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Meurtres à Lascaux: Polar préhistorique
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Ebook180 pages2 hours

Meurtres à Lascaux: Polar préhistorique

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About this ebook

Il y a 17 000 ans, le jeune chasseur Isard-bondissant arrive dans le Périgord pour rencontre sa promise, Feuille-de-saule, fille unique du peintre d'une tribu. Hélas, rien ne se passera comme prévu !

Nous sommes il y a 17 000 ans, pendant la dernière glaciation, en Périgord, dans la vallée de la Vézère. En ce début d’hiver, les chasseurs magdaléniens procèdent à un énorme massacre des rennes qui redescendent du Massif central. Ces stocks de viande leur permettront d’affronter les grands froids. Un jeune chasseur, Isard-bondissant, vient des lointaines Pyrénées avec sa chienne Llula pour chercher la future épouse qu’on lui a promise, Feuille-de-saule, fille unique d’OEil-de-faucon, peintre de la tribu. Rien ne se passe comme prévu. OEil-de-faucon a été assassiné pendant l’été dans la grotte de Lascaux qu’il vient de peindre. Beaucoup refusent le départ d’une des meilleures couturières. Cela dans une tribu qui se déchire depuis plusieurs années. Pour revenir dans son pays avec son épouse, Isard-bondissant doit enquêter pour savoir qui se cache derrière ce crime sacrilège. Face aux oppositions violentes, saura-t-il déployer suffisamment d’intelligence, d’adresse, de ruse ? Saura-t-il déjouer les pièges multiples et combattre ceux qui veulent l’envoyer dans les royaumes souterrains ? Heureusement, il a aussi des amis, comme le vieux chamane, Crâne-d’oeuf, aux précieux conseils.

Suivez Isard-bondissant au fil de son enquête en pleine période du Paléolithique, dans ce polar surprenant et parsemé d'oppositions, de ruses, de pièges et de combats violents !

EXTRAIT

Cependant, le silence n’était pas total. Si l’on prêtait plus d’attention, au-dessus du murmure des eaux, on pouvait entendre un bruit imperceptible, continu comme une averse lointaine sur un tapis de feuilles mortes : un cliquetis. Et si on levait la tête, on observait là-bas, en amont, au-dessus de la vallée, une légère et ample colonne ocrée qui s’élevait doucement dans l’air transparent. À cette distance, cela pouvait ressembler aux fumées d’un incendie.
Soudain, sur l’un des sommets qui surplombait la rivière, l’ombre opaque d’un homme se détacha sur le fond éclatant du ciel. Il émit un bref sifflement semblable à celui d’un oiseau de proie. Il agita les bras, les croisant au-dessus de lui. Puis il disparut comme s’il s’enfonçait dans la colline.
Ensuite, le paysage retomba dans sa léthargie. Tout semblait assoupi ; rien ne troublait la paix de ce lieu, sinon ce cliquetis insistant qui se faisait plus net et plus précis à mesure que le nuage, de poussière manifestement, progressait. Le temps passa ainsi. Le soleil baignait d’une faible chaleur une pelouse piquée des quelques ultimes fleurs jaunes de renoncules et des feuilles blondes et mortes du bouleau nain.
Soudain, au détour de la vallée, ils apparurent : les rennes !

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

La préhistoire peut être infiniment romanesque [...] Vulgariser sans ennuyer le lecteur, tel est le pari finalement de ce chercheur écrivain qui a plus d’un manuscrit dans sa poche. Un pari réussi avec Meurtres à Lascaux. - Blandine Hutin-Mercier, La Montagne

