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Oublier Collioure: Roman policier
Oublier Collioure: Roman policier
Oublier Collioure: Roman policier
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Oublier Collioure: Roman policier

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About this ebook

Guidée par l'amour pour sa fille et pour la belle région de Collioure, une jeune enseignante se laisse abuser et se retrouve dans un trafic illégal...

Une jeune veuve, enseignante à Nantes part avec sa fille de 13 ans à Collioure pour des vacances qu’elle souhaite paisibles. En fait elle va se trouver évoluer, sans s’en rendre compte, entre un trafiquant de drogues et un policier des stups qui le piste.
Notre ingénue se sent de plus en plus attirée par le policier mais leur union ne sera pas de tout repos.

La parfaite connaissance de la région de l'auteur, une intrigue policière et sentimentale bien ficelée ainsi qu’une belle histoire d’amour rendent ce roman très attachant.

EXTRAIT

Dans le couloir d’entrée mes livres sont tous classés par ordre alphabétique ainsi que ceux qui ont débordé en désordre dans l’escalier qui mène au garage. Il regarde certains classiques français : Montaigne, Pascal, Molière, Montesquieu, Anouilh, il ne connaît pas et des classiques anglais Shakespeare, Milton, Sterne, Bernard Shaw.
Le même embarras que ce matin s’abat à nouveau sur moi. Collioure est loin ! Tandis qu’il continue à examiner certains livres, je sors les draps d’invités et prépare son lit dans la chambre de Natacha.
⸺ La salle de bain est attenante à cette chambre qui est la plus calme, j’espère que vous y serez très bien.
⸺ Je suis confus, j’aurais pu aller à l’hôtel, vous savez !
⸺ Mais non, puisque Natacha justement n’est pas là, vous aurez sa chambre, c’est plus simple.
Banalités, civilités, décidément je n’arrive pas à dissiper la gêne persistante qu’il y a entre nous.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Annie Plait est née au sud de la Vienne, d’un père charentais et d’une mère poitevine. Elle a gardé un goût prononcé pour la nature, le merveilleux, les contes et les légendes. Professeur de lettres, passionnée par l’histoire et le terroir elle partage son temps entre l’écriture, la lecture et les promenades. Depuis son premier roman, elle n’a cessé de réjouir ses lecteurs avec ses ouvrages.
C’est le neuvième roman de Annie Plait.
LanguageFrançais
PublisherEncre Rouge
Release dateOct 31, 2019
ISBN9782377892556
Oublier Collioure: Roman policier

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    Book preview

    Oublier Collioure - Annie Plait

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    Cet ouvrage a été composé par les Éditions Encre Rouge

    img1.jpg ®

    7, rue du 11 novembre – 66680 Canohes

    Mail : contact.encrerouge@gmail.com

    ISBN papier : 978-2-37789-254-9

    ISBN Numérique : 978-2-37789-255-6

    Annie Plait

    OUBLIER COLLIOURE

    Roman

    Du même auteur

    2005 « Les longues saisons » Éditions de Borée

    2006 « Une si longue absence » Éditions de Borée : Prix national Lyons'Club

    2007 « Un si long chemin » Éditions de Borée

    2010 « La mémoire effacée » Geste éditions

    2011 « Une femme partagée » Geste éditions

    2013 « Sous les châtaigniers en fleurs » Éditions Lucien Souny

    2016 « Le serment d'Agnès » Éditions de Borée : Prix Coup de cœur à Chinon

    2016 - réédité 2017 — 2018 « Le dormeur de Boyard » Geste éditions

    LIVRE I

    CHAPITRE 1 - LA CALANQUE

    Oublier Collioure est impossible ! Le lieu magique aussitôt quitté vous hante et on n’a qu’un désir, y revenir.

    Les raisons qui m’avaient fait choisir la calanque de l’Ourque située à deux kilomètres de Collioure étaient réellement très simples, j’y étais allée autrefois avec Marc, il me semblait qu’il était un peu encore avec moi, et je connaissais bien la région, nous y avions passé quelques saisons, tant à Collioure à l’hôtel de la Frégate, face au délicieux port, que chez l’habitant ; même une fois dans un charmant presbytère de campagne dans l’arrière- pays !

