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Le bénitier au diable: La Sèvre nantaise voit rouge
Le bénitier au diable: La Sèvre nantaise voit rouge
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Le bénitier au diable: La Sèvre nantaise voit rouge

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Dans un village nantais dans lequel rien ne se passe, la découverte du corps d'une victime vient tout bouleverser...

Printemps 2017, la campagne présidentielle bat son plein. Dans un petit village du vignoble nantais un mystérieux tueur en série refait son apparition près de 40 ans après son premier crime. Seul indice pour la police : des références aux dix commandements. Un polar minutieusement construit où se mêlent résonances politiques et religieuses.

Entre souvenirs, actualité et intrigue policière bien ficelée, Anne Mesdon nous offre un polar captivant qui nous mène au coeur de la culture et vie nantaise.

EXTRAIT

Marie-Hélène me fait signe et je pénètre dans la petite cour. Cela me fait tout drôle d’être là. Je connais bien la maison. Un lieu que je pratiquais peu dans l’enfance mais quelques souvenirs quand même, en ces temps anciens, les uns allaient chez les autres sans plus de manières. La maison a été restaurée. C’est fonctionnel. L’endroit est beau, bien planté au-dessus des coteaux avec vue sur le « port », juste une cale. Cela me fait remonter une bouffée de sensations. Mon père a travaillé au port et toute gamine, j’allais à sa rencontre le midi. Je m’éloignais du hameau, à l’époque la notion des distances n’était pas la même pour une enfant, et je traversais les vignes et m’engageais dans la sente qui mène à la Sèvre. Mystère des impressions, quand j’allais de ce côté du hameau, c’était comme si je m’engageais en terre inconnue, voire hostile. Peut-être est-ce lié à quelques rencontres de garnements du bourg venus faire la loi dans cette partie du village. Ce n’était pas mon domaine, mon terrain de manœuvres. Marie-Hélène quitte son portable et vient m’embrasser :
— Nanie ! Je suis contente de te voir. Tu sais, on n’en sortira jamais de ces histoires de corbeau, de ces crimes et de toute cette saleté qui va avec. J’étais avec Monique Méran du bourg. Un corps vient d’être trouvé à la sortie de Rochefort. Il n’est pas encore identifié. Il a dû séjourner quelque temps dans le fossé.

CE QU'EN DIT LA CRITIQUE

"Précisément, il n’y a pas, à ma connaissance, d’écrivain(e) qui parle aussi bien du vignoble planté de gros plan et de (melon) muscadet. Les rares collines de ce haut pays, creusé par le fossé de la Sèvre, méritent sa « diseuse ». Ce qui prouve la qualité de l’auteur sensible à l’ambiance obsolète de la campagne, aux anciennes haines recuites, à l’amitié passée et renouvelée, aux conversations relevées comme en passant, à l’art de construire un récit très inquiétant où chacun retrouve son chat, et va à la messe le dimanche… C’est aussi là que ça décline, forcément. Anne Mesdon n’est pas dupe." - Gérard Guicheteau pour Breizh Info

A PROPOS DE L'AUTEUR

Anne Mesdon est née en 1950 dans un petit village situé en plein cœur du vignoble nantais. Elle a travaillé à l’université puis au rectorat de Nantes comme secrétaire administrative. Élue locale, elle se consacre aujourd’hui à des missions d’ordre social. Attachée à ses origines, elle se saisit de périodes passées auxquelles elle mêle des éléments autobiographiques pour construire ses récits. Anne Mesdon revient après 5 ans d’absence et sort son premier polar aux éditions La Geste.
LanguageFrançais
Release dateOct 31, 2019
ISBN9791035305970
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    Book preview

    Le bénitier au diable - Anne Mesdon

    Chapitre I

    En ce début d’année 2017, exactement 39 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, la météo perd son latin. Les deux médecins de Mézières-sur-Sèvre l’affirment, le citoyen lambda est inquiet, voire souffreteux. Il ressent un mal diffus, un inconfort récurrent avec des pics douloureux et des poussées fébriles. La succession des giboulées, des périodes de gel, des montées de chaleur printanière, des tempêtes participe au chaos.