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierre-Yves Demars est préhistorien, Docteur de 3e cycle en Géologie du Quaternaire et Docteur d’Etat ès Sciences. Aujourd’hui à la retraite, il a fait sa carrière au CNRS à l’Université Bordeaux I. Son domaine privilégié était les stratégies d’approvisionnement en silex des chasseurs de rennes du Paléolithique supérieur en Aquitaine. Il a aussi travaillé sur les Païjaniens, première population de pêcheurs-collecteurs de la côte nord du Pérou. Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles, Le Renard et la Caverne, aux éditions Maïade. Il a reçu pour ce livre le prix Panazô des Lycéens en 2013 et il a eu le 1er prix du Concours de Nouvelles du CAES-CNRS en 2010. Il vit à Brive la Gaillarde.
LanguageFrançais
Release dateJun 11, 2019
ISBN9791035304683
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    Meurtres à Lascaux - Pierre-Yves Demars

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    meuRtres à lascaux

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2016 – Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Pierre-Yves DEMARS

    meurtres à lascaux

    Geste éditions

    Introduction

    C’était il y a dix-sept mille ans, dans le Sud-Ouest d’un pays qui ne s’appelait pas encore la France, dans une région qui n’était pas encore le Périgord. À cette époque, les hautes latitudes étaient soumises à un climat sec et glacé. Une immense et épaisse calotte de glace recouvrait le pôle Nord, le Groenland, le nord de l’Amérique et de l’Eurasie. Une autre existait aussi sur l’Antarctique. Celles-ci mobilisaient une si énorme quantité d’eau que le niveau de la mer avait baissé de plus de 100 m. Le rivage de l’Atlantique, vers ce qui est aujourd’hui l’embouchure de la Gironde, s’était retiré de plus de 100 km vers l’ouest. C’était ce que nous appelons la « glaciation du Würm » ; la dernière glaciation. À cette époque, toutefois, le climat s’améliorait lentement pour aboutir à celui actuel. C’est ce qui s’appelle le « Tardiglaciaire ».

    L’Europe était divisée en deux grandes régions. Il y avait au sud les pays méditerranéens qui comprenaient la péninsule ibérique, l’Italie, les Balkans, au climat relativement tempéré et sec. C’était plutôt le royaume du cerf, du bouquetin, de l’aurochs. La région au nord des Pyrénées, des Alpes et des Carpates, plus froide, possédait des espèces adaptées à ce climat : surtout le renne, mais aussi le bison, le mammouth et bien d’autres.

    En ce temps-là dans cette région, comme dans toute l’Europe, vivaient des sociétés d’hommes semblables à nous, à quelques légères différences physiques près : des « hommes anatomiquement modernes », lointains descendants des « Cro-Magnon ». Nous les appelons « Magdaléniens », du nom de la grotte de La Madeleine, près des Eyzies-de-Tayac, où fut pour la première fois définie l’industrie lithique et osseuse que l’on fabriquait alors. Ces populations ne connaissaient ni l’élevage ni l’agriculture ; c’était des chasseurs de grands mammifères terrestres. Plus occasionnellement, ils pratiquaient la pêche en rivière. Ce mode de subsistance ne permettait pas une forte densité humaine ; tout au plus plusieurs milliers d’individus sur toute l’Europe. La région autour du golfe de Gascogne, des Asturies jusqu’à l’Aquitaine en passant par les Cantabres, le flanc nord des Pyrénées, était la plus peuplée. Plusieurs groupes se partageaient cet espace.

    Une autre contrainte dans l’acquisition de nourriture par la seule prédation était la nécessité d’exploiter un très large territoire. Dans le nord de l’Aquitaine, celui-ci allait de l’Atlantique aux contreforts du Massif central, jusqu’au pied de la chaîne des Puits. Ce vaste espace était exploité suivant des cycles annuels encore mal connus, entraînant des dispersions et des regroupements suivant les saisons. La basse vallée de la Vézère était le point central, lieu de rassemblement à l’automne, pour les grands massacres de rennes qui redescendaient des hautes terres, leurs pâturages d’estive.

    Ces hommes ne connaissaient pas le métal. Ils fabriquaient leurs outils coupants dans la pierre, principalement le silex, sui-vant des modes de taille complexes. Ils travaillaient aussi les peaux qu’ils savaient coudre, les végétaux et fibres végétales – des techniques élaborées.

