Le dialogue social au Luxembourg: Acteurs, institutions et procédures
By Franz Clément and Dan Kersch
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Conçu comme un manuel didactique et utilement documenté, l’ouvrage y décrit les grands acteurs du dialogue social luxembourgeois, les institutions dans lesquelles ils œuvrent ainsi que les mécanismes sociaux parfois complexes dans lesquels ils évoluent.
La dimension internationale du Luxembourg accueillant près de 200.000 travailleurs frontaliers est largement prise en compte à travers tout l’ouvrage.
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Book preview
Le dialogue social au Luxembourg - Franz Clément
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© Lefebvre Sarrut Belgium SA, 2020
Larcier Luxembourg. Une marque éditée par Lefebvre Sarrut Belgium SA c/o DBIT SA
7, rue des Trois Cantons - L-8399 Windhof
EAN 978-2-87998-578-7
Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée par Nord Compo pour ELS Belgium. Nous vous remercions de respecter la propriété littéraire et artistique. Le « photoco-pillage » menace l’avenir du livre.
Préface
Chers lecteurs,
Je tiens à féliciter l’auteur de cette œuvre qui a réussi à donner un aperçu complet sur le modèle luxembourgeois du dialogue social avec ses acteurs essentiels, son histoire parfois mouvementée et les défis nombreux à venir.
Dans un monde du travail qui se trouve actuellement en pleine mutation, le dialogue entre partenaires sociaux me parait d’une importance primordiale. Les entreprises et leurs salariés font face chaque jour aux défis de la digitalisation de leur production et de leurs emplois.
En tant que ministre du travail, ma tâche primaire est de trouver des réponses adéquates à tous les défis qui s’imposent. Je reste convaincu que les responsables politiques n’arriveront jamais à résoudre les crises et problèmes sans se concerter avec tous les partenaires concernés. Même si toutes les décisions ne peuvent pas toujours être prises dans le consensus de toutes les parties prenantes, le maintien du dialogue reste ma priorité.
J’ai souligné à maintes reprises que le modèle tripartite, qui est depuis de longue date considéré comme LE modèle luxembourgeois, reste pour moi malgré les discussions récentes le modèle le plus efficace.
Juste après mon arrivée au Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire, j’ai pu accompagner de près le processus des élections sociales, aussi bien pour les membres de la Chambre des salariés que pour les délégués du personnel dans les entreprises. Une représentation adéquate des intérêts de tous les salariés reste à mon avis également un élément-clé pour pouvoir garantir les droits des salariés.
C’est grâce à une forte culture du dialogue que notre pays n’a pas été secoué par des mouvements de grèves importants. Les conflits sociaux qui certes existent dans certains secteurs ont toujours été résolus dans le dialogue. Voilà pourquoi je reste convaincu que le modèle luxembourgeois est un modèle à défendre.
Dan KERSCH, Ministre du travail, de l’emploi et de l’économie sociale et solidaire du Grand-Duché de Luxembourg
Remerciements
Plusieurs personnes nous ont apporté une aide dans la réalisation du présent ouvrage, à titres divers, avec des apports différenciés.
Nous ne saurions les mentionner toutes, mais nous tenons à adresser nos remerciements particuliers à trois d’entre elles.
Nos remerciements vont d’abord à Monsieur Dan KERSCH, Ministre du travail, de l’emploi et de l’économie sociale et solidaire du Grand-Duché de Luxembourg.
Nos derniers remerciements s’adressent à Monsieur Gary TUNSCH, Inspecteur principal premier en rang et à Madame Nadine WELTER, premier Conseiller de gouvernement, tous deux œuvrant au sein du Ministère du travail, de l’emploi et de l’économie sociale et solidaire du Grand-Duché de Luxembourg.
Liste des principales abréviations
Prolégomènes
Le Grand-Duché de Luxembourg est un pays certes petit, mais dont le rayonnement à travers le monde est indéniable. Pensons simplement à son rôle moteur dans l’intégration européenne, à l’exportation récente encore de ses produits sidérurgiques de haute qualité, au développement de sa place financière internationale, aux dirigeants politiques fournis à l’Europe et aux institutions internationales qu’il accueille sur son territoire, notamment.
Néanmoins, certains de ses aspects ne sont pas toujours connus ou maîtrisés comme il le faudrait, à l’extérieur de ses frontières essentiellement. Il en va ainsi du dialogue social. Si celui-ci fait l’objet d’une connaissance certaine et évidente à l’intérieur du pays, la petite taille de ce dernier ne le rend pas forcément très visible au niveau des relations professionnelles à des niveaux supranationaux. De plus, en son sein, le dialogue social a récemment connu une période de changements, voire de crise réelle après avoir longtemps fait l’objet d’une sorte de sacralisation.
Certes, la prospérité économique de ce pays en fait un véritable havre de paix sociale. Mais d’autres raisons encore contribuent à en faire un îlot de prospérité et de paix intérieure. Les liens de proximité entre élites dirigeantes, les relations interpersonnelles, les judicieux choix politiques des dernières décennies ont indéniablement rendu plus faciles les possibilités de nouer des relations politiques et sociales harmonieuses au sein du pays.
Le Grand-Duché a toutes les caractéristiques d’une démocratie consociative au sein de laquelle les acteurs de tous bords savent faire front et cause commune pour réagir à des menaces éventuelles, surtout de nature économique, pour la solution desquelles les problèmes sont traités avec intelligence, doigté, sans débordements, avec réflexion et sens pratique.
