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L'Olivier de grand-père: Roman
L'Olivier de grand-père: Roman
L'Olivier de grand-père: Roman
Ebook166 pages2 hours

L'Olivier de grand-père: Roman

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About this ebook

Alain, un jeune berger vit seul, à l’écart du monde, heureux avec ses moutons et ses deux chiens jusqu’au jour où… il est atteint de cette maladie que l’on nomme « coup de foudre ».

Les mois passent, l’heureuse élue, fille de gendarme, vient en visite à la bergerie, de temps à autre, pour profiter de l’eau du puits. Désemparé, Alain ne sait pas comment la séduire. Un matin, il demande de l’aide au ciel et plus particulièrement à son grand-père. Aucune réponse ne vient. Mais, plus tard dans la journée, pendant son labeur quotidien, il déterre une mystérieuse cassette…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Aimmeur est né à Grasse et a grandi au pied des montagnes. Il a mis dans ce roman ses souvenirs d’enfant, ses émotions de jeune homme et son expérience d’adulte. Des personnages touchants, des moments d’émotion, une belle histoire.
L’olivier de grand-père est son premier ouvrage publié à La Compagnie Littéraire.
LanguageFrançais
Release dateApr 15, 2020
ISBN9782876837195
L'Olivier de grand-père: Roman

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    Book preview

    L'Olivier de grand-père - Alain Aimmeur

    www.compagnie-litteraire.com

    Au lecteur,

    Né dans le haut de Grasse (06) j’ai passé mon enfance au pied des montagnes naissantes.

    J’ai écrit ce roman en mettant tous mes souvenirs d’enfant, afin que vous puissiez rentrer dans ces personnages.

    J’ai, page après page, extirpé de ma mémoire les paroles et les gestes qui étaient cachés au fond de moi-même. Je me suis mis à nu, et ces profonds souvenirs, parfois douloureux, ont fait ce que vous lisez.

    Vous aurez ainsi, comme moi, un apaisement, une sérénité, un sentiment de bonheur et de joie provençale.

    Je remercie la vie de m’avoir fait vivre ces moments inoubliables, que je voulais partager avec vous, cher lecteur.

    Ce livre est une fiction. Les propos prêtés aux personnages, ces personnages eux-mêmes, et les lieux où on les décrit sont en partie réels, en partie imaginaires. Ni eux-mêmes ni les faits évoqués ne sauraient donc exactement être ramenés à des personnages et des événements existant ou ayant existé, aux lieux cités ou ailleurs ni témoigner d’une réalité ou d’un jugement sur ces faits, ces personnages et ces lieux.

    Remerciements

    Le dessin de la couverture a été réalisé gracieusement par Daniel Boulanger.

    L’arrangement du texte a été fait par madame Fadila Bouaraara.

    Préface

    Le soleil couchant s’inclinait et grand-père plissait les paupières pour ne pas être aveuglé. Assis, la chaise posée devant la fenêtre de la cuisine, les mains rivées sur les bretelles de son pantalon, il jetait un dernier regard sur la campagne.

    J’aimais beaucoup grand-père, homme sage, à l’aspect bourru par son manque de rasage journalier, il était fin conteur. Son accent provençal donnait encore plus de chaleur à ses dires. Parfois il changeait l’histoire (la même racontée il y a quelques semaines) et je faisais semblant de ne jamais l’avoir entendue. Ancien berger, ses deux chiens aux ordres, il parcourait à pied des kilomètres pour faire paître cinq cents têtes de mouton à travers garrigues et genêts. Il faut être né en Provence pour sentir l’odeur de cette terre, même les cailloux ont leur parfum. Parfois j’accompagnais grand-père, les jeudis, le matin de très bonne heure, et ma mère préparait le repas à emporter dans la musette. À travers mes sandalettes à lanières, les graviers faisaient souffrir mes pieds, mais il ne fallait pas rester à la traîne, les moutons avançaient sans cesse, cherchant plus loin le peu d’herbe et quelques jeunes branches.

    À l’heure du déjeuner, nous nous arrêtions sous des oliviers et le soleil qui jouait avec les branches nous faisait des clins d’œil. Grand-père, en patois, donnait des instructions aux chiens, et suivant l’intonation de voix, ils accomplissaient des prouesses pour réunir les fuyards. Si une brebis mettait bas, les chiens le savaient, et nous prévenaient par leurs aboiements. Alors grand-père grimpait la colline, s’accrochant aux genêts en fleurs, prenait l’agnelet et le mettait autour de son cou, les pattes tenues par ses mains calleuses. Arrivé sous l’olivier, il posait le petit mouton à terre, qui avec un bêlement un peu strident appelait sa mère, qui accourait pour la première tétée. Le soleil caressait les hauts des collines, signe immémorial du retour. Les chiens vaquaient à l’attroupement, et la même chenille à quatre pattes s’étalait, bélier en tête, se dirigeant vers la bergerie. Le dernier mouton parqué, grand-père sortait de sa poche son mouchoir à carreaux bleus et blancs et essuyait son front ridé, perlé de sueur. Avec son accent chantant il me disait en patois : « T’en fais pas petit, ils sont tous là, il n’en manque pas un seul. » Fourbu, j’entrais dans la cuisine, et je voyais ma mère s’activant devant son fourneau à bois. En me regardant elle ouvrait ses bras, et avec les miens, j’entourais sa taille, et je me blottissais contre elle, la serrant très fort. Par ce geste d’amour, la moitié de ma fatigue disparaissait !