    Considérons aussi qu’ils n’avaient pas seulement des préoccupations matérielles, mais aussi spirituelles. Leur art, l’« art paléolithique », en est le témoignage éclatant (comme les sépultures, d’ailleurs). Les paléolithiques l’ont jeté à la tête des préhistoriens du

    xix

    e siècle qui les assimilaient encore à des peuplades apeurées, proies de bêtes féroces, aux prises avec une nature hostile et glacée, incapable de spiritualité. Restons-en là.

    Voilà à peu près tout ce qu’il me semble possible de dire sans entrer dans d’innombrables détails.

    Nous sommes donc ici à la frontière de la science. Au-delà commence l’inconnu. Seul l’imaginaire permet de s’y aventurer.

    Présentation des personnages

    Avant de pénétrer ce monde lointain, voici quelques-uns des personnages :

    Œil-de-faucon

    Celui par qui tout arrive. Ayant perdu sa femme et ses deux fils, il ne lui reste que sa fille, Feuille-de-saule. Ce colosse est aussi bien capable d’abattre un bison dépassant la tonne que de peindre avec génie le cortège d’aurochs, de chevaux, de cerfs de la grotte de Lascaux.

    Isard-bondissant

    Le héros. Un très jeune chasseur magdalénien venu du sud, des lointaines Pyrénées, chercher sa future épouse : Feuille-de-saule.

    Feuille-de-saule

    Fille unique d’Œil-de-faucon, promise à Isard-bondissant. Avec ses deux amies Petite-main et Pigne-de-pin, avec ses propres armes, elle tente d’exprimer ses aspirations à être elle-même dans une société machiste et brutale.

    Bison-blessé

    Un chasseur redoutable à la force colossale et à l’orgueil incommensurable. Avec l’aide de deux de ses compagnons, Rhinocéros-impudique et Cheval-solitaire, il cherche à secouer l’autorité du conseil des anciens et prendre le pouvoir.

    Petite-boule-de-graisse et Crâne-d’œuf

    Un couple de vieillards sans enfants pour les nourrir. Ils ne trouvent leur maigre place dans le groupe que par la capacité à soigner par les plantes, pour la femme, et par les facultés de divination, pour l’homme.

    Llula et Shliark

    N’oublions pas ces deux bêtes que tout oppose : Llula, jeune chienne pleine d’intelligence et de charme, appartenant à Isard-bondissant, et Shliark, puissant et violent, animal dominant dans la meute de chiens du groupe, digne de son maître Bison-blessé.

    Lascaux

    Enfin, il reste à présenter le seul personnage qui a survécu jusqu’à nous : la grotte de Lascaux dont les peintures ont encore la faculté de nous parler dix-sept millénaires après leur exécution, même si nous sommes loin de tout comprendre de leur langage.

    Prologue

    Dans le silence de la caverne, simplement ponctué par le choc mouillé des gout-tes d’eau tombant de la voûte dans l’argile humide, l’homme recula de quelques pas. Il y avait chez lui quelque chose d’un colosse : sa grande taille, ses larges épaules, une forme lourde qu’accentuaient des vêtements enduits de glaise. Sa tête était enveloppée d’un invraisemblable bonnet fait dans une vieille peau de loup qui lui tombait sur les épaules. Il y avait fiché ses pinceaux comme deux longues cornes fines et droites. Sa silhouette semblait être, dans l’obscurité, celle d’un animal fantastique. La lumière de la torche de résineux qu’il tenait à bout de bras participait à cette impression ; elle jetait sur les parois son ombre distordue, géante et mouvante. Elle créait des zones plongées dans les ténèbres qui s’opposaient à celles illuminées où s’agitait une cohorte de chevaux et d’aurochs aux couleurs fauves.

