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Un p'tit coin tranquille en Creuse: Polar historique
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Un p'tit coin tranquille en Creuse: Polar historique

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About this ebook

Le corps d'un ancien médecin SS de Dachau, installé incognito à Chénérailles, est retrouvé flottant dans l'étang des Landes...

Un corps flotte dans l’étang des Landes. Les inspecteurs Diégo Castellon et Martine Malicette découvrent au cours de l’enquête que la victime, ancien médecin SS de Dachau, s’était installée incognito à Chénérailles. Vengeance d’un rescapé des camps de la mort ? Pas si simple... La découverte d’un second corps, celui d’un homme lui aussi généraliste, mais à Gouzon,va brouiller les hypothèses échafaudées.
Les investigations policières évolueront sur fond de scandale du Thalidomide, dans ce milieu rural des années soixante-dix, où l’emprise de la bourgeoisie est forte.
Le substitut Dura Lex et les deux policiers tireront les fils de l’imbroglio de ces affaires, que le hasard a finement emmêlés au gré des événements.

Découvrez un polar dans lequel les investigations policières évoluent sur fond de scandale du Thalidomide, dans ce milieu rural des années soixante-dix, où l’emprise de la bourgeoisie est forte.

EXTRAIT

Diégo n’eut pas le temps de franchir le seuil de son bureau, la main encore posée sur la poignée de la porte, que Martine se pressait déjà sur ses talons :
— La galerie Vincert à Paris refuse d’exposer le Franz Marc. Malgré un carnet d’authentification apparemment sincère, ils ont un doute sur sa provenance. Le dernier propriétaire répertorié en 1931 s’appelait Aronstein, depuis, ils n’ont pas retrouvé la moindre trace de transaction et ils attendent de connaître les circonstances qui ont mis cette œuvre entre les mains de Madame Garmisch.
Castellon se redressa :
— Aronstein, c’est un nom juif. Je vois ça trop bien, notre nazi, l’aurait-il récupéré auprès de juifs déportés ?
— Il y a peu de chances que la famille Aronstein ait voulu tuer pour ça, si tant est qu’il y ait des survivants, en déduit l’inspectrice, un peu déçue car elle pensait avoir trouvé une nouvelle piste.
— Mmm, grogna Castellon, qui avait du mal avec les accueils tonitruants aux aurores.
Habituée à son humeur matinale maussade, la jeune fille n’y prêta aucune attention :
— Notre commissaire doit s’ennuyer, alors pour s’occuper, il a décidé de faire le point et il nous attend dans la salle de réunion.
— On n’abordera pas l’affaire de la peinture tant qu’on n’en saura pas davantage.
Raoul Lepouic, déjà installé, patientait, le dos bien droit calé au fond de sa chaise, les mains entrelacées posées sur la table. Martine ouvrit le trépied du tableau des conférences, Diégo saisit un fusain et traça sur le papier une première colonne pour inscrire en haut : Narcisse Galle et ses deux fils, Jean-Luc et Martin, suivi de mobile : ils reprochaient à Garmisch l’euthanasie de Mme Galle. Il indiqua sous le mot alibi : fragile, ils auraient pu s’absenter du pré Lenoir où ils travaillaient, sans que le fermier Turlupin s’en aperçoive.
Toujours à l’affût d’une bonne anecdote ou d’une blague, Raoul Lepouic leva la main pour prendre la parole, l’air rigolard :
— Martin Galle, espérons qu’il ne nous fasse pas le coup de la martingale et qu’il ne nous dupe pas avec une entourloupe, celui-là !


LanguageFrançais
Release dateJan 2, 2019
ISBN9791035302917
Un p'tit coin tranquille en Creuse: Polar historique

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    Un p'tit coin tranquille en Creuse - Jacques Jung

    UN P’TIT COIN

    TRANQUILLE

    EN CREUSE

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © – 2018 – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Jacques JUNG

    UN P’TIT COIN

    TRANQUILLE

    EN CREUSE

    Avertissement

    Ce roman est une pure fiction, le crime ainsi que l’enquête policière qui y sont relatés n’ont jamais existé et toute ressemblance avec la réalité ou avec des personnes vivantes ou ayant vécu serait pure coïncidence et totalement fortuite.

    Il n’existe aucun lien entre les lieux et les événements décrits.