    J’ai habité à Mézières, j’y suis née et je n’échappe pas au sort commun. Mon hameau natal a une configuration circulaire qui contribue à la fois aux liens étroits et aux animosités féroces. C’est un entrelacs de maisons bourgeoises, de maisonnettes plus modestes fraîchement restaurées ou en cours de travaux. Quelques caves avec des viticulteurs survivants qui perpétuent les pratiques ancestrales du travail du vin.

    Ce hameau n’est pas beau, il n’est pas harmonieux et souffre d’une grande pauvreté de goût liée à la médiocrité d’inspiration de ses habitants qui n’ont pas su préserver, valoriser les caractéristiques de l’habitat pour lui donner un coup de jeunesse. Impression désolante qui s’impose quand on le traverse pour se rendre sur les coteaux.

    La vie, ma vie est jalonnée d’étapes butoirs. J’ai voulu franchir celle-là, ici à Mézières, et encore plus viscéralement, en ce moment très particulier de la campagne présidentielle. Tout a un sens et j’attache une importance particulière au fait de trancher les liens qui me lient aux coteaux, à ce hameau, à cette nature, avec le fait de vendre ma maison natale, de mettre un point final au roman attendu par mon éditeur. Je suis inquiète, très inquiète car je vais devoir affronter tous les démons sur les lieux mêmes où ils m’ont fait le plus souffrir. Mes misères sont là, elles ont pour noms : la bigoterie, la bien-pensance, la rumeur, la peur, tout ce qui à l’échelon national constitue les soubresauts souvent nauséabonds de ladite campagne. Pour amplifier le malaise, pour exacerber les humeurs, les passions, le temps s’amuse à jouer au yoyo alors s’enchaînent sans raison des journées tourmentées par les giboulées, les gelées, et les après-midi de grande douceur. Rien de tel pour agiter les virus, angines et autres gâteries susceptibles de chambouler le corps.

    Pour moi, l’évidence s’impose : c’est ici que je dois être pour assister aux derniers sursauts d’un monde à l’article de la mort. Ce monde, je n’aurais jamais pensé me l’approprier, mais en observatrice navrée, je suis presque réduite à le qualifier de « mien ». Il agonise. Comment nier ce dont je me suis nourrie, physiquement, spirituellement, et qui puise ses racines dans cette terre de vignoble, sur les coteaux de mon enfance.

    À la nuit tombée, j’aborde la boucle du chemin des Coteaux. Je me gare face à l’entrée de la maison aux deux pignons. La pancarte à vendre m’agace, je l’arrache et la jette sur le parterre en friche. La porte d’entrée oppose quelque résistance et l’odeur d’humidité me monte à la gorge. À tâtons, je cherche le compteur électrique et l’enclenche. Une lumière blanche donne vie à la pièce principale. Je mets le chauffage et fais le tour du propriétaire. La maison n’est pas sale, simplement fanée, un peu cuite dans son jus. Je pousse la porte à glissière, puis celle de ma chambre, tout est en l’état. La cretonne à fleurs du dessus de lit, le cosy avec quelques vieux bouquins coincés dans le serre-livres reçu à ma communion. Rien n’a été déplacé. L’armoire avec sa grande glace, le bureau et le fauteuil m’attendent. Je pose la mallette de mon ordinateur, j’ouvre en grand le radiateur et je me rends à l’opposé pour pénétrer dans la chambre de mes parents.

    Là non plus, rien n’a changé. L’armoire et le lit datent de leur mariage, avec les portes cintrées et les ornements style 1930. La moquette verte, les rideaux et le dessus-de-lit chamarrés, les chevets remplis, du côté de ma mère, de toute la littérature Delly dont elle se régalait. Du côté où dormait mon père, quelques ouvrages sur la guerre 39/45, sur la chasse et sur la culture des fleurs. Quels meilleurs témoins d’un monde figé dans le temps, mais qui perdurera jusqu’à son dernier souffle avant de terminer chez Emmaüs. Au-dessus du lit, le crucifix avec le petit bénitier asséché de longue date et sa branche de rameaux restée accrochée.