    L’homme se planta dans une grande mare au centre de la salle. Le large miroir d’eau qui l’entourait renvoyait vers la voûte l’éclat instable de la flamme rougeoyante. Pour la première fois, il contemplait avec attention l’œuvre qui était venue habiter les formes rondes et féminines de ces lieux ; comme l’image de l’utérus maternel.

    C’était l’été. Il avait laissé s’en aller la tribu. Elle s’était dispersée vers les autres terrains de chasse, ceux abandonnés pendant la mauvaise saison ; vers les extrémités du monde : les hautes montagnes glacées du soleil levant où allaient paître les troupeaux de rennes, l’immense étendue d’eau salée du couchant qui se perdait dans le ciel. Il était resté avec ceux qui ne pouvaient suivre, ceux qui se nourrissaient des petits gibiers que l’on piégeait dans les alentours immédiats du grand abri, des poissons que l’on pêchait dans la rivière en contrebas ; et quand il n’y avait plus rien, des restes des vieilles carcasses de l’hiver : les vieillards proches de la mort. Certains peut-être ne reverraient pas leurs enfants. C’était ainsi.

    Quand il avait entrepris ce travail, il avait été effrayé par l’ampleur de la tâche, mais avait été aussi emporté par un enthousiasme qui le plongeait dans un état d’euphorie ; il n’imaginait pas que tout cela aboutirait à ce déferlement. Il n’en avait pas été le maître. Il n’avait fait que révéler ce qui était déjà inscrit dans la pierre. Seuls les esprits avaient guidé sa main ; lui n’était rien. Crachant contre la paroi le colorant qu’il mâchait finement dans sa bouche, maniant ses pinceaux vers les endroits inaccessibles de la voûte, son regard n’embrassait jamais qu’une petite partie de la fresque qui, sous sa main, s’éveillait peu à peu à la vie. Il ne lui était pas nécessaire d’en voir plus : ce chaos ordonné d’animaux, qui se déroulait dans cette salle et s’épandait dans les galeries, n’était pas né de sa volonté, mais de la roche ; comme l’enfant sort de la mère. Personne ne connaît avant ce qu’il sera.

    Depuis qu’il avait commencé son œuvre, au début de la belle saison, ce sentiment d’exaltation s’était emparé de son âme. Il essayait vainement de discipliner le feu qui le dévorait. Il savait qu’il vivait alors parmi les esprits ; ceux-ci enserraient douloureusement son crâne de leurs mains. Il lui était arrivé parfois de ne plus revenir au premier monde pendant plusieurs jours, sombrant sur place dans de brefs sommeils illuminés de rêves, se nourrissant des lanières de viande séchée qu’il avait apportées, buvant la boisson qui donnait la fièvre. Il la conservait dans des outres cachées dans la fraîcheur d’un recoin de la caverne, sous un tas d’herbes. Quand enfin, épuisé, il reprenait l’étroit diverticule d’entrée, il ignorait s’il allait rencontrer, en sortant, le soleil bienfaisant ou la voûte apaisée de la nuit.

    Cette ténacité dans l’effort : plus que l’ardeur au travail, c’était la peur de perdre l’étroit sentier lumineux qu’il suivait en tremblant ; l’angoisse de s’égarer – que les esprits l’abandonnent dans sa solitude. Plusieurs fois, il se le rappelait avec effroi, il avait vécu cela : de longs jours où plus rien n’apparaissait. La caverne était éteinte. Le rêve était mort. Il entonnait alors des prières ferventes, balançant son buste. Ses bras tendus vers les domaines souterrains appelaient ses maîtres. Il attendait. Il espérait que les esprits reviendraient chanter à nouveau à son oreille l’hymne qu’il était chargé de révéler.

    Il avait débuté son ouvrage par le « passeur », près de la galerie d’entrée, à gauche de la grande salle. Il s’agissait d’une figure au visage d’homme et aux corps multiples d’ani-maux. Elle représentait celui qui appartient aux deux mondes. C’est lui qui allait l’introduire dans les demeures souterraines.