    Jeudi 1

    er

    août 1974

    — Le corps d’un homme a été découvert ce matin par des pêcheurs à l’étang des Landes, le substitut Leboyer vous attend sur place, annonça le commissaire divisionnaire Raoul Lepouic.

    Face à lui, le principal Diégo Castellon et l’inspectrice Martine Malicette scrutaient ce petit bonhomme d’un mètre soixante à la silhouette arrondie et au crâne d’œuf muni de petites lunettes en métal.

    Nul doute que le moins habile des caricaturistes pourrait le croquer en trois coups de crayon, songeait Martine.

    Pour compléter la scène, le nouveau patron avait accroché derrière son fauteuil une photographie prétentieuse de lui-même en tenue d’officier de police. Aussi les enquêteurs avaient-ils le privilège d’admirer simultanément l’original et la copie, signe que le divisionnaire se considérait comme un personnage important et qu’il entendait bien le faire comprendre à ses visiteurs.

    — Tenez fiston.

    Le commissaire remit à Castellon une feuille de papier griffonnée de quelques notes prises lors de sa conversation téléphonique. Il avait pour habitude d’octroyer un « fiston » aux hommes plus jeunes que lui. Puis il lui tendit un journal :

    — Dans Le Républicain Guéretois de ce matin, il y a un article sur le nouveau juge d’instruction Edgar Bourriche qui vient d’arriver à Guéret.

    Peu intéressés, les inspecteurs jetèrent un rapide coup d’œil sur la photo d’un homme âgé au regard dur.

    Raoul Lepouic poursuivit :

    — Vous ferez l’enquête ensemble, deux paires d’yeux c’est mieux qu’une et on ne sait jamais, on tombe parfois sur des tordus. Quand j’étais à Caen, tenez…

    Il se cala d’aise dans son fauteuil à l’idée d’y aller de sa petite anecdote tandis que, devant lui, Martine et Diégo luttaient contre une crise de fou rire : le célèbre « Quand j’étais à Caen » du commissaire Lepouic était imité et ridiculisé dans la moitié des commissariats de France.

    — Quand j’étais à Caen, tenez, une femme a arraché son corsage avant de courir dans la rue en criant « au viol, au viol », alors que l’enquêteur intervenait seul dans sa droguerie. Elle a fini par avouer son mensonge, mais le collègue a eu toutes les peines du monde à rétablir la vérité.

    À 64 ans, sa promotion au grade de divisionnaire récompensait plus de quarante années de bons et loyaux services, comme Raoul Lepouic aimait à le répéter. Une carrière commencée en 1932 comme gardien de la paix dans le XXe arrondissement à Paris. Son ambition était simple : attendre la retraite dans un département calme. Il avait ainsi demandé son affectation dans la Creuse, qu’il imaginait être le paradis des fonctionnaires fatigués. Les menus larcins, les tapages nocturnes ou les querelles de voisinage devraient dorénavant occuper ses journées sans lui prendre la tête et c’est non sans malice qu’il aimait rappeler la menace préférée de son ancien chef à Caen : « Si tu continues à jouer au con, Raoul, tu vas te retrouver au fin fond de la Creuse ! »

    Diégo avait aussi demandé sa mutation à Guéret, pour rejoindre son amie Liliane Adabranc, greffière au tribunal. Leur appartement était situé avenue de la Sénatorerie, à trois pas de la place Bonnyaud et de la cité administrative qui abritait le commissariat. Promu principal, il avait retrouvé goût à la vie, surmonté son divorce en 1969 avec Henriette, sa première femme repartie à Troyes, oublié la maison de Panazol vendue au plus offrant et l’appartement vieillot du boulevard Gambetta à Limoges où il s’était retrouvé ensuite. Tout cela était bien terminé. Son premier contact avec la Creuse, il l’avait eu à l’occasion de l’affaire Ténégrier en 1969. Comme beaucoup, il associait alors le département à la grisaille et à l’ennui, avec des troupeaux de vaches à contempler pour seule distraction. Il avait eu tort. Quatre ans plus tard, c’est lui qui avait insisté pour obtenir son poste dans ce pays attachant aux nombreux villages animés, parsemé d’étangs, de fraiches forêts, de landes et de prairies verdoyantes tachées par le rouge des coquelicots. Il avait envie de balades à travers les bois, de cueillettes de champignons et de pêche, une activité qu’il pratiquait déjà dans sa jeunesse au bord des lacs d’Auvergne, avec son père.