La mondialisation semble avoir toutefois apporté récemment un bémol à la bonne tenue et à la qualité de ce dialogue social, souvent idéalisé. Depuis le début de la décennie 2010, les choses ne sont plus aussi simples qu’avant, les accords ne sont plus aussi faciles à trouver entre représentants des pouvoirs publics, des organisations syndicales et patronales. L’arrivée d’un grand nombre d’entreprises de nationalités étrangères, non accoutumées aux habitudes du dialogue social national, ainsi que l’arrivée massive depuis le milieu des années 1980 de travailleurs frontaliers et étrangers ont entraîné divers changements évidents.
Notre ouvrage a pour but de faire le point sur l’état actuel du dialogue social luxembourgeois en présentant quels en sont les acteurs, les institutions dans lesquelles ceux-ci se rencontrent et les procédures par lesquelles ils agissent et même codécident.
Nous entamerons notre propos par une inévitable introduction faisant mention de données générales sur le Grand-Duché de Luxembourg. Nous passerons en revue divers éléments relatifs à sa géographie, son histoire, ses institutions politiques et son économie. Nous avons ensuite subdivisé notre ouvrage en trois parties distinctes.
La première partie est davantage générale que les autres. Elle plante en quelque sorte le décor en montrant quels sont les grands acteurs du dialogue social luxembourgeois. On découvrira ceux-ci dans une perspective historique, tout d’abord. Il sera aussi nécessaire de se poser la question de savoir si ces acteurs ont pu, entre eux, au fil du temps, bâtir un modèle original de dialogue social. Mais il s’agira surtout de passer en revue et de détailler quelles sont les conditions de base d’un fonctionnement du dialogue social à travers des principes démocratiques et légaux évidents qui seront mises en exergue.
La deuxième partie sera cette fois consacrée aux institutions du dialogue social dans lesquelles les acteurs précédemment présentés trouvent à se rencontrer et à agir. Nous ferons apparaître les grandes institutions dites « tripartites » du dialogue social luxembourgeois en faisant mention de leurs rôles et spécificités. Nous établirons un focus sur deux institutions qui, jusqu’à ce jour, ont pu être considérées comme les institutions majeures du dialogue social national : le Conseil économique et social ainsi que le Comité de coordination tripartite. Cette seconde partie fera mention toutefois de crises récentes survenues au sein de ces institutions.
La troisième et dernière partie sera consacrée aux spécificités que le Luxembourg détient en propre et qui ont des conséquences sur le dialogue national. Nous parlerons en effet des chambres professionnelles, et de l’une d’elles en particulier : la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL). Nous aborderons aussi le contexte transfrontalier et internationalisé du marché du travail luxembourgeois qui entraîne des originalités sur le plan du dialogue social.
Avant de laisser le lecteur parcourir les pages qui s’offrent à lui, nous souhaitons effectuer trois mises en garde.
Premièrement, nous allons parler ici de « dialogue social ». Nous aurions pu utiliser aussi l’expression « relations professionnelles » ou encore « relations industrielles ». Les diverses acceptions trouvent à se recouvrir et à entretenir entre elles de larges réalités communes. Nous avons toutefois privilégié « dialogue social » aux deux autres car cette expression se rapporte davantage à la sociologie du travail en langue française. Les auteurs et chercheurs anglo-saxons s’occupant du sujet privilégieront quant à eux les « relations industrielles » (« industrial relations » en anglais). Le « dialogue social » recouvre de façon plus particulière ce qui favorise la compréhension et l’entente entre les diverses composantes d’une société donnée. Pour l’Organisation internationale du travail (OIT), le dialogue social trouve à inclure les formes de négociation, de consultation ou même de simple échange d’informations entre représentants des gouvernements, des organisations d’employeurs et des syndicats de travailleurs sur des questions d’intérêt commun liées globalement à la politique économique et sociale menée dans un État donné. On le constatera dans les pages qui suivent, c’est bel et bien en ce sens que nous avancerons et mettrons en exergue la présentation de nos chapitres et propos. L’expression « relations industrielles », quant à elle est plus large en ce sens qu’elle étudie les différents phénomènes présents dans le monde global du travail comme les relations de travail, la gestion des ressources humaines, ou encore les politiques publiques de l’emploi, de la santé et même de la sécurité au travail.
Ensuite, nous allons parler ici de « dialogue social », d’acteurs, d’institutions et de procédures en relation avec celui-ci. Notre expérience professionnelle menée depuis plus de 23 ans dans le domaine nous a conduits, pour un pays comme le Luxembourg, à établir trois niveaux possibles de dialogue social. Le premier que nous qualifierons de « micro » concerne les relations de travail en entreprises, là où un dialogue social de base trouve à naître, essentiellement sous l’effet de l’action des délégations du personnel dans les entreprises et de la conclusion de conventions collectives de travail propres à ces entreprises. Le niveau que nous qualifions de « méso » concerne la conclusion des conventions collectives de travail au niveau de la branche ou du secteur d’activité économique. Le troisième niveau pouvant être qualifié de « macro » est constitué quant à lui d’un certain nombre d’institutions à composition tripartite qui entretiennent entre elles d’étroits liens et dont les interactions débouchent sur plusieurs activités dans le pays. C’est donc essentiellement au niveau « macro » que nous allons nous intéresser dans le présent ouvrage, même si à l’un ou l’autre moment, il apparaîtra nécessaire de faire référence à des éléments propres aux deux autres niveaux mentionnés.
Troisième et dernière mise en garde. Nous allons dans les pages qui suivent présenter, comme prévu, des acteurs, des institutions et des procédures de dialogue social. Nous allons voir en quoi ces éléments sont actuels. Ceci dit, nous ne ferons pas l’économie de leur histoire. Là où il nous a paru nécessaire de le faire, nous mettrons en exergue quelques éléments anciens, voire historiques, montrant comment les éléments présentés sont nés, comment ils ont trouvé à évoluer au cours du temps, notamment sur le plan législatif.
On peut être en droit également de se poser la question de savoir à qui