    Les images me montent au cœur, les larmes aux yeux et, un court instant, je maudis le masochisme qui m’a poussé à vouloir vivre ici, seule, cette période trouble, ce tournant de grande incertitude, cette élection présidentielle qui me concerne et ne me concerne pas. Je n’ai pas faim. Je suis fatiguée. Je m’installe. Je déballe mon grand sac, récupère ma couverture polaire, m’entortille confortablement et, mon MP4 sur les oreilles, je m’abandonne à l’écoute des Maîtres du mystère juste avant de sombrer dans un profond sommeil.

    Chapitre II

    Sur mon ordinateur, en icône, juste à côté du drapeau tricolore s’affiche : « élections présidentielles J-38 ». Je suis rassurée. Je ne suis pas coupée du monde, de ce monde en grande turbulence que je maudis et auquel je m’accroche désespérément tout à la fois. J’ai cheminé avec lui pendant 67 ans. J’appartiens à cette génération de mai 68. L’empreinte de liberté, le souffle de vie sont encore très vifs au plus profond de moi. D’un côté, la liberté rêvée avec toutes ses puérilités et en même temps la mémoire du Général, le sauveur. Il incarnait des valeurs, elles nous font tant défaut actuellement. Tous ces repères s’effacent, s’effilochent au fil des professions de foi de tel ou tel candidat. En fait, pour être honnête, à l’époque, je m’indignais surtout des « bavures policières », des excès d’autorité et du conservatisme du pouvoir gaulliste. Les vertus propres du chef de l’État et de son ménage restaient dans l’ombre et personne ou presque ne savait qu’ils achetaient leurs timbres-poste, réglaient leurs factures d’électricité à l’Élysée, sans oublier les poulets et autres victuailles emmenés à Colombey.

    Armée d’une balayette, oubliée à côté de la cuisinière, mon premier travail du jour, après avoir branché l’ordinateur, consiste à ouvrir les volets métalliques. Résurgence de l’enfance, une grande répugnance m’incite à la prudence. J’ai quelques souvenirs de présences importunes d’araignées noires, des familles entières, confortablement tapies dans les rails des volets. J’en déloge quelques-unes, plutôt petites, en ribambelle, et je les chasse à coups de balai énergiques. Je fais ainsi le tour de toutes les fenêtres de la maison. Et tout ça pour ça ! Le jeu en vaut à peine la chandelle. Dehors, un crachin bien nantais humidifie tout. La vue sur la maison d’en face en est toute brouillée mais je constate que les volets sont ouverts. Mon voisin doit être là. Je le souhaite vivement et j’en suis tout attendrie car désormais, c’est un « noble vieillard ».

    La pièce principale, le lieu de vie, n’a pas beaucoup changé depuis le temps de mon enfance. Un mobilier rustique, le buffet en Formica, la cuisinière avec le panier à bois à sa droite. La petite desserte en bois blond, le vieux « frigidaire », la télévision sur son socle très typé années 1960. En face, l’évier blanc, la machine à coudre Singer et le fauteuil attitré de ma mère. Toujours cette émotion, j’ai l’impression de la revoir avec son châle sur les épaules et ses cheveux de neige, secouant doucement la tête. Époque révolue que je n’hésite plus à qualifier de bon temps. Maintenant je sais, je peux admettre l’amour, la douceur, les rires, je les entends résonner entre ces murs. Dire qu’aujourd’hui, il faut vraiment se creuser la tête pour trouver une bonne raison de rire. La maison est désespérément vide de toutes provisions et après une toilette de chat dans la petite salle d’eau, j’envisage sérieusement de faire quelques courses, c’est indispensable.