    Blottie entre la mer Méditerranée et la chaîne des Pyrénées cette région du département des Pyrénées Orientales a tout pour être heureuse : les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages, ce territoire le plus méridional de France est aussi le plus ensoleillé !

    On passe presque sans transition du golfe immense à l’abrupt barrière des cimes. Recouverte de limons rougeâtres, la terre a donné son nom à la côte entière : « la côte Vermeille » dont on aurait envie d’inverser deux consonnes pour dire la côte merveille.

    Les Catalans sont un peuple à part, mélangeant une grande douceur de caractère à une détermination sans faille, venus tard dans le giron français, finalement au traité des Pyrénées attribués définitivement à la France en 1659, sans rancune, sans rancœur, les Catalans sont donc devenus Français tout en tendant encore la main à leurs frères Catalans d’Espagne, un peu comme dans leur danse régionale « la sardane » douce et fluide qui depuis des siècles contribue à ce que les gens se donnent la main, des inconnus dans la rue ou sur les places, entraînés par cette caractéristique amabilité catalane entêtée et entêtante qui sait si bien convaincre de s’aimer et danser et chanter ; race catalane issue, dit-on des Ibères et des Wisigoths, moi j’y vois surtout aussi une grande analogie avec les Grecs doux, aimables, accueillants comme eux et non moins authentiques.

    J’aime Collioure, son port, son église à l’amusant clocher - phare, sa double baie ouverte sur la mer, dominée par la masse bleue des Albères, ces premiers contreforts montagneux des Pyrénées, ses rues grimpantes menant de la colline à la mer, son ardeur, son ensoleillement, ses odeurs d’olives ou d’anchois et son agréable fraîcheur le soir ; aussi surtout la chaleur humaine de ses habitants, leur façon de vous tenir le bras ou la main en vous parlant, une « amicalité » méridionale….

    Ma fille Natacha treize ans et moi-même cherchions le calme, des vacances simples sans problèmes ou obligations.

    Le premier soir, j’ai aussitôt fixé la tente sous un vieil eucalyptus, le plus gros d’un groupe de trois, bien au-dessus du ruisseau l’Ourque, qui descend de la montagne et donne son nom à l’anse. Nous avons fait nos lits dans la chambre de la tente, puis attribué à chacune les petites corvées inhérentes au camping ; je me réservais la préparation des repas à l’exception du petit déjeuner ; je n’ai jamais été une « lève-tôt » au contraire Natacha avait hérité de son père cette capacité d’être au réveil immédiatement prête à aborder une nouvelle journée.

    De Nantes la route m’avait paru bien longue, notre départ coïncidait avec la fin d’une année scolaire. Mais un bonheur paisible m’habitait. Quelle joie une fois l’an de laisser derrière soi l’école, les élèves si intéressants soient-ils, son métier de professeur bien lourd parfois, bien que passionnant. Avec Natacha qui allait entrer en troisième, nous avions décidé que ces vacances seraient parfaites ! Sur mon traitement de professeur nous avions économisé, et dès avant Pâques, j’avais écrit là-bas pour retenir un emplacement à la calanque Nous y resterions deux mois : juillet et août.

    La calanque avait changé en ces quelques années. Le ruisseau dérivé formait une piscine d’eau douce pour enfants ; au camping et au restaurant s’étaient adjoint un bar style tahitien et, innovation de cette saison, un dancing appelé simplement le club de danse, qu'un orchestre de Perpignan animait deux soirs par semaine.

    Les gens aussi avaient changé, moins de méridionaux, davantage d’étrangers, les langages le soir s’entrecroisaient, allemands, anglais, hollandais, quelques autrichiens et même des scandinaves.

    Le lendemain matin, en allant à la boutique du camp chercher le pain frais ou les croissants, j’entendais un mélange d’allemand et d’anglais, particulièrement je remarquais une fille grande, charpentée, habillée d’une robe longue qui tenait en laisse un splendide et énorme berger allemand. Jamais chien n’a mieux évoqué le chien primitif ou était-ce encore un loup ? Attaché aux pas de l’homme et unis par le même goût de la chasse, finissant par tomber d’accord.

    Cette silhouette était drapée jusqu’aux pieds de tons ocres et verts en harmonie parfaite avec la chevelure rousse, une queue de cheval, et les yeux verts s’amincissants et remontants vers les tempes.