    Puis tout s’était enchaîné dans un sentiment irrépressible de jubilation ; comme une chasse dans laquelle la bête fabuleuse guide les pas des chasseurs : la frise de chevaux qui formait la base, ceux près de la voûte, les grands aurochs, le groupe de cerfs central ; puis dans les galeries de nouvelles cohortes de chevaux, de vaches, de bisons et d’autres encore. Une composition qui le hantait depuis qu’il avait découvert cette grotte – il y avait longtemps.

    Déjà, à peine né, il était fasciné par les animaux que Ours-noir faisait naître spontanément de quelques courbes savamment assemblées ; dans le sable de la rivière, la boue, sur les pierres, sur les os abandonnés, sur tout ce qui peut porter un trait. Il était tout le temps dans ses jambes. Le vieil homme ne l’écartait pas, lui abandonnant parfois une pierre où l’enfant imitait le maître. Quelques conseils l’encourageaient. Au cours du temps, peindre, dessiner était devenu pour lui un besoin impérieux, comme manger ou, plus tard, faire l’amour avec les filles. Plus qu’un besoin : une part de lui. Les esprits l’avaient choisi pour mener à bien ce travail.

    Un jour, devant un dessin particulièrement réussi, Ours-noir lui avait confié, d’une voix émue : « Les esprits t’ont ouvert leurs secrets. Tu me dépasseras bientôt ; je peux mourir dans la paix. » Maintenant, son maître était là. Son image était peinte discrètement entre les entrées des deux galeries. Il avait caché un ours noir dans le trait du ventre d’un des taureaux. Il n’aurait jamais dû être en cet endroit, au début du cheminement ; sa place devait être au fond de la galerie.

    Quand il avait découvert cette grotte, dans sa lointaine jeunesse, il en avait dissimulé l’entrée avec soin. Jamais il n’en avait dévoilé l’emplacement à quiconque. Il savait déjà que ce serait dans ce lieu obscur que finirait sa vie. De temps en temps, il venait s’y recueillir. Il contemplait les parois vierges où il voyait se poursuivre des cortèges d’ani-maux. Parfois, il se laissait aller à orner de gravures quelque repli de la roche ; des endroits discrets ; une esquisse d’animal, un signe. C’était une sorte d’impatience, comme s’il voulait lentement se concilier cette grotte et les esprits qui y demeuraient. Désormais, il était temps de révéler au groupe l’existence de cette caverne sacrée. À leur retour des résidences d’été, avant la grande chasse d’automne, celle où les rennes descendent de la montagne pour fuir le froid naissant, il la montrerait aux initiés.

    Maintenant, il était là, debout, plein d’orgueil, brandissant sa torche, les pieds dans la large flaque d’eau. L’œuvre était accomplie. Il était heureux et fier d’avoir su obéir à l’injonction des esprits. La fresque qui l’entourait illuminait les parois. Elle était un ample tourbillon de jubilation ; celui qui l’avait transporté dans les mondes du rêve. Il ne comprenait pas tout ce qui était représenté, tous les mystères qui y étaient contenus. Ce n’était pas important : tout était là ; dans un équilibre harmonieux. À chacun d’y suivre son propre chemin.

    L’homme sentit un regard dans son dos. Une personne s’était introduite dans la grotte. Il se retourna. Sous la lumière de la torche, il vit trois visages. Il reçut un premier coup sur la tête qui fit voler son bonnet ; puis d’autres sur tout le corps. Il sentit son esprit qui s’en allait rejoindre ses ancêtres dans le pays des demeures obscures.

    Chapitre 1

    En ce jour de début de la mauvaise sai-son, tout était calme ; nul cri d’animaux. La Vézère, qui descend du Massif central, coulait entre deux hautes falaises calcaires. Une eau limpide et fraîche roulait paisiblement parmi les pierres, formant de petits tourbillons mousseux. Brindilles

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