    Sur le seuil de la porte, le nez à peine dehors, j’ai la certitude que le crachin va durer, au moins une bonne partie de la journée. Tant pis ! Je suis native d’ici, et quand on appartient à ce vignoble, on n’est pas fragile. Je sors mon équipement de survie, K-Way et bottes, l’indispensable pour courir les coteaux et je décide de « descendre » à pied au bourg, selon l’expression des habitants du hameau.

    Je me fais la réflexion : « tout est calme et tranquille ». Je quitte le hameau et j’emprunte le chemin du Pâtisseau pour rejoindre le bourg par le haut. Vieux murs en pierre, vieille demeure ceinturée de châtaigniers et les cailloux qui roulent toujours sous les pieds. Je renoue avec cette atmosphère à la fois désolante et paisible, comme au temps de ma jeunesse, quand elle me permettait de donner libre cours à mes pensées. Je suis seule. Les habitants sont calfeutrés chez eux où, comme autrefois, j’aperçois quelques mouvements de rideaux, de mains furtives pour entrevoir sans se montrer. Tout savoir, tout faire savoir mais surtout ne pas être pris la main dans le sac. À ce moment précis, le souvenir du « corbeau » me vient à l’esprit. Malice du hasard, empathie exacerbée, au même instant je passe devant la maison de la presse. Devant la boutique, les présentoirs avec les manchettes des journaux locaux, Presse Océan, Ouest-France et L’Hebdo de Sèvre et Maine. Tous les trois annoncent en caractères gras :

    « MÉZIÈRES : RETOUR DU CORBEAU ? L’INQUIÉTUDE EST À SON COMBLE DANS CE VILLAGE PAISIBLE. »

    Cela me bouscule plus que de raison. Je suis prise d’une véritable hantise. Les horreurs du passé remontent à la surface. Si le corbeau se remet à en commettre de nouvelles ? Pourtant, je reste prudente, l’effet d’annonce n’a rien de spontané, il est là pour « booster » les ventes.

    Le bourg ! Ce bourg m’a toujours posé problème, cristallisateur de mes souffrances d’enfance, de mes rancunes d’adulte. Je le découvre ce matin bien pauvret, bien misérable et pour tout dire dépourvu de toute capacité de nuisance. Quelques personnes âgées se faufilent dans les commerces survivants, la boulangerie, la boucherie et l’incontournable café-restaurant autrefois tenu par la « Mère Pouvreau », une gargotière qui régalait, si on peut dire, les clients aventureux. En face, il n’y a plus de pissotière et le marchand de poisson ambulant Palambrin ne risque plus de livrer ses langoustines, livraisons souvent précédées d’une halte salvatrice à ladite pissotière. Un amusement certain pour la clientèle du café, elle se divertissait en surveillant les tribulations des plateaux de fruits de mer jusqu’à parier sur l’adresse du poissonnier sortant du lieu d’aisance la mine d’autant plus réjouie en fonction de sa consommation de muscadet.

    Comme on le veut aujourd’hui, le bourg a été aménagé, un rond-point, des massifs de fleurs, un sens obligatoire pour faire le tour de l’église. Je n’arrive pas à trouver tout cela harmonieux, mais je veux bien reconnaître mon manque d’objectivité. Trop de mauvais souvenirs m’obscurcissent le jugement. Je suis passée devant mon ancienne école. Désolant et quelque part cela me soulage, il y a toujours une raison aux choses, à l’aspect des choses. Le quadrilatère qui délimite ma petite enfance, borné par l’ancienne maison de ma marraine, l’ancienne poste, l’école Sainte-Philomène et la salle du Bois-Mareuil, ne peut pas faire mieux pour accréditer toutes mes pensées acerbes et douloureuses. À l’œil de tout un chacun, cet endroit affiche une grande pauvreté esthétique, une petitesse de goût, un abandon et un laisser-aller, cela conforte toutes mes douleurs passées. Bon, je dois être honnête, ce constat me désole aussi mais il me répare. Le temps où j’étais réduite au silence, inaudible, est révolu et aujourd’hui je peux mettre des mots sur tout cela. Visiblement, ce n’est pas le cas de tout le monde. Je repense au « corbeau » et je me dis : et si son mal se nourrit à la même source que le mien ? Et si ce corbeau-là n’a jamais pu le dépasser, s’en délivrer ?