    Nous étions côte à côte, je ne prêtais guère attention à elle, mais je surveillais son chien terriblement présent et remuant ; il allait et venait parmi les tables disposées au bord de la mer, lorsque je passais le chien grogna, en cela doué d’un infaillible sens ; il avait senti la crainte qu’il m’inspirait, crainte qui par la suite se doublerait d’un véritable effroi ; pour le moment ses grognements rauques m’ayant fait immanquablement sursauter, sa propriétaire le rappela d’un ton bref :

    ⸺ King, stop it, come here !

    Le splendide animal obtempéra aussitôt ; rien n’est plus admirable que cet accord parfait entre l’homme et la bête. La bête obéit, car dussé-je être taxée d’anthropomorphisme, la bête admire l’homme et pour cette raison consent à lui être soumise.

    Probablement chez tout professeur de langues, il y a un quasi-automatisme qui vous pousse à parler dès que l’on a reconnu la langue enseignée ; ainsi j’engageais une conversation avec la propriétaire du chien. Á mes oreilles exercées aux prononciations scolaires, son anglais parfaitement courant et idiomatique me donnait à penser qu’elle était anglaise.

    Quelles sont les phrases échangées dans un camping entre deux complètes inconnues ?

    ⸺  Je suis Léone, c’est la seconde année que je viens avec des amis, j’aime les sports nautiques…

    ⸺  Au contraire dis-je, je ne suis pas ce qu’on peut appeler une sportive ! Mais la nage, la marche et autrefois la danse étaient mes passe-temps favoris.

    ⸺  Vous êtes ici pour longtemps ?

    ⸺  Oui, dis-je sans penser plus avant, pour deux mois, les vacances scolaires.

    Ses yeux souriants fixés sur moi, prirent un court instant une expression songeuse dissipée rapidement par l’attention qu’elle consacra au chien, qui durant ce dialogue, n’avait cessé de flairer mes habits et de lever sa tête puissante vers elle.

    De son côté, Natacha avait fait la connaissance d’Ingrid Stolz, une petite allemande qui campait avec ses parents. Son père industriel dans la région de Reutlingen fabriquait des jouets ; par la suite Natacha passerait de nombreuses après-midi et soirées chez ces gens d’une excellente éducation, ravis d’inviter la gentille française qui sympathisait avec leur unique enfant.

    CHAPITRE 2 – LA DANSE

    Comme je l’ai déjà dit, j’avais sur beaucoup d’autres campeurs l’avantage de bien connaître la région. Mes parents – mon père est tanneur en Charente – ont des amis intimes à Perpignan ; j’avais aussi une amie de pension, Eliane Peray, mariée à un médecin espagnol, qui passait toutes ses vacances à Cadaques sur la Costa-Brava.

    En quelques jours, j’avais organisé nos vacances, nous resterions à la calanque en début de semaine, entièrement occupées à nous baigner dans la lumière du soleil et dans la  mer ; en fin de semaine, j’avais convenu avec Eliane, trop heureuse de renouer avec ses amies françaises, de passer deux jours auprès d’elle. Cela signifiait pour moi que j’aurais à prendre la route de l’Espagne environ une fois par semaine ! Tant pis, tant mieux, j’aime bien camper mais la villa d’Eliane présente confort, luxe et services assurés par sa petite bonne espagnole.

    La première fois, je choisis l’itinéraire le plus évident par Port-Vendres, Banyuls et Cerbère, ravie de redécouvrir cette côte magique avec ses pittoresques échancrures sur l’horizon marin. Cependant l’intense circulation, les heures d’attente dans une chaleur torride me firent rechercher dès la seconde semaine une autre route. Nous étions le 6 juillet. Pourquoi ne pas m’enfoncer dans la montagne du côté français en direction du Haut-Vallespir, et passer la frontière par la route qui monte au-dessus de Prats de Mollo, même si la circulation est libre entre l'Espagne et la France, les postes frontières n'ont pas été supprimés.

    Installée à la terrasse du camping en plein soleil, je viens d’acheter des cartes postales que j’ai l’intention d’expédier à mes parents et à quelques collègues de Nantes, j’écris, mais une brise de mer m’oblige à m’interrompre pour rattraper quelques cartes éparpillées sur le sol. Je me lève d’un bond et me heurte presque à un jeune qui m’a devancée. Il remet mes cartes sur la table et pose dessus un gros galet d’un geste vif et doux. Tiens, c’est un des garçons de ce groupe d’anglais dont Léone fait partie. D’ailleurs c’est en anglais qu’il s’adresse à moi.

