sujet ? Faute de la comprendre lui-même, de son homophilie naissante, il n’en parle pas.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Christophe Vertheuil, de formation scientifique, et que rien ne préparait à écrire, a pris sa plume tardivement après 50 ans. Tout d'abord ce furent des poèmes (trois recueils reçurent des premiers prix), des contes et des nouvelles. En trois ans, près de 200 prix littéraires lui furent décernés à divers concours. Encouragé par ces succès, il s'est lancé dans l'écriture de romans. Quatre furent édités entre 2000 et 2003 date où, arrivé à la retraite, il quitte la France pour huit ans d'humanitaire en Afrique interrompus par presque deux ans en Martinique où il travaille pour le quotidien « France Antilles ». Fin 2012, de retour en France, il reprend la plume. En plus de nombreux contes pour enfants, entre 2012 et 2018, quinze de ses romans ont été publiés. La douairière du Castelnau, tome 1 de la trilogie Les sens interdits, en est le seizième.
LanguageFrançais
Release dateSep 11, 2018
ISBN9782378774035
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    L'éveil des "sens interdits" - Jean-Christophe Verteuil

    Les « sens » interdits.

    Tome 2

    L'éveil

    des « sens » 

    interdits.

    L'évasion du Castelnau.

    https://lh4.googleusercontent.com/ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions – Jean-Christophe Vertheuil

    ISBN : 9782378774035

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Du même auteur :

    « L’Alphabet des vents », recueil de poèmes,

    Premier prix avec édition décerné par

    L’Association Poétique et Littéraire de la Plaine de France.

    Éditeur Le Clef de Marseille, 2003

    La Louve des Carpates, conte fantastique,

    Éditeur Le Clef de Marseille, 2001

    Réédition 7atoutécrit 2016

    20 contes d’ici et d’ailleurs,

    Éditeur Le Clef de Marseille, 2002

    Réédition 7atoutécrit 2016

    La Proie du sang, roman, éditeur le clé de Marseille, 2003

    Réédition le Lys Bleu avril 2018

    Reflets de solitude, recueil de poèmes libres,

    Prix Louis Aragon décerné par la Société des Poètes français,

    Grand prix Amélie Murat de la ville de Clermont-Ferrand,

    Éditeur Le Clef de Marseille, 2004.

    Les Tribulations de Georges Coudrier, roman,

    Éditeur Le Clef de Marseille, 2004

    La « Sainte » éducation, roman autobiographique,

    Éditeur 7écrit Paris, 2014

    Le bouclier d’Horus : thriller à fond historique,

    Éditeur Publibook Paris 2015

    « Akhenaton, le pharaon hérétique » : fiction historique

    Tome 1 : « Les rêves du prince Néferkhéperou Rê ».

    Édition 7atoutécrit 2016

    Tome 2 : « les complots ».

    Édition 7atoutécrit 2016

    Tome 3 : Amarna, l’avènement de l’utopie

    Éditeur les passeurs de Livres (Grasse) avril 2017

    « L’Ariégeois », roman, édition 7atoutécrit 2016

    « Un autre regard », 30 nouvelles

    dont 10 inédites Édition 7atoutécrit 2016

    « Soleil noir, l’enfant talibé du Sénégal »

    roman, Édition 7atoutécrit 2016

    « Voyage avec mes amies les Mouettes », conte initiatique

    Grand prix du roman par le CIELA de Bordeaux

    et par les Ménestrels de France en 2001

    Édition 7atoutécrit 2016

    Réédition Le Lys Bleu : mars 2018

    5 contes illustrés pour enfants Édition 7atoutécrit 2016

    « L’orphelin de l’amour » recueil de poèmes, premier prix 2017 au concours international des Arts et Lettres de France.