    Assis autour de la table en olivier, éclairée par une faible lampe, maman nous servait une soupe de légumes fraîchement cueillis dans le petit jardin jouxtant la maison. Grand-père ne disait mot, mangeait en silence, et son regard semblait être lointain. Que voyait-il si loin ? Que pensait-il ? Son assiette de soupe à demi-avalée, il brisait des morceaux de pain coupés dans la grosse miche et les faisait tremper dans le reste de son assiette. C’était son habitude, je l’ai toujours vu ainsi. Après le repas, il se levait, prenait sa vieille pipe au-dessus de la cheminée, s’asseyait devant le feu, avec son pouce il forçait le tabac dans son culot. Tendant son bras, il prenait une brindille et allumait sa pipe. Ainsi, il restait devant le feu qui crépitait par moments.

    J’avais la responsabilité depuis le jour de mes sept ans, de mettre des bûches dans l’âtre, et je m’asseyais comme grand-père, regardant les flammes danser devant nous.

    J’ai toujours cherché à comprendre pourquoi ce vieux monsieur (qui aurait pu être un pâtre issu de la Bible par son silence et son regard rêveur) ne me montrait jamais de signes affectifs.

    Ce n’est que bien plus tard, quand il eut disparu, que j’ai compris que c’était dans son regard plein de chaleur provençale qu’il me disait combien il m’aimait.

    Je restais ainsi devant ce feu, jusqu’à ce que la main de grand-père se pose sur ma tête, et à ce moment-là, entre deux bouffées de fumée, il me disait : « Je me rappelle une fois, les moutons étaient dans les genêts, un couple d’aigles volait dans les airs, très haut au-dessus du troupeau.

    J’avais sorti ma flûte que j’avais faite dans du roseau, et je jouais des airs provençaux. Cela apaisait les moutons par la mélodie et éloignait les aigles visant les agnelets. » Encore un conte de plus à son actif. Mais je me demande encore s’il se persuadait lui-même, ou vraiment s’il pensait que je le croyais ! Mais je l’aimais profondément comme un enfant peut aimer son grand-père.

    Quand il disparut, les moutons furent vendus, la bergerie fermée, et nous sommes allés à la ville.

    Quelques années plus tard, je remontai à la bergerie, j’ouvris la porte de la cuisine et soufflai la poussière, puis je pris une chaise, je me suis assis en mettant du bois dans la cheminée. Je retrouvais toutes les odeurs et les bruits de mon enfance, mais pas la main de mon grand-père sur mes cheveux. Alors, sur mes joues coulèrent de grandes larmes devant les flammes crépitantes, essayant elles aussi de me raconter les histoires de ce vieil homme. Et c’est ainsi que, souvenirs aidant, la tradition a fait que comme grand-père je devins berger !!!

    Depuis la perte de mon grand-père, ma mère s’étiolait de semaine en semaine, et la flamme qui brillait dans ses yeux s’affaiblissait comme une bougie.

    Elle ne montait presque plus à la bergerie, sa santé déficiente eut raison d’elle.

    Baptiste, le facteur ne venait que rarement à la bergerie, car ne connaissant personne, je n’avais point de courrier.

    Quand je le vis arriver, sa sacoche sur le ventre, le front suant et l’œil triste, je compris que ma mère avait fini sa triste vie.

    Baptiste me dit : « Tu sais, Petit, j’aurais préféré t’annoncer autre chose ! » tout en me tapotant sur l’épaule. J’attendis de voir son dos au lointain, pour ne plus retenir mes larmes. Moi, qui ne vivais que de douceur de vivre, d’alpage et de sérénité dans ma Provence, jamais je n’aurais pensé avoir autant de larmes à déverser.

    Mes deux chiens ayant une interrogation soudaine de ma tristesse étaient assis à côté de moi, et leurs doux gémissements s’associaient à ma peine. Je mis mes mains sur leur tête et, de leurs bons yeux, ils me faisaient comprendre qu’ils étaient là, eux fidèles compagnons.

    Le soir venu, des myriades d’étoiles accrochées au manteau noir de la nuit scintillaient encore plus fort, et je cherchais celle qui aurait pu donner asile à l’âme si pure de ma mère.

    Le surlendemain, la petite église un peu froide m’accueillit au milieu d’une douzaine de personnes. En sortant, le soleil faisant transition, nous avons pris la direction du cimetière. Celui-ci était entouré d’un mur de pierres sèches, frappé par une chaleur ardente où des lézards prenaient leur bain de soleil.

    Seul devant ce petit monticule de terre, je me mis à genoux, je demandai pardon à ma mère, pardon de ne pas l’avoir aimée plus fort, plus tendrement. Je plantai dans la terre une poignée de fleurs sauvages cueillies autour de la bergerie.