    ⸺  Il ne faut pas laisser s’envoler votre correspondance ! On pourrait la lire !

    Son air est taquin.

    ⸺  Oh ! je réplique aussitôt du même ton : Pas de secrets d’état ou de lettres confidentielles !

    Il me sourit alors d’un air approbateur, satisfait que sa plaisanterie ait été aussi bien comprise.

    Je remarque un regard intelligent émanant d’yeux un peu étirés vers les tempes, lui conférant un genre slave : sans en être prié, il s’installe à côté de moi, fait signe au petit saisonnier qui aide à la buvette.

    ⸺  Que prenez-vous ?

    ⸺  Euh !… Onze heures : trop tard pour un café, un peu tôt pour un apéritif… euh,   rien !

    ⸺  Mais si ! mon cadeau !

    Il veut dire qu’il m’offre la boisson.

    ⸺  Un banyuls des hauts de l’Ourque ? propose le serveur.

    ⸺  Ok.

    Est-il anglais ou russe car je détecte une vague trace d’accent chantant.

    ⸺  Anglais ou russe ? je lui demande en souriant.

    ⸺  Les deux ma chère, Russe par mon père, Anglais par ma mère. Mon nom est Boris Adine.  Je sais que vous avez fait la connaissance de Léone et de son chien King...

    ⸺  Ah, vous êtes avec Léone et cet épouvantable chien, j’ajoute, pourquoi les gens s’encombrent-ils de chien !

    ⸺  Il est utile.

    ⸺  Utile ? Que voulez-vous dire ?

    Prêt à parler, il s’arrête et change de sujet. Mais cet homme m’amuse, taquin, espiègle, esprit vif, je suis flattée bien sûr lorsqu’il m’invite à me joindre à leur bande un soir au dancing.

    Vivre seule – seule sentimentalement je l’étais – c’est être fragile en face des autres hommes et comme sensibilisée à leur masculinité !  Le lendemain de ma rencontre avec Léone, l’orchestre de Perpignan commençait sa saison à la calanque par une grande « première » à laquelle j’étais donc invitée à me rendre. Je ne sais si j’irai.

    Pourquoi au lieu de rester sagement avec les Stolz, dont la compagnie parentale me rassurait, suis-je allée avec Léone et son groupe d’amis ? Avec les parents d’Ingrid, c’était une bonne petite soirée tranquille, coincée entre monsieur fumant et parlant courtoisement et madame volubile dans sa gaieté de vacances. Léone m’offrait le mystère de sa personnalité et celui de ses amis anglais : Paul et Barbara, Boris anglais de langue sinon de nom, et Bob, c’est à dire Robert, œnologue de Londres que les vins du midi intéressent.

    Boris m’a invitée à danser, il danse bien, j’aime danser – il parle bien aussi – en dansant un rock, je ne suis pas la modeste enseignante nantaise, je suis la fille éperdue de merveilleux… Vikings, Saxons, campagne de Russie, épopée napoléonienne, tout cela confondu…

    Les yeux de Boris au regard intelligent et aigu comme le sont ses gestes réfléchis, prémédités avant chaque action m’attire.

    ⸺  Ainsi vous avez fait la connaissance de Léone.

    ⸺  Je l’ai rencontrée il y a seulement deux jours à cause de son épouvantable chien.

    ⸺  Vous avez dit épouvantable ou formidable ?

    Langue anglaise – musique espagnole – ambiance française…

    ⸺  Hum, les deux sans doute ! Étymologiquement formidable est pour moi source d’épouvante, en tout cas …. d’inquiétude !

    ⸺  Vous êtes bien française ! J’aime la France, mes grands-parents fuyant leur patrie en 1917 ont bien failli s’établir chez vous, mais un membre vivant à Londres a orienté leur choix.

    Boris Adine est mince, assez grand, des yeux étirés vers les tempes, comme Léone, comparaison loufoque car Léone est anglaise par tous les pores de sa peau, d’ailleurs son prénom anglais est Léonie, jusqu’aux maniérismes des expressions de son visage ; Boris est russe même si son père a épousé une anglaise.