    Édition 7atoutécrit

    « L’appel de la mer » roman,

    Édition Riqueti les passeurs de livres janvier 2017

    « Toulouse Mirail » roman,

    Édition Riqueti les passeurs de livres mars 2017

    5 fables et leurs contes édition 7atoutécrit juillet2017

    4 contes illustrés pour enfants

    7atoutécrit juillet2017

    Le corrupteur, roman

    Éditions le Lys Bleu février 2018

    Avis aux lecteurs.

    Même si ce roman est en partie inspiré d'un fait divers du milieu du XIXème siècle, toute ressemblance avec des personnages ayant existés serait fortuite.

    Le tome 1 nous a permis de comprendre qu'une éducation castratrice quasi monacale et une enfance solitaire  dans la propriété familiale du Castelnau ne lui ont pas permis pas de s'épanouir.

    En échec scolaire, après avoir réussi un examen, Philippe entre dans la Marine. Engagé pour cinq ans ! Pas plus fait pour les études que la vie militaire, il n'aura pas d'autre choix que de tout mettre en  œuvre pour que son séjour se passe le moins mal possible.

    Milieu masculin par définition, la marine ne peut que confirmer son homophilie.  Une mutation sur l'île du Levant... Un jeune marin sous ses ordres : Jeannot qui va lui permettre de confirmer et vivre pleinement son homosexualité.

    L'armée quittée, il opte pour le métier d'éducateur spécialisé dans un centre pour cas sociaux. Lors d'un stage de formation, il va tomber amoureux de Diane, une jeune fille androgyne. Du fait caractère dominateur, parfois paranormal de son épouse, de leurs mésententes sur l'éducation de leurs trois enfants, plusieurs fois, le divorce menace mais est repoussé. La vie de couple devient un enfer.

    Bien sûr, ce qui devait arriver arrive. Ils se séparent. Son ex-femme lui en fait alors voir de toutes les couleurs.  Philippe va commettre de grosses erreurs dont des actes pédophiles qu'il ne comprend pas. De ce fait, pour s'en débarrasser et le faire incarcérer, son ex-femme va jusqu'à l'accuser des pires abominations sur ses enfants.

    Ce roman permet, peut-être, de comprendre le comment et le pourquoi un homme peut en arriver à commettre de graves erreurs.

    Mon but n'est pas de porter un jugement sur des actes répréhensibles mais d'amener le lecteur à une réflexion sur ce grave problème sociétal, sans pour autant jeter d'anathème.

    Chapitre 1.

    Achats de rentrée à Mortignac.

    Avec son cortège d’orages et ses premiers brouillards, l'arrivée de septembre annonce la fin des grandes vacances. Ce temps passe toujours trop vite. Philippe en aurait perdu la notion si, dès le retour d’Hossegor, sa mère ne lui avait pas déclaré :

    - Titchoix¹, tu as encore grandi. Tu as l’air d’un vrai petzouille.²  Je veux que tu fasses bonne impression à Dax. Aussi, demain, irons-nous t’acheter de nouveaux pantalons.  

    Dax... ! Philippe se voit contraint de quitter son petit collège de Mortignac. Ce n’est pas qu’il y sente mal, ni bien d’ailleurs. Il s’est contenté « d’être » et de suivre les cours avec un enthousiasme tel qu’on lui a conseillé un doublement de la quatrième. Certes, à la limite, il dispose d’une moyenne suffisante pour envisager un passage en classe supérieure, mais...

    - Votre fils manque de maturité... Ses résultats sont médiocres... Passe encore en maths et en français... Un an d’avance... Un redoublement ne pourrait que lui faire du bien... assurer les bases... 