    Les inspecteurs prirent la route de l’étang des Landes à bord de la toute nouvelle Peugeot 304 blanche que Diégo venait d’acquérir, à regret. Il s’était débarrassé de son Alpine sur l’insistance de Liliane qui ne supportait pas les voitures tape-à-l’œil et rapides. Maintenant, heureux propriétaire d’une berline poussive et ennuyeuse, il se consolait en s’autorisant quelques libertés avec le Code de la route. Une R8 Gordini, ce serait pas mal, pensait-il, un côté berline pour rassurer Liliane et un côté sportif pour son plaisir à lui. Mais son amie ne supportait pas les bandes blanches sur la carrosserie bleue, qu’elle jugeait agressives. Mais Diégo ne s’avouait pas vaincu…

    À la sortie de Guéret, Martine claironna, toute rayonnante :

    — Je suis la plus jeune inspectrice de France !

    — C’est un privilège qui ne durera pas, tu vas vite déchanter, répondit sèchement Diégo à cette remarque déplacée.

    Martine Malicette avait terminé son stage et venait d’obtenir son affectation à Guéret. Elle aussi avait souhaité ce poste pour rester dans sa Creuse natale. Elle s’était installée avenue Fayolle dans un appartement qu’elle partageait avec Stéphane, un jeune enseignant en gestion au lycée technique, route de Bénévent. Chaque samedi, il jouait de la guitare basse et chantait dans un groupe de rock.

    Martine gardait un bon souvenir de son stage avec l’inspecteur Diégo Castellon. Son approche méthodique, sa perspicacité et son flair l’avaient impressionnée. Elle avait beaucoup appris en l’accompagnant et faire équipe avec lui était gratifiant et motivant.

    Ainsi, Martine Malicette, Raoul Lepouic et Diégo Castellon partageaient le même sentiment de chance d’être là, « au fin fond de la Creuse ».

    Après Gouzon, ils prirent la direction de Chambon et d’Évaux-les-Bains. Au bout d’une dizaine de kilomètres, après une courte côte, ils tournèrent à droite pour traverser le village de Lussat, avant d’apercevoir une étendue bleue au loin, l’étang des Landes. Castellon stationna la voiture le long de la rive. Alors que le substitut les attendait, ils s’attardèrent quand même dans la voiture, en admiration devant l’étendue d’eau nichée dans la verdure. Des vaguelettes ondulaient à sa surface et, au loin, trois cygnes majestueux se faufilaient délicatement à travers les plantes aquatiques. L’harmonie dégagée par la scène avait emporté le regard des inspecteurs. À proximité, des pêcheurs assis sur des tabourets pliants surveillaient leurs lignes avec patience. Ici, le temps faisait une pause, il ne manquait qu’une musique de Johann Strauss comme « Sur le beau Danube bleu », pour parfaire l’ambiance, pensait Diégo.

    Dans un concert de grésillements de grillons, ils firent quelques pas jusqu’à la buvette devant laquelle stationnait l’estafette de la gendarmerie. Martine, de larges lunettes de soleil sur le nez, avait devancé le principal : elle se présenta au brigadier assis au volant du véhicule. Le militaire se saisit du micro de la radio pour appeler son chef de brigade posté à quelques centaines de mètres, là où le corps avait été transporté.

    — Allo, ici ROMEO-OSCAR-GOLF-ECHO-ROMEO – Parlez.

    L’appareil cracha :

    — Ici CHARLIE-HÔTEL-ECHO-FOX TROT– Parlez.

    — Il y a deux inspecteurs de police qui sont arrivés – Stop.

    — Faites-les venir ici – Stop.

    — Reçu. Terminé.