    ⸺  Votre fille a un nom russe m’a dit Léone.

    ⸺  Oh, russe de nom, pas de sang ! C’est une pure française.

    Boris Adine s’est attaché à mes pas pendant et après la danse et je jugerais, même à présent, qu’il était sincère. Je ne le dis pas par vanité mais intuitivement je ressentais en Boris, sa solitude, son besoin de calme ou d’amitié que dès ce soir-là, j’ai pu lui offrir sans arrière-pensée.

    Natacha et Ingrid avaient passé leur soirée au cinéma du camping et nous attendaient placidement dans l’arrière salle de la boutique chez madame Gasc, en jouant aux patiences et gardant les plus jeunes enfants ; d’ailleurs avec les parents d’Ingrid, Boris et quelques autres nous les avons rejoints vers une heure du matin ; mais pourquoi m’endormant sous la tente avec Natacha quelques demi-heures plus tard, me suis-je, déjà, demandée si Boris avait avec Léone des relations plus intimes qu’il n’était apparent ? Cette pensée me dérange car j’avais remarqué que chaque jour, Léone partait en mer sur le bateau de Boris ! S’ils étaient amoureux, nul besoin d’aller en mer puisqu’ils campaient ensemble, alors pourquoi ? Quelle rage de pêcher à tout prix !

    CHAPITRE 3 – CHEZ ELIANE

    Il fallait que je quitte Collioure et la calanque, c’est-à-dire ce Boris un peu trop empressé auprès de moi.

    J’étais gênée d’être un tant soit peu troublée par cet étranger et, conformément à mes plans, j’allais voir mon amie Eliane à Cadaques. Eliane dont le mari est médecin à Madrid, passe toutes ses vacances sur la côte catalane espagnole avec ses quatre enfants, les deux aînés, même âge, ont vite sympathisé avec ma fille.

    J’avais à présent pris l’habitude de la route plus longue en kilomètres sinon en durée par Arles sur Tech et Prats de Mollo ; Arles offre un repos si charmant avec ses maisons de vin, son abbaye séculaire au cloître fleuri de lauriers roses….

    Nous partions, Natacha et moi, le vendredi soir et allions dormir à Prats près de la ligne frontière dans les crêtes de la montagne.

    Á l’époque de la division de la Catalogne, Prats revenait à la France tandis que Mollo restait en Espagne mais bien sûr l’un est à côté de l’autre. J’y retenais une chambre et le samedi matin, je redescendais dès midi et arrivais chez Eliane.

    Nous évoquions nos souvenirs d’enfance, de pension, chacune avait dérivé, elle était devenue professeur au lycée français de Madrid. Combien de fois l’ai-je enviée ! Moi aussi, j’aurais aimé, épousant un étranger et… tant qu’à faire… un anglais, être professeur de français à Londres…

    Eliane est une ancienne amie, je ne lui parle guère de la bande de Léone, de Boris, Paul, Barbara et Robert, ni des soirées dansantes… Cependant, je n’ai rien à dissimuler, Boris a dansé avec moi certes, mais aussi avec Léone, Barbara et Kate ; l’autre soir, il a invité madame Gasc et madame Stolz. J'ai dansé avec lui, mais aussi avec les autres anglais de leur groupe. D’ailleurs ce genre de musique fait que l’on danse ensemble en s’agitant et parfois loin l’un de l’autre.

    Chaque fin de semaine, j'ai pris l'habitude de quitter la calanque pour quelques jours chez mon amie. Naturellement, Boris a remarqué mes absences, il me questionne :

    ⸺  Quelle idée de quitter un si magnifique endroit ! Où allez-vous ?

    La question directe me choque un peu, mais je n’ai pas de raisons de cacher mes week-ends en Espagne.

    ⸺  Chez une amie, à Cadaques.

    ⸺  Dans la bousculade des voitures bloquées à Port-Bou ou au Perthus ?

    Sa voix est ironique, ses yeux curieux.

    ⸺  Oh non ! Je connais une route plus tranquille par l’intérieur du pays.

    ⸺  Tiens, tiens ! C’est intéressant… Ainsi, vous allez en Espagne chaque fin de  semaine ?

    Oui, c’est mon organisation et ma fille se trouve des

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