    Bref, devant cette avalanche d’arguments, Claudine et Henri finissent par en accepter le principe. Il est vrai que, par certains côtés, Philippe manque de maturité. Plus que tout, malgré ses treize ans, il ne communique pas plus avec les autres qu’à dix. Les études le barbent toujours autant, quant aux leçons... sa bête noire. La quatrième reconnue comme une classe charnière, comment, avec deux parents, dans la « profession », échapper à un doublement conseillé par des collègues ? Le temps de réflexion nécessaire à la décision est bref. Sans que Philippe soit consulté, Claudine et Henri décident de le faire doubler à Dax. Pourquoi Dax ? Parce qu'Henri y enseigne l’éducation physique... parce que la ville dispose d’une salle d’entraînement pour l’escrime... Peut-être aussi afin que, enfin, il s'ouvre et communique avec les jeunes de son âge ? Avec la famille? Rien n'est moins certain. De plus, il s’y ajoute une dernière raison qui, peut-être, prime sur toutes les autres : Monette reprend du service. A plus de soixante ans !

    Depuis la mort de Dad, le vide laissé par cet homme est d’autant plus grand que, justement, sa vie durant, il a su se montrer discret, respectant les particularités, parfois surprenantes, de sa femme. Monette avait depuis longtemps pris les initiatives. Pour assurer la paix du ménage, mais aussi parce que, du fait de son tempérament naturellement bon et conciliant, le grand-père ne s’était jamais opposé ouvertement à son épouse, tout au moins en public. En privé ? Nul ne le saura jamais.

    Bref, Monette reprend du service. La raison ? L’ennui ? La solitude ? Après une longue période de latence, le virus du métier retrouverait-il sa virulence ? Ou parce que le remplaçant du professeur de français a déclaré forfait ? Ou, tout simplement, parce que, parmi ses futurs élèves, elle comptera son petit-fils ? On ne peut pas dire que la nouvelle réjouisse ce dernier. Le père professeur de gym, c’est déjà pas mal. La grand-mère, enseignante de français, c’est une calamité. Pour parachever le tableau de la tare familiale enseignante, il ne manque plus que la mère.

    *

    « Demain, nous irons t’acheter de nouveaux pantalons. » La journée durant, telle une mauvaise ritournelle, cette phrase trotte dans sa petite tête fourmillant encore des souvenirs hédonistes des séjours en Espagne et à Hossegor. Pour la majorité des enfants en âge scolaire, les achats précédant la rentrée, même s’ils se teintent de nostalgie, en général, s’effectuent dans la bonne humeur, celle que réveille la découverte du nouveau. Un nouveau pantalon certes, mais aussi un nouveau blouson, de nouvelles chaussures, un nouveau cartable... Bref, tous ces « nouveaux » mettent un peu de baume sur les cœurs et les âmes vagabondes des grands voyageurs des rêves estivaux.

    Pour Philippe, comment se réjouir ? En vacances, tant et tant de jours merveilleux loin de Monette. Des jours lézard, quand, sur la plage, au bord de la Grande Bleue, il reste allongé des heures à s’imprégner de la chaleur bienfaisante du soleil. Des jours poisson, quand il se rit des puissantes vagues de l’océan. Des jours taupe, quand il aide à enlever et trier les gravats de l’Épave (on commence quand même à en voir la fin³ !). Des jours goéland, quand ses pensées parcourent l’infini de la mer à la recherche de ses univers imaginaires. Des jours linotte quand, absorbé par d’autres préoccupations qui lui semblent autrement intéressantes, il oublie (parfois volontairement) ce qu’on lui dit. Des jours marmotte, ceux où il traînasse, l’âme en peine, à seulement lire. Des jours lion quand, à la Tour-Prends-Garde, lui prend une petite folie. Des jours autruche : tous ceux où il se coupe volontairement du monde afin de se retrouver seul face à lui-même. Des jours hyène quand il se montre prêt à dévorer n’importe qui pour manifester sa colère. Des jours chouette, quand il rencontre un petit bonheur sur le bord du chemin. Des jours Cadichon quand il se fait coucouler par Claudine. Des jours charognard quand Paul lui casse les pieds ou met son nez dans ses affaires. Des jours... tout plein de jours qui, sans jamais se ressembler se sont suivis, chacun véhiculant ses moments de bonheur ou de solitude. Rarement de tristesse. Philippe aime sourire à la vie, mais, seul. À la frontière de l’adolescence, le garçon ne se montre guère plus sociable. Peut-être qu’à Dax... ?