    Les policiers longèrent le plan d’eau à pied, dépassèrent les habitations du domaine des Landes et, un peu plus loin, aperçurent un groupe d’hommes affairés. La présence d’Alphonse Piscouret, chef de la gendarmerie de Chénérailles, les étonna parce qu’il ne se trouvait pas dans son secteur. Le visage tendu et tiraillé par des tics, il conversait avec le substitut Jean Leboyer, surnommé Dura Lex du fait de son rapport rigide à la loi. Avec ses chaussures de marche et son jean, le magistrat avait adapté sa tenue aux circonstances. Il mit sa main droite en visière au-dessus de ses yeux cerclés de petites lunettes rondes et, apercevant les policiers, s’avança vers eux. De sa voix pointue et sur un ton condescendant, il leur apprit que le corps avait été caché dans les plantes aquatiques, ce qui expliquait qu’il n’ait pas été découvert rapidement et qu’il ait séjourné un bon moment dans l’eau. Le torse était dépourvu de vêtement. Dura Lex ajouta :

    — La victime portait un pantalon de ville, elle n’était donc pas partie pour une balade et on peut écarter l’accident de baignade. Pour un suicide, on aurait retrouvé une embarcation à proximité du corps. Quelqu’un l’a emmené là-bas, c’est donc un meurtre.

    Le magistrat montra du doigt le lieu, puis alluma un cigarillo avant de continuer :

    — La victime est le docteur Garmic, médecin à Chénérailles. Sa femme avait signalé sa disparition le 3 juillet, les gendarmes avaient consigné sa déclaration, mais l’affaire en était restée là, les abandons de domicile par des adultes sont trop nombreux pour qu’on lance des recherches. Madame Garmic, que j’ai fait chercher par le major Piscouret, a reconnu les clés et les lunettes de son mari repêchées à proximité du corps par le pompier sauveteur. Par contre, nous n’avons pas retrouvé la moindre trace de chemise ni de polo.

    — Que sait-on sur lui ? demanda l’inspectrice.

    — C’était un généraliste âgé de 64 ans. Le jour de sa disparition, il n’est pas rentré de ses visites de l’après-midi. Pour le reste, selon les gendarmes, il était apprécié par ses malades pour sa disponibilité, sa gentillesse et ses compétences.

    — Comment est-il arrivé ici, où était sa voiture ? continua Martine.

    — On la cherche, je sais par les gendarmes qu’il conduisait une Ami 6 break bleue pour ses consultations à domicile.

    Le substitut ajouta qu’en été, une multitude d’activités se déroulait sur le site. Récemment avait eu lieu le concours annuel de pêche, avec ball-trap, tir à l’arc, concours de pétanque, feu d’artifice et pour terminer, un spectacle animé par Francis Lemarque sur une estrade montée sur l’eau. Au moins 2 000 personnes étaient venues en une seule journée, plus les habituels pêcheurs, environ 300, les promeneurs et les campeurs. Avec une telle fréquentation, il ne fallait pas compter trouver d’indices.

    La scène était insoutenable, les restes du corps en voie de décomposition étaient boursouflés, gonflés d’eau.

    Dura Lex donna de la voix pour rassembler tout le monde :

    — Le principal Castellon et l’inspectrice Malicette seront en charge de l’enquête et dirigeront les investigations, avec l’aide de vos hommes, major Piscouret, la victime étant originaire de Chénérailles. Pour l’instant, je vous demande une totale discrétion, motus et bouche cousue, vous m’avez bien compris. Surtout, je ne veux rien voir dans le journal.

    Les frères Félix et Hippolyte Malauc, qui avaient découvert le cadavre, attendaient les policiers, allongés dans l’herbe à proximité de leurs cannes à pêche que nul frétillement ne venait réveiller. Ils avaient cédé chacun leur ferme située dans les environs de Gouzougnat à leurs fils et, depuis, ils coulaient des journées paisibles consacrées à la pêche ou à la chasse selon la saison.

    Petits, moustachus tous les deux, avec leurs casquettes identiques et leurs mégots de cigarette en papier maïs coincés au coin de leurs bouches, Martine se demandait qui était le modèle de l’autre. Félix expliqua :

    — En prévision de l’ouverture de la chasse aux canards, on voulait voir comment ça se présentait. On longeait les plantes aquatiques là-bas pour faire le tour de la Grande Marine, lorsque j’ai remarqué une masse qui flottait parmi les roseaux.

    — Je me demandais ce qu’c’était, poursuivit Hippolyte. Au fur et à mesure qu’on se rapprochait, je doutais. Et puis quel spectacle ! Une vraie pourriture, il y en a plus d’un qui serait tombé dans les pommes pour sûr, mais nous deux, on a fait Verdun ! Alors on a fait demi-tour pour demander au garde de prévenir

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