    Tout en m’emplissant de nouvelles sensations, j’élabore un fil conducteur pour occuper mes journées. Bien sûr, quelques démarches pour la vente de la maison, beaucoup de grandes échappées sur les coteaux, le travail pour boucler mon manuscrit mais aussi et surtout, désormais, mettre à jour mes connaissances sur ces affaires du « corbeau ». Affaires d’hier, cela remonte alors aux années 1970 et si j’ai bien compris, si j’ai un peu de chance, affaires d’aujourd’hui. J’ai mon ordinateur, je ne suis pas coupée des sources d’information mais il me faut aussi du local, de l’actualité. Je passe devant le panneau d’affichage municipal et je lis les annonces hebdomadaires. Une pièce de théâtre jouée par la troupe du Bois Mareuil : Toc Toc, version remaniée. Cela m’intrigue, il me faut absolument une place. La représentation est pour le samedi suivant, j’ai le temps.

    À la boulangerie, j’attends mon tour. Assez loquaces, de vieilles personnes me précèdent et se livrent, du bout des lèvres, à quelques lamentations :

    — La mère Pineau, elle s’en caille le sang, elle a fait comme une thrombose et ils l’ont emmenée à l’hôpital ! Elle risque d’y laisser sa peau. Pas étonnant, ses enfants se bouffent la couenne tout au long de la journée, y’en a un qu’est pour la Marine et l’autre pour Mélenchon. Ils se frittent la gueule…

    Le boulanger, les bras chargés de pains, lâche d’un ton agacé :

    — On se demande bien pourquoi ? Moi, j’en vois pas tant que ça de différence !

    Silence prudent dans la boutique. La mère Pineau est abandonnée à son sort et le temps s’impose comme sujet consensuel :

    — Comment voulez-vous que ça aille bien avec un temps aussi pourri ? Et dire que maintenant y’a le « corbeau » qui s’en mêle !

    — Ça, c’est pas ben clair, des bobards de journalistes si ça se trouve !

    Le petit vieux se retourne vers l’autre client et réplique :

    — Et les gendarmes, ce matin, au Breil, trois voitures pleines, et ils étaient partout à fureter… Alors !

    L’autre ne voulant pas perdre la face marmonne :

    — Ils n’ont peut-être rien d’autre à foutre ! En ce moment, c’est le bordel partout…

    Je retiens la question qui me monte aux lèvres. Que s’est-il donc passé ce matin au Breil ? Je ne veux pas attirer l’attention. Je vais sûrement trouver la réponse en consultant le journal.

    Il se fait servir puis c’est mon tour, on en reste là. Je ne suis pas plus édifiée mais je sais ce qu’il me reste à faire. Ma baguette achetée et ma gourmandise satisfaite avec un flan aux œufs. Un souvenir d’enfance, quand je descendais du car, à l’arrêt devant la boulangerie, je le mangeais tout chaud. À la boucherie-traiteur-épicerie fine, pas d’attente. Je ne reconnais pas le boucher, un successeur évidemment, mais visiblement épicurien, je trouve de quoi me satisfaire à moindre mal, des plats préparés, apparemment appétissants, de beaux fromages et des yaourts de choix. Opportunité inespérée, il vend aussi du thé de qualité. Je suis soulagée.

    En passant devant l’autre café du bourg, j’ai une pensée émue pour mon père. Sur la fin de sa vie, une fois veuf, c’était son seul bonheur du jour, rejoindre ses copains, boire quelques petits verres, faire un tiercé avant de retrouver sa solitude dans la maison des deux pignons. Depuis ce temps, moi, n’en déplaise aux hygiénistes, je considère le café comme un lieu de vie, de rencontre, d’identité qui devrait être reconnu d’utilité publique. Évidemment, je n’ai entendu aucun candidat vanter les mérites du café, ce lien

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