    Je pris le chemin du retour, mon esprit accroché aux souvenirs de ma mère. J’avais deux kilomètres à parcourir pour arriver à la bergerie. Le chemin caillouteux et sinueux faisait souffrir mes pieds dans des chaussures de sortie que je ne mettais jamais, restant toujours dans l’alpage. Le soleil tapait encore plus fort, si bien que je dus enlever ma veste. Plus je montais, et plus je sentais une brise légère accompagnée de suaves odeurs de thym sauvage et de lavandin, et je me disais « C’est ça la vie. »

    Plus tard, j’avais un peu arrangé la bergerie, le bois rentré pour l’hiver, le sac de farine fraîche à côté du four à pain, je me sentais en sécurité.

    Pendant tout l’été, j’avais œuvré pour entasser le foin nécessaire à la période hivernale. Dans ce foin si généreux, où quelques fleurs séchées apparaissaient de-ci, de-là, j’avais enfoui ma tête voulant m’asperger de cette odeur magique, odeur de rêves et de souvenirs de mon enfance.

    L’hiver arriva à pas lents, et la neige apposa son manteau. Dans la cuisine, l’horloge égrenait par son balancier, l’immuable tic-tac accompagnant le crépitement du feu de bois. Le froid vif faisait pleurer de longues larmes sur les vitres de la cuisine. L’odeur du feu mélangée à celle du pain cuisant lentement dans le four me ramenait à des années en arrière.

    Ainsi les journées passèrent, apaisantes, pleines de sérénité, entrecoupées de quelques bêlements de moutons me rappelant à leur faim.

    Les premiers rayons de soleil, caressant la terre, faisaient fondre la neige. De tout petits ruisselets se bousculaient en riant à travers les hautes herbes séchées par le froid de l’hiver. Les chiens s’étiraient sur leurs pattes, déjà prêts à leur besogne. Quelques plaques de neige restaient encore accrochées au flanc des Alpilles. J’ouvris grand les portes lattées en bois de l’écurie, et comme montés sur des ressorts, les moutons sautaient en l’air, heureux de reprendre le chemin des herbages.

    J’écoutais le chant des ruisselets, le cri perçant de la buse faisant écho entre les montagnes.

    Le printemps arrivait à grands pas, toute la nature était fébrile et je sentais toute ma Provence couler dans mes veines. Cela me faisait chaud au cœur.

    Les semaines passèrent paisibles, me cantonnant dans un travail routinier. Quand un jour au début de l’été, un groupe de personnes traversa la prairie parsemée d’herbe tendre, mêlée de couleurs vives de fleurs sauvages. Les moutons inquiets coururent tous dans le même sens. Les marcheurs arrivèrent jusqu’à moi, sorti de la bergerie attiré par le bruit, et me demandèrent des renseignements sur les bêtes, les oiseaux, la nature. Je commençai par leur décrire ce qu’était la nature et tous ceux vivant avec elle. Au bout de quelques instants, fourbus par leur marche, ils s’assirent dans l’herbe et n’avaient d’yeux et d’oreilles que pour moi. C’étaient des gens de la grande ville qui venaient pour la première fois aux Alpilles. Je leur fis goûter le pain fait dans mon vieux four. Ils furent ébahis de manger pareil produit comme avant. Tout cela dura assez longtemps, moi, heureux de trouver des gens à qui parler, et eux contents de m’écouter raconter la vie, ma vie !

    Mais je n’avais pas remarqué, dans le groupe, une jeune fille qui me fixait tout en buvant mes paroles. Inquiet par cette insistance, je la regardai et là j’ai cru que tout s’arrêtait. Mon cœur s’accéléra très fort, et semblait prendre toute la place dans mes poumons, ce qui m’empêcha de respirer normalement.

    C’était une belle fille blonde, avec deux nattes de longueur moyenne, et son visage de madone était illuminé par la couleur bleue de ses yeux. Je bredouillai encore quelques mots, et prétextant un mensonge sauveur, je rentrai dans la cuisine. J’avais les mains tremblantes. Je pensais être malade mais ce n’est que plus tard que je sus que cette maladie se nommait « coup de foudre ».

    Après quelques brefs instants, seul, je sortis mais le groupe s’était déjà levé pour repartir plus haut, à la suite de mes conseils pour apercevoir un point de vue magnifique. La jeune fille voulut rester, mais faute de soutien, elle repartit avec les promeneurs, non sans jeter derrière elle quelques regards vers moi.

    Cette heureuse distraction me dispersa dans mon organisation, et les chiens, par cette cause, eurent plus de travail à regrouper les moutons qui s’étaient un peu éparpillés.

    Le soir venu, après souper, je fis comme grand-père, assis sur sa chaise, je fumais sa pipe.

    Les flammes dans la cheminée formaient des ombres dansantes dans la cuisine.

    Mon esprit vagabondait, s’accrochait à ce visage d’ange qui m’avait déstabilisé. Je n’avais jamais éprouvé cette sensation dérangeante pour mes habitudes.

    Les brebis commençaient à mettre bas, et mes journées devenaient courtes par tant

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