    « Demain, nous irons t’acheter de nouveaux pantalons ! » Contrairement aux autres enfants, les achats de la prérentrée ne se teintent pas de « nouveau ». Par définition, du « nouveau », c’est quelque chose de différent des vêtements portés auparavant. Un nouveau pantalon ne peut avoir la même teinte que le précédent. Un nouveau blouson se doit d’être différent, mais pas seulement par la taille. Par quelques fantaisies, de nouvelles chaussures ont l’obligation de refléter le passage de l’enfance à celui de l’adolescence.

    Pour Philippe, rien de tout ça ! Du neuf mais... sans fantaisie. Irrémédiablement, le pantalon est en Tergal gris ou bleu marine. Le blouson, sportif certes, mais d’une affreuse ressemblance avec le précédent. Les chaussures : beiges, à cirer, basses, de ville... Bref, du classique, rien que du classique, toujours du classique. La devise de Claudine ou de Monette : « on change dans la continuité ! ». Pas question de s’écarter d’un iota du classicisme. Vestimentairement parlant, les ans se suivent et se ressemblent, terriblement monotones. Nul besoin de carte d’identité pour reconnaître le « petit Dubreuil ». À l’école, pas besoin de le chercher longtemps parmi les bambins turbulents, jouant dans la cour de récréation. Un gamin seul dans un coin, habillé de gris ou de bleu marine : la signature d’un Dubreuil. Si ses camarades se distinguent par leur originalité, lui, au contraire, se distingue par son manque d’originalité. Ce neuf, sans renouveau, sans la moindre fantaisie, sans la moindre originalité, le rend triste et malheureux. Il souhaiterait tant ressembler aux autres garçons de son âge ! Se fondre dans la masse et ne pas être montré du doigt.

    Aussi, cette maudite phrase : « demain nous irons t’acheter de nouveaux pantalons », sonne-t-elle à ses oreilles comme un tocsin mettant un terme à deux mois de liberté, de rêves, sans contrainte vestimentaire. En maillot de bain, sur une plage, Philippe ressemble à tous les garçons de la Terre.

    Comble de malheur, il aura, pour professeur de français : Monette ! Et ça, c'est une vraie mauvaise nouvelle. Bonjour les dégâts ! Quand on n’est pas pressé de les voir arriver, les lendemains succèdent trop rapidement aux veilles. Qui plus est, à l'approche de la reprise des classes, l’horloge du temps semble s’accélérer afin d'en rapprocher l’échéance.

    Quand, sur le coup des seize heures, sa mère l’appelle, Philippe comprend que le temps des vacances est bel et bien révolu.

    - Va te coiffer et te passer un coup d’eau sur la figure. Que tu aies au moins l’air présentable. Dépêche-toi. Je t’attends.

    - Monette, vient-elle avec nous ?

    Pas aujourd’hui ! Elle a du travail : des cours à préparer, je crois. Peut-être... quelques dictées ? Dit-elle, un sourire narquois au coin de ses lèvres. Elle ajoute : demain, c’est elle qui ira t’acheter de nouvelles chaussures. 

    À ces mots, ses yeux s’écarquillent, son front blêmit. Monette lui acheter des chaussures ? Pire catastrophe ne peut exister sur Terre. Épique. Une Chanson de Roland, dont nous parlerons un peu plus loin.

    Philippe se rend dans la salle de bain et se passe un gant humide sur la frimousse. Tout en se regardant dans la glace, il prend plaisir à observer le petit liseré soulignant la courbure des lèvres. Certes, ce n’est encore qu’une esquisse de moustache.  Malgré tout, il en est très fier. L’enfant se fait adolescent. Un non moins rapide coup de peigne fait l’affaire avant de courir rejoindre sa mère déjà engagée sur l’allée conduisant au portail.

    Aujourd’hui, pas de curé ! Ce sont les vacances. Bientôt, la rentrée... L’ « animal » ne perd rien pour attendre. Les courses au grand galop, froc retroussé, cul à l'air, ne tarderont guère⁴. Avec le temps, l’antipathie de Simoun ne s’est pas amenuisée. Quand ils en ont l’opportunité, le gamin et le chien prennent toujours plaisir infini à faire courir la calotte.

    Dominé par l’imposante tour carrée de l’église Saint-Martin, le centre-ville se situe à moins d’un quart d’heure à pied du Castelnau. Au pied de cette tour : une volée de marches permet d’accéder à l’ancien narthex⁵, très sombre, mais si propice à la méditation des catéchumènes. Son imposante masse géométrique reçoit la lumière du jour par les étroites ouvertures romanes du premier étage surmonté d’un deuxième aux fenêtres gothiques géminées. La partie haute de cet étage fut, certainement, construite en remplacement de l’ancien hourd dont on peut encore deviner l’encorbellement. En tant que libres penseurs, l’église ne fait pas partie des lieux visités par le clan des Dubreuil.

    Après le bourdonnement estival, Mortignac a retrouvé sa sérénité habituelle. Moins nombreux, les curistes n’encombrent plus rues et venelles avec leur voiture. Philippe trouve déroutant que les vacanciers prennent leur véhicule pour aller acheter une baguette alors que quelques petits centaines de mètres les séparent du boulanger. L’été, se garer au Bayaa tient de l’exploit. Exploit qui ne peut être réservé qu’aux virtuoses du créneau. Monette ?

    En cette belle fin d’après-midi automnale, prolongés d’un méplat évasant le rebord, les tuiles picon⁶ des toits béarnais chapeautent les vieilles demeures bordant le « fleuve » comme les étroites ruelles. Sous les caresses d'un soleil couchant, en passant par toutes les nuances du beige au rouge, elles rutilent de tout leur orange. Toutes sont fleuries de mille géraniums retombant en cascades flamboyantes sur l’appui des fenêtres aux belles embrasures de pierre taillée. Le rouge des fleurs, le brun chatoyant des toits, la couleur sable ou beige des façades, le bleu limpide du ciel... une luminosité cristalline... un tableau de Cézanne ou de Monet. Bref, un charme reposant qu’aime Philippe quand il s’aventure à parcourir les venelles scarifiées en leur centre par l’ancien caniveau où s’écoule, aujourd’hui, paresseuse, calme et rafraîchissante, l’eau du Saleys. Avec ses maisons en surplomb, se mirant dans le gave en étiage estival, et ses avancées sur pilotis, Mortignac peut s’enorgueillir d’offrir au passant un petit air vénitien, la sérénité en prime. Hélas, aujourd’hui, nombre de colombages se trouvent recouverts par des torchis ou des crépis plus faciles d’entretien. Nonobstant, le tout conserve un petit air moyenâgeux bien sympathique.

    Goûtant la fraîcheur des venelles avant de goûter à celle, beaucoup moins plaisante, de l’enfer de l’essayage, Philippe suit sa mère.

    Avec sa façade blanche, ses volets marrons, ses balconnets à l’espagnole et avec sa grande baie vitrée, Vet-Mod, implanté sur cette fameuse place du Bayaa, étincelante sous les rayons du soleil, tue un peu du charme environnant.

    Chaque jour, sur le chemin de l’école, dans une venelle, Philippe passe devant une très petite échoppe contenant toutes les merveilles du monde. Sur les étagères : une infinité de bocaux multicolores contenant le « Paradis ». Sur le minuscule comptoir : carambars, roudoudous, tubes de coco... et, surtout, des malabars. Ces merveilleux chewing-gums demeurent interdits au Castelnau, d’ailleurs comme tous les chewing-gums. Chimiques ! C’est du moins ce qu’a

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